Deauville Asie 2007 : Compétition

Vincent Julé | 6 avril 2007
Vincent Julé | 6 avril 2007

Plus que l'année des découvertes, cette édition 2007 a été celle des confirmations. Confirmation de cinéastes surtout. Par exemple que Takashi Miike ne peut vraiment rien faire comme tout le monde, même lorsqu'il s'agit d'une histoire d'amour homosexuel en prison. Avec Big Bang love, juvenile A, le réalisateur kamikaze se livre à une introspection à la narration éclatée et au visuel iconoclaste, avec ses maladresses et ses moments (3/5). Après This Charming Girl à Deauville en 2005, le sud-coréen Lee Yoon-ki continue d'observer la femme face à sa solitude, son époque et sa société. Il le fait avec Ad Lig Night à travers le prisme de la famille, ici de substitution, où au chevet du père mourant se mêle rires et larmes dans la même justesse (3,5/5). De même, le thaïlandais Apitchatpong Weerasethakul continue son expérimentation et son exploration formelles, déjà à l'œuvre dans Tropical Malady, dans un hôpital, dans deux époques, dans une opposition ville/campagne. Le Jury a vu dans Syndromes and a century un nouveau tour de force, d'autres, moins un film de cinéma qu'une sculpture de glace (2/5).

 

 


Deux nouveautés, Le pensionnat (et son fantôme) et Route 225 (et sa faille spatio-temporelle), invitaient dans le maintenant incontournable regard social, une touche de fantastique à la fois bienvenue et anecdotique (2,5/5 et 3/5). Finalement, le mastodonte King and the clown aurait pu mettre tout le monde d'accord, si certains ne voyaient pas dans l'omniprésence du cinéma coréen, la preuve de sa superficialité. Oui, le film revêt ses plus belles parures ; oui, l'humour sert à fédérer le public ; oui, le discours prône la supériorité de l'art sur le pouvoir. Mais le réalisateur Lee Jun-ik fait cette mise à la fois en scène et en abyme, avec une telle maîtrise et une telle justesse, qu'il a logiquement remporter et mériter le Prix du Jury... et, à l'applaudimètre, du public (4/5). 

 

 

Plus que la représentation adéquate de tel ou tel pays au festival, c'est la sélection, et presque la catégorisation, des films présentés qui demande réflexion. En effet, en plus de voir débarquer presque chaque année les mêmes réalisateurs avec leur nouveau film, la manifestation se fait surtout écho de deux cinémas : action et social, Action Asia et Compétition. Et la présence de l'indispensable et bienvenue Panorama n'est que l'arbre qui cache la forêt d'une production asiatique plus riche. Où sont les romances coréennes, les comédies kawaï du Japon, le marché vidéo, soit autant de manières différentes d'appréhender le cinéma, mais surtout la culture de chaque pays.

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