King Kong, la huitième merveille du septième art
Avec la sortie du film de Peter Jackson, remake presque fidèle de
l'original de 1933, nous faisons un retour sur un personnage devenu une
des icônes du septième art, et par ailleurs « vedette » d'un film
inclassable et dont le statut de chef d'oeuvre absolu tient du
quasi-miracle.
Véritable uvre collective, l'histoire de King Kong prend
naissance en 1930 au sein des studios de la RKO et est le produit de
rencontres tout à fait fortuites et inespérées. Suite au succès du Monde perdu en 1925, Willis O'Brien, le spécialiste des effets spéciaux image par image prépare Creation,
autre histoire mêlant acteurs et créatures préhistoriques. Il tourne
quelques bobines d'essai, dont une mettant en scène un triceratops
chargeant un marin mais le projet est mis en suspens, le studio étant
en difficulté financière. Pour relever la situation, un certain David
O. Selznick est embauché, emmenant avec lui dans ses bagages le
producteur Merian C. Cooper. Ce dernier est déjà une célébrité à
Hollywood. Véritable aventurier et casse-cou dans l'âme, il avait
rencontré celui qui restera son compère à vie, Ernest B. Schoedsack,
alors qu'ils luttaient comme volontaires dans l'armée polonaise contre
les russes bolcheviques en 1920. Un véritable destin à la Corto Maltese
qui mériterait un film à la hauteur des exploits des deux américains
tout au long des années 20 et 30. Après la guerre, les deux se
lanceront avec succès dans le cinéma, n'hésitant pas à parcourir le
monde pour tourner sur le vif des films épiques, au ton semi
documentaire telles que Grass (1925) ou Chang
(1927). Gros succès à l'époque, ces films marquent le public avec des
scènes dantesques dont les plus célèbres restent dans le premier le
passage de toute une tribu à travers un fleuve déchaîné et dans le
second une charge d'éléphants détruisant tout un village asiatique.
Mais
à cette époque, Cooper a une idée en tête : faire un film avec un
gorille géant qui finirait mitraillé par des biplans au sommet de
l'Empire State Building, le tout mâtiné d'un soupçon de la Belle et la
Bête. Lorsqu'il découvre, en compagnie de Selznick, les bouts d'essai
tournés par Willis O'Brien, il comprend de suite que le magicien des
effets de stop-motion sera à même de matérialiser sa vision. Stoppant
la production de Creation fin 1931 (il ne voit en ce projet qu'un ersatz du Monde perdu),
il propose à O'Brien, associé aux frères Delgado, spécialistes des
marionnettes et armatures, de s'attaquer à l'élaboration de The Beast, premier titre de King Kong.
Pour ceci, ils devront confectionner la poupée d'un singe géant (il
devrait donner l'illusion d'atteindre onze mètres de haut !) et toute
une tripotée de dinosaures, faune de la mystérieuse Skull Island, cette
dernière reconstituée en décors de studio et matte-paintings. Au
scénario, Cooper embauche l'écrivain anglais Edgar Wallace, spécialiste
du « murder mystery », pour rédiger un premier traitement. Mais ce
dernier décède en février 1932, après avoir écrit la première monture
de l'histoire, re-titrée The Eight wonder, alors que débute le
tournage de la bobine d'essai. Celle-ci, une fois montrée aux cadres de
la RKO, déchaîne l'enthousiasme et entraîne la mise en chantier du film
qui s'appellera Kong.
Avec son sens de l'économie, David O. Selznick décide de faire tourner le film en parallèle avec une autre production en cours, Les Chasses du Comte Zaroff. Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel tournent Zaroff le jour et Cooper utilise les mêmes plateaux et une bonne partie des décors la nuit pour Kong.
De plus, quatre des comédiens joueront dans les deux films, Robert
Armstrong (l'explorateur Carl Denham), Noble Johnson (le chef
indigène), Steve Clemente (le sorcier de la tribu) et bien sûr Fay
Wray, que le rôle de Ann Darrow a rendu immortelle. Fay Wray avait déjà
derrière elle dix ans de carrière et des succès tels que La Marche nuptiale de Eric Von Stroheim, Les 4 plumes blanches de Schoedsack et Cooper (déjà !) en 1929, et l'horrifique Docteur X
de Michael Curtiz, qui en faisait une des premières « scream queen » du
parlant. Elle avait été d'ailleurs engagée par Cooper sur King Kong
sur la promesse de partager l'affiche avec une star. Demandant
laquelle, elle s'était entendue répondre : « la plus grande ! ». Une
fois terminée Les Chasses du Comte Zaroff, Schoedsack vient prêter main forte à Cooper sur Kong
alors que le scénario est pris en main par Ruth Rose, madame Schoedsack
à l'état civil. Cette dernière réussit à intégrer dans les éléments du
film les traits de caractères relatifs aux deux co-réalisateurs du film
et fait du personnage d'Ann Darrow l'enjeu central que Kong disputera à
l'aventurier Jack Driscoll, interprété par Bruce Cabot.
