Assurance sur la mort en DVD chez Carlotta : DVD Partners et l'authoring
Suite de notre dossier consacré à la préparation d'une édition DVD.
Cette avant-dernière partie se révèle être dans les faits l'étape
ultime avant la fabrication en série. Ecran Large se rend cette fois ci
chez la sympathique équipe de DVD Partners, entreprise d'authoring DVD
reconnue. Les membres qui la composent vont nous révéler que
l'authoring revêt des formes diverses comme la création de menus,
l'encodage et l'assemblage. Rencontre avec Nicolas Billon, Mathias
Panhard et Julien Gadier, trois « créateurs » ayant mis leurs talents
au service de Carlotta et d'Assurance sur la mort.
Quelqu'un peut me résumer l'historique de DVD Partners ?
Nicolas : DVD Partners est une société créée voilà 7 ans par
Vincent Haeffner. Elle emploie 5 salariés : 2 graphistes, Julien ici
présent (graphiste et directeur artistique) et Julia Nadinkova, Timour
Jeanroy est encodeur, Mathias Panhard est « authoreur ». Ce nom étrange
regroupe les fonctions d'ingénieur informatique, concepteur CD-Rom,
chargé de mise à jour du site Internet de Partners et du serveur de
l'entreprise. Moi-même, Nicolas Billon, occupe le poste de chef de
projet consultant.
Carlotta est un de vos meilleurs clients ?
Nicolas : Je ne cacherai pas que nous avons une relation
privilégiée avec eux. Il y a une confiance qualité réciproque parce que
l'exigence éditoriale de Carlotta amène une exigence technique de notre
part.
En quoi consiste l'authoring DVD ?
Nicolas : il consiste à assembler les différentes parties du
DVD, c'est à dire, les menus, l'audio/ vidéo, les sous-titres. Il
s'agit donc de mettre en forme et programmer tous ces éléments.
Mathias : C'est la confection de l'arborescence du DVD (voir préproduction), le rajout de sa partie interactive. C'est un peu ça, l'authoring.
Nicolas : Cela correspond à la construction finale du DVD,
tout simplement. On récupère tous les éléments en provenance des
différents postes pour en faire un tout. Pour résumer, c'est un puzzle
qui demande à être assemblé.
Mathias : DVD Partners n'est pas seulement une affaire d'authoring. Il y a un pôle graphisme, un pôle encodage.
CREATION DE MENUS
Julien, parle nous du travail de directeur artistique dans l'élaboration des menus DVD
Julien : En général, je me base sur le visuel packaging retenu par l'éditeur. Le choix de la typographie et les éléments visuels sont alors des sources d'inspiration. Dans le cas d'Assurance sur la mort, j'ai recherché la cohérence avec le visuel élaboré par Dark Star et retenu par Carlotta. L'important dans la création de ces menus était de préserver les codes du film noir, ne serait ce que dans les obliques, des lignes assez prononcées dans l'image. On a évidemment voulu rappeler les éléments présents dans le film par le biais de mini-séquences animées et par le jeu d'ombres et de lumières.
Cela prend combien de temps pour réaliser des menus aussi sophistiqués ?
Julien : C'est difficile de te répondre avec précision. Assurance sur la mort
est une édition collector double DVD, un titre assez prestigieux
je
pense avoir travaillé 5 ou 6 jours effectifs dessus. D'abord, j'ai un
briefing graphisme avec le client. Je regarde le film ensuite,
sélectionne quelques séquences. Je propose une première mouture au
client. C'est rarement avalisé au premier sujet. C'est un travail
évolutif jusqu'à la fin. Il y a toujours quelques petites retouches à
apporter par ci par là.
Par les plasmas ci-dessous, peux tu nous détailler les étapes de création de cette page d'accueil...
Julien :J'ai dans un premier temps choisi pour sa géométrie ce
plan de Walter Neff remontant vers la queue du train avec ses béquilles
tout en créant un faisceau de lumière orienté sur la partie centrale...
...J'ai par la suite isolé deux passages (Barbara Stanwyck allumant sa cigarette et le gros plan sur Fred MacMurray) pour les intégrer dans le cadre premier. On appelle cette opération un compositing...
...Est venu après l'intégration de la partie commande de ce menu avec le titre et les opérations conformes aux packaging de Dark Star. On s'approche du résultat définitif mais l'ensemble est assez sombre et l'on dénote encore trop de bruit vidéo...
...Ce qui nous amène à la touche finale : une illumination des parties ajoutées avec une diminution très nette des parasites vidéo.
ENCODAGE
Parlons maintenant de la lourde responsabilité de l'encodeur.
