Donnie Yen : les 5 meilleurs films qu'il faut revoir après John Wick 4

Marvin Montes | 13 mai 2023
Marvin Montes | 13 mai 2023

Après le succès de John Wick : Chapitre 4 et à l'occasion de la sortie de Sakra - la Légende des demi-dieux dans les salles françaises, Ecran Large revient sur cinq étapes marquantes du parcours de Donnie Yen, l'un des artistes martiaux les plus impressionnants de sa génération.

À bientôt 60 ans, en plein sprint final d'une carrière extraordinairement riche, Donnie Yen bénéficie finalement d'une tardive (et malgré tout timoré) reconnaissance internationale. En effet, les apparitions remarquées de l'acteur au casting de Rogue One : A Star Wars Story et John Wick 4 – après un premier passage délicat sur le Blade II de Guillermo Del Toro en 2002 – lui ont valu d'être enfin remarqué par un public plus étendu que celui des amateurs d'arts martiaux, déjà acquis à sa cause.

Pourtant, Donnie Yen est bel et bien prophète en son pays. En Chine, les apparitions du natif de Canton sont quasi-systématiquement synonymes de succès au box-office. Mais surtout, Yen bénéficie d'une longévité exceptionnelle construite sur sa capacité à sortir de l'ombre des légendes de l'action hongkongaise. Combinant la brutalité inamovible d'un Bruce Lee à une technique sans faille digne de Jet Li, le prodige a construit sa propre légende en révolutionnant la pratique du combat à mains nues sur grand écran.

Aussi brillant devant la caméra que troublant de par ses accointances très prononcées avec le régime de Xi Jingping, Donnie Yen reste quoi qu'il en soit une référence sans égal au moment d'aborder les monstres sacrés des cinémas d'Asie. Retour sur cinq des plus belles pages de l'histoire du combattant post-moderne par excellence.

 

John Wick : Chapitre 4 : Photo Donnie YenMême pas essouflé

 

1. Iron Monkey

Sortie : 1993 - Durée : 1h30

 

 

Iron Monkey : photoCrânes de fer

 

Dans Iron MonkeyDonnie Yen signe, dès 1993, l'un des sommets de sa collaboration avec celui qu'il considère comme son mentor : l'illustre réalisateur-chorégraphe Yuen Woo-ping. L'acteur incarne le médecin de Foshan Wong Kei-ying, père d'un certain Wong Fei-hung. Alors que son fils est placé en captivité par les autorités impériales, le docteur (et spécialiste des arts martiaux) est contraint de regagner sa liberté en débusquant le héros local : un justicier masqué connu sous le nom de singe de fer.

Le film s'établit donc en tant qu'introduction non-officielle à la légende de Wong Fei-hung telle qu'illustrée par Tsui Hark dans Il était une fois en Chine (le thème iconique du métrage de Hark est d'ailleurs employé à chaque apparition du jeune Fei-hung). Le futur Robin des bois chinois trouvant dans Iron Monkey le modèle de ses valeurs ultérieures au travers de la figure du brigand singe de fer, qui vole littéralement aux riches pour donner aux pauvres. 

 

Iron Monkey : photoL'aube de la justice

 

Iron Monkey s'insère de manière tout à fait cohérente dans le modèle du Kung-Fu Pian grand public des années 80-90, en alternant scènes de combats aériens survoltées et séquences comiques bas du front directement héritées du Mo Lei Tau cantonais, le tout soutenu par la direction artistique toujours fonctionnelle de Yuen Woo-ping. Volant sans mal la vedette à la figure centrale de singe de fer, Donnie Yen bénéficie de tout l'espace nécessaire pour faire montre de l'un de ses attributs les plus reconnus : sa vitesse d'exécution démoniaque.

 

2. Seven Swords

Sortie : 2005 - Durée : 2h28

 

Seven Swords : photo, Donnie YenSympa mais ne le provoquez pas

 

Grand film malade à la version longue longtemps fantasmée, Seven Swords est probablement la première victime de l'hyperactivité de son réalisateur : le fantasque Tsui Hark. Coupé et remonté à de nombreuses reprises et prototype d'un système de production tripartite (entre Hong Kong, la Chine et la Corée du Sud) qui ne s'avérera pas pérenne, ce Wu Xia Pian moderne conserve toutefois une certaine flamboyance. 

Autant une adaptation d'un classique de la littérature Wuxia qu'un hommage aux Sept Samouraïs de Kurosawa, Seven Swords narre la destinée d'un village menacé par un seigneur de guerre et protégé par sept guerriers légendaires (du moins dans sa première partie). Parmi les multiples idées qui émaillent le métrage (parfois sans grande cohérence), nous retiendront principalement celles guidées par l'oeil esthétique acéré de Hark, à commencer par sa caractérisation des ennemis en tant que figures gothiques monochromatiques, qui préfigure le travail de Zhang Yimou sur son Shadow sorti en 2018.

