King Kong, la huitième merveille du septième art

Patrick Antona | 14 décembre 2005
Patrick Antona | 14 décembre 2005

Avec la sortie du film de Peter Jackson, remake presque fidèle de l'original de 1933, nous faisons un retour sur un personnage devenu une des icônes du septième art, et par ailleurs « vedette » d'un film inclassable et dont le statut de chef d'oeœuvre absolu tient du quasi-miracle.

Véritable œuvre collective, l'histoire de King Kong prend naissance en 1930 au sein des studios de la RKO et est le produit de rencontres tout à fait fortuites et inespérées. Suite au succès du Monde perdu en 1925, Willis O'Brien, le spécialiste des effets spéciaux image par image prépare Creation, autre histoire mêlant acteurs et créatures préhistoriques. Il tourne quelques bobines d'essai, dont une mettant en scène un triceratops chargeant un marin mais le projet est mis en suspens, le studio étant en difficulté financière. Pour relever la situation, un certain David O. Selznick est embauché, emmenant avec lui dans ses bagages le producteur Merian C. Cooper. Ce dernier est déjà une célébrité à Hollywood. Véritable aventurier et casse-cou dans l'âme, il avait rencontré celui qui restera son compère à vie, Ernest B. Schoedsack, alors qu'ils luttaient comme volontaires dans l'armée polonaise contre les russes bolcheviques en 1920. Un véritable destin à la Corto Maltese qui mériterait un film à la hauteur des exploits des deux américains tout au long des années 20 et 30. Après la guerre, les deux se lanceront avec succès dans le cinéma, n'hésitant pas à parcourir le monde pour tourner sur le vif des films épiques, au ton semi documentaire telles que Grass (1925) ou Chang (1927). Gros succès à l'époque, ces films marquent le public avec des scènes dantesques dont les plus célèbres restent dans le premier le passage de toute une tribu à travers un fleuve déchaîné et dans le second une charge d'éléphants détruisant tout un village asiatique.

Mais à cette époque, Cooper a une idée en tête : faire un film avec un gorille géant qui finirait mitraillé par des biplans au sommet de l'Empire State Building, le tout mâtiné d'un soupçon de la Belle et la Bête. Lorsqu'il découvre, en compagnie de Selznick, les bouts d'essai tournés par Willis O'Brien, il comprend de suite que le magicien des effets de stop-motion sera à même de matérialiser sa vision. Stoppant la production de Creation fin 1931 (il ne voit en ce projet qu'un ersatz du Monde perdu), il propose à O'Brien, associé aux frères Delgado, spécialistes des marionnettes et armatures, de s'attaquer à l'élaboration de The Beast, premier titre de King Kong. Pour ceci, ils devront confectionner la poupée d'un singe géant (il devrait donner l'illusion d'atteindre onze mètres de haut !) et toute une tripotée de dinosaures, faune de la mystérieuse Skull Island, cette dernière reconstituée en décors de studio et matte-paintings. Au scénario, Cooper embauche l'écrivain anglais Edgar Wallace, spécialiste du « murder mystery », pour rédiger un premier traitement. Mais ce dernier décède en février 1932, après avoir écrit la première monture de l'histoire, re-titrée The Eight wonder, alors que débute le tournage de la bobine d'essai. Celle-ci, une fois montrée aux cadres de la RKO, déchaîne l'enthousiasme et entraîne la mise en chantier du film qui s'appellera Kong.

Avec son sens de l'économie, David O. Selznick décide de faire tourner le film en parallèle avec une autre production en cours, Les Chasses du Comte Zaroff. Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel tournent Zaroff le jour et Cooper utilise les mêmes plateaux et une bonne partie des décors la nuit pour Kong. De plus, quatre des comédiens joueront dans les deux films, Robert Armstrong (l'explorateur Carl Denham), Noble Johnson (le chef indigène), Steve Clemente (le sorcier de la tribu) et bien sûr Fay Wray, que le rôle de Ann Darrow a rendu immortelle. Fay Wray avait déjà derrière elle dix ans de carrière et des succès tels que La Marche nuptiale de Eric Von Stroheim, Les 4 plumes blanches de Schoedsack et Cooper (déjà !) en 1929, et l'horrifique Docteur X de Michael Curtiz, qui en faisait une des premières « scream queen » du parlant. Elle avait été d'ailleurs engagée par Cooper sur King Kong sur la promesse de partager l'affiche avec une star. Demandant laquelle, elle s'était entendue répondre : « la plus grande ! ». Une fois terminée Les Chasses du Comte Zaroff, Schoedsack vient prêter main forte à Cooper sur Kong alors que le scénario est pris en main par Ruth Rose, madame Schoedsack à l'état civil. Cette dernière réussit à intégrer dans les éléments du film les traits de caractères relatifs aux deux co-réalisateurs du film et fait du personnage d'Ann Darrow l'enjeu central que Kong disputera à l'aventurier Jack Driscoll, interprété par Bruce Cabot.

