La bête aveugle : le véritable 50 Nuances de Grey

Clément Costa | 25 février 2023
Clément Costa | 25 février 2023

Classique du cinéma transgressif, La bête aveugle de Yasuzo Masumura nous plonge au cœur d’une romance extrême. Mais le film est bien plus qu’un choc gratuit.

Chez les amateurs de cinéma japonais, le nom de Yasuzo Masumura est généralement associé à un cinéma provocateur et sulfureux. Le cinéaste à qui l’on doit La Femme de Seisaku ou encore Tatouage s’est souvent intéressé aux romances malsaines, extrêmes, qui entretiennent un rapport étroit à la violence. Mais il trouvera probablement le sommet de ces thématiques en 1969 avec La bête aveugle, une œuvre aussi folle que subversive.

Il n’est pas compliqué de comprendre pourquoi le film a longtemps été entouré d’une réputation sulfureuse. En s’intéressant à une romance axée uniquement sur la notion de souffrance, Yasuzo Masumura signe un long-métrage dérangeant et fier de l’être. Il serait cependant plus que réducteur de ne voir dans La bête aveugle qu’un choc gratuit. Le film offre une réflexion passionnante sur le rapport à l’art, l’amour, mais aussi la place des femmes dans la société japonaise.

 

Tatouage : photoÀ la découverte d'une filmographie dangereuse

 

50 NUANCES (BEAUCOUP) PLUS SOMBRES

Ce qui frappe d’entrée de jeu dans La bête aveugle, c’est la facilité avec laquelle Yasuzo Masumura parvient à convoquer la plupart des arts majeurs en une seule œuvre. Dès la genèse du projet, on retrouve la littérature. Adepte régulier des adaptations littéraires, le cinéaste s’inspire cette fois-ci du roman éponyme du célèbre auteur Edogawa Rampo. Initialement réputé pour ses polars, Rampo est rapidement devenu une figure majeure du mouvement artistique ero-guro qui avait pour ambition de mélanger érotisme, horreur et commentaire politique acerbe.

Lors de sa publication en 1931, le roman avait déjà provoqué des réactions extrêmes chez ses lecteurs. Edogawa Rampo proposait une véritable plongée au cœur du mal, une étude approfondie de personnages à la psychologie déviante. Bénéficiant d’une liberté de ton encore plus grande, l’adaptation cinématographique poussera le vice bien plus loin. Avec le recul, la rencontre entre les écrits de Rampo et le cinéma de Masumura semblait inévitable tant les deux styles se marient à merveille.

 

La bête aveugle : photoUne héroïne au centre des regards

 

Le film convoque également la photographie. C’est d’ailleurs sur l’exposition d’un photographe que s’ouvre le récit. Et ce sera même par le prisme des photographies que l’on découvrira l’héroïne Aki Shima. Par la suite, Yasuzo Masumura bascule son intérêt vers la sculpture et nous enfermera pour la quasi-totalité du récit dans l’atelier de Michio Sofu, le sculpteur aveugle. Les décors grotesques et fascinants sont alors ouvertement présentés comme des œuvres d’art. On navigue dans l’obscurité, d’une œuvre à l’autre, dans un monde à la fois factice et hautement charnel.

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commentaires
yo
26/02/2023 à 12:13

on peut appeler ce film du vrai cinéma, photographie, montage, cadrage, jeux des acteur-rices,
on est dans l age d'or du cinéma japonais, à cette époque, vu les réalisateurs actifs au moment
c est normal en faite, la différence entre le cinéma japonais et français, c est que eux ils ont jamais laché l affaire, même mainteant, là fuat aller chercher les films en raw et faire sa propre traduction, vu que les éditeurs français ils suivent rien de rien.

Truc Bidule
26/02/2023 à 07:55

Ne connaissant pas les films, juste un petit commentaire sur le titre.
Même 9 semaines et demi est bcp plus sombre que 50 nuances de Grey pour dire qu'en soit ce n'est pas un exploit.
Et pour l'érotisme de 50 nuances, je pense qu'un épisode de Benny Hill (même 40 ans après) est bcp emoustillant pour un adolescent que le film