Cannes 2006 - Jour 1

Vincent Julé | 18 mai 2006
Vincent Julé | 18 mai 2006

C'est décidé, cette chronique cannoise s'appellera dorénavant « Un puceau à Cannes » ou « Le puceau de Cannes » - tapez 1 ou 2, blablabla. Pourquoi s'arborer d'un si joli sobriquet ? Pour rentrer ni vu ni connu j't'embrouille à la mega big soirée Da Vinci Code ? Dans vos rêves… enfin les miens. Pour passer pour un con sur la Croisette alors ? C'est plus (que) propable. Toujours est-il que pour une première journée de festival, qui pourrait se targuer de n'avoir croisé aucune star, d'avoir assisté à la cérémonie d'ouverture en direct… à la télé, de regretter alors amèrement l'absence de smoking dans sa garde robe, de zapper consciemment le film évènement de la soirée, de se prendre inutilement la tête à essayer de caler un emploi du temps pour le jour suivant (quoi que le film d'animation Princess sur une ex-star du porno est d'ores et déjà une priorité), et de finir frais comme un gardon à écrire ces lignes sur les coups d'une heure du matin à peine ? Et bah, oui, c'est possible, tout est une question de méthodologie.

Ainsi, six heures non-stop de train en compagnie de chienchiens à sa mémère et des mémères en question est un bon exercice d'entraînement. Surtout lorsqu'au détour d'un article de VSD de la voisine, Elisabeth Quin lâche : « À Cannes, il y a les initiés et les galériens ! ». Merci pour moi. S'en suivent des mètres et des mètres qui finissent en kilomètres de portage de bagages puis de courses jusqu'à l'appartement, « où bientôt six congénères viendront le rejoindre ! » - non, ce n'est pas de la téléréalité. Après un mal d'épaule et quelques serrages de main, vient le suspense du retrait de l'accréditation. Dis-moi ta couleur, et je te dirais qui tu es. Soit, dans l'ordre d'entrée aux projections, blanc, rose, bleu ou pire, jaune. Et c'est alors que le journaliste d'Écran Large peut rouler des mécaniques, car avec ce joli bleu sur son pass, il peut passer devant ses petits copains. Enfin, en théorie, car au final, bleu ou jaune c'est kif kif et bourriquot. Une certaine idée de la démocratie donc.

Après une rapide mais nécessaire visité guidée du Palais du festival, et une petite vérification de visu (et en photo) au Short Film Corner, il faut se rendre à l'évidence. Entre les projections officielles, presse, secrètes, les différentes sélections (compétition, quinzaine des réalisateurs, semaine de la critique, un certain regard et la mystérieuse section parallèle ACID), les feuilles volantes, les magazines (Variety, The Hollywood Reporter, Écran Total, etc.), les dossiers de presse… c'est le bordel ! Un joyeux bordel, mais un bordel quand même. À côté, la montée des marches (‘achement moins impressionnant de près) et les touristes avec leur tenue de soirée et leur pancarte « Invitation Da Vinci Code SVP » passeraient presque inaperçus. Ouhlà, à brasser du vent, il est déjà l'heure de la projection presse du soir, et unique film vu ce mercredi.

Summer Palace / Palais d'été (2006, Chine) - Compétition
Réalisateur : Lou Ye

Résumé : La belle Yu Hong quitte son village, sa famille et son fiancé pour étudier à Pékin. Elle y découvre un monde d'intenses expériences sexuelles et affectives et tombe follement amoureuse d'autre étudiant, Zhou Wei. Leur relation tourne au jeu dangereux tandis que les étudiants commencent à manifester, exigeant la démocratie et la liberté.

Avis : Après le succès critique de Suzhou River en 2000, le réalisateur chinois Lou Ye dresse avec son quatrième film le portrait d'un pays et de sa jeunesse, dont le premier acte politique et libérateur se révèle personnel, intime, sexuel. Plus qu'un parti pris osé, une réalité à la fois déroutante et passionnante. Malheureusement, le cinéaste choisit une narration elliptique, où les saynètes souvent silencieuses s'enchaînent au gré d'une voix off alignant les belles formules, dont une seule vaut le détour : « Elle considère l'amour comme une blessure. Une fois celle-ci guérie, il s'en va. » De la même façon, son utilisation de la musique s'avère tout d'abord judicieuse, puis répétitive et enfin insupportable au bout d'une heure vingt de film. Et alors que ce Palais d'été aurait pu se conclure de manière originale sur un aperçu de dix ans d'histoire chinoise après une scène de manifestation nerveuse, il repart pour une heure supplémentaire, doublement pénible.

Note : 4/10

Le film événement de Cannes : On croit en toi Vincent !

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