Judo : le chaînon manquant entre Michael Mann, David Douillet et Kurosawa

Marvin Montes | 25 avril 2023
Marvin Montes | 25 avril 2023

Hommage sincère à La Légende du grand judo autant qu'aboutissement de la démarche Mannienne de Johnnie ToJudo entre dans la catégorie des bizarreries précieuses de son réalisateur, par les chemins de traverse d'une filmographie irrégulière, mais toujours passionnante.

De Johnnie To, nous aurions tendance à retenir uniquement la période la plus glorieuse. En effet, au moment où l'ensemble des territoires Hongkongais se préparent à retourner sous pavillon chinois et où les plus grandes forces de l'industrie du cinéma HK (John Woo et Ringo Lam en tête) décident de tenter leur chance aux États-Unis, le natif de l'archipel opte pour une tout autre stratégie. En 1996, soit un an avant la rétrocession, To fonde, avec son homologue cinéaste Wai Ka-fai, sa compagnie de production : la Milkyway Image.

Bien installé au sommet de sa nouvelle société, Johnnie To n'a qu'un objectif en vue : devenir, après le départ de certains de ses plus grands représentants, le nouveau roi du cinéma d'Asie du Sud-est. Et pour ce faire, le réalisateur-producteur mise sur sa plus grande force : sa productivité inégalée. Durant les années 1990-2000, To enchaine les projets, sortant jusqu'à cinq films par an, dont certains bâtiront sa légende, à l'instar de The MissionBreaking News ou encore Exilé

 

Judo : photo, Aaron KwokA l'ombre des plus grands succès

 

La légende du grand Sze-To

Johnnie To voue un véritable culte à la filmographie d'Akira Kurosawa. Mais comme l'intéressé le précise lui-même, il lui aura fallu du temps pour apprécier l'oeuvre du maître japonais à sa juste valeur. Parmi les longs-métrages du légendaire cinéaste, l'un d'entre eux, le premier, résonne particulièrement dans l'esprit et le coeur de To. La légende du grand Judo, sorti en 1943, narrait les pérégrinations, en 1882, de Sanshiro Sugata, apprenti du maître judoka Shogoro Yano. 

Du film de Kurosawa, Johnnie To ne reprend pas l'intrigue, mais plutôt la teneur profonde. Car ce qui intéresse le cinéaste hongkongais — inquiet d'assister à la disparition progressive des Dojos du port parfumé — ce n'est pas la dimension brutale des arts martiaux, mais leur portée intellectuelle. Dans La légende du grand Judo comme dans la relecture de To, le combat n'est qu'un prétexte à l'aboutissement d'une aventure humaine et introspective, qui entre en collision avec les grandes craintes des époques concernées.


Judo : photo, Louis KooAllez, on se relève 

 

Dans Judo (Throwdown de son titre international), Johnnie To, assisté du scénariste Yau Nai-hoi, relate le parcours de Sze-To. Ancien champion de Judo, le protagoniste incarné par Louis Koo a abandonné la pratique de son sport sans raison apparente, pour se perdre dans une vie de débauche permanente, entre alcoolisme et tendance inquiétante à l'auto-destruction. Mais sa rencontre avec deux autres personnages, représentatifs d'une jeunesse hongkongaise candide et pleine d'espoir, va progressivement lui redonner goût à la vie.

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commentaires
Loozap
26/04/2023 à 22:49

Les meilleurs films, j'ai pas besoin de plus que ça