Les 10 Pires Suites de Slasher (Halloween, Souviens-toi... l'été dernier, Vendredi 13, Urban Legend...)

La Rédaction | 19 mars 2023
La Rédaction | 19 mars 2023

Halloween 6, Jack Frost 2, Freddy 3514684... Retour sur les pires suites jamais produites pour des slashers.

Depuis la fin des années 1970, ils déferlent sur nos écrans, grands ou petits. Après un âge d'or, une ère d'exploitation nauséeuse, un déclin et un retour en force méta, les slashers sont, contre toute attente, toujours capables d'attirer un large public. Les dernières itérations des sagas Halloween ou Scream en témoignent, les tueurs masqués sont increvables, leurs jeunes victimes toujours aussi stupides et certaines grosses licences ont été étirées plus que de raison.

Après notre sélection des meilleurs meurtres du genre, on s'attaque avec courage aux pires suites jamais produites par pur mercantilisme. Pour ce faire, on s'aventure dans les tréfonds des arcanes du DTV douteux pour y prélever des monuments de médiocrité, des insultes à des classiques du cinéma d'horreur ou des arnaques pures et simples. On vous garantit qu'il y a largement de quoi relativiser les ratages des derniers Scream et donner des envies de démission au rédacteur en chef d'Ecran Large en personne (lequel défend quand même la saga Resident Evil, pour vous donner un ordre d'idée). Et encore, il faut garder à l'esprit que cette liste, chronologique, est très, très loin d'être exhaustive.

 

 

1. Douce nuit, sanglante nuit 2

Sortie : 1987 (puis en 2005 en DVD en France) - Durée : 1h28

 

Douce nuit, sanglante nuit 2 : photo, Eric FreemanCadeau empoisonné

 

Les années 1980 regorgeaient déjà d'attrape-slasherophiles, mais difficile de faire pire – et de commencer moins fort – que Douce nuit, sanglante nuit 2, suite du film de saison de 1984. Le succès remarquable (il est sorti la même semaine que Les Griffes de la Nuit... et l'a battu sur cette période), mais bridé (les controverses autour de la promotion l'ont privé de salles de cinéma après quelques semaines d'exploitation) du film original a inévitablement engendré une franchise douteuse, dont il serait tentant de citer les derniers volets.

Certes, les opus 4 et 5 valent leur pesant de cacahuètes. L'Initiation, réalisé par nul autre que Brian Yuzna, est un délire antiféministe qui n'a proprement rien à voir avec le reste de la saga, bien qu'il comporte quelques effets gores réussis. Les jouets de la mort lorgne sur les Puppet Master... Mais aucun d'eux n'atteint le niveau d'indigence de la première suite, qui peut à peine prétendre au titre de long-métrage.

 

Douce nuit, sanglante nuit 2 : photoSouvenirs du dentiste

 

En effet, elle démarre par 40 minutes de remontage de Douce nuit, sanglante nuit, avec comme prétexte la séance de psychanalyse du frère du premier antagoniste, lequel développe évidemment aussi des pulsions meurtrières et une envie irrépressible de se glisser dans le manteau du père Noël. C'est exactement le même principe que les épisodes récapitulatifs de Friends – vous savez, ceux que vous passez automatiquement quand vous revoyez la série –, mais en deux fois plus long. Au moins, il s'agit d'un best-of des meilleurs moments, et par "meilleurs moments", on entend "tous les plans-nichons et toutes les mises à mort".

En cause : l'avarice de financiers anonymes, qui ont décidé de partir du principe que les trois ans qui séparent les deux films l'ont effacé de la mémoire collective. Ou alors, ils voulaient juste s'en mettre plein les fouilles à moindres frais (c'est l'hypothèse la plus probable). Ils ont donc alloué à peine dix jours de tournage au réalisateur Lee Harry, plus engagé pour ses qualités de (re)monteur que ses aptitudes de cinéaste, afin de compléter la deuxième partie du film, plus Z que Z.

 

Douce nuit, sanglante nuit 2 : photo, Eric FreemanQuand il ne reste plus qu'une seule rondelle de saucisson 

 

Tout juste peut-on retenir la performance hallucinée de Eric Freeman, bien conscient qu'il tenait là le seul rôle à peu près important de sa carrière. Le comédien surjoue le sadisme avec une fougue qui fait presque vraiment peur. Pas de quoi faire passer la pilule et minimiser la teneur de l'arnaque, mais la cinéphilie en milieu extrême nécessite parfois de se contenter de peu.

