Carte Blanche à Dany Verissimo 7

Dany Verissimo | 26 mai 2006
Dany Verissimo | 26 mai 2006

7 jours de folie, sept jours où nous avons parcouru Cannes de long en large à la recherche de connaissances, de relations professionnelles, de potes qu'on n'a pas vu depuis des années, de nouvelles têtes.... Il est pratiquement minuit. J'ai pas voulu défaire ma valise. Je la laisse à l'entrée. Pschiiittt........ L'étincelle de mon aventure s'éteint tandis que Cannes continuera sa fête sans moi. C'est peut-être mieux ainsi : observer de loin Cannes électrisante continuer à battre encore quelques jours sans la voir remballer sa belle parure de la Quinzaine où les dames traversent des passages cloutés en robe de soirées et où les yachts envahissent la baie cannoise.

La journée de mardi est assez speed : boucler les derniers rendez-vous. C'est notre dernier jour, c'est maintenant ou jamais. Le reste du groupe veut récupérer des places pour Babel de Alejandro González Iñárritu. Je reste seule face à mon ordi avant de partir pour la suite de mon interview de Nice-Matin sur la plage du Majestic. J'aurais pu la faire par téléphone mais je préfère regarder un journaliste dans les yeux, lui faire face telle que je suis sans me cacher. J'assume mes choix, mes opinions, mes coups de gueule ou mes fous rires quand une question est trop conne.

À Cannes, on est plus sûr de toper un bus que de choper un taxi. Cela sera donc le bus chargé comme une mule. Le téléphone sonne. Les heureux élus qui pourront aller voir Babel seront les garçons (zut ! pour Emese et moi). De toute façon, j'étais même pas sûre d'avoir vraiment envie de le voir... (qu'est-ce que j'aime pas mentir !) C'est pas vrai, je crevais d'envie de le voir mais bon, à ce que j'ai cru comprendre, il est plus facile d'obtenir ses places quand on est de la presse ou de la SACEM que lorsqu'on est cinéphile ou comédien et que l'on n'a pas de film à défendre ! Qu'importe !!! Je vais pas me laisser abattre pour ça, je le verrai à sa sortie.


Je rejoins la Plage du Majestic. On cloue l'interview vite fait ce qui me permet de rapporter la robe Antik Batik au Martinez. J'ai eu la chance de croiser un ami réalisateur qui revient de quatre mois de tournage. On prend un verre à 13h lui comme petit-déjeuner un coka et moi un verre de vin blanc. On fait un point sur les diverses propositions que l'on m'a faite. Si tout se passe bien (pas de pré-production arrêtée ou retardée), je pense que Cannes m'aura permis d'augmenter les propositions de longs-métrages. Et pourtant, je n'ai pas l'impression d'avoir fait quelque chose d'extraordinaire, j'étais juste là et j'ai rencontré les interlocuteurs en personne. Serait-ce donc ça ? Si on ne se montre pas, cela veut-il dire que l'on n'existe pas ? Je me souviens de l'Affaire Adjani, je me rappelle de rumeurs disant qu'elle était morte et en même temps je pense à ces stars traquées jusqu'à voir dans les tabloïds leurs échographies exposées aux lecteurs. Où est le juste milieu ?

Où est l'équilibre entre se montrer suffisamment pour qu'on sache que vous existez toujours et la limite de l'excès de médiatisation ? À quel moment dit-on stop ? C'est vrai que la plupart des gens qui m'ont arrêté pour me dire qu'ils avaient pensé à moi pour un projet, avaient déjà contacté mon agent pour un rendez-vous avec moi sur Paris. Ca ne change rien au final, je devrai toujours faire le rendez-vous mais.....bizarrement, j'ai quand même l'impression que ça fait toute la différence. On a beau être à l'ère électronique, on privilègie toujours les rapports humains. Quel soulagement ! Je crois que qu'il y a du beau linge qui se pointe à l'horizon.


Je croise mon agent sur la terrasse, on échange quelques mots avant qu'il ne file retrouver Elodie Bouchez pour le déjeuner au Patio Canal Plus. Un peu déchirée par mon petit-déjeuner cannois, je retrouve Emese sur la plage du Cinéma où je m'écroule littéralement dans le sable. Le temps est quelque peu venteux mais j'ai besoin de laisser se dissoudre un peu l'alcool dans le sang : le vin blanc au petit-déj c'est pas une bonne idée ! 16H30. Les premières impressions. Je récupère les garçons juste à la sortie de la projo. Ils ont l'air de planer !?! Le mot qui revient souvent : voyage (tu m'étonnes, rien qu'avec Brad Pitt, je voyage !). Après la déception de Selon Charlie, ils sont sur leur petit nuage grâce à Babel. Ils n'ont pas vraiment de mot pour le décrire, ça ne m'avance pas. Je repose la question et ils me répondent Va le voir ! La réponse me frustre, il faut sortir ce soir, moi aussi je les veux les “petites étoiles” dans les yeux, il faut qu'on s'éclate : c'est notre dernier soir sur Cannes. Il faut faire un bel apothéose. Je suis d'humeur festive et pendant qu'ils continuent leur débat sur le film, nous prenons tous ensemble la direction de la Croisette où un Caroussel se trouve à quelques pas du Palais.


