Le Monstre : le classique de la SF auquel Alien et La Mouche doivent tout

Avant La Quatrième Dimension et Alien, Le Monstre venait chambouler la science-fiction. Retour sur un classique mésestimé de la Hammer.

En dehors de la longévité impressionnante de Dr. Who, on tend à sous-estimer l’importance de la science-fiction en Grande-Bretagne dès qu’il s’agit de cinéma ou de télévision. Là où l’impact du genre aux États-Unis (Star Trek, Star Wars) est évident, l’outre-Manche s'est surtout démarquée dans le domaine pour sa littérature (George Orwell, H.G. Wells). Pourtant, en 1953 – soit une décennie avant les premières aventures du Docteur –, la BBC a engendré un sacré phénomène avec The Quatermass Experiment de Nigel Kneale.

La série, centrée sur le personnage de physicien du Professeur Bernard Quatermass, a fait de celui-ci une icône aujourd’hui désuète de la pop culture. Pionnier dans le programme spatial britannique, le scientifique a fait au fil des séries des rencontres et des découvertes terrifiantes en lien avec le cosmos, si bien que la Hammer (qui voulait alors sortir des simples polars pour se spécialiser dans les films d’horreur) s’est jetée sur les droits de The Quatermass Experiment pour l’adapter sur grand écran.

Une trilogie a découlé de ce rachat, et même si elle ne parle aujourd’hui qu’à une niche de cinéphiles, elle a inspiré quantité de films dans son sillage. C’est particulièrement le cas du premier opus, Le Monstre, qui reste un modèle de série B ambitieuse.

 

"It's been 84 years"

 

Stop, Hammer Time !

Si on pense souvent à La Quatrième Dimension en tant que date majeure et mètre étalon de la science-fiction d’après-guerre, la série n’a débuté qu’en 1959, c’est-à-dire quatre ans après la sortie du Monstre. La modernité de Rod Serling et des auteurs qui ont écrit à ses côtés (Matheson, Beaumont, Bradbury...) a beau être gravée dans le marbre, il est fascinant de voir à quel point le long-métrage anglais l’a prise de court, autant d’un point de vue narratif qu’esthétique.

Loin de la propension gothique à laquelle on réduit parfois les productions de la Hammer, Le Monstre est un objet froid et sec, bien que stylisé dans son noir et blanc. Dès le début, tout est affaire de symétrie et de perturbation de l’équilibre. Au milieu de la campagne anglaise et de son absence de relief, la caméra s’attarde sur la ligne claire de l’horizon, sur la droiture de ses décors qui se retrouvent parasités, mis sens dessus dessous par un toit explosé et cette fusée écrasée dans un champ, traçant une diagonale dans cet environnement immaculé.

 

On a marché sur une ferme anglaise