Pendant ce temps-là, l'équipe de Willis O'Brien continue son travail de fourmi (il faut une journée de travail pour créer cinq secondes d'images exploitables !), mettant en scène les différents dinosaures et la poupée censée représenter le gorille géant et concevant les matte-paintings magnifiques qui seront pour beaucoup dans l'ambiance qui règne dans Skull Island. Un buste, une main, un pied et une tête géante de Kong seront aussi conçus, animés mécaniquement et utilisés pour les gros plans ou lors des scènes « gore » montrant Kong croquant les sauvages. Toute cette portion du tournage sera épique, avec une Fay Wray soumise à rude épreuve. Elle passe ainsi 24 heures dans l'arbre pour la fameuse bagarre entre Kong et l'allosaure, à crier tout son soul devant les rétro projections des monstres, et accepte de tourner la scène osée du déshabillage dans la main mécanique, refusant tout de même à Cooper de finir nue comme il était écrit dans le script originel !

Après Skull Island, c'est la jungle de New York qui est recréée en studio, avec ces buildings et ces transports, fournissant le cadre du dernier acte du film. Après avoir prévu d'exhiber Kong au Yankee Stadium, idée qui sera reprise par la version de 1976, c'est finalement sur Broadway, dans un théâtre que les auteurs choisissent d'exposer le singe géant. De la scène d'évasion de Kong au final dantesque sur le sommet de l'Empire State Building, première image en tête de Cooper, en passant par la scène catastrophe du métro aérien, rajouté in extremis avant la sortie du film pour dynamiser l'action, Willis O'Brien et ses assistants font des merveilles, expérimentant de nouvelles techniques de rétro projection et d'incrustation pour que l'interaction entre le singe géant et les acteurs soit parfaite. Au niveau post-production, les effets sonores concoctés par Murray Spivack (il mélange adroitement des cris d'animaux pour créer le rugissement de Kong) et la musique aux forts relents wagnériens créée par Max Steiner constitueront des éléments solides qui seront pour beaucoup dans la qualité finale du film.

Malgré l'absence de certaines séquences que O'Brien considérait comme étant parmi ses meilleurs travaux (la scène du dinosaure poursuivant les marins sur le pont naturel ou celle, plus horrifique des créatures du ravin), King Kong, son titre définitif et désormais emblématique, sort en avril 1933 et remporte un succès phénoménal. À la fois récit d'aventure, conte philosophique, histoire d'amour et réflexion sur la bestialité et le monde du spectacle, le film obtient un statut de chef d'œuvre quasi immédiat et il sera à la base de nombreuses vocations, en particulier celles de Ray Harryhausen, Joe Dante ou Steven Spielberg, pour ne citer que les plus célèbres. Véritable prouesse technique et courageux parti pris de ces producteurs (faire d'une création artificielle un personnage vedette à part entière), King Kong assurera la postérité à Merian C. Cooper et Ernest B. Shoedsack, et aux studios RKO. De même, Fay Wray, dont le cri d'épouvante lui restera d'ailleurs collé comme une étiquette et ce jusqu'à sa mort, survenue en 2004, restera à jamais la fiancée du grand singe. Par contre, Willis O'Brien, co-créateur du film, restera un bon moment dans l'ombre, le mystère et la publicité maintenue tout autour de King Kong accréditant le fait que le singe géant est en fait incarné par un acteur dans un costume. Il faudra attendre 1942 pour que le nom du génial concepteur d'effets spéciaux soit crédité sur les affiches, période où la séquence du « strip-tease » de Fay Wray avait été coupée, suite au fameux Code Hays appliqué depuis 1934.

