John Wick : quel est le meilleur film où Keanu Reeves tue tout le monde ?

La Rédaction | 26 mars 2023
La Rédaction | 26 mars 2023

Parce que les membres de la rédaction n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur un classement, on revient sur les points forts et les faiblesses de tous les films de la saga John Wick.

John Wick : Chapitre 4 est actuellement en salles, soit l'occasion parfaite pour établir un classement de la saga avec Keanu Reeves qui est devenue la nouvelle référence hollywoodienne en termes d'action et de bastons. Du moins en théorie, car plus encore que d'habitude, la rédaction n'a tout simplement pas réussi à se mettre d'accord pour établir un classement.

Alors pour éviter de crier, de pleurer ou de s'entretuer avec un crayon à papier dans le bureau des RH, on a préféré revenir sur les quatre films de la saga, et plus précisément sur ce qui plaît et déplaît dans chaque volet

Attention chiens méchants et spoilers !

 

: la saga a-t-elle vraiment changé le cinéma d'action à Hollywood ? (ft. Chad Stahelski)

 

John Wick 

Sortie : 2014 - Durée : 1h41

 

John Wick : photoVotre vie avec un chien

 

Pourquoi ça tabasse ? Il faut bien admettre qu'à la vue de sa bande-annonce, John Wick semblait plus prêter à rire qu'autre chose, avec son concept à base de vengeance de petit chien. Pourtant, c'est justement la simplicité presque absurde de ce postulat qui permet au film de se distinguer. Alors que le studio 87Eleven, spécialisé dans les cascades, s'est vite retrouvé attaché au projet, ses créateurs (Chad Stahelski et David Leitch) ont pris le poste de réalisateur, afin de faire de ce John Wick un film centré sur l'action et sa mise en valeur.

Forcément, après des années à se manger de la shaky cam et des montages épileptiques, voir Keanu Reeves sauter sur un adversaire avant qu'un travelling ne le suive dans ses enchaînements, ça surprend. Là réside la principale qualité du premier John Wick : derrière l'humilité apparente de sa démarche, il y a la vision claire du savoir-faire de ses artisans, visible dans le découpage millimétré de l'assaut sur la maison du héros. Le monde de l'action occidentale a été pris de cours, surtout dans la séquence ahurissante dans la boîte de nuit. Ce premier opus file droit, et s'affirme en série B exigeante, tout en distillant déjà les traces excitantes de son monde underground de criminels.

 

John Wick : Photo Keanu ReevesVotre vie sans chien

 

Pourquoi ça tire à côté ? Malgré toutes ses bonnes intentions (et le fait qu'il s'agisse d'un point de départ), le premier John Wick reste un brouillon de ce que deviendra la saga. Les néons sont là, mais il faut bien reconnaître que le reste est quand même assez grisâtre. Mais surtout, la précision de ses scènes d'action est quelque peu plombée par leur répétitivité et leur manque de variété. C'est d'ailleurs un peu le problème global de la franchise : montrer John s'attaquer à des armées entières, le gun-fu et ses enchaînements de headshots affiche vite ses limites.

Le film peine ainsi à créer un crescendo, que ce soit dans l'espace de ses scènes ou dans l'entièreté du métrage, qui ne se remet jamais vraiment de son morceau de bravoure dans la boîte de nuit. John Wick perd même en force et en puissance, alors que les méchants Russes s'efforcent de raconter sa légende dès qu'une accalmie scénaristique le permet. Leitch et Stahelski se sont montrés un poil timides, mais on le pardonne pour un coup d'essai, surtout quand on connaît la suite...

 

JOHN WICK 2

Sortie : 2017 - Durée : 2h03

 

John Wick: Chapter Two : trailerLe démon de minuit

 

Pourquoi ça tabasse ? John Wick 2 affiche son ambition démesurée dès son introduction où s'enchaînent mano a mano, courses-poursuites en voiture et crashs en pagaille. Chad Stahelski a amené les enjeux et l'inventivité de ses séquences d'action à un autre niveau, et il en profite pour développer une esthétique à la fois moderne et quasi-abstraite du genre. Alors que le monde de criminels autour de John s'étend, ce deuxième chapitre transforme ce monde alternatif en véritable matrice (hasard qui n'en est pas un). Tels des PNJ de jeux vidéo touchés par la grâce du code, chaque figurant qui croise la route du héros peut devenir à son tour un tueur.