 

Seven Swords : photoLes sept chevaliers

 

Donnie Yen se glisse, à l'occasion du film, dans la peau de Chu Zhao Nan, épéiste coréen à la puissance démesurée. Mutique et expéditif, Chu se place à la lisière de la figure mystique, faisant régulièrement la démonstration de capacités surhumaines tranchant avec celles de ses compagnons. Un rôle taillé pour Yen, parfait dans son interprétation de tueur implacable auréolé de mystères, si insaisissable que même la caméra semble incapable de le cadrer correctement.

 

3. SPL

Sortie : 2005 - Durée : 1h33

 

SPL / S.P.L. : photo, Donnie YenPas prêt à condamner les violences policières

 

Dans les années 2000, désormais solidement établi en tant que figure majeure du cinéma d'action asiatique, Donnie Yen s'attelle à sa nouvelle tâche : celle de marquer de son empreinte indélébile l'histoire des arts martiaux filmés. Grand fan de MMA (et combattant professionnel frustré), l'acteur s'emploie donc à incorporer dans les chorégraphies qu'il dirige des mouvements issus de la lutte, du kickboxing ou encore du jiu-jitsu brésilien, mêlés à son approche du kung-fu traditionnel et de l'une de ses premières spécialités, le taekwondo.

Cette vision véritablement post-moderne du combat se concrétise au travers des collaborations entre Donnie Yen et le réalisateur Wilson Yip, solide exécutant au service de sa vedette. Dans S.P.L, sorti en 2005 (la même année que Seven Swords, sacré contraste) Yen s'approprie l'une de ses incarnations fétiches : celle du flic borderline prêt à tout pour mettre sa némésis hors d'état de nuire. Une manière pour l'acteur d'exprimer sa part la plus brutale, en tordant l'image plutôt lisse dégagée par sa longue période Kung-Fu Pian.

 

SPL / S.P.L. : photo, Sammo Hung, Donnie YenLe premier qui rigole aura une tapette

 

Pas irréprochable sur le plan visuel et terriblement ancré dans son époque (la photographie bleutée nous donne encore des cauchemars), S.P.L tient surtout sur ses scènes d'action absolument folles. L'affrontement final entre Donnie Yen et Sammo Hung, transformé pour l'occasion en lutteur/boulet de démolition terrifiant, n'a pas pris une seule ride.

 

4. Ip Man

Sortie : 2008 - Durée : 1h46

 

Ip Man : photo, Donnie YenTu me vois, tu me vois pas

 

Curieux paradoxe que celui du succès de Ip Man. Phénomène instantané en Chine et à Hong Kong (et bénéficiant d'une belle popularité en Occident), le film et ses suites forment la saga qui permettra à Donnie Yen de renouer avec ses ambitions internationales. Pourtant, la nouvelle collaboration entre l'acteur et Wilson Yip se place à contre-courant des intentions habituelles de Yen. En s'intéressant à l'histoire (très romancée ici) de l'un des maîtres de Bruce Lee, en l'occurrence le spécialiste du Wing Chun Yip Man, le long-métrage sorti en 2008 remet la tradition au coeur de son propos.

C'est donc un Donnie Yen délesté de ses aspirations modernistes qui se retrouve affublé de l'une de ses interprétations les plus emblématiques. Présenté comme un film historique, Ip Man tend à promouvoir la supériorité de l'héritage chinois, et ne permet pas à l'acteur de dévier une seule seconde de la pratique traditionnelle du Wing Chun Kung-Fu, qu'il doit porter en tant que style de combat dominant, et apte à écraser le karaté pratiqué par le vil envahisseur japonais.

 

Ip Man : photo, Donnie YenLe plumeau >>>>>>> les sabres

 

De la même manière, le personnage devenu populaire du Donnie Yen toujours à la lisière de la perte de contrôle s'efface totalement derrière Yip Man, héros du peuple et incarnation de la droiture inamovible, y compris dans les pires moments. Ce constat mis à part, l'association Yip-Yen fonctionne toujours à merveille et l'acteur impressionne en incarnant une force tranquille à la vélocité impressionnante. 

Le film se fait le fer de lance d'un véritable phénomène d'exploitation autour du personnage de Yip Man, d'abord au travers des suites toujours dirigées par Wilson Yip, qui s'éloigneront toujours plus de la réalité historique au profit du spectacle, jusqu'à un quatrième volet opposant le maître au monstre américain Scott Adkins. D'autres cinéaste et acteurs s'empareront du phénomène, pour des réussites diverses et variées. The Grandmasterrevisite du mythe qui voit Tony Leung Chiu-wai s'emparer du rôle principal, demeure la plus intéressante.

