César 2005 – Palmarès

Laurent Pécha | 26 février 2005
Laurent Pécha | 26 février 2005

Le premier enseignement qu'il faut tirer de cette trentième cérémonie des Césars (poussive comme de coutume et cela malgré les efforts de Gad Elmaleh pour tenter de dérider un auditoire toujours aussi guindé ou crispé, c'est selon), c'est bien entendu la grande victoire de L'esquive d'Abdellatif Kechiche avec quatre récompenses majeures au compteur (Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure actrice pour Sara Forestier, meilleur Scénario original ou adaptation), mais aussi celle de l'Académie des Arts et Techniques du Cinéma qui vient ce soir de recouvrer une grande partie de sa crédibilité perdue depuis quelque temps déjà. Non que les films placés sur la plus haute marche du podium depuis, allez, cinq ans, soient foncièrement mauvais, mais juste, qu'objectivement, ce n'était tout simplement pas les meilleurs. Ainsi, quand Vénus Beauté est honoré du César du meilleur film, est oublié le magnifique C'est quoi la vie de François Dupeyron. En 2001, tout le monde se pâme devant le couple Jaoui / Bacri et leur Goût des autres alors que dans le même temps, Ressources humaines de Laurent Cantet ou encore Harry un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll ne reçoivent que des prix de consolation. Que dire du Fabuleux destin d'Amélie Poulain qui, en 2002, barre la route du réellement fabuleux Sur mes Lèvres de Jaques Audiard ou, l'année d'après, du Pianiste de Polanski qui relègue dans les limbes de l'oubli le chef-d'œuvre Se souvenir des belles choses de Zabou Breitman. Le pompon revenant sans aucun doute au palmarès de l'année dernière qui, avec Les Invasions barbares, d'origine québécoise, oubliait juste À la petite semaine de Sam Kermann et surtout Les corps impatients de Xavier Giannoli.

L'esquive est donc, comme nous le disions ici, tout simplement le meilleur des films français sortis l'année dernière et il est tellement rare que les professionnels de la profession rendent un verdict à la fois « couillu » et sans concessions (économiques, politiques…) que cela méritait d'être souligné.

Pour le reste on remarquera tout de même que le film américain de Jeunet repart avec cinq « conglomérats » dont trois techniques (décors, costumes, photo) et deux pour Gaspard Ulliel et surtout Marion Cotillard qui le méritait amplement. Que Quand la mer monte décroche le César du meilleur premier film et que Yolande Moreau y est aussi récompensée dans la catégorie meilleure actrice (lire notre interview). Que le prix de la critique 2004, à savoir Rois & reine de Desplechin, est honoré d'une récompense via l'extraordinaire Mathieu Amalric pour le meilleur acteur alors que le talent de Clovis Cornillac (lire notre interview) est enfin reconnu à sa juste valeur grâce à sa prestation dans Mensonges et trahisons et plus si affinités...

Reste que le grand perdant de cette cérémonie est sans conteste Les Choristes de Christophe Barratier qui doit en rester sans voix. Avec ses deux récompenses (son et meilleure musique originale pour Bruno Coulais), on est loin du raz-de-marée annoncé partout à grand renfort de lobbyings médiatiques constatés cette semaine. Qui s'en plaindra ? Pas nous en tout cas !

SG

Le Palmarès 2005 en détails :

Meilleur Film français de l'année :

36, QUAI DES ORFÈVRES
UN LONG DIMANCHE DE FIANÇAILLES
ROIS & REINE
LES CHORISTES
L' ESQUIVE

Meilleur Réalisateur :

OLIVIER MARCHAL pour 36, quai des Orfèvres
JEAN-PIERRE JEUNET pour Un long dimanche de fiançailles
ARNAUD DESPLECHIN pour Rois & reine
CHRISTOPHE BARRATIER pour Les Choristes
ABDELLATIF KECHICHE pour L' Esquive

Meilleur Acteur :

DANIEL AUTEUILdans 36, quai des Orfèvres
MATHIEU AMALRIC dans Rois & reine .
GÉRARD JUGNOTdans Les Choristes
BENOÎT POELVOORDEdans Podium
PHILIPPE TORRETON dans L'Équipier

Meilleure Actrice :