Le succès national et international de King Kong (en France les surréalistes avec André Breton à leur tête en font un de leurs films fétiches) entraîne la mise en chantier rapide d'une suite, sous le titre Son of Kong (Le Fils de Kong). La mode à l'époque étant aux Son of Zorro et autres Son of Monte Cristo, la RKO souhaite capitaliser sur l'aura du gorille géant pour garder les faveurs du public. Délaissant le sérieux et le côté sombre dont ils avaient fait montre dans le précédent opus, Cooper et Shoedsack font de leur film une version « light » de son modèle, au budget certes réduit, tout en lorgnant plus vers la comédie familiale que le film de monstres. Nous suivons le retour de Carl Denham à Skull Island qui, ruiné suite à la « mésaventure » de New York, tombe littéralement sur une version réduite de Kong au pelage blanc, aussitôt rebaptisée Son of Kong. La question de la mère ne sera jamais élucidée dans ce métrage, qui n'est en fait qu'une simple chasse au trésor où le gorille géant affrontera plusieurs monstres pour protéger Carl Denham et sa gentille nièce. Le côté moins inspiré de l'histoire n'empêche pas le film de regorger de séquences d'effets spéciaux magnifiques avec des créatures plus fantasques que dans le premier, comme un ours géant ou un dragon gardant une crypte. Les aventures du rejeton au pelage blanc du grand singe de Skull Island ne feront pourtant pas recette. Et Willis O'Brien souhaita voir son nom retiré du générique, l'orientation infantile du projet ne lui plaisant guère mais Cooper refusa. Ils collaborèrent à nouveau sur les superbes scènes catastrophes des Derniers jours de Pompéi en 1935, ou sur le mirifique projet avorté War of the eagles en 1938, mais plus jamais sur un film de l'ampleur de King Kong.

Un nouveau singe géant sera à nouveau la vedette d'un film du trio Cooper-Shoedsack-O'Brien (avec l' « appui artistique » de John Ford), ce sera Mighty Joe Young (Monsieur Joe), distribué en 1949. Cette fois-ci, pas de monde perdu ni de dinosaures, le film se base sur l'histoire mélodramatique de ce gorille géant (mais haut de quatre mètres ici !) qui est ramené d'Afrique pour se produire dans un cabaret new-yorkais, par un impresario interprété toujours par Robert Armstrong, déclenchant quelques menues catastrophes avant de sauver des enfants d'un orphelinat en flammes dans un climax final fabuleux. L'équipe de King Kong tente de renouveler le miracle qui s'était produit il y a 16 ans, et les effets de stop-motion produits sont parmi les meilleurs de Willis O'Brien, dont la fameuse scène de capture au lasso. Au final, le film plus spectaculaire et moins infantile que Son of Kong sera un demi-succès, permettant quand même à Willis O'Brien de remporter l'oscar en 1950. Il est dommage que le film n'est pas été produit en Technicolor comme il était prévu à l'origine et que de nombreuses séquences, telles qu'une mettant en scène une attaque de lions n'est pas été tournée. Même Willis O'Brien, dont le travail surpasse ici ce qu'il a accompli sur King Kong, regrettera qu'il n'y ait pas eu de monstre dans le film. Reste que la nature des relations « fraternelles » unissant Joe à son amie d'enfance Jill Young sauront inspirer Peter Jackson dans sa version de King Kong 2005, pour décrire les liens qui se nouent entre Ann Darrow et le gorille géant.

Une nouvelle monture des aventures de King Kong restera le grand serpent de mer qui taraudera Willis O'Brien et ce, jusqu'à sa mort en 1962. En 1952, Merian C. Cooper demande à nouveau à « Obie » de travailler sur une version Cinerama (le triple écran utilisé dans La Conquête de l'ouest) et Technicolor de King Kong. L'histoire qui aurait dû être portée à l'écran étant l'épisode inédit de la fuite de Kong, lors du voyage de retour entre Skull Island et New York. Willis O'Brien ayant imaginé que, suite à un naufrage, le grand singe se serait évadé vers la côte malaise mais aurait finalement sauvé l'équipage en affrontant des animaux sauvages, uniquement pour les beaux yeux d'Ann Darrow ! Problème de budget et malchance font que le projet ne sera jamais mené à bien et This is Cinerama ne sera qu'un documentaire spectaculaire, préfigurant les futurs films à effets projetés à la Géode et consorts. Willis O'Brien imaginera même un King Kong versus Frankenstein, où les deux monstres les plus célèbres du cinéma (de taille équivalente dans son traitement) s'affrontaient dans un pugilat géant à San Francisco. Mais un producteur mal attentionné revend l'idée du script à la compagnie japonaise Toho qui le transformera en King Kong versus Godzilla. Dégoûté, Willis O'Brien ne tentera même pas une action en justice et c'est un homme frustré qui décède le 8 novembre 1962, mais laissant derrière lui une œuvre qui aura révolutionné le monde du cinéma.

