Compte rendu festival de Valenciennes

Flavien Bellevue | 25 mars 2006
Flavien Bellevue | 25 mars 2006

Du 15 au 19 mars dernier se tenait la 17è édition du festival du film d'aventures de Valenciennes et pour la première fois, Écran Large a eu l'honneur d'y être invité. Étant le seul représentant du site, je me réjouissais de pouvoir y aller mais je me rendis compte que le festival d'aventures ne commençait pas à Valenciennes mais à Paris. Jeudi 16 mars, j'arrive à la gare du Nord et voilà que mon nom n'apparaît sur aucune liste. Ça commence bien…On me laisse monter tout de même à bord au risque de me retrouver à me balancer hors du train si rien n'est en ordre. Après vérification, tout est ok et on m'assigne un hôtel. Rendez vous à 20h30 pour la projection des Aiguilles Rouges de Jean-François Davy mais point d'accréditation à l'horizon. La sécurité me laisse passer sans problème (NDLR/ Étant donné le gabarit imposant du Flavien, on comprend les mecs de la sécurité) tandis que la responsable de la régie publicitaire du festival commence à se demander qui je suis. Après une nouvelle vérification, tout rentre à nouveau dans l'ordre et le festival peut enfin commencer…

Cette année, le festival accueillait pas moins de 9 longs-métrages et 31 courts-métrages en compétition officielle ; de pays aussi divers et variés que la France, l'Italie, la Belgique, l'Espagne, Cuba, l'Australie, l'Allemagne, le Canada, le Japon et la Corée du Sud. Ces sélections donnaient donc à voir un large panel de productions « fraîches » de niveau international. Mais au terme de ces quatre jours de compétition, le bilan est mitigé malgré une sélection de longs-métrages des plus éclectiques. Bien que le festival soit estampillé « aventures », il faut plus entendre par là « aventures humaines » qu'aventures/action.

Alors que Django, Blondin et les autres faisaient parler la poudre dans une salle, les nouveaux longs-métrages proposaient : un voyage de deux enfants à la recherche d'un père à travers Cuba avec le film Viva Cuba de Juan Carlos Cremata Malberti ; le combat d'une femme iranienne lesbienne en fuite en Allemagne avec Unweiled de Angelina Maccarone ; la naissance d'une amitié entre une petite fille et ses deux amis imaginaires dans Opal dream de Peter Cattaneo (The full monty) ; les « exploits » montagnards d'une bande de jeunes dans la France de la guerre d'Algérie avec Les Aiguilles rouges de Jean François Davy ; une histoire d'amour coréenne contemplative au postulat de départ assez original avec April snow de Hur Jin-ho ; une saga d'une famille québécoise avec C.R.A.Z.Y de Jean-Marc Vallée ; une amitié entre deux filles que tout oppose dans un Japon survitaminé avec Kamikaze girls de Tetsuya Nakashima ; la redécouverte d'une mère par un fils endetté dans Conversaciones con mama de Santiago Carlos Oves et enfin les déboires d'un trio mafieux, amis de longue date, dans l'Italie des Brigades Rouges dans Romanzo criminale de Michele Placido.

Vu le peu de temps (4 jours) pour découvrir ces neuf films et les 31 courts-métrages, il fallait à coup sûr couper la poire en deux pour voir un peu de tout. Ce qui fait que l'on peut passer à côté d'autres bons films si on en croit le palmarès du jury. Résultat, parmi les films vus, seuls C.R.A.Z.Y, Kamikaze girls, April snow se démarquent par leur originalité principalement tandis que Les Aiguilles rouges qui aurait dû être Le film d'aventures de ce festival, déçoit car le réalisateur passe carrément à côté de son sujet. Pour ce qui est des courts-métrages, la programmation alternait films à chute, drame social, comédies (noires), fantastique, animation le tout pour le pire et pour le meilleur.

Mais le festival fut aussi l'occasion de rendre quelques hommages. Le plus important concerne celui consacré à l'âge d'or du cinéma de genre italien (western spaghetti et giallo uniquement) puisque huit piliers de cette période emblématique du cinéma, étaient invités : les réalisateurs Tonino Valerii, Enzo G. Castellari, Luigi Cozzi, Lamberto Bava, Albert de Martino, Sergio Martino, le maître des effets spéciaux italiens, Sergio Stivaletti et l'un des membres du groupe Goblins, Claudio Simonetti. (NDLR : Vous en retrouverez d'ailleurs quelques uns en interview très prochainement sur le site). Chaque jour, les festivaliers ont pu (re)découvrir sur grand écran des chefs d'œuvre tels que Le Bon, la brute et le truand de Sergio Leone, Le Grand silence, Django tout deux réalisés par Sergio Corbucci, Le Masque du démon de Mario Bava, Mon nom est personne de Tonino Valerii entre autres.