 

2. La fin de Freddy - L'ultime cauchemar

Sortie : 1991 (en salles !)- Durée : 1h45

 

La fin de Freddy - L'ultime cauchemar : photoLe story-board du film

 

Globalement, la saga des Griffes de la Nuit est plutôt divertissante. La mythologie a beau s'effriter passé le 3e opus et ce diable de Freddy a beau se maquiller un peu plus en clown à chaque épisode, les meurtres fantasmagoriques font plus ou moins passer la pilule. Du moins jusqu'au sixième, trop cynique pour être amusant.

Pourtant, il s'agit d'enfin tuer le boogeyman (avant sa résurrection méta dans Freddy sort de la nuit), afin que New Line, qui doit son succès à la franchise, puisse passer à autre chose. Le studio y arrivera d'ailleurs avec un certain Peter Jackson qui, à l'époque, loin de trucider de l'Orc, propose un scénario. Fort de son expérience sur Bad Taste et alors encore en train de concevoir son magnum opus Braindead, il imagine une histoire ou un jeune inconscient cherche volontairement à se confronter aux cauchemars du meurtrier, grâce à des somnifères. De toute évidence, le Néo-Zélandais cherche à pousser dans ses retranchements les préceptes de la saga. Une conclusion potentiellement plutôt maligne.

 

La fin de Freddy - L'ultime cauchemar : photo, Robert Englund"Quel est ton film d'horreur préféré ?" Pas celui-là...

 

Mais son texte est refusé, de même qu'un scénario mettant en scène le fils d'Alice Johnson et son alliance avec les Dream Warrior du 4. Finalement, Rachel Talalay et Michael De Luca poursuivent l'exploration douteuse de l'origin story de Freddy, qui plombait déjà l'opus précédent. Cette fois-ci, on ne découvre ni plus ni moins que son fils, qu'il aurait engendré avant son arrestation et dont il s'agit de découvrir l'identité. Le problème majeur de ce 6e film étant que cet arc narratif ultra bête contamine jusqu'aux scènes de fantasmagorie, celles qui sauvent généralement la saga. Il ne reste donc plus rien à se mettre sous la dent.

Enfin si, il y a la 3D, gimmick sur lequel misaient énormément les exécutifs de New Line et dernier clou du cercueil de Freddy. Littéralement. C'est très probablement à cause des impératifs de la 3D que cette séquence finale est aussi laide et inconséquente. Le plus gros crime de la Fin de Freddy est en effet d'avoir bâclé la fin en question, humiliant le boogeyman une dernière fois avant de l'envoyer aux oubliettes pour de bon. Un faux baroud d'honneur et un vrai mauvais film, peut-être le seul de la licence (excepté le remake, bien entendu).

Notre classement des Freddy

 

3. Le Bal de l'horreur 4 : Délivrez-Nous du Mal

Sortie : 1992  (en vidéo, enfin on suppose) - Durée : 1h32

 

Le Bal de L'horreur 4 - Délivrez-Nous du Mal : photo"Aucun de ces mots n'est dans la bible"

 

Le Bal de l'horreur (Prom Night), c'est un slasher de 1980 réalisé dans le sillage du succès d'Halloween, à l'initiative de l'un de ses producteurs, Irwin Yablans, ainsi que du réalisateur Paul Lynch. Aujourd'hui, il est surtout connu pour avoir mis en scène une Jamie Lee Curtis à peine remise de sa révélation par Carpenter. Le film est honnête, mais oubliable, quoique parfois amusant, notamment grâce à son casting justement (une bande de trentenaires censée interpréter des adolescents presque majeurs).

Dès le deuxième opus, la saga a pris une tournure dont beaucoup de ses concurrents directs auraient dû s'inspirer : plutôt que de capitaliser sur les personnages et les situations de l'original, Le Bal de L'horreur 2 : Hello Mary Lou ne recycle que le thème général, autour duquel il brode une autre histoire. Idée reprise par le troisième volet, carrément titré Dernier baiser avant l'enfer chez nous et déjà bien moins réussi. Mais aucun n'est aussi stupide que Le Bal de L'horreur 4 - Délivrez-Nous du Mal, qui surfe cette fois-ci sur la médiatisation des dérives de l'Église catholique.