Dans les deux « kaiju-ega » japonais ou films de monstres géants où Kong sera mis en vedette dans les années 1960, à savoir King Kong contre Godzilla (1962) et La Revanche de King Kong (1967), le singe géant ne sera plus une poupée animée image par image mais un cascadeur sous un costume peu ressemblant, fracassant des maquettes et autres modèles réduits. Dirigés par le spécialiste Ishiro Honda, ces films perdent toute la poésie et le mystère du personnage de Kong, au profit d'un côté action mené tous azimuts, malgré la tentative faite dans le second film de se rapprocher du thème original. Ce qui n'empêche en rien Kong d'affronter un clone robotique au sommet de l'émetteur géant de Tokyo !

Après une rumeur tenace prêtée à la compagnie Hammer pour en faire un remake au début des années 70, avec les spécialistes Jim Danforth et David Allen aux effets spéciaux (ils avaient œuvré avec talent sur Quand les dinosaures dominaient le monde en 1969), une bobine de test ayant même été réalisée à cet effet, les droits de King Kong sont finalement mis en balance entre deux majors, la Universal et la Paramount. C'est cette dernière qui remporte finalement l'option, et le producteur italien Dino de Laurentiis est alors mis aux commandes de la version 1976, budgété à 26 millions de dollars. Optant pour un style film catastrophe, genre alors en pleine vogue, et essayant d'adapter le script de 1933 à 1976, Dino de Laurentiis refuse d'utiliser la stop-motion et opte pour un personnage en costume pour incarner le singe géant.

Le procédé en lui-même ne se révèle pas être une totale déception : Rick Baker, grâce à son talent inimitable en ce qui concerne les maquillages simiesques et ses qualités de mime (et oui King Kong, c'est lui !), réussit une création toujours crédible de nos jours. Mais ce qui est regrettable, c'est que la publicité du film s'appuiera en fait exclusivement et de manière éhontée sur l'automate géant, conçu par Carlo Rambaldi, qui n'apparaît en fait que dans quelques plans. Carlo Rambaldi, spécialiste des effets mécaniques de Cinecitta, avait été recommandé auprès de De Laurentiis par Mario Bava, car l'illustre réalisateur du Masque du Démon et de Danger : Diabolik ! avait travaillé pendant un temps sur un projet du nom de Baby Kong ! Inutile de dire que la « chose » de Rambaldi n'est absolument pas crédible et que son autre création mécanique pour le film, le serpent géant que Kong affronte sur Skull Island, relève de la même pantalonnade technique.

Rejoignant dans les grandes lignes le film de 1933, le scénario de Lorenzo Semple Jr (il avait œuvré sur la série Batman des années 60) se veut plus une parodie qu'un remake fidèle, tout en utilisant des éléments concrets et sociaux de l'époque où se situe l'action du film, à savoir le début de la crise pétrolière, la libération sexuelle et la protection des animaux. De ce pot-pourri indigeste, ne surnagent que la réalisation efficace de John Guillermin, habitué aux gros budgets depuis La Tour infernale, la volonté de retrouver le côté érotique de l'original avec la débutante Jessica Lange se faisant déshabiller sous la cascade, le romantisme écologique assuré avec conviction par un Jeff Bridges baba et barbu et des scènes spectaculaires d'écrasement de la foule de badauds venue à l'exposition de Kong. Parmi les autres points positifs qui rehaussent le niveau général du film, on n'oubliera pas de citer la partition musicale inspirée de John Barry et la superbe photo de Richard Kline (Soleil Vert).

Pour le reste, le côté très blonde des dialogues de Jessica Lange (« Fais-moi descendre, espèce de macho ! »), et le côté parodique trop pesant dans l'interprétation de Charles Grodin, exploitant pétrolier qui ramène Kong en captivité, sans oublier le final au sommet des « Twin Towers » au visuel bien plus daté que celui de 1933 (les transparences y sont hideuses !), font de King Kong 1976 une version « campy », très marquée années 70 qui ne fait jamais oublier un seul instant son illustre modèle. Ce qui n'empêchera pas le film d'être un gros succès, en partie due grâce à la campagne publicitaire savamment orchestrée par la Paramount, qui n'hésita pas à convier plus de 45 000 new-yorkais pour servir de figurants lors de la scène finale où le corps en peluche de Kong est étendu sur le sol. Le film remportera d'ailleurs l'oscar des meilleurs effets spéciaux, ce qui fut considéré alors comme un grand scandale, entraînant la démission de Jim Danforth, alors sociétaire de l'Académie, qui ne voulait pas cautionner l'arnaque de De Laurentiis et Rambaldi.