De gauche à droite: Sergio Stivaletti, Claudio Simonetti, Sergio Martino, Alberto de Martino, Enzo G. Castellari, Lamberto Bava, Luigi Cozzi et Tonino Valerii

Second hommage rendu par le festival à une grande dame du cinéma français, Annie Girardot dont quatre films d'une filmographie comptant plus de 100 longs-métrages, étaient diffusés (Le Mari de la femme à barbe, La Vieille fille, La Zizanie, Mourir d'aimer) et qui reçut une standing ovation digne de ce nom lors de la soirée de la remise des prix ainsi qu'un message personnel de la part de Claude Lelouch.


Troisième hommage rendu par le festival au producteur Jean-Louis Livi qui tout au long de sa carrière a produit 28 films dont Tous les matins du monde d'Alain Corneau, Un cœur en hiver de Claude Sautet, L'Amour conjugal de Benoît Barbier, Le Plus beau métier du monde de Gérard Lauzier et Sur mes lèvres de Jacques Audiard (et récemment Je vous trouve très beau d'Isabelle Mergault) que le public a pu (re)découvrir pendant le festival. Au delà de ces hommages, le festival permit également au public de se familiariser, via des ateliers, à quelques métiers du cinéma (improvisation et bruitage électroacoustique sur des films muets, musiques de film, mime, maquillages et effets spéciaux par l'équipe de Jacques Olivier Molon dont vous pouvez retrouver les travaux à cette adresse).


Et c'est donc dans une atmosphère bon enfant que s'est déroulée la remise des prix animée par l'inénarrable Vincent Perrot. L'acteur Clovis Cornillac y est venu chercher le prix Rémy Julienne des mains de ce dernier pour couronner l'ensemble de sa carrière d'acteur « physique ». Le prix Robert Enrico est revenu cette année à Pierre-François Martin Laval alias PEF pour sa première oeuvre Essaye Moi. Au final donc, le jury long-métrage présidé par le réalisateur Christian Vincent a décerné le grand prix au dernier film de Peter Cattaneo Opal dream tandis le court métrage Kitchen de Alice Winocour remporte le grand prix du jury présidé par Samuel Benchétrit.


Je quitte donc Valenciennes en pleins travaux avec très peu d'heures de sommeil (dû à une escapade au Cuba Bar…) mais avec quelques bons souvenirs ("Mais où est mon badge Mme Lemaire?!") en espérant toutefois que l'année prochaine sera plus palpitante que celle-ci.

Palmarès complet Long-métrage du jury composé de Christian Vincent (président), des actrices Eva Darlan, Zoé Félix, Aïssa Maïga et Alysson Paradis (présidente du prix étudiant), des acteurs Edouard Montoute, Thomas Chabrol, Stéphan Guérin-Tillié et Aurélien Wiik, de l'écrivain Florian Zeller, de notre confrère de Première, Gérard Delorme et du chanteur Christophe.

Opal dream de Peter Cattaneo (Sortie le 12 juillet 2006)
Grand Prix et Prix de la mise en scène

Unweiled de Angelina Maccarone (Sortie prévue septembre 2006)
Prix spécial du jury et Prix d'interprétation féminine pour Jasmin Tabatabaï

Romanzo criminale de Michele Placido (Sortie le 22 mars 2006)
Prix du jury et prix d'interprétation masculine pour Pierfrancesco Favino

C.R.A.Z.Y de Jean-Marc Vallée (Sortie le 3 mai 2006)
Prix du public et Prix du jury étudiant

Palmarès complet du court-métrage ; Jury composé du réalisateur Samuel Benchétrit (président), des actrices Anna Mouglalis (remplaçante de Dominique Besnehard), Mélanie Laurent, Elodie Navarre, des acteurs Davy Sardou, Arthur Jugnot et Jonathan Demurger, les écrivains Leslie Chaffot et Philippe Besson, la co-directrice des éditions Julliard, Betty Mialet, le journaliste de Studio magazine, Thierry Cheze et le directeur de l'espace Pierre Cardin, Nicolas Laugero (président du prix jeune public).

Kitchen de Alice Winocour
Grand prix et Prix d'interprétation féminine pour Elina Löwensohn

Comme James Dean de Jonathan Zaccaï
Prix du jury

La baguette de Philippe Pollet Villard
Prix spécial du jury

A l'arrière de John McIlduff
Prix de la mise en scène

Saddam Hussein is alive de Jean Marie Buchet
Prix d'interprétation masculine pour Bouli Lanners

Les flying Ramirez de Dennis Sebbah
Prix du meilleur scénario

Poison d'avril de Jimmy Bemon
Prix du public

00h17 de Xavier de Choudens
Prix du jeune public

En sus de ce palmarès, retrouvez les interviews de trois membres des différents jurys en cliquant sur les photos ci dessous


Alysson Paradis


Aurélien Wiik


Jonathan Demurger

Remerciements à André-Paul Ricci, Tony Arnoux, Guillaume, Alexandre et à toute l'équipe et bien évidemment à Patricia Lasou, Sylvie Lemaire et Patricia Riquet, organisatrices du festival, pour leur aimable invitation.

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