 

5. Swordsmen

Sortie : 2011 - Durée : 1h46

 

Swordsmen : photo, Donnie YenIl vieillit quand ?

 

Réalisé par l'efficace Peter Chan, Swordsmen (Wu Xia de son titre original) se présentait comme un hommage absolu à l'incarnation cinématographique majeure du folklore chinois. Surprise plutôt plaisante, le film se refuse au classicisme attendu pour livrer un curieux patchwork mêlant arts martiaux, drame intimiste et film d'enquête. 

Donnie Yen s'illustre cette fois dans le rôle de Liu Jin-xi, fabricant de papier à l'apparence inoffensive, exerçant au début du XXe siècle, sous la dynastie Qin. Sa vie paisible est bousculée le jour ou il tue accidentellement deux bandits attaquant la quincaillerie dans laquelle il travaille. Xu Bai-ju, en enquêteur dépêché sur les lieux, décide de ne pas se fier aux apparences. En effet, bien qu'ayant tiré un trait sur son passé, Liu se révèle finalement être une redoutable machine à tuer.

 

Swordsmen : photo, Donnie YenPuisque je vous dis que je ne veux pas de problèmes

 

Avec Swordsmen, Donnie Yen s'offre une parenthèse enchantée à l'écart de la saga Ip Man, en retrouvant une posture de chorégraphe, et une liberté d'exécution salvatrice. En totale maîtrise, Yen profite du sens de l'esthétisation démonstrative de Peter Chan pour ne jamais lésiner sur les mouvements aériens, renouant avec la folie insouciante de ses jeunes années.

Mais surtout, le film de Chan est aussi l'opportunité (trop rare) de voir briller l'acteur autrement qu'au travers de ses poings. Swordsmen offre en effet à Donnie Yen l'une de ses prestations dramatiques les plus abouties (si ce n'est la meilleure) dans un rôle de repenti rappelant aussi bien Impitoyable que A History of Violence.

Tout savoir sur Donnie Yen

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commentaires
Jules BABM'ZÉE
22/11/2023 à 12:06

C'est tellement chaud avec Dannie yen,un acteur qui m'imressionne dans tous ses films et surtout son systeme de combat

Rico 74
17/05/2023 à 11:54

Acteur au top que j'ai découvert avec dragon tiger gate. Depuis je ne rate aucun de ses films.
L'un de mes préférés est kung-fu jungle. Il a trop la classe dans les scènes de baston.

Nono Yen 2
15/05/2023 à 17:03

+ pour Kung Fu Jungle, très bon. J'aime aussi bcp Bodyguards & Assassins du même Teddy Chen.
Un gros culte est voué à Tiger Cage 2 sinon, tout de même. Ca dépote méchant.

ethan
15/05/2023 à 13:22

john wick 4 trop long et pas réaliste

Leepifer
15/05/2023 à 11:47

Il fallait bien choisir. Flashpoint bien sûr mais que pour les combats car le film est tout de même faible.
Kung fu jungle est bien plus intéressant. Au moins une dizaine d'autres seraient à ajouter en annexe.
En tout cas, le dernier monstre acteur artiste martial chorégraphe à avoir franchi les frontières avec succès.

Lord Sinclair
15/05/2023 à 10:02

Il faut virer Ip Man de la liste (le wing chun y est trés mal représenté, et Ip Man n'a jamais repoussé l'envahisseur japonais à lui tout seul), et mettre Il était une fois en Chine 2 à la place.

free spirit
14/05/2023 à 18:14

Moi je suis d'accord pour FlashPoint ... Super Baston en Final...

Dentscie
14/05/2023 à 16:58

Merci pour la découverte, je ne connaissais ni Iron Monkey ni Swordsmen ;) !

JohnnyH
14/05/2023 à 09:05

Il manque également Héro, un film sublime dans lequel Donnie Yen n'a qu'un second rôle, mais très intéressant, ou sa prestation diffère quelque peu, il y joue un "assassin " mélancolique et résigné, ce qui donne une grande émotion au film,
une des oeuvre les plus poignantes dans ce type de film d'art martiaux historique !

Nono Yen
14/05/2023 à 06:38

SPL : "Pas irréprochable sur le plan visuel et terriblement ancré dans son époque (la photographie bleutée nous donne encore des cauchemars".

On n'a pas vu le même film. Dominante noire mat. La photo des nocturnes de SPL est une référence, au même titre qu'un PTU. Vous l'avez vu via un mauvais support je pense.

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