Astérix : tous les chiffres d'une saga chaotique (budgets, box-office, salaires...)

Astérix & Obélix contre César, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, Astérix aux Jeux Olympiques, Astérix & Obélix : Au service de Sa Majesté, Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu : les films Astérix coûtent cher (budgets, salaires...), et n'ont pas tous été de gros succès.

Avec son budget colossal de 65 millions d'euros, le nouveau film Astérix, réalisé, co-écrit et interprété par Guillaume Canet, est un événement pour l'industrie du cinéma français en 2023. C'est bel et bien un blockbuster français, à ranger notamment aux côtés des Luc Besson (la saga Arthur et les Minimoys, Jeanne d'arc, Le Cinquième Élément, et Valerian et la Cité des mille planètes tout en haut du podium du fric).

Néanmoins, ce n'est pas nouveau. Les films Astérix ont toujours coûté cher, et ont toujours eu besoin d'attirer un très large public pour être des succès. Et malgré les gros moyens et les grosse stars, ça n'a pas toujours été le cas.

Budgets et box-office, succès et non succès : retour sur le business des Astérix en prises de vue réelle (donc pas des 12 travaux d'Astérix, Astérix : Le Domaine des dieux et compagnie).

Retrouvez aussi notre classement des meilleurs et pires films Astérix.

"Hey pourquoi pas Squeezie dans le prochain Astérix ?"

Astérix & Obélix contre César

• Sortie : 1999
• Budget : 41,8 millions d'euros
• Box-office : 8,9 millions d'entrées
• Bilan du business : très beau succès

Les Bronzés font du cosplay

En 1999, Astérix & Obélix contre César était un gros pari pour tous les gens impliqués. Lancée avec le soutien d'Albert Uderzo mais avec quelques conditions (notamment Gérard Depardieu en Obélix), le film a mobilisé une armée de financiers, entre la France (notamment Pathé, TF1, Canal+), l'Allemagne (d'où la présence de quelques acteurs allemands) et l'Italie.

A l'époque, ce film à presque 42 millions d'euros était donc l'un des plus chers de toute l'histoire du cinéma français. Et le film a eu son lot de soucis, avec notamment Daniel Auteuil qui s'est désisté et Christian Clavier qui l'a remplacé, puis Depardieu qui a eu un accident de moto en plein tournage (résultat : 40 jours d'arrêt).

Astérix & Obélix contre César a logiquement été vendu comme un événement. Le film est sorti en février 1999 sur 780 écrans, soit une sortie massive (Star Wars : La Menace fantôme est sorti sur 793 écrans quelques mois après). Il est resté à la tête du box-office pendant cinq semaines, et plus de deux mois en salles.

Les Visiteurs Begins

Avec 8,9 millions de spectateurs, le film était de loin le plus gros succès de 1999, devant Tarzan de Disney (7,8 millions), Star Wars : Episode I - La Menace fantôme (7,3 millions), Matrix (4,7 millions) et Coup de foudre à Notting Hill (4,5 millions). Uderzo a aussi affirmé que le film avait rassemblé plus de 14 millions de personnes à l'international (notamment 3,5 millions de spectateurs en Allemagne, 3 millions en Espagne, et 2 millions en Italie).

Encore aujourd'hui, c'est le 38ème plus gros succès de tous les temps au box-office français, juste après Harry Potter 2, L'Ours et Le Grand bleu. Bref : ce premier blockbuster Astérix a été un succès.

Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre

• Sortie : 2002
• Budget : 50,3 millions d'euros
• Box-office : 14,5 millions d'entrées
• Bilan du business : immense et hallucinant succès

Mission Canal+

Après le succès du premier film, Claude Berri voulait Alain Chabat, dont il avait produit la première réalisation, Didier. Il lui a demandé de chercher quelle BD pourrait être adaptée, et l'ex-Nul a écarté d'emblée Astérix et Cléopatre, persuadé que ce serait trop cher. Mais que nenni, lui dit Berri : c'était exactement cette histoire qu'il fallait adapter.

La question de réduire le budget est évidemment arrivée en cours de pré-production, mais Claude Berri a refusé de couper quoi que ce soit pour économiser. Il a donc allongé le budget nécessaire : 50 millions d'euros. Sachant que c'était cette fois une production française, avec notamment TF1 Films Productions, Pathé, Canal+, Chez Wam (la boîte de production d'Alain Chabat) et La Petite Reine (celle de Thomas Langmann).

Oui : 50 millions, c'était et ça reste encore un budget colossal, proche de Taken 3 et Un long dimanche de fiançailles.

