Paul Thomas Anderson en cinq scènes

Julien Foussereau | 25 février 2008
Julien Foussereau | 25 février 2008

Parce que le probable meilleur film de l'an 2008 sort sur nos écrans cette semaine, on s'est dit qu'il serait intéressant d'explorer en cinq films / cinq scènes le parcours et les talents multiples du décidément brillant Paul Thomas Anderson. Il vous suffit de cliquer sur les photos ci-dessous pour voir les extraits sélectionnés. Bon visionnage et surtout courrez voir There will be blood. En bonus, vous trouverez les liens vers les critiques des 5 films du cinéaste. 

 

 

Hard eight (1996)

Bien commencer son premier film peut en dire long sur son réalisateur et force est d'admettre que le prologue de Hard eight s'avère surprenant à bien des égards. Un homme convainc un autre de le sortir d'une situation inextricable. Le visage fatigué de Philip Baker Hall vieillissant fait face à celui poupin et encore inconnu de John C. Reilly. Paul Thomas Anderson filme leur conversation au moyen d'un champ / contrechamp classique, statique dans ses échelles de plans, capable pourtant de véhiculer une intensité saisissante. Ce baptême du feu laisse transpirer un amour pour les gueules dissimulant des abîmes de complexité derrière leurs rides et leurs cratères.

 

  Cliquez sur la photo ci-dessous pour accéder à l'extrait vidéo du film :

 

 

 

Boogie nights (1997)

 

Deuxième film et encore une ouverture. Une constance chez Anderson qui, en cinq films, a toujours su captiver son public dès le premier plan, le premier son, la première parole. Dans Boogie nights, justement, il comprend que la réussite de sa fresque disco doit démarrer sur les chapeaux de roues pour que l'on ressente l'effervescence des seventies libérés. Comme Anderson aime le grand cinéma et qu'il ne s'en cache pas, il a l'idée d'ouvrir son film avec un incroyable plan séquence, conjuguant l'énergie virevoltante de Martin Scorsese et la virtuosité élégante de Orson Welles dans La Soif du mal.

 

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Magnolia (1999)

 

Le drame de Magnolia est d'être sorti six ans après Short cuts, sommet du film chorale altmanien. Certes, les passerelles sont légion : unité de lieu (L.A.), de temps (24 à 48 heures), d'actrice même (Julianne Moore) mais, à la différence de Altman, Anderson ne porte pas de jugement sur le comportement parfois erratique de son échantillon d'humanité. Il va même plus loin : il convertit leur confusion existentielle en magie cinématographique telle cette respiration chantée et inouïe au milieu de plusieurs nœuds dramatiques. Dispersés un peu partout dans L.A., sans forcément se connaître tous, nos héros se mettent à chanter sans crier gare It's not going to stop d'Aimee Mann. Le moment casse-gueule par excellence. Cela pourrait être ridicule, c'est juste la grâce incarnée.

 

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Punch-drunk love - Ivre d'amour (2002)

 

Barry (Adam Sandler dans le rôle de sa vie), engoncé dans son costume bleu électrique, est ivre d'amour pour Lena (Emily Watson). Jusque là spectateur de sa vie ennuyeuse, sa romance naissante se voit contrariée par un sale chantage financier. Il refuse de voir sa possibilité de bonheur lui échapper, doit-il affronter Mattress Man (Philip Seymour Hoffman). Ce combat par téléphones interposés est verbal. A la manière des travellings avant et droits comme des piqués, les deux hommes vont droit au but. La force comique est à l'image de cet échange : d'une fureur explosive. A noter l'intérêt de plus en plus prononcé de Anderson pour l'élaboration de bande-son épousant la tempête sous le crâne de son héros. Un point qui atteindra son paroxysme dans There will be blood.

 

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There will be blood  (2007)

 

Hallucinant premier quart d'heure qui donne le ton de ce classique instantané que l'on espèrera définitif. Un homme obsédé gratte à la pioche puis à la dynamite un boyau caverneux dans l'espoir de trouver de la pépite d'or.  Il tombera sur autre chose, l'or noir. Moins solide et éclatant mais qui rend tout aussi fou. Celui pour lequel on n'est prêt à se péter une jambe, à mettre sa propre vie et celle d'autrui pour peu que notre cupidité ne connaisse aucune limite. Anderson filme ce liquide sombre et pestilentiel comme un poison contaminant un être ne demandant qu'à abandonner le monde des hommes. En quelques minutes, Anderson plante le décor magistralement, celui de l'Amérique du 20ème siècle, celle qui substitue la spiritualité altruiste à la compétition à vocation annihilatrice, le pétrole au saint crème baptismal.

 

Cliquez sur la photo ci-dessous pour voir la bande-annonce du film et quelques images de la séquence en question :

 

 

Pour lire les critiques des films de Paul Thomas Anderson, cliquez sur les affiches ci-dessous :

 

 

 

 


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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