Harry Potter et l’Ordre du Phoenix : Le Pouvoir de grandir

La Rédaction | 26 juin 2007
La Rédaction | 26 juin 2007

Depuis le 19 juin, un train aux couleurs du Poudlard Express sillonne les Gares de France pour montrer les décors et costumes du film, annonçant le retour imminent du sorcier à lunettes préféré des enfants. Après l'annonce terrible de la résurrection de Voldemort dans le dernier opus rien ne va plus dans le monde de la magie : les Magiciens se regroupent, les Mangemorts se rassemblent autour du Seigneur des Ténèbres, et pour couronner le tout, un envoyé du Ministère vient infiltrer l'école pour étouffer la vérité... La Guerre a commencé...

 

 

Tout va changer. Rien ne sera plus comme avant. La rébellion commence.

 

Depuis maintenant 3 films, les affiches d'Harry Potter annoncent un tournant dans l'univers du sorcier, constituant de film en film un univers plus sombre et adulte. Si les précédents films ont en effet montré comment Harry passait du jeune timide binoclard à l'adolescent téméraire et aux hormones en ébullition, la résurrection de Voldemort, lors du final apocalyptique d'Harry Potter et la Coupe de Feu, enclenchent le tournant définitif dans l'univers Potterien. Avec une affiche et une intrigue très orientée Bataille de sorciers, ce cinquième opus, Harry Potter et l'Ordre du Phénix, semble être définitivement le film qui va apporter la rupture dans l'univers du sorcier.

 

Après des réalisateurs reconnus comme Chris Columbus, Alfonzo Cuaron et Mike Newell, c'est au tour d'un jeune réalisateur quasi-inconnu de prendre les rênes de la franchise : David Yates, réalisateur de nombreux téléfilms à succès pour la BBC. Le film était d'ailleurs initialement prévu pour la réalisatrice indienne, Mira Nair (Salaam Bombay, Un nom pour un autre) ou même Jean-Pierre Jeunet, le frenchie responsable de notre Amélie Poulain national, qui déclinèrent poliment l'offre.

 

Disposant d'un univers visuel très fort selon les dires du producteur David Heyman, David Yates pourrait bien renouer avec l'esthétique gothique et sombre de Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban comme l'attestent les premières photos et certaines images de la bande-annonce (l'apparition de Voldemort devant le Poudlard Express, le look des Mangemorts, entre Hannibal Lecter et le Fantôme de l'Opéra).

  Ce nouvel Harry Potter s'entoure d'un tout nouveau scénariste. Désirant prendre une pause dans la saga, le scénariste habituel, Steve Kloves, laisse la place à Michael Goldenberg, spécialiste des contes de fées depuis le Peter Pan version P.J Hogan ou même l'ésotérique Contact de Robert Zemeckis. Au vu des premières images, le film rompt bien avec une certaine tonalité enfantine de la série tout en s'appuyant sur les éléments apportés par Alfonzo Cuaron ou Mike Newell qui faisaient de nos héros des sales gosses un brin rebelles. On raconte même que pour se préparer à ce rôle plus adulte, le jeune Daniel Radcliffe aurait été voir un psy pour parler des différentes épreuves que doit affronter son personnage. Après avoir été le témoin de la mort de Cédric Diggory dans le cimetière de la Coupe de Feu.

 

Deux fois plus long que La Coupe de Feu à sa sortie, l'intrigue du cinquième livre tant attendue fut une semi-déception pour certains fans : l'histoire, un peu diluée dans des longs passages répétitifs, laisse en effet peu de place à l'action, seulement placée au début et à la fin du tome. La fameuse « arme ultime » que recherche tant Voldemort pendant tout le livre s'avère assez décevante et la fin, malgré un morceau d'anthologie avec un duel entre sorciers dans les couloirs du Ministère, révolte aussi bien le héros que le lecteur (attention spoiler pour ceux qui n'ont pas lu le livre) avec la mort d'un des personnages principaux. (fin du spoiler) En définitif, si ce cinquième livre est surtout un tome charnière dans la saga Harry Potter avec les révélations finales de Dumbledore sur une Prophétie Perdue qui jette de plein pied Harry au cœur de sa réelle destinée, le film promet justement dans son adaptation d'être mieux rythmé et riche en moments forts s'il élimine tous les longs passages du livre.