Sur ces 50 millions, Jamel Debouzze aurait touché un salaire d'1,1 million, plus un pourcentage sur les recettes à partir de 8 millions d'entrées. Résultat : un cachet de plus de 2,2 millions d'euros. C'est autant que Depardieu, et plus que Christian Clavier (1,65 million, selon Le Figaro).

Merci qui ? Merci Claude

Evidemment, tout le monde sait maintenant que c'était un excellent investissement. Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre a explosé les compteurs avec plus de 14,5 millions d'entrées. Sorti dans plus de salles que le précédent film (945, contre 780 pour Astérix & Obélix contre César), il est resté en première place du box-office pendant sept semaines, et est resté à l'affiche pendant quatre mois.

C'était sans effort le plus gros succès de 2002, et Mission Cléopâtre a explosé tous les blockbusters hollywoodiens : Harry Potter et la chambre des secrets (9,1 millions d'entrées), Le Seigneur des anneaux : Les Deux Tours (6,9 millions), Spider-Man (6,4 millions), Star Wars : Episode II - L'Attaque des clones (5,7 millions), Men in Black II (4,7 millions), Ocean's Eleven (4,6 millions), Meurs un autre jour (4 millions), Minority Report (3,7 millions), ou encore Monstres & Cie (3,7 millions). Astérix a tenu tête à quelques unes des plus grosses franchises de l'époque, et rassemblé un public au-delà des espérances.

C'est encore à ce jour le 8ème plus gros succès de tous les temps au box-office français, derrière Titanic, Bienvenue chez les Ch'tis, Intouchables, La Grande Vadrouille, Il était une fois dans l'ouest, Avatar et Autant en emporte le vent. C'était plus qu'un simple succès : c'était un triomphe, et un phénomène.

Chabat et Uderzo à l'apéro de l'avant-première

Seul bémol : Uderzo n'a jamais été très content du film. En 2008, il expliquait au Figaro : "En signant Astérix et Obélix contre César, Claude Zidi a été très fidèle à la bande dessinée. Peut-être trop. Même si, en France, il n'a été vu en salle « que » par 8 millions de spectateurs, en revanche, à l'étranger, il a intéressé 14 millions de spectateurs. Astérix et Cléopâtre, réalisé par Alain Chabat, était plus un film d'auteur. C'est peut-être pour cela qu'en France il a fait 14 millions d'entrées, mais qu'à l'étranger il n'a été vu que par 8 millions. Exactement l'inverse."

En 2010, il en remettait une couche dans l'Obs : "Si j’ai quelques rancœurs, ce n’est pas par rapport au film, que j’ai trouvé très bon, mais par rapport au réalisateur Alain Chabat. Il n’a même pas eu un mot pour les créateurs lors de l’avant-première..."

Malgré son succès fou en France, Mission Cleopâtre a déçu dans le reste de l'Europe. Thomas Langmann expliquait en 2021 chez BFM : "C’était celui qui avait moins bien marché en Europe - parce que c’était compliqué pour des Allemands ou des Italiens de comprendre les vannes d’Edouard Baer ou le charme de Jamel." Le film s'est effectivement contenté d'environ 1,5 millions en Allemagne et en Espagne, et environ 636 000 en Italie.

Astérix aux Jeux Olympiques

• Sortie : 2008
• Budget : 75 millions d'euros
• Box-office : 6,8 millions d'entrées
• Bilan du business : petit carnage

Il est où mon Chrichri préféré ?

La route vers ces Jeux Olympiques a été particulièrement compliquée, et en parfait carnage industriel, le film est né dans la douleur.

A l'origine, le troisième film aurait dû être une adaptation d'Astérix en Hispanie réalisée par Gérard Jugnot. En 2008, Uderzo expliquait au Figaro : "Jugnot était venu sans le moindre synopsis. Il disait qu'il avait déjà le film dans la tête. Il m'a raconté son Astérix, sans jamais me demander mon avis. Il espérait faire jouer toute la troupe du Splendid dans le film. Et bientôt, j'ai eu le sentiment qu'il s'était lancé dans quelque chose qui ne ressemblait en rien à "l'esprit Astérix" qui nous était si cher à René Goscinny et à moi. J'ai trouvé qu'il n'était pas du tout dans la note."

En somme : Gérard Jugnot voulait reproduire la folie Chabat, qui avait amené tous ses potes dans Mission Cléopâtre, mais avec sa famille du Splendid. Et de toute évidence, Uderzo n'avait aucune envie de redonner les clés de la bagnole à une autre bande.