Pendant
ce temps-là, l'équipe de Willis O'Brien continue son travail de fourmi
(il faut une journée de travail pour créer cinq secondes d'images
exploitables !), mettant en scène les différents dinosaures et la
poupée censée représenter le gorille géant et concevant les
matte-paintings magnifiques qui seront pour beaucoup dans l'ambiance
qui règne dans Skull Island. Un buste, une main, un pied et une tête
géante de Kong seront aussi conçus, animés mécaniquement et utilisés
pour les gros plans ou lors des scènes « gore » montrant Kong croquant
les sauvages. Toute cette portion du tournage sera épique, avec une Fay
Wray soumise à rude épreuve. Elle passe ainsi 24 heures dans l'arbre
pour la fameuse bagarre entre Kong et l'allosaure, à crier tout son
soul devant les rétro projections des monstres, et accepte de tourner
la scène osée du déshabillage dans la main mécanique, refusant tout de
même à Cooper de finir nue comme il était écrit dans le script originel
!
Après
Skull Island, c'est la jungle de New York qui est recréée en studio,
avec ces buildings et ces transports, fournissant le cadre du dernier
acte du film. Après avoir prévu d'exhiber Kong au Yankee Stadium, idée
qui sera reprise par la version de 1976, c'est finalement sur Broadway,
dans un théâtre que les auteurs choisissent d'exposer le singe géant.
De la scène d'évasion de Kong au final dantesque sur le sommet de
l'Empire State Building, première image en tête de Cooper, en passant
par la scène catastrophe du métro aérien, rajouté in extremis avant la
sortie du film pour dynamiser l'action, Willis O'Brien et ses
assistants font des merveilles, expérimentant de nouvelles techniques
de rétro projection et d'incrustation pour que l'interaction entre le
singe géant et les acteurs soit parfaite. Au niveau post-production,
les effets sonores concoctés par Murray Spivack (il mélange adroitement
des cris d'animaux pour créer le rugissement de Kong) et la musique aux
forts relents wagnériens créée par Max Steiner constitueront des
éléments solides qui seront pour beaucoup dans la qualité finale du
film.
Malgré
l'absence de certaines séquences que O'Brien considérait comme étant
parmi ses meilleurs travaux (la scène du dinosaure poursuivant les
marins sur le pont naturel ou celle, plus horrifique des créatures du
ravin), King Kong, son titre définitif et désormais
emblématique, sort en avril 1933 et remporte un succès phénoménal. À la
fois récit d'aventure, conte philosophique, histoire d'amour et
réflexion sur la bestialité et le monde du spectacle, le film obtient
un statut de chef d'uvre quasi immédiat et il sera à la base de
nombreuses vocations, en particulier celles de Ray Harryhausen, Joe
Dante ou Steven Spielberg, pour ne citer que les plus célèbres.
Véritable prouesse technique et courageux parti pris de ces producteurs
(faire d'une création artificielle un personnage vedette à part
entière), King Kong assurera la postérité à Merian C.
Cooper et Ernest B. Shoedsack, et aux studios RKO. De même, Fay Wray,
dont le cri d'épouvante lui restera d'ailleurs collé comme une
étiquette et ce jusqu'à sa mort, survenue en 2004, restera à jamais la
fiancée du grand singe. Par contre, Willis O'Brien, co-créateur du
film, restera un bon moment dans l'ombre, le mystère et la publicité
maintenue tout autour de King Kong accréditant le fait
que le singe géant est en fait incarné par un acteur dans un costume.
Il faudra attendre 1942 pour que le nom du génial concepteur d'effets
spéciaux soit crédité sur les affiches, période où la séquence du «
strip-tease » de Fay Wray avait été coupée, suite au fameux Code Hays
appliqué depuis 1934.
