Chasse à l'homme : quand John Woo tentait de pirater l'action hollywoodienne

Marvin Montes | 2 mars 2023
Marvin Montes | 2 mars 2023

Avec Chasse à l'homme, John Woo débarque sur les terres hollywoodiennes quatre ans avant son très populaire Volte-Face, et s'associe avec l'icône Jean-Claude Van Damme pour une curieuse relecture des Chasses du comte Zaroff, aussi bancale qu'enthousiasmante.

En 1992, John Woo mettait un terme au premier arc de sa carrière hongkongaise avec l'immense À toute épreuve, explosion terminale en forme d'adieu à la colonie anglaise, et de solide carte de visite à l'attention de l'industrie hollywoodienne. Assez éloigné de l'extrémisme mélodramatique d'un The Killer, le dernier grand succès du duo formé par Woo et Chow Yun-Fat digérait parfaitement les influences occidentales du cinéaste pour les infuser dans son spectaculaire polar urbain.

Les incertitudes liées à la future rétrocession de Hong Kong vers la Chine, combinées aux appels du pied répétés d'une sphère de l'action hollywoodienne en plein essoufflement poussent le roi de l'Heroic Bloodshed à envisager la suite de sa carrière au pays de l'oncle Sam. Même si le parcours américain de Woo est émaillé d'échecs cuisants (Broken Arrow et Paycheck en tête), le réalisateur reste le seul à avoir réussi à combiner de manière miraculeuse les approches hongkongaises et états-uniennes de l'action, le temps d'un instant suspendu dénommé Volte-Face

Pourtant, même si le western surréaliste opposant John Travolta et Nicolas Cage est souvent cité – au même titre qu'un Mission : Impossible 2, qui a ses défenseurs – pour illustrer cette nouvelle étape de la carrière de Woo, il existe un autre film, une capsule d'incompatibilité flamboyante qui préfigure toutes les difficultés rencontrées par le metteur en scène en territoire américain. Ce long-métrage, qui porte malgré tout la marque – imposée dans la douleur – de la légende de Hong Kong, c'est Chasse à l'homme.

 

Chasse à l'homme : photo, Jean-Claude Van Damme, Yancy ButlerIl est temps de partir

 

Il était une fois en Amérique

Avant l'arrivée de John Woo, Chasse à l'homme est déjà un projet délicat. Pensé par le scénariste Chuck Pfarrer (aussi bien capable d'écrire Darkman que Barb Wire ou Le Chacal) comme un (vague) remake des Chasses du comte Zaroff, le projet est dans un premier temps promis à Andrew Davis (déjà responsable de Nico et Piège en haute mer), mais le réalisateur abandonne rapidement. En débarquant à Hollywood, Woo refuse plusieurs scripts – dont celui de Volte-Face, à l'époque toujours un projet de science-fiction – avant de tomber sur celui de Pfarrer, qu'il décrit comme une histoire simple et à sa mesure. La machine est lancée. 

John Woo souhaite en premier lieu faire appel à Kurt Russell pour interpréter son héros, mais l'acteur n'est pas disponible. La compagnie Universal, qui produit le film, souhaite de son côté l'apport de Jean-Claude Van Damme. Coup de pouce du destin (du moins, on aurait pu l'imaginer), l'acteur belge est un grand admirateur de Woo, et plus généralement du cinéma HK. La collaboration entre les deux hommes fera des étincelles, pour le meilleur et pour le pire.

 

Chasse à l'homme : photo, Lance Henriksen, Arnold VoslooLes chasses du comte Fouchon

 

C'est donc le musculeux Bruxellois qui hérite du rôle principal de Chasse à l'homme. Dans la foulée du succès de Cavale sans issue, Van Damme tente de s'illustrer dans un registre plus dramatique, en laissant de côté le cinéma d'arts martiaux pur. Il ne le sait pas encore, mais il se dirige doucement vers la fin de l'état de grâce de sa carrière, entamé avec Bloodsport en 1988.

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commentaires
Chryslegrand
29/11/2023 à 05:57

Perso j'ai beaucoup adoré ce film que j'ai maté plusieurs fois. Des dialogues qui font mouches et les acteurs qui ne surjouent pas . Et même si de fois Woo abusent des ralentis,mais apparemment c'était aussi sa marque ( avec les colombes) ça reste un de mes films préférés

Yeah!
03/03/2023 à 14:21

Un film comme on les aime

Mx
03/03/2023 à 11:38

Ray, toi t'es mon pote, sa fait plaisir de parler à un connaisseur!!

oui, pur souvenir de vidéo club, en vhs, et quel casting, rutger hauer, charles "Alien 3" s dutton, f murray abraham, garu busey, ice-t, william mc namara, john mc ginley, bon sa calme!!

en ce moment, ils sont en train de demander aux internautes leurs suggestion pour les prochaines vhs box, une belle édition pour ce film serait la bienvenue!!

Ray Peterson
02/03/2023 à 21:31

Un bon John Woo et un Van Damme plutôt crédible avec accent siouplait. La SQ de fin avec les éléments de fête foraine en enfer est magnifique de poésie... Même si y a des colombes.
Lance Henriksen et Arnold Vosloo sont superbes.

@Mx, Que La Chasse Commence, un vrai film de bonhomme avec un casting de bonhomme et une réalisation de bonhomme. Série B quand tu nous tient!!! Un plaisir du samedi après-midi après visite du vidéoclub!

Marvin Montes
02/03/2023 à 16:59

@arnaud (le vrai)

C’est une légère distorsion de l’histoire je dirais.
L’admiration de van Damme pour le cinéma de Hong Kong était réelle (il avait déjà rencontré Woo) mais il n’a débauché personne de l’archipel. Chasse à l’homme n’était pas un projet promis à Woo, loin de la.

Arnaud (Le vrai)
02/03/2023 à 15:09

J'adore ce film de Woo, sur certains points je le mettrai meme devant Volte-Face.

Par contre j'ai toujours cru que c'etait Van Damme qui etait allé chercher Woo pour realiser le film, de ce que vous dites c'est pas vraiment le cas. Legende urbaine ?
Quid de Ringo Lam et Tsui Hark ?

Bref un film genial, avec un style particulier et qui peu deplaire, mais que perso j'adore. Lance Henriksen au top, Arnold Vosloo bien charismatique et Van Damme badass a mort qui ne surjoue pas. Bref j'adore ce film
Je vais aller le remater tiens

Mx
02/03/2023 à 13:26

Et puis les scènes cultes, le serpent, les répliques "on est à la nouvelle-orléans, monsieur zenan, pas à beyrouth!"

"randal, je repasse ici, je me coupe un steak!!"

Mx
02/03/2023 à 12:24

Un film mal compris dans la carrière du maestro, mais malgré les compromis, une excellente série b a l’ancienne, ou l’action est magnifiée, on sent bien le style qui a fait sa réputation, c’est hyper fluide, les flingues sont encore filmés avec fétichisme, le film ne dure pas trois plombes, van dame avec sa coupe mulet et sa chemise, c’est culte, yancy butler est toute mimi, et le duo henrisken-vooslo composé une paire de bad Guy délicieusement sadique.

Le final est un grand moment , tout comme l’ouverture, du western à la nouvelle Orléans, très bonne édition vhs box chez esc récemment.

Un petit dossier sur que la chasse commence!, avec rutiler hauer, pourrait suivre.