Prête à tout : Nicole Kidman, barbie barjo dans son premier grand rôle

La tornade Nicole Kidman ravage tout sur son passage dans Prête à tout, la comédie noire pas si mainstream de Gus Van Sant. Et vous n'êtes pas prêts !

Chez Gus Van Sant, on n'a pas franchement le vent en poupe ni la popularité de son côté. Sa filmographie est au contraire un refuge idéal pour les "outsiders" de tous bords, du nomade solitaire à l'élève mal dans sa peau. Chacun traîne son vague à l'âme comme un poète maudit façon Arthur Rimbaud ou Paul Verlaine. Lorsque le cinéaste accepte de réaliser Prête à tout sous le giron de la Columbia Pictures, on peine à croire que son esprit farouchement indépendant, à l'origine de films tels que Drugstore Cowboy et My Own Private Idaho, se conformera aux diktats du studio.

Et pourtant la greffe opère, tant Van Sant sait s'imposer avec une liberté aussi remarquable que celle de ses personnages. Pour Prête à tout, il adapte le livre éponyme de Joyce Maynard, lui-même inspiré d'un fait divers sordide, et révèle Nicole Kidman dans un rôle de tout premier plan ainsi qu'une tripotée de jeunes comédiens dont Joaquin Phoenix et Casey Affleck. Tout semble alors réuni, budget compris (20 millions de dollars), afin d'aboutir à un pur produit calibré. Mais en l'état, c'est peut-être bien l'une des satires les plus virulentes sur le miroir aux alouettes qu'est Hollywood.

  

Miss Stone et son chauffeur

 

MISS BULLDOZER

En quelques plans seulement, le réalisateur nous introduit à un petit havre de paix enneigé répondant au doux nom de Little Hope. On redoute alors la gentille fable de Noël quand soudain, tout se détraque. Des gros titres de presse à scandale emplissent l'écran à coups de zooms et dézooms, et l'on comprend très vite que la responsable de toute cette frénésie est Suzanne Stone (Kidman évidemment), accusée du meurtre de son mari, Larry Maretto (Matt Dillon). Et coupons court au suspense (fait divers oblige) : elle est archi-coupable.

Vanter les seuls mérites de Van Sant ici reviendrait à omettre l'apport évident du scénariste Buck Henry, qui s'est fait connaître en signant le scénario du Lauréat de Mike Nichols (plutôt solide comme entrée en matière), et le ton acerbe de Prête à tout lui doit beaucoup. Mais la star du film, celle qui brille réellement pour la première fois, c'est bien Kidman. "J'avais vu Nicole dans Calme Blanc […] et les films qu'elle avait faits avec Tom Cruise. Rien n'indiquait vraiment qu'elle était taillée pour le film. Mais elle était si enthousiaste et franche durant notre échange téléphonique; elle disait qu'elle était destinée à jouer ce rôle", racontait Van Sant dans une interview accordée au site IndieWire.

 

Non, vous ne voulez pas savoir ce qu'elle mijote