 
De plus, chaque Harry Potter apporte son lot de nouveaux personnages, et ce cinquième volet n'est pas en reste, notamment au niveau du poste de Professeur de Défense contre les Forces du Mal régulièrement occupé par des psychopates. Après Kenneth Branagh, David Thewlis et Brendan Gleeson, Poudlard est fier de vous présenter cette année Dolores Ombrage, incarnée par la so british Imelda Staunton, Volpi de la meilleure actrice pour Vera Drake de Mike Leigh où elle incarnait une « faiseuse d'anges ». Elle incarne ici une envoyée du Ministère qui veut étouffer la vérité sur le retour de Voldemort et vient donc semer la zizanie à Poudlard, multipliant les règles restrictives et allant même jusqu'à virer Dumbledore du poste de Directeur de l'école. Sa robe rose bonbon contrastant avec les décors austères de Poudlard et son attitude hystérique pourraient bien en faire LE personnage subversif de ce cinquième opus.

 
Face à elle, on retrouve une autre actrice anglaise excentrique avec Helena Bonham Carter qui vient déjà compléter un casting britannique prestigieux (Alan Rickman, Maggie Smith et le retour de l‘illuminée Emma Thompson en professeur de Divination). La compagne de Tim Burton incarne ici la terrifiante Bellatrix Lestrange. Cette cousine de Sirius Black elle aussi échappée de la prison d'Azkaban, est un atout majeur dans les rangs de Voldemort, et si son rôle est aussi appuyé que dans les livres, elle pourrait très vite devenir le nouvel ennemi d'Harry Potter. On peut espérer que le film saura exploiter le grain de folie de l'actrice pour incarner cette sorcière sadique, puisqu'on a déjà pu la voir en petite copine ravagée dans Fight Club ou encore en sorcière dans Big Fish. Ce rôle devait d'ailleurs être joué initialement par Helen McCrory (la fiancée de Tony Blair dans The Queen) mais elle tomba enceinte et dut quitter les plateaux.

 
Un autre personnage loufoque se cache au sein de l'Armée de Dumbledore, un petit groupuscule composé par Harry pour répondre justement aux menaces du Pr Ombrage et pour pouvoir se défendre contre les Mangemorts. Chaque nuit, ils se réunissent dans une salle spéciale cachée derrière un mur où il suffit d'imaginer un endroit où se réfugier pour qu'il se matérialise. A l'abri des regards, ils s'adonnent à différents tours de magies dispensés par Harry. Au milieu de Ron et Hermione, l'étourdi Neville Londubat, la mignonne Cho Chang et des frères Weasley, on trouve la jeune Luna Lovegood, une nouvelle recrue cette année totalement allumée et dont le père travaille dans un journal satirique et anarchiste.

 

Pour trouver la jeune fille dont le physique correspondait à son look décalé, un immense casting de plus de 150 000 jeunes filles irlandaises ou anglaises entre 13 et 16 ans a été organisé (le casting pour trouver Cho Chang pour le précédent opus ne comptait « que » 3000 candidates). C'est finalement la jeune Evanna Lynch qui a hérité du rôle. Dans le film, elle est l'une des rares personnes à voir avec Harry la présence des Sombrals, des chevaux noirs ailés qui guident les carrosses vers Poudlard et que seules les personnes qui ont vu des gens mourir sous leurs yeux arrivent à déceler. C'est elle aussi qui offre peut-être l'un des plus beaux passages sur la mort de toute la série lors d'un dialogue très émouvant avec Harry. Cette scène démontre avec force comment l'auteur J.K Rowling use de son imaginaire pour parler de choses très intimes et très profondes aux enfants.

 
Plus sombre, plus tourmenté et plus glacial, ce cinquième livre souligne de plus en plus une œuvre qui cherche en fait à nous parler de la mort à travers un renouveau du merveilleux et de l'enchantement. Si le film arrive à conjuguer l'esthétique poétique du Prisonnier d'Azkaban (Harry faisant la lumière autour des Détraqueurs pour sauver son oncle) avec la noirceur de La Coupe de Feu en évitant la surdose, Harry Potter et l'Ordre du Phoenix pourrait bien être l'un des films les plus flamboyants de la saga, démontrant s'il en était encore besoin qu'Harry Potter n'est pas un spectacle destiné qu'aux enfants.

 

Damien Virgitti
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