De la sorte, John Wick 2 dépeint son protagoniste comme un avatar, une enveloppe charnelle vidée de toute substance dans ce monde factice passionnant. Stalhelski y puise de belles idées d'action (les catacombes à Rome, où les silhouettes se perdent derrière les lampes torches), jusqu'à ce final dans une installation d'art à base de miroirs, où John devient son propre clone, reproductible à l'infini. Une belle façon de mettre en scène une surréalité baudrillardienne très en accord avec la carrière de son acteur principal. John Wick 2 est un bien bel objet théorique, et il a conditionné le reste de la franchise dans cette direction.

 

John Wick: Chapter Two : trailerMon beau miroir

 

Pourquoi ça tire à côté ? Dans l'optique de dépasser le statut de série B rafraîchissante et bien emballée du premier film, John Wick 2 a voulu doubler ses enjeux scénaristiques autant que son budget. Pour ça, il a largement étendu son univers criminel et ajouté de nouveaux codes et de nouvelles règles au jeu, quitte à s'enfoncer dans le kitsch, cette fois involontairement. John a un nouveau chien, il a récupéré sa voiture (ou ce qu'il en reste) et rebétonné sa cave, donc il fallait bien trouver une autre raison qu'un canicide pour l'envoyer en chasse. Et quoi de plus convenu qu'un ancien associé mafieux couplé à une ancienne dette pour le forcer à redevenir le Babayaga ? 

Si rien ne dépassait dans le premier John Wick, qui ne voulait pas s'embarrasser d'un scénario trop premier degré, le deuxième opus tente de développer une dramaturgie qui tombe systématiquement à plat, encore plus quand des histoires de complots familiaux, de fidélité et d'entité criminelle suprême se mêlent aux bastons. Et puis, la méchante mutique de Ruby Rose est probablement la pire antagoniste de la saga. 

 

John Wick : Parabellum

Sortie : 2019 - Durée : 2h12

 

John Wick : Parabellum : photoThe Neon Demon

 

Pourquoi ça tabasse ? Le succès plus impressionnant encore de John Wick 2 fait pousser des ailes à Chad Stahelski et ses équipes, qui se voient dotés d'un budget qui commence à titiller les mastodontes hollywoodiens (75 millions de dollars contre 40 millions pour le 2) et d'un objectif hyper ambitieux : être à la hauteur du cliffhanger délirant de l'opus précédent. Cliffhanger qui devient alors un prétexte pour abandonner le semblant de logique de cet univers, déchainer contre le héros des vagues de tueurs enragés et enchaîner à un rythme métronomique les idées de chorégraphie en fonction des lieux visités/saccagés.

C'est bien simple : chaque séquence d'action dans John Wick : Parabellum s'empare d'un concept (une bibliothèque, un musée de couteaux, des chiens, des bonshommes Bibendum) et le pousse dans ses derniers retranchements. Et ce au cours de l'ahurissante poursuite inaugurale, laquelle contient plusieurs des meilleures scènes de la saga, bien sûr, mais aussi dans la deuxième partie, qui assume largement ses inspirations vidéoludiques. Et ça coupe d'autant plus le souffle que le cinéaste et son chef opérateur, Dan Laustsen, soulignent le virage pop absurde grâce à la photographie et ses néons colorés. Ça vaut bien quelques lourdeurs.

 

John Wick : Parabellum : photo, Keanu ReevesJohn Wick vs. The Raid

 

Pourquoi ça tire à côté ? Le troisième volet de la saga est sans aucun doute le plus inégal, tiraillé entre, d'un côté, ses scènes d'action irrésistibles (les couteaux <3) et, de l'autre, son scénario qui traîne autant la patte que le Beagle du premier John Wick. La faute à une mythologie de plus en plus bordélique et encombrante qui peine à cacher que la franchise n'a jamais rien eu de bien intéressant à raconter.

Winston, Charon, le Continental, La Grande Table, l'Adjudicatrice, la Directrice, Berrada, Le Grand Maître... Parabellum est l'opus qui déborde le plus, de générosité certes, mais aussi de personnages secondaires éjectés du récit et d'éléments narratifs plus tristes que comiques, à l'image du traitement réservé au méchant Zero incarné par Mark Dacascos. On ne sait d'ailleurs jamais si le film a tendance à se prendre trop au sérieux en cherchant à développer un univers solide qui promet plein de spin-offs, ou si tout n'est qu'une mauvaise blague pensée pour faire durer le plaisir (ou la souffrance, ou les deux), à l'instar de la dernière séquence qu'on peut légitimement interpréter comme un gros doigt d'honneur. 

