Rambo et les couteaux

Thomas Messias | 4 février 2008
Thomas Messias | 4 février 2008

Dans l'imagerie traditionnelle, John Rambo est souvent représenté mitraillette à la main, prêt à ruiner les méchants en les criblant de balles. C'est oublier que Rambo est d'abord un animal sauvage, arpentant les forêts et les contrées lointaines avec pour première défense un couteau bien affûté. Une arme qui ne figurait pas dans le roman écrit par David Morrell en 1968. Coscénariste des quatre aventures du mercenaire et grand fan de couteaux (chacun ses hobbies), Stallone a souhaité faire de cette arme blanche le compagnon favori de son héros, révélateur de sa psychologie et de sa conception de la guerre. Ce qui peut ressembler à un détail a monopolisé l'attention de Sly, qui alla jusqu'à faire fabriquer des couteaux originaux pour les besoins de chacun de ces quatre films.

 

Collectionneur de couteaux depuis son adolescence, Stallone fait appel en 1982 à Jimmy Lile, maître coutelier, afin de collaborer en vue de la conception du couteau idéal pour Rambo. S'en suivent une série de prototypes et de brainstormings, jusqu'à ce que le couteau idéal voie le jour. Ci-dessous, le tout premier protoype dessiné par Lile : évidemment trop basique et pas assez agressif pour convaincre Stallone.

 


 

 

Après maintes recherches sur les couteaux employés par les mercenaires en situation de survie, Lile livre un nouveau prototype : 14 dents acérées, deux trous à la base de la lame pour passer une lanière et accrocher l'arme à la ceinture, un manche complètement étanche, et une boussole intégrée au bout du manche. Ce modèle convainc Stallone, et Lile en fabrique 13 exemplaires, dont 6 seront utilisés dans certaines des scènes-clés du film. Mais parce qu'un bon mercenaire doit être armé jusqu'aux dents, Stallone commande également des couteaux reprenant les mêmes caractéristiques, mais avec 12 dents. Lile en fabrique 87. D'où un total de 100 couteaux, numérotés de 1 à 100. Pourquoi une telle quantité ? Parce que tous les couteaux inutilisés, considérés comme des collectors par les fans, seront revendus à prix d'or (1.000 $ minimum).

 

 

Devant le succès rencontré par le film, Lile fait fabriquer en masse des couteaux estampillés "First blood", qui se vendront comme des petits pains.

 

 

En 1985, parce qu'il est toujours aussi convaincu de l'importance des couteaux pour le personnage de Rambo, Stallone entame une nouvelle collaboration avec Jimmy Lile. Cette fois, la conception des couteaux est plus rapide et moins complexe : ravi du résultat visible dans Rambo, Sly demande au fabricant de produire les mêmes modèles, mais dans une dimension supérieure, et avec différentes teintes de lame. Dans Rambo II, il utilisera notamment des couteaux à lame noire, censés représenter l'évolution du personnage vers plus de noirceur et de violence. Une fois encore, 100 couteaux numérotés sont fabriqués et la plupart d'entre eux sont vendus pour des prix exorbitants mais qui ne font pas fuir les collectionneurs.

 

 

De même, des couteaux estampillés "The mission" (sous-titre de Rambo II) seront fabriqués en masse et connaîtront un franc succès chez les armuriers.

 

 

Jamais rassasié, Stallone fait également fabriquer des couteaux très simples, au désigne épuré, sans dents, plus longs et beaucoup plus fins que les précédents.

 

 

Pour Rambo III, Stallone affirme son souhait de changement. Pour ce film plus bourrin que les deux premiers, il désire des couteaux plus massifs, au design plus élégant. Cette fois, il fait appel à Gil Hibben, le fabricant de couteaux le plus représenté dans sa collection personnelle. Pleinement satisfait, Stallone utilisera le couteau conçu par Hibben dans de nombreuses scènes du film.

 

 

Avant de faire part d'envies nouvelles : pendant le tournage du film, Hibben répond à ses demandes et lui livre un couteau poli, plus fin mais également plus long. Et qu'importe la cohérence : comme ce nouveau couteau lui plait plus que de raison, Sly l'utilise aussitôt, quitte à ce que son arme change d'une scène à l'autre. Il se permettra même un petit plaisir, celui de tourner une scène dans laquelle Rambo forge lui-même son couteau.

 

 

Cette fois encore, pris par son amour démesuré pour les armes blanches et impressionné par les  chiffres de vente des couteaux tirés des films précédents, Stallone fait fabriquer de nombreux modèles de couteaux vendus sous le label "Rambo III", qu'ils figurent ou non dans le film.

 

 

En 2006, à l'occasion de la préparation de John Rambo, Stallone fait de nouveau équipe avec Gil Hibben. Dans le film, Rambo perd le couteau qu'il utilisait dans Rambo III et se voit contraint de s'en forger un nouveau. L'occasion pour les deux hommes de s'en donner à cœur joie. De nombreux prototypes sont fabriqués, le résultat s'approchant toujours un peu plus du hachoir, ce qui colle avec le côté toujours plus désabusé et impitoyable du Rambo version senior. Stallone trouvant les résultats presque trop parfaits, il demande à Hibben de forger des couteaux plus « crus », plus naturels. Ainsi, le manche des couteaux choisis est simplement entouré de cordelette, ce qui contraste avec les manches waterproof (acier, corne…) des couteaux stars des précédents films. Après quelques nouvelles tentatives (Stallone insistant sur son souhait d'obtenir un résultat brut et imparfait), le résultat final s'avère enfin convaincant. Jamais un couteau de Rambo n'aura semblé si artisanal… L'important étant évidemment que la lame soit tranchante comme un rasoir. C'est que John Rambo est un film plus meurtrier que les trois premiers réunis, un drame sordide et ultraviolent dont le sang est le héros.

 

 

D'après The rambo knives, article bigrement passionnant issu du site Carter town.

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