Casino Royale - Preview

Thomas Messias | 24 septembre 2006
Thomas Messias | 24 septembre 2006

Et si Casino Royale version 2006, 21ème épisode de l'épopée James Bond (selon la comptabilisation officielle tout du moins) marquait un tournant dans cette saga mythique? Tel semble être en tout cas l'objectif des producteurs du film (l'inévitable Barbara Broccoli et consorts). Ambition affichée : se démarquer des précédents volets de la série dans le but de redonner du souffle à une saga un peu plan-plan. Reprendre Martin Campbell, responsable d'un GoldenEye très maîtrisé, c'est s'assurer les services d'un réalisateur sachant respecter l'imposant cahier des charges bondien mais capable aussi de le dépoussiérer sérieusement. La légendaire famille Broccoli souhaite en effet donner un peu plus de sérieux et de respectabilité à ses films, à l'heure où Mission : Impossible III et compagnie, résolument modestes et originaux, ont mis du plomb dans l'aile de l'agent 007.

Une telle opération se mène à coups de détails plus ou moins importants. Quelques exemples ? Exit la traditionnelle séquence d'humour british, le personnage de Q (inventeur gaffeur campé par John Cleese depuis la mort de Desmond Llelewyn) passant à l'as pour plus de crédibilité. Et adieu les chansons-titres un peu trop pop : c'est Chris Cornell, ex-leader du groupe Soundgarden, qui s'en charge, avec l'intention avouée de faire plus agressif, moins « easy-listening ». La chanson, intitulée You know my name, peut-être entendue ici.

Des modifications qui ne sont que broutilles face à LA grande nouveauté de Casino Royale. Après des mois de tergiversations et de décisions laborieuses, c'est finalement le britannique Daniel Craig (Layer Cake, Munich) qui a été retenu pour remplacer un Pierce Brosnan vieillissant (et qui, après avoir souhaité quitter le rôle, s'est ravisé un peu trop tard). Un choix qui n'a pas vraiment fait l'unanimité chez les fans de Bond. Trop blond, trop pâle, trop méconnu… toutes les raisons sont bonnes pour contester sa légitimité. Plusieurs sites web ô combien haineux ont même été créés pour protester contre sa nomination (le plus célèbre et le plus rigolo : danielcraigisnotbond).

Pourtant, à mesure de l'avancée du tournage, Casino Royale s'est fait de plus en plus alléchant : il faut dire que Craig a donné du grain à moudre à ses détracteurs, et suscité une certaine curiosité chez les chasseurs de potins. Tout commence par une cascade ratée : à Prague, alors qu'il tourne l'une de ses premières scènes de combat, Craig reçoit un uppercut. Résultat : lèvre tuméfiée et deux incisives en moins. Tandis qu'on fait venir son dentiste personnel de Londres, la production profite de la suspension du tournage pour faire déplacer décors et accessoires divers pour les prises de vues suivantes, situées aux Bahamas. Dans le lot, l'Aston Martin de 007. Avec une boîte de vitesse manuelle. Le petit hic, c'est que Daniel Craig ne sait conduire que des automatiques, mais qu'il n'a choisi de l'avouer qu'au dernier moment, le jour où doit reprendre le tournage. Au grand dam de l'équipe du film, celui-ci est à nouveau interrompu, le temps de transformer la boîte manuelle en automatique.
Mais Craig (et la production) n'est pas au bout de ses peines. Allergique au traitement qui lui a été administré pour obtenir un bronzage digne de James Bond, Craig doit supporter d'insupportables problèmes de peau qui créent d'atroces démangeaisons dès qu'il est exposé au soleil. Ce qui rend le tournage en extérieur assez délicat, surtout lorsqu'on se trouve aux Bahamas…On pourrait continuer comme ça encore longtemps, puisque Craig a également été victime de sérieux problèmes de poids, de sa méconnaissance totale du poker (d'où des difficultés monstres à être crédible dans une scène-clé du film), et d'autres ennuis divers et variés. On l'aurait engagé pour jouer Gaston Lagaffe qu'il aurait été plus à sa place.

Mais revenons au film. Casino Royale bénéficie d'un casting sobre mais fourni, où fourmillent des acteurs à la renommée modeste mais au talent indéniable, de Simon Abkarian (Ni pour ni contre (bien au contraire), Les mauvais joueurs) à Jeffrey Wright (Broken flowers, Syriana) en passant par Mads Mikkelsen (Pusher I & II, Les bouchers verts). Le Danois sur lequel repose une grande partie de la réussite du film : après tout, ce sont les méchants qui font (ou pas) la force des thrillers et autres films d'espionnage. Dépassant Michaël Youn dans la dernière ligne droite (si si), il a empoché le rôle du Chiffre, un banquier finançant des opérations terroristes du monde entier, contre lequel James Bond devra jouer une partie de poker décisive pour la survie du monde (rien de moins).

Mais un James Bond ne serait pas ce qu'il est sans sa James Bond Girl attitrée. Et là encore, la lutte fut rude après des mois de supputations et autres vraies/fausses toutes plus farfelues les unes que les autres (c'est bien simple, à peu près toutes les actrices plus ou moins en vogues du moment y sont passées !). Et c'est finalement une petite frenchie, Eva Green, sans aucun doute très remarquée à l'internationale par les producteurs pour sa participation au Kingdom of heaven de Ridley Scott, qui décroche le rôle tant convoité de Vesper Lynd. Là encore, la tâche sera lourde pour la comédienne qui devra campée la première femme à avoir mis les sens de Bond en émoi avant de le transformer en cette machine à tuer misogyne que l'on connaîtra par la suite (ceux qui ont lu le livre de Fleming savent de quoi il retourne).

Face à des acteurs de cette trempe, Craig a intérêt à être au meilleur de sa forme. Sans quoi le Casino Royale de 2006 risque fort d'être aussi drôle que celui de 1967, adapté du même roman de Ian Fleming, mais de façon parodique, avec un casting remarquable composé de David Niven (en James Bond), Peter Sellers, Ursula Andress, Orson Welles (le Chiffre lui-même), et même… Woody Allen. Si tel était le cas, Daniel Craig et la saga James Bond auraient sacrément du mal à s'en relever. Fin du suspense en novembre prochain : le 17 aux États-Unis, et le 22 par chez nous.

 

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