Le succès national et international de King Kong
(en France les surréalistes avec André Breton à leur tête en font un de
leurs films fétiches) entraîne la mise en chantier rapide d'une suite,
sous le titre Son of Kong (Le Fils de Kong). La mode à l'époque étant aux Son of Zorro et autres Son of Monte Cristo,
la RKO souhaite capitaliser sur l'aura du gorille géant pour garder les
faveurs du public. Délaissant le sérieux et le côté sombre dont ils
avaient fait montre dans le précédent opus, Cooper et Shoedsack font de
leur film une version « light » de son modèle, au budget certes réduit,
tout en lorgnant plus vers la comédie familiale que le film de
monstres. Nous suivons le retour de Carl Denham à Skull Island qui,
ruiné suite à la « mésaventure » de New York, tombe littéralement sur
une version réduite de Kong au pelage blanc, aussitôt rebaptisée Son of Kong.
La question de la mère ne sera jamais élucidée dans ce métrage, qui
n'est en fait qu'une simple chasse au trésor où le gorille géant
affrontera plusieurs monstres pour protéger Carl Denham et sa gentille
nièce. Le côté moins inspiré de l'histoire n'empêche pas le film de
regorger de séquences d'effets spéciaux magnifiques avec des créatures
plus fantasques que dans le premier, comme un ours géant ou un dragon
gardant une crypte. Les aventures du rejeton au pelage blanc du grand
singe de Skull Island ne feront pourtant pas recette. Et Willis O'Brien
souhaita voir son nom retiré du générique, l'orientation infantile du
projet ne lui plaisant guère mais Cooper refusa. Ils collaborèrent à
nouveau sur les superbes scènes catastrophes des Derniers jours de Pompéi en 1935, ou sur le mirifique projet avorté War of the eagles en 1938, mais plus jamais sur un film de l'ampleur de King Kong.
Un
nouveau singe géant sera à nouveau la vedette d'un film du trio
Cooper-Shoedsack-O'Brien (avec l' « appui artistique » de John Ford),
ce sera Mighty Joe Young (Monsieur Joe),
distribué en 1949. Cette fois-ci, pas de monde perdu ni de dinosaures,
le film se base sur l'histoire mélodramatique de ce gorille géant (mais
haut de quatre mètres ici !) qui est ramené d'Afrique pour se produire
dans un cabaret new-yorkais, par un impresario interprété toujours par
Robert Armstrong, déclenchant quelques menues catastrophes avant de
sauver des enfants d'un orphelinat en flammes dans un climax final
fabuleux. L'équipe de King Kong tente de renouveler le
miracle qui s'était produit il y a 16 ans, et les effets de stop-motion
produits sont parmi les meilleurs de Willis O'Brien, dont la fameuse
scène de capture au lasso. Au final, le film plus spectaculaire et
moins infantile que Son of Kong sera un demi-succès,
permettant quand même à Willis O'Brien de remporter l'oscar en 1950. Il
est dommage que le film n'est pas été produit en Technicolor comme il
était prévu à l'origine et que de nombreuses séquences, telles qu'une
mettant en scène une attaque de lions n'est pas été tournée. Même
Willis O'Brien, dont le travail surpasse ici ce qu'il a accompli sur King Kong,
regrettera qu'il n'y ait pas eu de monstre dans le film. Reste que la
nature des relations « fraternelles » unissant Joe à son amie d'enfance
Jill Young sauront inspirer Peter Jackson dans sa version de King Kong 2005, pour décrire les liens qui se nouent entre Ann Darrow et le gorille géant.
Une nouvelle monture des aventures de King Kong restera
le grand serpent de mer qui taraudera Willis O'Brien et ce, jusqu'à sa
mort en 1962. En 1952, Merian C. Cooper demande à nouveau à « Obie » de
travailler sur une version Cinerama (le triple écran utilisé dans La Conquête de l'ouest) et Technicolor de King Kong.
L'histoire qui aurait dû être portée à l'écran étant l'épisode inédit
de la fuite de Kong, lors du voyage de retour entre Skull Island et New
York. Willis O'Brien ayant imaginé que, suite à un naufrage, le grand
singe se serait évadé vers la côte malaise mais aurait finalement sauvé
l'équipage en affrontant des animaux sauvages, uniquement pour les
beaux yeux d'Ann Darrow ! Problème de budget et malchance font que le
projet ne sera jamais mené à bien et This is Cinerama ne
sera qu'un documentaire spectaculaire, préfigurant les futurs films à
effets projetés à la Géode et consorts. Willis O'Brien imaginera même
un King Kong versus Frankenstein, où les deux monstres
les plus célèbres du cinéma (de taille équivalente dans son traitement)
s'affrontaient dans un pugilat géant à San Francisco. Mais un
producteur mal attentionné revend l'idée du script à la compagnie
japonaise Toho qui le transformera en King Kong versus Godzilla.
