Teeth : le vagin le plus terrifiant de l’histoire du cinéma

Ange Beuque | 2 mai 2023 - MAJ : 05/03/2024 09:45
Ange Beuque | 2 mai 2023 - MAJ : 05/03/2024 09:45

Plus traumatisant que Les Dents de la mer, plus incisif qu'une allocution de Natalie Portman lors d'une soirée organisée par Vanity Fair, le film Teeth de l'américain Mitchell Lichtenstein a marqué les esprits en 2007 avec son concept énervé de vagin denté. À mi-chemin de la bête (à croc) de festival et du pitch suicidaire, il mérite qu'on s'attarde sur sa symbolique dévastatrice.

Un jour, Mitchell Lichtenstein tombe sur un article racontant que le conseil d'administration d'une école avait caviardé certaines illustrations dans des livres de biologie. Une censure on ne peut plus sélective : si les pénis pouvaient librement continuer à arborer leurs courbes caverneuses, les vagins et toutes références trop explicites à l'appareil génital féminin avaient été escamotés. Loin d'être le fait d'une province isolée du XVIe siècle, l'anecdote émanait de la Virginie du début des années 2000.

Cet incident fait l'objet d'une scène dans le film Teeth, et pour cause : il a servi d'impulsion créatrice au réalisateur, frappé par son incongruité anachronique. Il aurait pu puiser dans ce terreau de fondamentalisme chrétien la matière d'une chronique contemporaine désabusée, mais il préfère développer un scénario fantastique reposant sur une vieille légende : celle du vagina dentata...

 

Teeth : Jess WexlerQuand la Promising young woman est dotée d'armes (an)atomiques

 

Un pitch controversé

On pourrait difficilement envisager pire démarrage pour un projet que votre propre manager vous conseillant de ne jamais montrer votre scénario à quiconque. C'est pourtant ce qui est arrivé à Mitchell Lichtenstein lorsqu'il a terminé l'écriture de son film Teeth, qui assume la singularité de son postulat.

Force est d'admettre que son pedigree n'est pas de nature à rassurer les investisseurs. Si son père Roy jouit d'une certaine notoriété dans le milieu du pop art américain, lui ne peut se prévaloir que de quelques expériences d'acteur. Que sa carrière ait débuté pour Robert Altman (Streamers, 1983) avant de s'achever devant la caméra de Joel Schumacher (Personne n'est parfait(e), 1999) donne une juste idée de sa trajectoire.

De son propre aveu, c'est un peu par désœuvrement que Lichtenstein s'est tourné vers la réalisation, lorsque les rôles se sont raréfiés jusqu'à disparaître. Si bien qu'au moment où il tente de mettre son Teeth sur pied, il n'a qu'un court-métrage (Résurrection, 2004) à faire valoir en guise de CV.

 

Teeth : Jess WexlerQuand les moules auront des dents

 

Alors l'artiste ne cherche même pas à démarcher les studios, pas plus les mastodontes que les indépendants. Il recourt à des investisseurs extérieurs à l'industrie cinématographique pour réunir un budget en forme de mécénat de 2 millions de dollars.

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commentaires
Dartagnant
05/03/2024 à 00:32

" S'il aurait " Je serait gêné d'écrire ça dans un article. Personne n'a vu la faute ? Depuis quand les "SI" aiment les " RAIT" ?

Arthur
02/05/2023 à 15:32

Il me semble qu'un endroit pourvu de dents existe déjà naturellement chez les femmes et j'ai pas l'impression que ça dissuade beaucoup d'hommes pour autant...

Arnaud (le vrai)
02/05/2023 à 15:14

Quand les moules auront des dents … fallait oser la faire celle là :D

Cidjay
02/05/2023 à 15:06

Film sympa, qui au delà de son concept donto-vaginal, ne m'avait pas laissé un incroyable souvenir. et à tous ceux qui se pose la question (Attention Spoilers), oui, il y a bien un bonhomme qui se fait couper la kique... mais il n'y pas (plus) grand chose à voir.
on aurait pu attendre un cross-ovaires avec "The Dentist" mais apparemment, c'était de mauvais goût.

storm
02/05/2023 à 15:06

chouette film, j'en garde un bon souvenir