AUDREY TAUTOU dans Un long dimanche de fiançailles
EMMANUELLE DEVOS dans Rois & reine .
MAGGIE CHEUNG dans Clean
YOLANDE MOREAU dans Quand la mer monte
KARIN VIARD dans Le Rôle de sa vie

Meilleur Acteur dans un second rôle :

ANDRÉ DUSSOLLIER dans 36, quai des Orfèvres .
CLOVIS CORNILLAC dans Mensonges et trahisons et plus si affinités...
JEAN-PAUL ROUVE dans Podium
FRANÇOIS BERLÉAND dans Les Choristes
MAURICE GARREL dans Rois & reine

Meilleure Actrice dans un second rôle :

ÉMILIE DEQUENNE dans L' Équipier
ARIANE ASCARIDE dans Brodeuses
JULIE DEPARDIEU dans Podium
MARION COTILLARD dans Un long dimanche de fiançailles
MYLÈNE DEMONGEOT dans 36, quai des Orfèvres

Meilleur Espoir masculin :

GASPARD ULLIEL
dans Un long dimanche de fiançailles
OSMAN ELKHARRAZ dans L' Esquive
DAMIEN JOUILLEROT dans Les Fautes d'orthographe
JÉRÉMIE RENIER dans Violence des échanges en milieu tempéré
MALIK ZIDI dans Les temps qui changent

Meilleur Espoir féminin :

MARILOU BERRY dans Comme une image
SARA FORESTIER dans L' Esquive
LOLA NAYMARK dans Brodeuses
SABRINA OUAZANI dans L' Esquive
MAGALI WOCH dans Rois & reine

Meilleur Premier Film :

QUAND LA MER MONTE
BRODEUSES
LES CHORISTES
PODIUM
VIOLENCE DES ÉCHANGES EN MILIEU TEMPÉRÉ

Meilleur Scénario original ou adaptation :

AGNÈS JAOUI et JEAN-PIERRE BACRi pour Comme une image
ARNAUD DESPLECHIN et ROGER BOHBOT pour Rois & reine
JEAN-PIERRE JEUNET et GUILLAUME LAURANT pour Un long dimanche de fiançailles
ABDELLATIF KECHICHE et GHALYA LACROIX pour L' Esquive
OLIVIER MARCHAL, F. MANCUSO et JULIEN RAPPENEAU pour 36, quai des Orfèvres

Meilleure musique écrite pour un film :

TONY GATLIF et DELPHINE MANTOULET pour Exils
ANGELO BADALAMENTI pour Un long dimanche de fiançailles
BRUNO COULAIS pour Les Choristes
NICOLA PIOVANI pour L'Équipier

Meilleure Photo :

BRUNO DELBONNEL pour Un long dimanche de fiançailles
JEAN-MARIE DREUJOU pour Deux frères
ÉRIC GAUTIER pour Clean

Meilleur Son :

PIERRE MERTENS, FRANÇOIS MAUREL, SYLVAIN LASSEUR et JOËL RANGON pour 36, quai des Orfèvres
DANIEL SOBRINO, NICOLAS CANTIN et NICOLAS NAEGELEN pour Les Choristes
JEAN UMANSKY, GÉRARD HARDY et VINCENT ARNARDI pour Un long dimanche de fiançailles

Meilleurs Costumes :

CATHERINE BOUCHARD pour Podium
MADELINE FONTAINE pour Un long dimanche de fiançailles
PIERRE-JEAN LARROQUE pour Arsène Lupin

Meilleurs Décors :

ALINE BONETTO pour Un long dimanche de fiançailles
FRANÇOIS CHAUVAUD pour Les Choristes
JEAN-PIERRE FOUILLET pour Immortel (ad vitam)

Meilleur Montage :

NOËLLE BOISSON pour Deux frères
HACHDÉ pour 36, quai des Orfèvres
HERVÉ SCHNEID pour Un long dimanche de fiançailles

Meilleur Film de l'Union européenne :

LA MAUVAISE ÉDUCATION
JUST A KISS
MONDOVINO
SARABAND
LA VIE EST UN MIRACLE

Meilleur Film étranger :

ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND
21 GRAMMES
CARNETS DE VOYAGE
FAHRENHEIT 9/11
LOST IN TRANSLATION

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