Nicolas : Le grand travail de Timour, notre encodeur maison, est de prendre connaissance de la qualité du master. Un premier contrôle qualité est effectué par les chefs de projets de Carlotta et de Partners (Fabien Braule et Nicolas Billon, NDR). Une discussion a alors lieu entre nous et Timour. Il se charge alors de placer les points d'entrée et de sortie pour la digitalisation/compression du film. Il a alors un premier aperçu de la qualité du film. Il prépare ensuite son bitbudgeting (voir préproduction) en fonction des données techniques imposées par le client. S'il remarquait éventuellement des problèmes comme un bruit vidéo persistant qui n'aurait pas été vu auparavant, il pourrait faire la suggestion de filtres réducteur de bruit pour atténuer des fourmillements sur certains aplats. Mais son grand rôle pendant la compression, c'est la vérification de l'encodage. Les yeux de Timour sont les premiers à voir l'image qui sera sur le DVD, ils peuvent percevoir quelques défauts. Et s'il en vient à considérer que son appréciation du débit n'est pas la bonne, il peut proposer au client un débit binaire plus élevé.
Cliquez sur l'image pour voir le menu d'intro Cliquez sur l'image pour voir la boucle menus
Concrètement, la proposition de la piste DTS mono 1.0 est-elle venue de Carlotta ou de Partners ?
Nicolas : Elle est venue de Carlotta. Alors, cette piste peut
être vue comme un coup par certaines langues médisantes pour copier
l'édition Match Point. Mais, sur un plan qualitatif, il n'y a pas photo ! (Je confirme pour l'avoir écoutée ultérieurement ! NDR)
Timour a-t-il pris comme mètre étalon l'encodage Universal Zone 1
pour concocter le sien et, éventuellement, augmenter le bitrate ?
Nicolas : D'abord,
arrêtons les clichés ! Aussi élevé que peut être le débit, la réussite
ou non d'un transfert repose fortement sur la qualité de la source
d'origine, le master. On ne peut pas rendre le master d'origine
meilleur qu'il n'est. Un bon transfert est censé être la meilleure
restitution possible, sachant que ça ne reste qu'une compression MPEG
2. C'est un bon codec avec ses qualités et ses défauts. L'ennemi de
l'encodeur est le bruit vidéo et une forte présence des mouvements.
Maintenant, on entre dans un bon débit à partir de 6 Mb/s. En dessous
de 6, le profane commence à voir les défauts, ce qui est moins évident
au dessus. Et, je le répète, entre 6,5 Mb/s et 9 Mb/s, on ne voit
presque pas de différence à l'il nu. Timour ne voit généralement pas
les autres éditions. Pour le cas d'Assurance sur la mort,
le signal vidéo du Zone 1 est NTSC alors que celui de Carlotta est PAL.
Ce ne sont pas les mêmes standards. Automatiquement, l'image sera
différente. Le NTSC a une teinte magenta un peu plus forte que le PAL,
le nombre de lignes est différent (480 contre 576, NDR.) Comme la source d'origine est un master HD, ils (Universal ?)
ont crée le transfert PAL. Il n'y pas vraiment de comparaison possible
malgré la même source. Timour fait donc du mieux qu'il peut avec les
données techniques auxquelles il doit se tenir. L'encodage choisi par
Timour est de 7,8 Mb/s, c'est un débit élevé mais il ne faut pas se
leurrer : entre 6,5 Mb/s et 7,8 Mb/s, on ne perçoit pas de grandes
différences. Timour se charge aussi de marquer les repères de
chapitrage (identiques au Zone 1, une obligation contractuelle) Une
fois que l'encodage est fini, il passe les fichiers informatiques à
Mathias Panhard pour qu'il puisse travailler dessus.
Quelle est votre carte d'encodage ?
Nicolas : Il s'agit d'une carte Optibase. Par expérience, je
trouve que cette carte se comporte très bien dans les bas débits
ce
qui ne concerne pas trop Assurance sur la mort avec son 7,8 Mb/s !
ASSEMBLAGE
Mathias, quel est la procédure de « l'authoreur » une fois que tu as reçu les fichiers informatiques ?
Mathias : Je travaille avec le logiciel DVD Creator qui organise les éléments qui constitueront le futur DVD, tous les médias qu'il s'agisse des menus, les sous-titres, le film, les bonus, les différentes pistes sonores, les chapitres, etc. Bref, c'est à moi de fabriquer l'arborescence tout en respectant les impératifs du client. Un bon exemple est la navigation imposée par Universal : au lieu de tourner en boucle, les sous-menus rebasculent vers le menu principal...
...Une
fois que la programmation DVD est bonne, on sort le film sur une
cassette DLT. Certes, cet objet peut sembler archaïque quand on
travaille sur des produits numériques. A l'intérieur de cette cassette
se trouve une bande sur laquelle on enregistre une couche de DVD. Une
moitié de DVD par DLT. L'usine de pressage fabrique ensuite un
prototype que l'on appelle le glass master. Avant la production en série des DVD définitifs, on a la phase des check discs.
Des DVD complets mais sans emballage ni sérigraphie que l'on nous
renvoie pour effectuer un dernier contrôle. S'il y a un problème, on
reprépare des DLT. Si c'est OK, l'ultime fabrication peut démarrer.
Un grand merci à toute l'équipe de DVD Partners pour sa disponibilité