 

Le Bal de L'horreur 4 - Délivrez-Nous du Mal : photoLa croix dans le décolleté : une belle métonymie

 

On suit donc en parallèle une jeune femme bien sous tous rapports, catholique convaincue, et un prêtre ayant viré psychopathe fanatique et meurtrier – un cas de possession selon ses collègues. Et forcément, les deux facettes de la pièce religieuse vont finir par s'affronter dans un dernier acte mou du genou. Passé ce concept amusant et les séances d'auto-flagellation folkloriques de l'homme d'Église, il ne subsiste plus que des meurtres gentillets et surtout pas très originaux.

C'est plutôt lorsqu'il tente maladroitement de mettre à l'épreuve la moralité chrétienne de son héroïne que le film vire au nanar absurde, surtout quand il tente de parodier avec une bonne dose de puritanisme la lubricité des slashers de la même époque.

 

Le Bal de L'horreur 4 - Délivrez-Nous du Mal : photoI kick ass in the name of the looord

 

On vous conseille la scène de la fausse drague lesbienne, qu'on croirait issue d'un porno des années 80 écrit par un cinquantenaire la main dans le calebar. Twist : rien de péché ici, la TRÈS BONNE AMIE cherchait juste à éprouver l'hétérosexualité de sa camarade dévote. Heureusement, celle-ci ne tombe pas dans ce vil piège. L'honneur est sauf... et le spectateur a eu le temps de se rincer l'oeil. Pratique. Dans une autre scène, les personnages trinquent "à Jamie Lee Curtis". Un clin d'oeil à peu près aussi subtil que le cynisme du film, qui cherche surtout à titiller la corde de la provocation antireligieuse, sans trop heurter la sensibilité de l'Oncle Sam... ni les pulsions de ses spectateurs. Cohérence morale, quand tu nous tiens.

 

4. Jason va en enfer

Sortie : 1993 (en vidéo, évidemment) - Durée : 1h29

 

Jason va en enfer : photoT'es là...

 

Après Manhattan et avant l'espace, Jason va donc... en enfer. Ça donne envie, n'est-ce pas ? Sauf que faute de moyens, les producteurs et scénaristes ont misé sur l'approche sartrienne : l'enfer, c'est les autres et notre bon vieux Jason Voorhes va se mettre à posséder les corps de personnages aléatoires plutôt que d'emmener le spectateur dans le tartare des serial killer. La saga ne lésine d'ordinaire pas sur les titres mensongers, mais la déception engendrée par Jason va en enfer rend honneur au philosophe français et plus particulièrement à son oeuvre la plus célèbre : La nausée.

Il s'agit donc d'un film Vendredi 13... sans sa vedette, du moins pas en chair et en os. Ce sacré pied de nez était déjà plus ou moins l'enjeu de l'un des volets les moins appréciés de la franchise, Une Nouvelle terreur, mais il était à l'époque au moins au service d'un twist amusant. Ici, le célèbre boogeyman apparait approximativement une grosse dizaine de minutes à l'écran, laissant à des personnages bien moins amusants la tâche de trucider leurs semblables.

 

Jason va en enfer : photo...T'es plus là

 

En découle une partie de loup-garou menée par un narcoleptique et constituée à 95 % de personnages moins intéressants que le villageois de base. On lui pardonnerait presque sa mauvaise idée et sa roublardise si les meurtres étaient un tant soit peu originaux. C'était pourtant une occasion en or de varier un peu les méthodes de l'antagoniste... Il n'en est rien, et c'est d'autant plus dommage qu'après les errements des derniers opus de la saga, il y avait un boulevard pour se rabattre sur le Grand Guignol.

La réalité, c'est que cette approximation filmique est la conséquence d'un beau bordel et de la volonté de New Line de faire s'affronter Freddy et Jason. Suite aux scores décevants des derniers opus de la saga, Paramount lui a vendu les droits du personnage. Sauf qu'avant d'organiser la rencontre, le studio voulait l'annoncer dans un autre film, qu'il aurait proposé à John McTiernan et Tobe Hooper. Mission accomplie, ou presque : on ne retient du long-métrage que son cliffhanger final.

