Deauville - Jour 5

La Rédaction | 7 septembre 2005
La Rédaction | 7 septembre 2005

Ce n'est pas avec cette nuit de quelques heures que la « dream teaz » (hic !) rechargea les batteries – par contre les « ordis » et portables se portent bien, merci pour eux. Mais alors que le soleil filtrait à travers les rideaux, un vent de professionnalisme souffla dans le duplex. Sandy, 4 heures de sommeil au compteur, rencontra le réalisateur Alain Corneau, président du Jury, pour des questions express devant un pool de journalistes. L'occasion surtout de prendre contact pour une interview plus conséquente, avec entre autres son sentiment sur le marché du DVD, dès notre retour à Paris. Tout aussi frais, Didier passa un grand moment avec un tout aussi grand Monsieur, le scénariste et « script doctor » Robert Towne, à qui l'on doit par exemple Mission : Impossible et surtout Bonnie and Clyde et Chinatown. Conquis, il s'empressa d'ailleurs de retranscrire l'interview que vous pouvez retrouver en Une.

Le reste de la bande découvrit avec curiosité le troisième film en compétition, Brick, première réalisation de Rian Johnson avec un étonnant Joseph Gordon-Levitt (Mysterious Skin). Sous ses dehors de énième drame sur la jeunesse dorée américaine, que ne renierait pas Larry Clark, Brick bifurque doucement mais sûrement vers un parti pris plus osé : le film noir des années 40 dans un campus américain d'aujourd'hui. Femme fatale, baron de la drogue, trahisons, meurtres… Les lieux communs du genre sont utilisés avec plus ou moins de réussite. Mais passée cette séduisante surprise, le film s'effiloche, devient bavard, prévisible et donc moins original.

Alors que nous sommes pas moins de cinq pour couvrir le festival, Écran Large réussit l'exploit de louper un film en compétition. La classe ! Mais il faut dire que nous avions – enfin surtout Laurent – de bonnes raisons. En effet, fini le duplex, toute l'équipe est relogée dès ce soir à l'Hôtel Royal. Proxénétisme, drogue, trahisons, meurtres ? Mystère. Toujours est-il que les chambres sont déjà en place pour accueillir le match de football de ce soir – et les filles crient Stéphaaaaane !! Autre mystère, nous avons reçu cet avis ce matin. Après coup on a compris que c'était sur Transamerica, le film que nous avions loupé. On vous la retranscrit telle quelle : périple inattendu que ce Transamerica qui nous immerge dans l'existence chamboulée d'un transexuel en quête de reconnaissance et qui apprend qu'il est le père d'un adolescent incarcéré dans une maison de détention New Yorkaise. Contrainte par sa thérapeute d'aller confronter le fruit imprévu de ce qui fut son unique expérience sexuelle, Bree (Felicity Huffman, la Lynette Scavo de Desperate Housewives, incroyable de crédibilité dans ce rôle à contre-emploi) se résigne à partir à New York, moins par instinct maternel qu'afin de recevoir l'agrément psychologique nécessaire à ce qu'elle passe une toute dernière fois sur le billard. Payant la caution de son rejeton en se faisant passer pour une évangéliste en pleine crise de bonnes actions, Bree découvre avec effroi le milieu de junkie délabré dans lequel évolue ce fils esseulé qui se prostitue en attendant de réaliser la carrière d'acteur à laquelle il aspire. Décidée à taire sa véritable identité jusqu'au bout, elle se résout à emmener cette âme perdue sur la côte Ouest, là où Toby (Kevin Zegers) touchera d'un peu plus près ses rêves Hollywoodiens, et là où elle rabotera les dernières traces de masculinité qui la stigmatise physiquement. Commence alors un road movie déroutant, au cours duquel, de détours en vol à la tire, ces deux étrangers s'apprivoisent, tempèrent leurs crises identitaires respectives, et finissent par renouer les liens du sang. Alternant humour ravageur et scènes dramatiques intenses, Duncan Tucker réalise avec ce premier long métrage un petit bijou remarquable de finesse parce qu'il ne verse ni dans les stéréotypes, ni dans le registre de la farce grossière…


Pendant que Stéphane, Laurent et Didier bossaient une dernière fois dans le duplex, les seuls rédacteurs de l'équipe à ne pas avoir vu De l'ombre à la lumière de Ron Howard à Paris, Sandy et Vincent ont assisté à l'hommage rendu au réalisateur (qui s'est lâché en remerciements et souvenirs, cela change des 90 secondes aux Oscars), avant de découvrir le film dans une copie mal étalonnée et avec un son trop fort. C'est donc le master es films de boxe, Laurent Pécha, qui s'est occupé de la critique de ce qui s'avère être selon lui le meilleur film de Ron Howard.

Enfin, curiosité du festival, le premier film de l'acteur Liev Schreiber, Everything is illuminated, a conquis une bonne partie de l'audience, et en particulier Sandy, qui, après LE documentaire sur La Porte du Paradis, a trouvé SON film. Parcours initiatique à la recherche de racines oubliées, poème en 24 images secondes qui rappellent par certains aspects les meilleurs films de Kusturica, porté par un formidable trio d'acteurs (plus un chien !) dont un troublant et élégiaque Elijah Wood, Everything is illuminated sort en France le 9 novembre. On y reviendra c'est sûr.

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