Le producteur italien, alors galvanisé par le succès, se lança à nouveau dans le film de grosses bêtes, en produisant à la suite Le Bison blanc (avec ses rails bien visibles sous la neige) en 1977 et Orca. Mais il commettra à nouveau les derniers outrages sur la création de Willis O'Brien et Merian C. Cooper en sortant l'ineffable King Kong II en 1986. Avec à nouveau John Guillermin comme réalisateur et Carlo Rambaldi aux effets mécaniques, cette séquelle peut se targuer d'avoir un scénario d'une stupidité abyssale imaginé par le scénariste Ronald Shusett, pourtant co-auteur des scripts d'Alien et Total Recall. Avec cette histoire de cœur géant artificiel implanté à Kong, aidé en cela par une transfusion sanguine venant d'une gorille femelle géante, le tout se terminant par la naissance d'un baby kong, aussi crédible qu'un figurant portant un costume peu seyant (ce qu'il est en fait !), King Kong II réutilise le concept de l'acteur costumé pour interpréter les grands singes. Mais ici l'absence de Rick Baker se fait cruellement sentir, et le masque porté par le roi des gorilles nous renvoie directement à ceux élaborés pour les films japonais des années 60 (kaiju-ega) très fortement copiés dans l'intrigue du film avec ces monstres traqués dans les bois par l'armée. Catastrophique, le film se vautrera au box-office et provoquera la chute de la compagnie de De Laurentiis, la D.E.G., nous protégeant ainsi de la vision d'un Fils de Kong tout à fait illégitime.

King Kong générera d'autres variantes inavouables avec par exemple, en 1977, King Kong revient (A.P.E. en VO), co-production américano-coréenne, réalisée par un spécialiste de la série Z, le regretté Paul Leder (et père de Mimi Leder, réalisatrice du Pacificateur ou de Deep Impact). Le tréfonds est ici atteint avec un King Kong mal costumé se battant avec un requin géant en plastique dans une baignoire censée représentée un golfe marin. Queen Kong est lui une parodie érotique tournée en 1976, inversant le concept du film, à savoir que cette fois-ci, c'est un gorille géant femelle qui est tout plein de concupiscence pour un homme, interprété par un certain Ray Fray ! Nous avons déjà parlé dans Écran Large de la version hongkongaise de King Kong à savoir Le Colosse de Hong Kong, sorti des studios de la Shaw Brothers en 1977, qui, par certains aspects, est beaucoup plus respectueuse du mythe que ne l'était la version de De Laurentiis. Plus honorifique est l'hommage rendu en 1997 par Phil Tippet pour le film Effets spéciaux, moyen-métrage destiné aux salles style Géode. Recréant la scène finale de l'Empire State Building, avec les biplans et un King Kong au design de 1933, le meilleur spécialiste de la stop-motion, après Willis O'Brien et Ray Harryhausen, réussit un tour de force magique qui constitue le meilleur de ce documentaire décrivant les coulisses de la création des SFX au cinéma.

À la longue liste des techniciens et des metteurs en scène dont la vie a été chamboulée par la vision du film de Cooper et Shoedsack, il faut ajouter celle d'un fan « hard-boiled » originaire de Nouvelle-Zélande, Peter Jackson. Déjà dans les scènes d'introduction de Brain dead (1992), avec l'explorateur ramenant en captivité son rat de Tasmanie, ou de manière plus éclatante, dans le faux documentaire Forgotten silver (1995), avec son duo d'explorateurs cinéastes, à l'image de Cooper et Shoedsack, tentant de monter leur gigantesque péplum dans la jungle néo-zélandaise, on sentait poindre les velléités du futur roi du la terre du Milieu. Déjà évoquée une première fois en 1998 avant qu'il ne s'attaque à la trilogie du Seigneur des anneaux, l'idée d'un remake « respectueux » du King Kong de 1933 sera finalement le projet officiel que Peter Jackson mettra en route une fois l'adaptation de l'œoeuvre de Tolkien terminée.

Retrouvez en cliquant sur les jaquettes ci-dessous les tests des DVD zone 1 et zone 2 de King Kong (1933) et du DVD zone 2 collector de King Kong (1976) :

 

 

 

 

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