Vendredi 13 : la meilleure mauvaise saga de slashers ?

 

5. Halloween 6 : La Malédiction de Michael Myers

Sortie : 1995 (en vidéo, évidemment) - Durée : 1h28

 

Halloween 6 : La Malédiction de Michael Myers : photoLe fils du masque

 

Michael Myers, c'est le mal absolu. Un mal sans motivation, sans raison, sans contexte. Comme ce bon vieux John Carpenter n'a cessé de le répéter, c'est ce qui l'a rendu aussi terrifiant. Son masque blanc reflète un minimalisme meurtrier, une force brute de destruction auxquels il est de fait impossible d'échapper. D'ailleurs, quand Rob Zombie a réalisé son remake, il a pris soin de ne pas empiéter sur les plates-bandes du maitre, créant sa version alternative du personnage.

Mais le minimalisme ne sied guère à l'exploitation de franchise. Dès Halloween 2, une dynamique familiale allant à l'encontre de la caractérisation (ou plutôt du manque de caractérisation) du tueur est insérée au forceps. Heureusement, il restait quelques idées de mise en scène, de suspens, ainsi que plusieurs meurtres mémorables. Qualités progressivement absentes des suites ultérieures, de moins en moins respectueuses du film de Carpenter... jusque ce sixième opus, qui se vautre avec délectation dans le n'importe quoi et exacerbe tout ce dont Michael avait besoin de se passer.

 

Halloween 6 : La Malédiction de Michael Myers : photoPas une lumière

 

Tout y passe, du fils caché chelou (décidément le dernier ressort de beaucoup de sagas en perte de vitesse) à l'origin-story nébuleuse, qui tente tant bien que mal de rationaliser et expliquer le fameux "mal" qu'incarne Michael à grand renfort de délires sectaires druidiques et références à Samain. Avec comme fil rouge Tommy, l'enfant gardé par Laurie à l'époque, devenu entretemps obsédé par son alter ego maléfique. Et ce ne sont pas la dernière apparition de Donald Pleasance et l'une des premières apparitions du sympathique Paul Rudd qui arrangent les choses.

Sans surprise, ce sacrilège approximatif est la conséquence d'un nombre incalculable de réécritures et de tâtonnements en coulisses, jusqu'à une projection-test désastreuse imposant des reshoots improvisés et un remontage agressif. La production catastrophique d’Halloween 6, sous la houlette de Dimension-Miramax et des Weinstein – les grands fossoyeurs de sagas d'horreur de la fin des années 1990 (Hellraiser, c'est eux aussi) – explique probablement cette facture technique au rabais, ce montage anarchique et les errements sans queue ni tête de la narration.

 

Halloween 6 : La malédiction de Michael Myers : photo Paul RuddUn film un peu Rudd

 

Pour certains, ce n'est même pas le pire Halloween, puisque l'abominable Halloween : Resurrection de 2002 lui tient sans problème la dragée haute. Difficile de trancher entre l'improbable élucubration mythologique et le DTV indigne, mais la première est clairement plus intéressante à décortiquer. Et le grand perdant dans tout ça, c'est bien ce pauvre Michael, qui revient de très, très loin.

Notre classement des films Halloween

 

6. Jack Frost 2 : Revenge of the Mutant Killer Snowman

Sortie : 2000 (quelque part) - Durée : 1h31

 

Jack Frost 2: Revenge of the Mutant Killer Snowman : photoUne inspiration Gremlins assumée

 

Le premier Jack Frost étant connu pour avoir inspiré l'une des jaquettes DVD les plus laides des années 2000 (ce qui n'est pas peu dire) plutôt que pour son humour régressif, on était loin de se douter qu'il avait engendré une suite. Et pourtant, Jack Frost 2: Revenge of the Mutant Killer Snowman remet en scène Christopher Allport, le héros du précédent film désormais hanté par le souvenir du bonhomme de neige tueur et moqué par son entourage. Celui-ci va finalement lui donner raison lorsque Jack Frost, d'abord réduit à l'état de simple carotte, se met à trucider les habitants de l'ile tropicale où il s'est réfugié.

