Assurance sur la mort en DVD chez Carlotta : Dark Star et la P.A.O

Julien Foussereau | 9 octobre 2006
Julien Foussereau | 9 octobre 2006

Suite de notre suivi de production sur l'édition DVD d'Assurance sur la mort de Billy Wilder chez Carlotta Films. Après les préparatifs (contrôle du master, restauration des pistes sonores, fabrication des sous-titres…), place à la P.A.O (Publication Assistée par Ordinateur) où il est essentiellement question de création graphique à destination du packaging, des sérigraphies et des futurs menus. Pour ce faire, la société Dark Star gère en interne toute l'évolution de cette partie créative de cette étape clé dans la commercialisation. Olivier Cartheret, graphiste au sein de Dark Star nous parle un peu plus de l'orientation graphique du projet, toujours accompagné de Fabien Braule.

Olivier, quel est ton rôle dans la chaîne de création de cette édition DVD d'Assurance sur la mort ?
O.C. Ma mission est de concevoir à partir des quelques visuels en notre possession une cohésion entre le film et ce qu'il est censé représenté au sein du grand public. Ce qui inclus aussi bien le recto, le verso et tout ce qui s'en suit pour le packaging, ici un digipack 3 volets.

 


Pour le visuel dans son ensemble, as-tu essentiellement travaillé sur des photos d'exploitation salles ou étais tu libre de prendre n'importe quel élément ou séquence du film ?
O.C. Pas du tout. Nous n'avions que quelques visuels pour Assurance sur la mort, fournis par Universal. Ce qui restreint grandement les possibilités. Quand, en plus, on est face à des photos de très mauvaise qualité et d'autres très belles, la question du choix ne se pose pas vraiment.

 

Es-tu toujours dépendant du visuel fourni ?
O.C. Dans un sens, oui. Après, cela peut varier selon certaines créations dans le sens où l'on n'est pas toujours obligé d'utiliser les photos pour réaliser le visuel. Quand on a recours à des pictogrammes, la liberté est quasi-totale comme ce fut le cas pour l'édition des Joueurs d'échecs ou de certains Pasolini (Salo, L'Évangile selon St Matthieu).

Quels sont tes outils de travail pour la création graphique, la restauration, etc. ?
O.C. Le gros du travail pour l'amélioration du rendu lors de la restauration se réalise sur Photoshop, Xpress, Illustrator. Retravailler les images se fait essentiellement sur Photoshop et son importante gamme d'utilités. On corrige beaucoup de défauts avec la palette graphique pour recréer certains détails qui ont disparu.

La volonté de s'éloigner du packaging zone 1 était-elle forte ?
O.C. Comme on peut le constater ci-dessous, beaucoup de prototypes ont été imaginés. Evidemment, se démarquer était primordial. Sinon, en tant que créatif, j'y aurais trouvé un intérêt plus que limité. Comme en plus, il s'agit ici d'une édition collector, et que l'on souhaite vraiment que ce label conserve tout son sens premier, il fallait vraiment jouer sur un visuel très épuré.

 

Prototypes 01 & 02
Prototypes 03 & 04
Prototypes 05 & 06
Parmi ces six visuels, qui d'Olivier ou de Fabien peut m'expliquer ce qui a motivé l'acceptation du visuel définitif, et par extension, le rejet des cinq autres ?
F.B. La première chose à avoir évolué est la typographie du titre, comme on peut le constater du visuel 01 au 02. La première était trop proche de ce qu'avait créé Universal pour le Zone 1. Olivier s'est, par la suite, orienté vers une typo plus machine à écrire, plus grasse aussi et qui se rapprochait davantage du genre, même si dans Assurance sur la mort, il n'y a pas à proprement parler de machine à écrire. Certes. De 02 à 03, on constate un rajout du pistolet dans la main de Fred MacMurray ainsi qu'une accentuation de l'ombre portée par les stores vénitiens sur les personnages. Il a été longuement envisagé que ce modèle soit le définitif parce que l'idée d'emprise était forte et l'image de l'arme identifiait le genre. Il est apparu toutefois difficile de le conserver puisqu'il laissait entendre que Fred MacMurray emprisonnait Barbara Stanwyck alors que, d'une certaine manière, c'est plutôt cette dernière qui le vampirise.

 

Vincent Paul-Boncour (gérant de Carlotta Films) et Jean-François Gaye (gérant de Dark Star) ont ensuite lancé plusieurs pistes, plusieurs idées. Olivier est parti vers quelque chose de plus épuré avec la silhouette de Walter Neff et ses béquilles (rappelant le générique de début) et le visage de la femme fatale en surimpression derrière. Ce visuel a suscité de grosses négociations mais l'épure était trop forte pour un recto. L'approche 50/50 a été tentée avec le numéro 05 mais l'ensemble était trop chargé. Puis est arrivé l'idée du logo titre avec la voiture, les protagonistes et le titre, trois en un, malgré une grande hésitation entre ce prototype et celui des béquilles (devenu verso). Vincent a d'ailleurs fait voter toute l'équipe pour le choix définitif.

Olivier, peux tu détailler le processus visant à construire le recto définitif ?
O.C. Nous avons travaillé sur différentes textures dans un premier temps. L'aspect usé (Fig. 1), puis la lueur (Fig. 2) renforcent l'aspect film noir. Nous avons ensuite travaillé sur la voiture et avons adapté le titre pour que l'ensemble soit indissociable (Fig. 3 et 4). Enfin, le titre et les polices de caractères retenues confirment l'aspect « classique » de l'œuvre (Fig. 5 et 6).

 

Figures 01 & 02
Figures 03 & 04
Figures 05 & 06
F.B. Je précise aussi qu'Olivier travaille en premier lieu le recto du packaging pour pouvoir ensuite accorder la charte graphique du digipack avec celle des menus créés par DVDPartners.

 

Il sera justement question de menus et d'authoring dans la troisième partie chez DVDPartners.

 

 

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