Dégoûté, Willis O'Brien ne tentera même pas une action en justice et
c'est un homme frustré qui décède le 8 novembre 1962, mais laissant
derrière lui une uvre qui aura révolutionné le monde du cinéma.
Dans les deux « kaiju-ega » japonais ou films de monstres géants où Kong sera mis en vedette dans les années 1960, à savoir King Kong contre Godzilla (1962) et La Revanche de King Kong
(1967), le singe géant ne sera plus une poupée animée image par image
mais un cascadeur sous un costume peu ressemblant, fracassant des
maquettes et autres modèles réduits. Dirigés par le spécialiste Ishiro
Honda, ces films perdent toute la poésie et le mystère du personnage de
Kong, au profit d'un côté action mené tous azimuts, malgré la tentative
faite dans le second film de se rapprocher du thème original. Ce qui
n'empêche en rien Kong d'affronter un clone robotique au sommet de
l'émetteur géant de Tokyo !
Après
une rumeur tenace prêtée à la compagnie Hammer pour en faire un remake
au début des années 70, avec les spécialistes Jim Danforth et David
Allen aux effets spéciaux (ils avaient uvré avec talent sur Quand les dinosaures dominaient le monde en 1969), une bobine de test ayant même été réalisée à cet effet, les droits de King Kong
sont finalement mis en balance entre deux majors, la Universal et la
Paramount. C'est cette dernière qui remporte finalement l'option, et le
producteur italien Dino de Laurentiis est alors mis aux commandes de la
version 1976, budgété à 26 millions de dollars. Optant pour un style
film catastrophe, genre alors en pleine vogue, et essayant d'adapter le
script de 1933 à 1976, Dino de Laurentiis refuse d'utiliser la
stop-motion et opte pour un personnage en costume pour incarner le
singe géant.
Le
procédé en lui-même ne se révèle pas être une totale déception : Rick
Baker, grâce à son talent inimitable en ce qui concerne les maquillages
simiesques et ses qualités de mime (et oui King Kong, c'est lui !),
réussit une création toujours crédible de nos jours. Mais ce qui est
regrettable, c'est que la publicité du film s'appuiera en fait
exclusivement et de manière éhontée sur l'automate géant, conçu par
Carlo Rambaldi, qui n'apparaît en fait que dans quelques plans. Carlo
Rambaldi, spécialiste des effets mécaniques de Cinecitta, avait été
recommandé auprès de De Laurentiis par Mario Bava, car l'illustre
réalisateur du Masque du Démon et de Danger : Diabolik ! avait travaillé pendant un temps sur un projet du nom de Baby Kong
! Inutile de dire que la « chose » de Rambaldi n'est absolument pas
crédible et que son autre création mécanique pour le film, le serpent
géant que Kong affronte sur Skull Island, relève de la même
pantalonnade technique.
Rejoignant dans les grandes lignes le film de 1933, le scénario de Lorenzo Semple Jr (il avait uvré sur la série Batman
des années 60) se veut plus une parodie qu'un remake fidèle, tout en
utilisant des éléments concrets et sociaux de l'époque où se situe
l'action du film, à savoir le début de la crise pétrolière, la
libération sexuelle et la protection des animaux. De ce pot-pourri
indigeste, ne surnagent que la réalisation efficace de John Guillermin,
habitué aux gros budgets depuis La Tour infernale, la
volonté de retrouver le côté érotique de l'original avec la débutante
Jessica Lange se faisant déshabiller sous la cascade, le romantisme
écologique assuré avec conviction par un Jeff Bridges baba et barbu et
des scènes spectaculaires d'écrasement de la foule de badauds venue à
l'exposition de Kong. Parmi les autres points positifs qui rehaussent
le niveau général du film, on n'oubliera pas de citer la partition
musicale inspirée de John Barry et la superbe photo de Richard Kline (Soleil Vert).
Pour
le reste, le côté très blonde des dialogues de Jessica Lange («
Fais-moi descendre, espèce de macho ! »), et le côté parodique trop
pesant dans l'interprétation de Charles Grodin, exploitant pétrolier
qui ramène Kong en captivité, sans oublier le final au sommet des «
Twin Towers » au visuel bien plus daté que celui de 1933 (les
transparences y sont hideuses !), font de King Kong 1976
une version « campy », très marquée années 70 qui ne fait jamais
oublier un seul instant son illustre modèle. Ce qui n'empêchera pas le
film d'être un gros succès, en partie due grâce à la campagne
publicitaire savamment orchestrée par la Paramount, qui n'hésita pas à
convier plus de 45 000 new-yorkais pour servir de figurants lors de la
scène finale où le corps en peluche de Kong est étendu sur le sol. Le
film remportera d'ailleurs l'oscar des meilleurs effets spéciaux, ce
qui fut considéré alors comme un grand scandale, entraînant la
démission de Jim Danforth, alors sociétaire de l'Académie, qui ne
voulait pas cautionner l'arnaque de De Laurentiis et Rambaldi.