Les néo-slashers parodiques en DTV ont trouvé leur maitre : Jack Frost 2 est la compilation ultime de fautes de gout volontaires, sublimées par une patine quasi amateur (ah... ces scènes de dialogue) et des effets spéciaux dignes d'un remake breton de Bioman. Les vannes de son prédécesseur tombaient pour la plupart à plat, le confinant au domaine de l'oubliable. Celles-ci sont si outrageusement ramollies du bulbe (pour ne pas dire méga-beauf) qu'elles viennent à bout du plus aguerri des cinéphiles.

 

Jack Frost 2: Revenge of the Mutant Killer Snowman : photoDes effets spéciaux numériques avant-gardistes

 

En témoigne cette scène hallucinante où une modèle se fait photographier en maillot de bain et pioche dans un bac à glaçon pour se durcir les tétons. Or, Jack s'est réincarné en glaçon, justement. Et le réalisateur Michael Cooney (scénariste du Identity de Mangold, si si) de nous gratifier d'un plan subjectif complètement lunaire, agrémenté des commentaires lubriques dudit glaçon pervers. Du grand cinéma, à n'en point douter, où se baladent par ailleurs en arrière-plan Doug Jones et Ian Abercrombie.

Heureusement, ou pas, à vous de voir, le troisième opus de la saga Jack Frost n'a jamais vu le jour. Le metteur en scène avait pourtant des idées : "Il devait y avoir un Jack Frost géant", avouait-il à JustinBeahm.com. "À la fin du 2, il y a ce cri : Jackzilla, Jackzilla ! Et cette carotte géante tombe sur le bateau. Le prochain commençait 10 ans plus tard et le gamin a grandi. Ça devait se passer en ville et Jackzilla, ce bonhomme de neige géant, attaque un gratte-ciel, l'enveloppe et tue des gens en passant par l'aération et tout ça." Parfois, il faut savoir se souvenir de son budget.

 

7. Urban Legend 3 : Bloody Mary

Sortie : 2005 (en vidéo, évidemment) - Durée : 1h33 de trop

 

Souviens-toi... l'été dernier 3 : photoBloody Merdique

 

On reconnaît une mauvaise suite quand on a besoin de relire le titre pour vérifier qu'on est bien dans cet univers. C'est le cas d'Urban Legend 3 : Bloody Mary, "suite" des sympathiques Urban Legend et Urban Legend 2, qui a décidé de balayer tout le principe des légendes urbaines qui servent de couverture à des tueurs (avec un jeu sur le réel/artificiel explicité dans la suite, où des étudiants en cinéma font un film d'horreur). Ici, c'est donc un vrai fantôme qui s'attaque à une bande d'ados.

Alors oui, c'est le fantôme de Bloody Mary, que Brenda et Natalie essayaient d'invoquer pour rigoler dans le premier Urban Legend. Oui, ça s'amuse avec des légendes urbaines, comme celle de la léchouille sous le lit. Eh oui, il y a un personnage de femme afro-américaine-grande-gueule qui est clairement une mauvaise copie de celui de Loretta Devine, présente dans les deux Urban Legend (il y a même la référence à Pam Grier, au cas où ce n’était pas clair). Mais il en faudra plus pour ne pas se demander d'où sort ce vieux DTV où se sont perdues la réalisatrice Mary Lambert (Simetierre version 1989) et la talentueuse Kate Mara. DTV qui cumule le cheap grandiose des années 2000 (les effets de flash lumineux, les accélérés honteux, les araignées en CGI).

 

Urban Legend 3 : Bloody Mary : photoL'équipe qui règle ses comptes avec Mathieu, responsable du dossier

 

Entre les personnages évidemment épais comme les hommes-sojas d'Ecran Large et les apparitions de Bloody Mary dignes de nos courts-métrages de critiques frustrés (dans un miroir, au milieu de la route, dans un flash lumineux, à la TV), Urban Legend 3 oscille entre le sous-Candyman et le sous-Destination finale, avec une Bloody Mary qui provoque des hallucinations et des accidents. En parallèle se déroule une enquête absolument passionnante, ponctuée de flashs, qui permettent de répéter en boucle ce que la scène d'intro avait déjà montré, jusqu'à un twist final qu'on a déjà oublié.