 

JOHN WICK : CHAPITRE 4 

Sortie : 2023 - Durée : 2h49

 

John Wick : Chapitre 4 : Affiche casting personnagesDu beau monde

 

Pourquoi ça tabasse ? Plus long, plus bourrin, avec encore plus de mégastars de la castagne internationale et un Keanu Reeves encore plus invincible, qui se relève en titubant (quand même !) après une chute de 3 étages... John Wick 4 est écrit, pensé, construit comme une gigantesque orgie d'action, comportant des moments de bravoure qui dépassent probablement la demi-heure et des set pieces parmi les plus jusqu'au-boutistes conçus avec un budget de cet ordre, à l'instar de ce moment hallucinant où le Baba Yaga rend honneur aux méga-carambolages des Blues Brothers sur le rond-point de l'Étoile, au rythme du son le plus lourd de toute la discographie de ce bon vieux Gesaffelstein.

De fait, on peut reprocher beaucoup de choses à ce quatrième volet... mais pas son manque de générosité. Stahelski assume tout, de la référence explicite au jeu vidéo à ses idées les plus improbables, comme le fatsuit de Scott Adkins, qui ne l'empêche pas pour autant de tout éclater à la hache à quelques centimètres de danseurs berlinois pas particulièrement dérangés (ils en ont vu d'autres). Et puis quel plaisir de voir Donnie Yen enfin exploité à la hauteur de son talent dans un film hollywoodien. Optez pour la séance 4DX... et prenez le risque de revenir avec des bleus (testé et approuvé par un membre de la rédaction).

 

John Wick : Chapitre 4 : phot, Keanu Reeves, Donnie Yen, Scott AdkinsUne belle brochette

 

Pourquoi ça tire à côté ? Le problème principal de John Wick 4, c'est clairement sa durée de presque 3h. Dans une envie de gloutonnerie généreuse, le film exacerbe les limites de la saga. D'une part, il y a un excès de zèle dans la manière qu'a Chad Stahelski de prendre au sérieux sa mythologie foutraque pour justifier tout et n'importe quoi. Convaincu par sa propre valeur artistique (ce qu'on ne se permettrait pas de remettre en cause), le réalisateur se sent presque obligé de raccorder son concept à la beauté des architectures parisiennes, à des installations d'art moderne ou aux tableaux du Louvre, pour asseoir une légitimité dont il n'a pas besoin.

Par ailleurs, John Wick 4 est le volet qui confond le plus surenchère de l'action et tempo. Certaines scènes en deviennent comiques (et c'est sans doute voulu) à force de voir Keanu Reeves enchaîner les mêmes mouvements sur des hordes incessantes d'ennemis. Certes, ce trop-plein permanent a ses avantages, mais une grande scène d'action repose avant tout sur sa maîtrise de l'espace... et du temps. Et il serait bon parfois de se rappeler que less is more.

Tout savoir sur John Wick : Chapitre 4

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commentaires
Ethan
10/08/2023 à 16:08

3,1,2,4
Le moins bon c'est le 4

Matrix R
10/04/2023 à 21:32

1,4,3,2

Matrix R
10/04/2023 à 21:21

La scène à l'AR de triomphe reste assez iconique comme ça

Icarus
29/03/2023 à 17:19

A chaud, je dirais 3,1,4,2 :)

cinégood
29/03/2023 à 14:01

Chercher un scénario ou de la cohérence dans ces gunfight porn, c'est tellement ironique !

Birdy blasé
29/03/2023 à 13:27

Je ne parviens pas à comprendre comment digérer les facilités scenaristiques de cette licence.
J'hésite entre l'incompétence et le foutage de gueule complet.
Le mec trahit le code immuable de son job 3x, et galère ensuite à se faire pardonner en traversant le désert, pour tomber au hasard sur un gars qui l'absout.... Pour recommencer.
Tout est débile. De sa chute du toit qui le rend simplement cheaté et donc invincible au delà des règles logiques d'une gunfight.
Rien ne rend le héros attachant, en 4 films ils ont à peine esquissé le bonhomme. Le perso de Denzel Washington dans Equalizer est par ex bien plus intéressant.
Reste les cascades et une certaine esthétique tape à l'œil de clip.
Bah désolé, mais Tsui Hark a déjà fait 100x mieux dans Time and Tide.

Lougnar
28/03/2023 à 15:28

En plus dans le 1er c'est le seul ou Keanu Reeves nous donne de l'émotion avec l'arrivée de chien ect...

Loozap
27/03/2023 à 23:30

Pour moi tous ses films sont parfaits, je ne saurai choisir un parmis cette pléthore

Lougnar
27/03/2023 à 20:17

Le 1er sans hésité ! Car c'est moins kitsch. Dans le 2 il ce tire dessus dans le métro c'est ridicule car personne voit les impacts des bales ^^. Pas vu le 4
Elle est cool cette saga mais ça reste du sous The raid !

Eddie Felson
26/03/2023 à 23:52

Pour moi 1/2/4/3 mais je les aimes tous, certains plus que d’autres!