J'ai envie de faire un tour. Je fonce et j'invite Emese pour un tour de manège juste pour le plaisir de retomber en enfance. Cannes mon manège à moi, c'est toi... Des passants me reconnaissent et veulent me prendre en photo. C'est pas grave, j'ai besoin de souffler : c'est mon dernier jour et j'ai envie de me détendre. En attendant les bières belges et les hot dogs (ça changera des petits fours et champagne) de la soirée du film Dikkenek de Olivier Van Hoofstadt. Passage quand même par le stand de l'Ile-de-France au Village international pour un cocktail. Je m'emmerde.


Je fais néanmoins la connaissance de Marc Ripoll, ancien professeur de la section Cinéma Audiovisuelle des Frères Salto. Il est content de ses élèves, de LZA et d'autres. Ce qui le ravit Monsieur Ripoll, c'est que ses élèves se sont lancés et que chacun à sa façon a entamé un bout de chemin dans sa carrière.
Au début, j'ai pas vraiment la côte avec lui, ce qui change nettement quand il apprend que j'ai travaillé sur le dernier film d'Alain Robbe-Grillet. Il n'aime pas Besson, il l'a dit aux Frères Salto quand il était leur enseignant ce qui ne les a pas empêcher d'aimer l'entertainment, ni même un jour travailler pour Europa Corp, ni même d'avoir dans leur bibliothèque des bouquins sur Le Cinquième Elément ou Le Grand Bleu ! Et toc !!!


Comme il fait vraiment froid ce soir sur Cannes, on rentre se changer et on se prépare à faire une virée en ville. Je tombe sur un Américain super lourdaud au Pot de Dikkenek qui au moment où je tourne la tête essaye de m'embrasser. (Connard !) Ca faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé ça ! Une petite tape comme on frappe un enfant qui a fait une bêtise et une explication d'homme à homme avec Jesse ne l'ont pas vraiment calmé, je crois qu'il est parti embêter une autre jeune femme juste après moi. Enfin bon, Dikkenek, c'est une comédie belge réalisée donc par un belge (Olivier Van Hooftstadt), produit par un autre belge (Marc Libert) avec des acteurs belges (Jean-Luc Couchard), et tournée en Belgique, c'est simple, non ?! Et comme c'est du 100% belge, ça sera saucisses-bières (belges bien sûr) au menu ! Bah moi, j'ai bien aimé le concept ! J'ai trouvé ça bien sympa de terminer sur une soirée moins prout-prout que les autres tout aussi sympas où en plus j'ai croisé des gens que je connaissais ! Ce qui ne veut pas dire qu'à un moment de la soirée, je n'ai pas pris une coupe de champagne, ni un canapé mais c'était pas mal.

Entre le cocktail qui se déroulait au Village International et la soirée dance-floor qui devait avoir lieu au VIP ROOM du Palm Beach, on a fait un détour par le Port. Et pour notre dernière soirée, au lieu de la piste de danse emflammée, au lieu du champagne à gogo, au lieu des beaux gosses ou des bombes que tu croises et qui donnent l'impression de sortir tout droit d'une pub pour slibard ou de gel douche, nous, on est resté serrés tous les uns contre les autres à se tenir chaud tout en regardant le jour se lever. Non, nous n'irons pas non plus à la projo de Marie-Antoinette à 8h30. C'est vrai, il faut l'avouer, nous étions faits, mais bien FAITS !!! Cette soirée a viré au débat philosophique, aux plates excuses de Seb pour je ne sais trop quoi (bah, je crois que c'était celui le plus fait de nous tous), au boudin de Jess (de ne pas être aussi fait que nous autres) à notre prochaine aventure tous ensembles (le tournage du court-métrage Finding réalisé par les deux frangins). C'était une bonne soirée et un bon séjour.


Le lendemain, il a fallu tout ranger, nettoyer l'appartement, faire les valises et repartir sur Paris. C'était vraiment une belle aventure. C'est Seb qui partira en premier pour un déjeuner familial du côté de Aix-en-Provence, puis Alex qui enchaînera dès son arrivée sur Paris au BiZen pour une soirée Relooking, puis Jess, Louie et moi sur le train de 18h02. Seule Emese restera encore un peu. C'est elle qui jouera la demoiselle sur le quai de la Gare en voyant les autres partir.

J'ai mis du temps à écrire ces derniers jours justement parce que c'étaient les derniers. C'est bête de le croire mais consigner les souvenirs me donnait l'impression de tourner une page (Demain est un autre jour) sauf que je n'avais pas envie de tourner la page, je voulais rester. Maintenant que le baby-blues est légèrement passé, je me dis que j'ai fait la meilleure chose au monde : raconter les choses telles que je les voyais. Elles sont là, elles existent et personne ne me les enlèvera.

Merci d'avoir partagé un bout d'aventure avec moi et qui sait....Peut être à un de ces jours sur la Croisette pour une nouvelle saison de fêtes ?!

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