Le seul plaisir reste évidemment de compter les morts ridicules et éventuellement drôles (possiblement grâce à un sursaut de désespoir): un bouton d'acné qui cache une montagne d'araignées CGI dégueulasses ; un mec qui gît sur le bitume avec son entrejambe fumante après avoir pissé contre une clôture électrique ("La vache, sa bite a littéralement cramé !") ; un monsieur qui finit carbonisé dans une cabine à UV (c'était après Souviens-toi... l'été dernier 2, mais juste avant Destination finale 3). Mais ne vous méprenez pas, Urban Legend 3 (aussi appelé Urban Legends – rires) reste surtout affreusement nul, avec des scènes tellement molles et moches que ça redonne mille couleurs de cinéma à des choses comme 13 fantômes.

 

8. Souviens-toi... l'été dernier 3

Sortie : 2006 (en vidéo, évidemment) - Durée : 1h32 et 1h20 de trop

 

Souviens-toi... l'été dernier 3 : photoDis-moi que t'es un DTV sans me dire que t'es un DTV

 

Même un fier enfant des années 90 aura du mal à sérieusement défendre les amusants Souviens-toi... l'été dernier et Souviens-toi... l'été dernier 2, mais ils avaient au moins une qualité : ils faisaient vraiment semblant d'y croire. Il y avait tous les archétypes, tous les codes, des talents à l'écran, et un effort pour emballer d'irrésistibles scènes de pur slasher (pensée pour toi, Helen). Tout le contraire de Souviens-toi... l'été dernier 3, où tout le monde a décidé de s'en foutre.

Bienvenue donc dans une de ces suites qui n'a aucun rapport avec le reste, puisque le seul lien est l'histoire du pêcheur, dont les héros parlent au début du film comme d'une légende urbaine. Exit Julie et ses copains, place à un nouveau groupe encore plus transparent (comprenez : des acteurs et actrices de troisième zone) qui s'amuse à mettre en scène un faux meurtre avec un faux pêcheur... sauf que la blague se termine par une mystérieuse vraie mort.

Un an après, alors qu'ils ont décidé de garder le secret, quelqu'un leur envoie des SMS pour rappeler le titre du film original ("Je sais ce que tu as fait l'été dernier"). Et alors qu'ils commencent à être tués, on constate que le pire est arrivé : cette suite transforme le pêcheur en zombie-boogeyman increvable, un peu comme un Candyman qui aurait été invoqué par des inconscients (et comme Urban Legends 3).

 

Souviens-toi... l'été dernier 3 : photoY'avait-il des personnes sobres sur ce film ?

 

En plus de porter toutes les tares de son époque (effets de flash/accélérés atroces, musique ridicule, lumières qui clignotent À CHAQUE FOIS que le tueur s'attaque à quelqu'un), Souviens-toi... l'été dernier 3 est d'une nullité extrême puisqu'il passe à côté de tout, tout le temps. Le niveau de suspense se situe sous le niveau de la mer, et les morts banales s'enchaînent – ils ont même osé s'inspirer d'une scène d'Urban Legend, dans la piscine.

Seule lueur d'espoir qui permet d'en rire : la dernière ligne grand-guignolesque, avec un flic empalé sur un transpalette et la révélation de la nature du tueur (tout droit sorti d'un téléfilm Frankenstein, mais avec des yeux rouges et du sang noir), qui finit avalé par une moissonneuse-batteuse.

Dans tous les cas, tout semble avoir été écrit-filmé-produit-sorti en quatrième vitesse, ce qui est le cas puisque le réalisateur original a été viré deux semaines avant le tournage, pour être remplacé par le français Sylvain White. Vous ne savez pas qui c'est ? Vous devriez, puisqu'il a aussi commis le film Slender Man (qui est un Kubrick à côté de cette daube). En même temps, la connerie du titre original de ce troisième opus ("Je me souviendrai toujours de ce que tu as fait l'été dernier") était un indice.

 

9. Reeker 2 - No man's land

Sortie : 2008 (en vidéo, sans surprise) - Durée : 1h28

 

Reeker 2 - No man's land : photoOn se fend la gueule

 

Qui se souvient de Reeker, slasher fantastique sorti en 2005 dans nos salles après un passage à Gérardmer et défendu par la presse spécialisée française ? Et qui se souvient de sa suite, sous-titrée No man's land (No Man's Land: The Rise of Reeker en VO) et cette fois directement échouée dans les bacs de DVD ? C'est pourtant le dernier long-métrage en tant que réalisateur de Dave Payne, déjà metteur en scène du premier opus et autrefois connu, entre autres, pour Alien Terminator et un téléfilm La Famille Addams à la sinistre réputation.

