The Passion of Tom Cruise

Julien Foussereau | 25 août 2007
Julien Foussereau | 25 août 2007

Affirmer que Michael Jackson a perdu sa couronne du roi de la Pop n'est plus vraiment la manifestation d'un sens aiguisé de l'analyse, spécialement après qu'il s'en est allé dans les peu médiatiques terres du sultan de Bahreïn suite à ses déboires judiciaires et l'échec de son album, le bien mal nommé Invincible. Il est vrai que le caisson à oxygène, la customisation faciale en hommage à Guernica de Picasso et l'amour qu'exprime ce grand enfant envers les plus petits vont nous manquer, mais ce n'est pas le sujet. La décrépitude d'une star derrière quelques flagorneries pourrait pourtant bientôt s'appliquer à Tom Cruise après la gifle que lui a infligée Paramount / Viacom mercredi dernier.

 


Paula Wagner et Tom Cruise au bon vieux temps


En effet, le plus vieux studio américain n'a pas souhaité renouveler le contrat avec Cruise / Wagner, la maison de production fondée par la star et Paula Wagner, mettant ainsi fin à 14 années de partenariats privilégiés. Brad Grey, le PDG de la plus ancienne major américaine, a justifié sa décision en invoquant l'obsolescence des accords face aux difficultés économiques que subit actuellement le tout Hollywood (à savoir la baisse inquiétante de la fréquentation des salles). Mais Sumner Redstone, le PDG de Viacom (l'empire médiatique dont Paramount est la branche cinéma), va plus loin lorsqu'il met explicitement en cause le comportement pour le moins particulier de Tom Cruise ces deux dernières années : « Bien qu'on apprécie le personnage, nous pensions que renouveler son contrat aurait été une erreur. Sa conduite récente est inacceptable pour la Paramount. »

Comment ça inacceptable, M. Redstone ? Alors, aujourd'hui, il est fortement déconseillé de manifester sa joie en enchaînant des triples saltos à faire glapir Nelson Monfort sur le canapé de Oprah Winfrey (en direct et devant des millions de téléspectateurs qui plus est) ? Il serait interdit de choisir sa nouvelle pouff… euh, compagne par casting ultra sélectif ? Un peu de clémence, M. Le PDG, pour cet homme tellement investi par son travail et sa foi scientologue qu'il lui arrive de confondre les discours et les lieux pour parler torchon et spiritualité (toujours déductible des impôts ceci dit !) Après tout, il est tout à fait plausible qu'un V.R.P. de ce calibre subisse moult déformations professionnelles après 20 ans de bons et loyaux services… même si cela se fait parfois au détriment d'un des meilleurs Spielberg !

 

Ce comportement inapproprié est-il véritablement la cause de cette désaffection inattendue ? Il est permis d'en douter. On peut légitimement penser que le sens des affaires « cruisiens » a fini par agacer la Paramount. Il est bien loin le temps où Stanley Jaffe, le prédécesseur de Grey, accueillait à bras ouverts le stakhanoviste du studio dans ses prestigieux locaux de Melrose, pour lui proposer le plus beau pont d'or jamais offert à un jeune premier. Et pour cause : le contrat stipulait que la Paramount devait verser à la toute nouvelle maison de production Cruise / Wagner 17,5 millions de dollars par an pour mener à bien le développement de projets en cours. Mais cette clause n'est rien face aux 20% que s'octroyait Tom Cruise sur les recettes de ses films, qu'il s'agisse des entrées salles, des ventes DVD, Pay per View et autres supports existants. Sur une base concrète, Steven Spielberg a touché des queues de cerise pour La Guerre des Mondes en comparaison des 87 millions empochés par le Cruiser (record à battre). Voilà à quoi ressemblait l'âge d'or de la star.

 

 
 
Tom se ridiculise en direct chez Oprah
 
 

Hélas pour lui, le plus dur quand on est au sommet est d'y rester. On assiste depuis quelques mois à une authentique descente aux enfers du plus beau sourire figé d'Hollywood. Comme quoi, Dieu existe (puissiez-Vous nous débarrasser d'une façon tout aussi Scorsesienne de Paris Hilton !) Lorsque Brad Grey prend les rênes du studio montagneux, ce dernier n'entend pas laisser Tom Cruise perpétuer son racket ad vitam æternam. Confronté au devis particulièrement salé de Mission : Impossible 3, le nouveau PDG ne prend pas de gant en menaçant de stopper net la production si le budget du film et la participation de la star au bénéfice ne sont pas revus à la baisse.

Grey craint de perdre trop d'argent en cas de contre-performance. Et il a le nez creux puisqu'il est désormais avéré que les ventes DVD du film seront décisives pour dégager une marge bénéficiaire décente. Malgré la clairvoyance du PDG, c'est Tom Cruise qui tire les marrons du feu dans la mesure où il ponctionne la majorité des recettes engrangées par le film, aux dépens de la Paramount une fois encore.



Katie a oublié son portable

 

Car Cruise / Wagner est une maison de production assez spéciale : si elle a su faire ses preuves par le passé avec des productions au service de sa star (malgré ses frais courants exorbitants et ses accords d'exception) son taux d'efficacité diminue sensiblement dans les projets où Cruise n'apparaît pas à l'écran. Pour preuve sont les bides monumentaux de Rencontres à Elizabethtown et surtout Demande à la poussière (tout juste 1,1 million de dollars de recette... mondiale). Le studio a très mal digéré ces corrections pendant que Tom Cruise et Paula Wagner empochaient tranquillement leur commission pour avoir développé ces deux films. Autant de raisons qui ne peuvent qu'irriter Sumner Redstone, prêt à raviver la polémique lorsqu'il affirme que M:i:III aurait pu être un carton si la star avait su éviter ses déboires en promo. (voir news correspondante) Promo qu'il avait menacée de ne pas faire si Paramount donnait son accord pour la rediffusion d'un épisode de South Park ! (voir news correspondante)

 

 
Brooke Shields se relaxe avant sa dépression
 

 

Et il faut bien avouer que Tom Cruise les accumule depuis qu'il s'est séparé de Pat Kingsley en 2004, la conseillère en image dont le professionnalisme a permis de faire passer la vedette pour un « doux-dingue-gentil-garçon-un-brin-mégalo » pendant plus d'une décennie. Outre les épisodes cités plus haut et connus du monde entier, ne surtout pas oublier les déclarations lapidaires qu'il a proférées à l'encontre de Brooke Shields. En reprochant avec véhémence à l'actrice d'avoir pris des anti-dépresseurs après un baby blues gratiné, chose interdite dans le dogme de Hubbard (fondateur de l'Église de scientologie), Tom Cruise est apparu sous un jour peu reluisant et peut-être plus conforme à la réalité : d'abord comme le plus gros sponsor officieux de Juvamine et surtout comme un ayatollah parti prenant dans un système qui, sous couvert de préceptes pseudo religieux aussi insensés que dangereux, broie ses victimes sans vergogne pour mieux pomper leurs économies.

 

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