Bilan Festival du film fantastique de Gerardmer 2006

La Rédaction | 31 janvier 2006
La Rédaction | 31 janvier 2006

Après des années de plus en plus décevantes, le festival de Gérardmer comptait se refaire une santé en axant sa programmation sur des films au buzz énorme tous précédés d'une excellente réputation. Le festival s'est-il montré à la hauteur des attentes suscitées ? Réponse ci dessous

Jeudi 26 janvier

Après un film d'ouverture, Underworld Evolution, à la qualité plus que discutable (cf. Critique), Gérardmer inaugure sa première journée de festival avec deux films inédits très différents et diffusés à la même heure, une seule solution s'impose alors: diviser pour régner ! Vincent espère prendre sa première claque avec The Red Shoes … raté le film est un flop ! Quant à Ilan, il a préféré la mise en bouche au plat principal et s'est précipité sur Dead & Breakfast, petit inédit vidéo sympathique et hautement fun. Après un déjeuner rapide, le naïf Ilan court voir Dracula 3 (il en faut pour tous les goûts), et Vincent, lui, ne s'embête pas et interviewe la belle Clémence Poésy (la jeune française qui affrontait Harry Potter dans La coupe de feu)… y'as pas de justice ! Deuxième film en compétition, Isolation est une sorte de version champêtre de The Thing mais surtout le premier choc du festival. Il fait quasiment l'unanimité. La sélection semble donc bien reprendre du poil de la bête et la simple évocation du film suivant, Reeker, qui se trimballe un petit buzz depuis le marché du film à Cannes, suffit à faire trépigner d'impatience Vincent. 1h30 plus tard, l'impatience a laissé place à une énorme déception face à un film dont le twist final, ou plutôt son inexistence, aura agacé plus d'un festivalier ! Après tant d'émotions cinématographiques, il était temps d'arrêter le massacre pour la journée et, avec une conscience somme toute journalistique, de se mettre à écrire… ou comment couvrir un festival au quotidien. La croix ? La bannière ?

Vendredi 27 janvier

Au deuxième jour, le réveil difficile (à peine 6 heures de sommeil) devient presque une habitude. Une douche, un déjeuner copieux, et la team EL est fin prête pour assister à la projection du fameux Wolf creek. Non pas qu'il soit un évènement attendu du festival à proprement dit, mais ce survival au pays de Crocodile Dundee ayant déjà fait le tour des festivals et de la planète, est précédé d'une excellente réputation. Force est de constater que le film la mérite amplement. Chose assez rare pour être signalée. Mais le miracle eut lieu à la séance suivante. En effet, présenté hors compétition Final Fantasy VII advent children est une claque à l'ampleur phénoménale. Pourtant, la projection a été plutôt houleuse. Entre soupirs et départs, Ilan et Vincent se sont retrouvés, les étoiles plein les yeux, à se demander si l'autre avait aimé ou pas. Fin du suspense, ils crient haut et fort : un p***** de 9/10 ! Et aucun des deux n'a jamais joué au jeu, alors même que ce film est une déclaration d'amour aux fans. Imaginez ! Écran Large y reviendra pour la sortie DVD sous peu. La journée semblait donc parfaite, radieuse, mais fut vite obscurcit par Zhaiban (The Heirloom), film fantastico-chiant (voire pénible pour Vincent), qui réussit l'exploit d'endormir a peu près tous les festivaliers. Le générique de fin fut accueilli comme une délivrance. La soirée s'annonçait forte en émotions avec un hommage rapide au président de l'édition 2006 du festival, Hideo Nakata, par un Jean-Pierre Dionnet en roue libre donc intéressant, suivi par LE grand événement: Hostel présenté par Eli Roth himself, qui révèle alors de grands talents de showman, voire de VRP. Le film insupporte Vincent autant qu'il plaît à Ilan, c'est donc le début d'un bras de fer. Et ce n'est pas Sheitan présenté par l'équipe du film, dont un Kim Chapiron survolté, qui va arranger les choses ! Coté droit du ring : Vincent Julé, poids lourd de la critique cinématographique vouant à Sheitan une véritable haine, coté gauche : Ilan Ferry, poids léger, porte sur le film un regard plus compatissant. Comment le combat va-t-il se terminer ? Réponse mercredi à l'occasion d'une critique pour/contre Sheitan ! Mais la nuit se termine sur une note encore plus triste puisque les fameux épisodes des Masters of Horror, parmi lesquels se trouvent les incroyables Homecoming et Cigarette Burns respectivement réalisés par Joe Dante et John Carpenter, sont présentés dans des copies atroces (qui a dit DivX ?) rendant leur vision approximative, voire impossible pour le Tobe Hooper (mais est-ce un mal ?). La soirée qui devait créer l'événement prend du plomb dans l'aile ! Le festival a-t-il révèler toutes ses surprises ? Vincent et Ilan se reparleront-ils un jour ? Clémence Poésy est-elle plus belle que Chloé Lambert ? Ses questions philosophiques auront-elles une réponse ? Oui, il est bien 3h30 du matin.