Dans les faits, cette suite reprend le principe et les singularités de son prédécesseur (qui ont bien mal vieilli, il faut le dire), à savoir un décor désertique, des personnages abrutis échoués au milieu de nulle part et surtout un boogeyman qui glitche comme un PNJ de Cyberpunk 2077. Une fois de plus, la plus grosse scène gore intervient dans l'ouverture et une fois de plus, la mise en scène peine à suivre le concept, sans pour autant autant rayer le cristallin que d'autres séries B de la même période. Un bête copier-coller ? Oui, et c'est bien là son principal défaut.

 

Reeker 2 - No man's land : photoPresque expressionniste malgré lui

 

Car le premier film comptait beaucoup sur son twist, certes pas original pour un sou, mais assez bien amené pour lui donner une identité. La suite refait peu ou prou la même chose... sans l'effet de surprise. Bien conscient de ce handicap initial, Payne assume d'éventer vaguement le mystère à la moitié... sans jamais abandonner la structure de 2005 ! On suit donc, désespérés, une intrigue qui n'a plus rien pour elle, sinon peut-être une exploration timide des origines de l'antagoniste, de fait un poil moins mystique.

D'où la mise en avant de ce sous-titre sur tous les visuels officiels : Reeker 2 s'adresse à la fois aux spectateurs du 1 qui s'ennuient un dimanche soir et aux curieux qui n'ont pas compris qu'il s'agit d'une suite. Pas la pelloche la plus honteuse de cette sélection, mais un douloureux rappel que le renouvellement des enjeux est souvent ce qui manque aux excroissances les plus oubliables du genre.

 

10. Sleepaway Camp IV: The Survivor

Sortie : 2012 (en vidéo, puis en VHS bien sûr) - Durée : 1h10

 

Sleepaway Camp IV: The Survivor : AfficheLa dernière ligne est importante

 

Incroyable, mais vrai : Douce nuit, sanglante nuit 2 n'est pas le seul slasher à recycler en quantités industrielles les meilleures scènes de films antérieurs. Le cas de Sleepaway Camp IV: The Survivor – proprement délirant – est cependant moins la conséquence d'un cynisme commercial qu'un symptôme de dévotion aigu de la part des fans de cinéma d'horreur. À moins qu'il s'agisse d'un savant mélange des deux. Jugez plutôt.

Sleepaway Camp IV est donc le quatrième volet de la saga Sleepaway Camp, connue en France sous le titre Massacre au camp d'été. Une saga lancée après un premier film parmi les plus originaux de la vague des slashers post-Vendredi 13, notamment grâce à un twist ultra-douteux, mais extrêmement bien mis en valeur. Les volets 2 et 3 furent tournés à la suite dans la deuxième partie des années 1980. En 1992, un quatrième long-métrage fut écrit par Tommy Clohessy, sur le même modèle que Douce nuit, sanglante nuit 2.

 

Sleepaway Camp IV: The Survivor : photoCouteau : check. Sous-vêtements : check.

 

Dans le traitement original, trouvable en ligne, il est spécifié que le personnage d'Allison souffre de cauchemars, qui lui font revivre les évènements des opus précédents. Une bonne excuse pour une fois de plus compiler les scènes de meurtre (et les scènes de nudité bien sûr) déjà tournées. Ensuite, notre héroïne revient sur les lieux du traumatisme, et l'horreur continue, devant la caméra de Jim Markovic. Sauf que suite à la banqueroute de la boite de production Double Helix Films, seules quelques dizaines de minutes furent filmées. L'histoire aurait pu s'arrêter là, et Sleepaway Camp IV aurait pu (dû ?) ne jamais exister, si le mordu de la franchise John Klyza n'en avait pas fait une affaire personnelle.

En 2002, il a retrouvé les rushs originaux et les a inclus en bonus du coffret DVD. Mais il ne s'est pas arrêté là. Tandis que le réalisateur du premier film Robert Hiltzik montait son propre "requel", Blood Camp, devançant Halloween et autres Scream de plus de 10 ans, Klyza, avec l'appui de Markovic et Fangoria, engageait un technicien pour remonter le long-métrage perdu, incorporant des effets sonores approximatifs et quelques CGI atroces, histoire de donner un intérêt à ces quelques rushs à peine exploitables. Les 1h10 de film est bien sûr complétée par des images des précédents Massacre au camp d'été.