Le
producteur italien, alors galvanisé par le succès, se lança à nouveau
dans le film de grosses bêtes, en produisant à la suite Le Bison blanc (avec ses rails bien visibles sous la neige) en 1977 et Orca.
Mais il commettra à nouveau les derniers outrages sur la création de
Willis O'Brien et Merian C. Cooper en sortant l'ineffable King Kong II en
1986. Avec à nouveau John Guillermin comme réalisateur et Carlo
Rambaldi aux effets mécaniques, cette séquelle peut se targuer d'avoir
un scénario d'une stupidité abyssale imaginé par le scénariste Ronald
Shusett, pourtant co-auteur des scripts d'Alien et Total Recall.
Avec cette histoire de cur géant artificiel implanté à Kong, aidé en
cela par une transfusion sanguine venant d'une gorille femelle géante,
le tout se terminant par la naissance d'un baby kong, aussi crédible
qu'un figurant portant un costume peu seyant (ce qu'il est en fait !), King Kong II
réutilise le concept de l'acteur costumé pour interpréter les grands
singes. Mais ici l'absence de Rick Baker se fait cruellement sentir, et
le masque porté par le roi des gorilles nous renvoie directement à ceux
élaborés pour les films japonais des années 60 (kaiju-ega) très
fortement copiés dans l'intrigue du film avec ces monstres traqués dans
les bois par l'armée. Catastrophique, le film se vautrera au box-office
et provoquera la chute de la compagnie de De Laurentiis, la D.E.G.,
nous protégeant ainsi de la vision d'un Fils de Kong tout à fait illégitime.
King Kong générera d'autres variantes inavouables avec par exemple, en 1977, King Kong revient (A.P.E. en
VO), co-production américano-coréenne, réalisée par un spécialiste de
la série Z, le regretté Paul Leder (et père de Mimi Leder, réalisatrice
du Pacificateur ou de Deep Impact). Le
tréfonds est ici atteint avec un King Kong mal costumé se battant avec
un requin géant en plastique dans une baignoire censée représentée un
golfe marin. Queen Kong est lui une parodie érotique
tournée en 1976, inversant le concept du film, à savoir que cette
fois-ci, c'est un gorille géant femelle qui est tout plein de
concupiscence pour un homme, interprété par un certain Ray Fray ! Nous
avons déjà parlé dans Écran Large de la version hongkongaise de King
Kong à savoir Le Colosse de Hong Kong,
sorti des studios de la Shaw Brothers en 1977, qui, par certains
aspects, est beaucoup plus respectueuse du mythe que ne l'était la
version de De Laurentiis. Plus honorifique est l'hommage rendu en 1997
par Phil Tippet pour le film Effets spéciaux,
moyen-métrage destiné aux salles style Géode. Recréant la scène finale
de l'Empire State Building, avec les biplans et un King Kong au design
de 1933, le meilleur spécialiste de la stop-motion, après Willis
O'Brien et Ray Harryhausen, réussit un tour de force magique qui
constitue le meilleur de ce documentaire décrivant les coulisses de la
création des SFX au cinéma.
À la longue liste des techniciens et des metteurs en scène dont la
vie a été chamboulée par la vision du film de Cooper et Shoedsack, il
faut ajouter celle d'un fan « hard-boiled » originaire de
Nouvelle-Zélande, Peter Jackson. Déjà dans les scènes d'introduction de
Brain dead (1992), avec l'explorateur ramenant en captivité son rat de Tasmanie, ou de manière plus éclatante, dans le faux documentaire Forgotten silver
(1995), avec son duo d'explorateurs cinéastes, à l'image de Cooper et
Shoedsack, tentant de monter leur gigantesque péplum dans la jungle
néo-zélandaise, on sentait poindre les velléités du futur roi du la
terre du Milieu. Déjà évoquée une première fois en 1998 avant qu'il ne
s'attaque à la trilogie du Seigneur des anneaux, l'idée d'un remake « respectueux » du King Kong
de 1933 sera finalement le projet officiel que Peter Jackson mettra en
route une fois l'adaptation de l'oeuvre de Tolkien terminée.
Retrouvez en cliquant sur les jaquettes ci-dessous les tests des DVD zone 1 et zone 2 de King Kong (1933) et du DVD zone 2 collector de King Kong (1976) :