Samedi 28 janvier

Alors même qu'il doit interviewer Senior Balaguero, invité de dernière minute du festival, Ilan se dit qu'il peut louper la première projection de Fragile, et rattraper le coup en début d'après-midi. Sauf que lui tombe dessus le « spring breaker » fou, alias Eli Roth pour un entretien en tête-à-tête. Comment Ilan va-t-il faire avant d'interviewer le réalisateur de Fragile lors d'un pool de journalistes ? Pourra-t-il voir le film ? Oui ? Non ? La question reste entière, et la réponse seule connue de lui. Toujours est-il que Vincent ne loupa aucune minute du nouveau film du réalisateur espagnol, ce qui ne veut pas dire pour autant qu'il les apprécia toutes (lire sa critique). Loin de là. Cette journée continua dans le flou le plus total – elle avait bien commencé il faut dire – puisque l'un comme l'autre dût, après un dur sacrifice, se résoudre à rater le remake de Fog (oh bah mince alors !) et Boogeyman, qui se traîne un sacré boulet. Barry Watson de 7 à la maison y ouvrirait des placards pendant près deux heures. Un sacré concept. La vérité est surtout l'après-midi qui est dédié en totalité, ou presque, aux entretiens. Vincent devint ainsi le porte-parole officiel d'Écran Large auprès de Jean-Paul Salomé pour lui demander tout simplement : pourquoi Belphégor ? Pourquoi Arsène Lupin ? WHY !?! La réponse est que si le remake de The Eye avec Renée Zellweger se fait cette année, ce sera sans Hidéo Nakata. Quoi ? Pas de rapport ?! Ilan quant à lui enchaina interview sur interview dans des conditions de plus en plus périlleuses. Qu'il s'agisse d'une interview très promo d'Elie Roth située dans les hauteurs de Gérardmer, d'un pool autour de Balaguero, où le valeureux journaliste du se boucher les oreilles à chaque question de peur d'en connaître trop sur le film, ou encore d'une interview solo improvisée d'Eric Valette, la journée a été forte en émotions, Ilan dégoûté de ne pas avoir vu la grande sensation du festival, faillit ne pas mettre les pieds dans une salle obscure.C'était sans compter les inédits vidéo et leur programmation des plus singulières ! Se faisant écho de la petite réputation que se traînait le film depuis un bon moment, Vincent força une bonne partie des festivaliers (en gros nos collègues de Cinegenre.net) à assister à la projection nocturne de l'inédit vidéo Satan's Little Helper. Ce qu'il faillit d'ailleurs payer cher à la vue des premières images DV et d'un jeu d'acteurs approximatif. Mais non… il se pourrait bien que les deux compères tiennent là le genre de surprise réjouissante que peut réserver un festival de cinéma (un peu con et barré le cinéma alors !).

Dimanche 29 janvier

Petite journée en terme de cinéma, avec seulement la projection du dernier film en compétition, Allegro du danois Christoffer Boe d'une durée de 3h55. Comment ça seulement 1h20 ? Rien à ajouter, revoyez plutôt son premier film Reconstruction. Comme l'année dernière, Vincent ne rechigna pas d'assister à la projection des courts-métrages fantastiques, histoire de prendre la température dans le vivier des nouveaux talents. Et encore une fois, la déception fut là. Drôle, voire triste, constat que la santé du court-métrage aujourd'hui. Soit le film joue l'humour et gagne l'adhésion du public (Le Baiser, grand prix amplement mérité), soit le film se transforme en carte de visite du jeune réalisateur pour de futurs producteurs (tous les autres courts). Jamais autant de moyens n'étaient mis à disposition, et étalés à l'écran, pour si peu de fond, avec cette fâcheuse tendance à éviter tout dialogue. Seul Ysé prend des risques narratifs, et c'est déjà pas mal. En parlant de court-métrage, la dernière surprise du festival, et peut-être elle plus grand évènement pour Vincent, devait être la projection du film Happy Tree Friends, dont des épisodes étaient diffusés à dose homéopathique avant chaque film en compétition, avec en vue une sortie cinéma le 12 avril prochain. Peine perdue, le film se contente de mettre bout à bout tous les sketchs déjà connus et vus via le site officiel ou en DVD. Avec génériques de début et de fin en prime, soit aisément la moitié du film. Oui, oui, ça sent l'arnaque. Vint enfin l'heure du palmarès (que vous retrouvez ici) ,donc des bilans pour les festivaliers comme pour le jury !


À de rares exceptions, les films diffusés ne se sont pas montrés à la hauteur de nos attentes et suscitèrent d'énormes déceptions. Au cours de ces 4 jours c'est à une sélection en « dents de scie » que nous avons assisté et dont ne se distinguent qu'une poignée de bons films (Isolation et Wolf creek en tête). Le palmarès a quant à lui évité au tout dernier moment le piège du consensuel mais on ne peut que regretter l'omniprésence de Fragile parmi les lauréats et ce, malgré ses qualités. Ca ira mieux demain ! Nul doute que Gérardmer nous réserve encore bien des surprises, espérons seulement qu'elles seront bonnes.