 

Sleepaway Camp IV: The Survivor : photoUn pamphlet anti-chasse

 

Le résultat est une sorte d'improvisation visuelle tout juste regardable, traversée d'arrangements qui versent dans le nanar pur (la pauvre Carrie Chambers qui bronze sur un ponton pendant la moitié du film, avec sa voix off en fond). Le montage est logiquement abominable, redécoupant parfois à sa guise les scènes originales, et le mixage sonore plus qu'aléatoire. L'ensemble a à la limite le mérite d'exhumer certaines scènes amusantes de la saga, notamment les multiples références ironiques du 2. Pour le reste, c'est surtout une expérimentation improbable tout juste bonne à figurer dans ce genre d'articles... et au panthéon des pires slashers.

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commentaires
Le vengeur
21/03/2023 à 08:49

@ maxibestof

T'as pas vu le 4,5,6 et 7 mais tu vas voir au cinéma le remake ? Kezako ?!

Freddy 3 est-il considéré comme une suite supérieure a l'original ? Qu'es ce que le 1 a de plus sinon ?

Maxibestof
20/03/2023 à 13:17

@ Le Vengeur
Bof, Freddy 3 n"est pas non plus un chef d'oeuvre, je trouve juste qu'il est pas si mal et est une bonne suite du premier. Par contre le 2 est très très mauvais.. pas vu le 4-5-6-7 ! Mais je me suis infligé l'ignoble remake lors de sa sortie au cinéma.
Mais c'est pour ça que je dis qu'Ecran Large aurait peut être dû citer le 2 qui selon moi est déjà une torture, pas la peine d'attendre le 6.

Au secours
19/03/2023 à 18:54

Y a combien de bonnes suites de slasher ?
Je sais même pas si un seul V13 est jugé bon par les critiques, peut être le premier, pas sur...
Halloween, a part l'original le reste est probablement perçu comme catastrophique, surtout les suites narratives du 2 ainsi que les remakes, même le 2018 est juste passable.
Texas chainsaw alors la n'en parlons même pas...

Le vengeur
19/03/2023 à 18:52

@ maxibestof


Tu aimes freddy 3 mais que penses tu du 4,5,6 ? Et le 7 et le remake ?

Combien de freddy sont considérés réussi ?

Maxibestof
19/03/2023 à 17:51

Freddy 2 était déjà ultra nase (le 3 est une bien meilleure suite), Souviens toi l'été dernier 2 est une bouse (avec le personnage de Jack Black horrible, on n'a qu'une hâte c'est qu'il se fasse buter rapidement), et Urban Legend 2 très mauvais.

Cydje
19/03/2023 à 16:34

Eh ben :)
Ça fait relativiser au sujet de Scream/ScreamVI, qui pour des 5e et 6e épisodes de saga, ne sont vraiment pas mal du tout!! On a quand même toujours une qualité de casting (le choix et leur jeu), une qualité de mise en scène (des partis-pris et des défauts mais quand même), une qualité dans les meurtres (tension, brutalité, originalité…)

Bref! Pour Souviens-toi l’Été dernier 3, il me semble bien que c’est une des plus grosses déceptions pour moi, je savais pas à quoi j’allais avoir droit… et puis j’ai vu la série Amazon, et finalement ce petit film de merde paraît sympathique haha

Ah Urban LegendS …. Qu’elle bouse!!!! Et à cause de ce film j’ai jamais pu blairer Kate Mara, alors que je reconnais son talent…

Pour Slender Man je l’avais trouvé plutôt honnête, pas de grosse ambition et pas un raté complet

lot
19/03/2023 à 16:22

Il y a ce n est pas une suite c est vrai..."Massacre au drive in" de.1977 qui fait passer tous les films de la selection pour les "dix commandements et Ben hur reunis"certes c est peut etre un peu exagere...mais ce slasher est a lui seul une erreur de la Nature...

Mx
19/03/2023 à 15:00

Perso, je garde un souvenir très sympa de Jason va en enfer, l'ouverture, le gore, le gunfight dans le dînner, très sympa, c'est trèsssssssss loin d'être l'épisode faiblard de la franchise, clairement...