Michelle Yeoh

Patrick Antona | 1 mars 2006
Patrick Antona | 1 mars 2006

Michelle Yeoh (Yang Zi Chong en cantonais) est née le 6 août 1962 en Malaisie. Encore enfant, elle devient danseuse de ballet et intègre l'Académie royale de Danse à Londres. Mais son intérêt pour la danse ne la mènera pas sur les grandes scènes mais vers les concours de beauté. Elle sera Miss Malaysia en 1983 puis se fera remarquer avec un spot publicitaire tourné avec Jackie Chan, vantant les mérites d'une montre de luxe (NDLR : le spot est disponible sur le DVD HK Legends de Yes Madam). Dickson Poon, patron de la société de cinéma D&B, flaire le bon coup avec la belle. Il la baptise Michelle Khan, la confie aux mains des meilleurs cascadeurs de Hong Kong, et en fait la star des séries B d'action qui fleurissent dans les années 1980, où elle devient le symbole de la femme flic de charme aux « kicks » surpuissants. Les deux premiers films de cette association, Yes Madam (1985) et Royal warriors (1986), distribués en vidéo en France dans l'ordre inverse sous les titres Le Sens du devoir 2 et Le Sens du devoir, sont de véritables bombes, et assoient la belle Michelle comme star incontestée du genre, en en faisant l'égal féminin de Jackie Chan, qui l'avait précédemment invitée sur le plateau de Twinkle twinkle lucky stars (Le Flic de Hong Kong 2).

Alors que fleurit tout un bataillon de femmes flics chinoises prêtes à marcher sur ses talons, Michelle Yeoh tourne le film de guerre Magnificent warriors, où elle fracasse avec conviction l'envahisseur japonais venu s'incruster en Mongolie, démontrant à nouveau ses formidables aptitudes physiques, aux limites du danger. Elle se blesse d'ailleurs à de nombreuses reprises sur les tournages. Son pygmalion, Dickson Poon, décide alors de calmer la belle et se marie avec en 1988, d'où un stand-by aussi sec de sa carrière ciné (le mariage à Hong Kong signe souvent l'arrêt de carrières féminines même prometteuses, NDLR). Heureusement pour le plaisir des amateurs, Michelle Yeoh divorce en 1992 et peut à nouveau reprendre ses rôles à risque. Elle embraye aussi sec avec Police story 3, signé Stanley Tong, où elle côtoie d'égal à égal sa majesté Jackie Chan. Détonnant mélange de kung-fu comedy et d'actioner explosif, le film est un méga succès un peu partout dans le monde, et propulse l'actrice au rang de star du genre à Hong Kong. Le générique final, composé des outtakes montrant le tournage des cascades des deux vedettes, avec leurs prises de risque insensées, est devenu un des summums du genre.

S'ensuit toute une série de films d'action, du wu xia pian échevelé (Butterfly & Sword, Tai Chi master) au film de super-héros délirant (le dyptique Heroic duo/The Executionners coréalisé par Johnny To et Chin Siu Tung) où, désormais en tant que Michelle Yeoh, elle partage l'affiche avec les plus grandes figures du cinéma HK : Maggie Cheung, Brigitte Lin, Tony Leung Chiu Wai ainsi que Jet Li. Mais elle devient aussi une star à part entière et assure le haut de l'affiche dans le percutant Project S, encore signé par Stanley Tong, où elle reprend son personnage de téméraire major chinois de Police story 3, puis enchaîne en 1994 avec le bondissant Wonder seven et l'athlétique Wing Chun, signé Yuen Wo Ping, futur chorégraphe des Matrix. Mais en 1995, la chance tourne : elle est victime d'un accident de tournage sur le plateau de Ah Kam, biographie d'une cascadeuse qu'elle tourne aux côtés de Sammo Hung, et reste hospitalisée pendant plus d'un mois. Preuve de son professionnalisme (ou de son inconscience, c'est selon), elle se plaignait d'avoir fait rater une scène essentielle auprès de sa réalisatrice Ann Hui, oubliant le fait qu'elle soit passée à deux doigts de la mort ! Une fois remise de ses blessures, elle tourne avec Maggie Cheung dans la fresque historique The Soong sisters, multirécompensée en Asie mais toujours inédite en France, où elle fait encore preuve de ses grandes qualités de jeu dramatique.

Mais la chance d'une reconnaissance mondiale se profilera en 1997 (année de la rétrocession de Hong Kong à la Chine) par le biais de la série qui a toujours été le parfait symbole du cocktail action/cascades : James Bond. Si Demain ne meurt jamais ne demeurera pas un des sommets de l'agent préféré de Sa Majesté, Michelle Yeoh compose un duo dynamique avec Pierce Brosnan et les scènes où elle agit réussissent à transcender un film pataud. Après une apparition dans Moonlight express de Daniel Lee (Black mask), Michelle Yeoh intègre le casting pléthorique (aux côtés de Chow Yun-fat, Zhang Ziyi et de la vétérante Cheng Pei-Pei) de Tigre et dragon, l'hommage de Ang Lee au Wu Xia Pian classique chinois. Financé par des capitaux américains, tourné en mandarin (malgré le fait que Michelle Yeoh ne le parle pas), le film sonnera le retour en grâce d'un genre que l'on pensait disparu et qui se doublera d'un carton mondial au box-office. Elle devient l'inoubliable Yu Shu Lien, et la scène de duel avec Zhang Ziyi demeure un des sommets du genre.

Devenu une star mondiale et symbole d'une Chine qui allie séduction, punch et modernité, Michelle Yeoh fait les premières pages des magazines quand elle n'est pas l'ambassadrice de charme pour sa patrie. Devenue productrice en 2001, elle décline l'offre de figurer dans les suites de Matrix, mais elle se lance dans l'oubliable aventure de The Touch (Le Talisman en VF). Insondable ratage, écrit pourtant par le duo français Julien Carbon et Laurent Courtiaud, desservi par des effets numériques ratés, le film se targue en plus d'une vision d'opérette du Tibet, à la limite du nauséeux, montrant les limites d'une actrice qui veut surtout plaire à son pays. Sa production suivante, Silver hawk, réalisée par l'efficace faiseur Jingle Ma (Tokyo raiders), tente de suivre la vogue des films de super-héros qui font fureur à Hollywood mais souffre d'un manque évident d'ambition.

Si le cinéma marque un peu le pas pour la belle Michelle, qui essaie désespérément de monter une ultime version de Hua Mulan, elle continue de faire la couverture des magazines people, aidée en cela par sa liaison avec Jean Todt, directeur technique de Ferrari. C'est à nouveau Hollywood qui va la remettre en selle, en en faisant une des courtisanes japonaises de Mémoires d'une geisha, où elle fréquente à nouveau Zhang Ziyi, et pour la première fois l'autre méga star chinoise, Gong Li. Depuis elle a tourné dans Fearless de Ronnie Yu avec Jet Li (mais il semble que ces scènes aient été coupées au montage), elle est de l'aventure Sunshine, le premier film de science-fiction de Danny Boyle et on l'annonce pour Boarding gate, thriller français d'Olivier Assayas au casting international (Michael Madsen, Asia Argento entre autres).

 

 

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