Inédits vidéos

Déjà l'année dernière, c'était du côté des inédits vidéo que Vincent et Julien avaient trouvé de quoi satisfaire leur boulimie cinéphile (bis) avec Shallow ground, sorti récemment en DVD sous le titre L'écorché. Moins percutante, la sélection 2006 réunissait l'incontournable ersatz de Ring avec Shutter (après Into the mirror, vainqueur en 2005), du bon gros nanar avec Dracula 3 et sûrement Mosquitoman (pas vu malgré l'envie de savoir si Parker Lewis ne perd vraiment jamais) et deux comédies, l'une potache et l'autre terriblement irrévérencieuse. Saurez-vous les retrouver ?

Dead and Breakfast (USA, 2004)
Réalisateur : Matthew Leutwyler

Six amis partis pour un mariage s'arrêtent pour la nuit dans le Bed and Breakfast d'une petite ville. Ils deviennent très rapidement les proies d'un serial killer et d'une bande zombies particulièrement vorace. Imaginez un film commençant comme une parodie de slashers puis embrayant presque aussitôt sur une version américaine de Shaun of the Dead et vous n'aurez alors qu'une toute petite idée du caractère hautement délirant de Dead and Breakfast, petite comédie fantastique très drôle au fort capital sympathie. Avec en prime, la participation d'un David Caradine tout simplement royal. V.J : 5/10 ; I.F: 7/10

Dracula 3 : l'héritage (USA, 2005)
Réalisateur : Patrick Lussier
Mordu par le prince des ténèbres dans l'opus précédent, le père Uffizi (Jason Scott Lee) traque inlassablement Dracula (Rutger Hauer) afin d'enrayer la malédiction. Il y a des films qui avant même d'être vus contiennent tous les ingrédients du bon gros nanar .C'est le cas de Dracula 3, dernier opus d'une saga plus drôle qu'horrifique et commencée avec Dracula 2001 déjà réalisé par le tâcheron Patrick Lussier. Comédie involontaire, le film réserve de grands moments ( ah, les portes de 400 kilos chacune…. On en rit encore!) grâce notamment au jeu tout en finesse de Jason Scott Lee - qui décidément ressemble de plus en plus à Don « The Dragon » Wilson - face à un Rutger Hauer venu cachetonner dans le rôle de Dracula. Enfin un grand film d'auteur dans la sélection vidéo de Gérardmer ! I.F 2/10 (ou 10/10 si on est masos !)

Shutter(Thaïlande, 2004)
Réalisateur: Parkpoom Wongpoom & Banjong Pisanthanakum

Un photographe professionnel renverse accidentellement une jeune femme et prend la fuite. Les jours passent et il continue à prendre des photos qui s'avèrent gâchées par d'étranges reflets blancs. Genre à lui tout seul, et défini astucieusement par Jean-Pierre Dionnet comme le « Nakatisme », le film de fantôme asiatique est en bout de course. The Red Shoes et The Heirloom l'ont prouvé de la pire des manières lors de cette édition. C'est peut-être pourquoi le thaïlandais Shutter a séduit le public de Gérardmer. Une manifestation de la peur efficace (du négatif au développement de la photo), une scène dans le noir complet hallucinante, mais un manque flagrant d'originalité dans le sujet et le traitement. V.J : 6/10

Satan's Little Helper (USA, 2004)
Réalisateur : Jeff Lieberman

Douglas est un jeune garçon, avec une sacrée tête de vainqueur, et passe son temps à jouer à Satan's Little Helper, dont le but consiste à aider Satan à répandre le Mal sur Terre. Le jour d'Halloween, alors qu'il collecte des friandises, il croise la route d'un homme déguisé en Satan, et lui propose ses services. Pitch de fou, masque de fou, personnages de fou… Le film de Jeff Lieberman a été l'une des plus agréables et hilarantes surprises du festival. Un esprit bête et méchant (ah, la scène du caddie !) une Amanda Plummer fine bourrée, les courbes vertigineuses de Kateryn Winnick et ce personnage de Satan à mourir de rire font de cet inédit (sortie DVD deuxième semestre 2006) un des meilleurs moments du festival. Ilan a failli s'étouffer à plus d'une reprise, que cela soit devant la bêtise du gamin ou l' « intelligence » de sa sœur. I.F : 8/10, V.J : 8/10

PALMARES OFFICIEL

Palmarès officieux - Vincent Julé
Compétition officielle :Wolf Creek
Inédit Vidéo :Satan's Little Helper
Coup de Cœur :Final Fanatsy VII Advent Children

Palmarès officieux - Ilan Ferry
Compétition officielle :Isolation
Inédit Vidéo : Satan's Little Helper
Coup de Cœur : Final Fantatsy VII Advent Children

Ilan Ferry et Vincent Julé

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