Le dernier mot à Uderzo

En août 2003, à moins d'un an du tournage annoncé, le projet était officiellement annulé. Gérard Jugnot expliquait au Parisien : "Le non d'Albert Uderzo a été catégorique. Je ne suis ni aigri ni frustré, si ce n'est  que j'ai passé huit mois à écrire et préparer un film. Tout ça pour rien alors que je m'étais mis au service d'Astérix et d'Obélix. Je serais resté fidèle à la bande dessinée, mais avec quelques idées bien à moi. Et puis, j'avais vraiment envie de le mettre en scène. Un tel film, ça ne se refuse pas."

Cadeau ou vengeance du destin : la troupe du Splendid a profité de ces retrouvailles avortées pour se lancer dans Les Bronzés 3, qui n'aurait donc pas existé sans ce Astérix manqué. Christian Clavier expliquait à l'époque dans Ciné Live : "Alors que Gérard écrivait le scénario d'Astérix, je lui ai suggéré l'idée de tous nous retrouver pour des apparitions dans le film. Il trouvait l'idée bonne, mais ça n'a pas plu. Et puis, un jour où j'allais le voir au théâtre, il m'apprend la nouvelle : le film venait de tomber à l'eau. Il était très agacé et triste, la soirée n'était pas très gaie et je lui ai demandé pourquoi on ne ferait pas quelque chose tous ensemble. C'était juste le prétexte d'où tout est parti."

Le dieu des gaulois a ainsi puni l'humanité

Astérix 3 était donc stoppé, et en coulisses, c'était un bordel pas très joyeux : Uderzo ne voulait plus de film Astérix, et Berri n'avait plus l'énergie de se battre pour le convaincre. C'est son fils, Thomas Langmann, qui a trouvé une solution. Lui qui avait à l'origine œuvré pour lancer le premier film, à une époque où personne n'y croyait, avait désormais l'expérience et la force pour relancer la machine avec sa boîte de production La Petite Reine (déjà présente sur Mission Cléopâtre).

Après une petite bataille juridique d'un an pour se débarrasser d'une clause d'exclusivité avec Claude Berri, et redonner les pleins pouvoirs à Uderzo, Astérix était reparti. La suite est bien connue : la production a été un coûteux chaos, principalement à cause de Thomas Langmann, co-réalisateur du blockbuster avec Frédéric Forestier. Christian Guillon, le directeur des effets visuels, résumait dans un excellent article de BFM : "Ce qui a caractérisé le film, c’est le désordre et la démesure - la démesure dans le désordre. Il y avait d’énormes ambitions et aucune limite. Ça a généré du gaspillage."

Le scénario a été réécrit pour les pires raisons (rajouter des rôles pour répondre aux obligations de la coproduction), la relation entre Forestier et Langmann a tourné au vinaigre, sans parler des meilleurs clichés du cinéma (de la drogue, de la prostitution, des techniciens qui claquent la porte, un budget qui explose, une post-production cauchemardesque). Bref : un cas d'école de catastrophe qui a coûté cinq bras.

Sur le tapis à la sortie

Astérix aux Jeux Olympiques a été l'épisode de la surenchère : très gros budget (78 millions), gros salaires (plus d'1 million pour Alain Delon et Depardieu, et au total 10 millions du budget rien que pour les acteurs), gros budget marketing (20 millions)... pour un succès tièdasse.

Le film a rassemblé "seulement" 6,8 millions de spectateurs en France, et c'était évidemment une douche froide vu les sommes en jeu. Avec une campagne promo massive et une sortie sensationelle (1078 écrans), Astérix aux Jeux Olympiques est resté "seulement" trois semaines au sommet du box-office, et "seulement" un mois et demi à l'affiche.

En 2008, c'était "seulement" le deuxième plus gros succès de l'année, derrière le mastodonte Bienvenue chez les Ch'tis (20,4 millions). Certes, il était devant Madagascar 2 (5,2 millions), Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (5,2 millions), et Quantum of Solace (3,7 millions), mais la victoire était forcément amère après Mission Cleopâtre. D'autant qu'il n'a pas brillé en Europe, avec des scores proches du Alain Chabat.

Astérix & Obélix : Au service de Sa Majesté

• Sortie : 2012
• Budget : 61,2 millions d'euros
• Box-office : 3,8 millions d'entrées
• Bilan du business : un échec, pur et dur

"Tu sais, t'es le 3ème"

Thomas Langmann voulait enchaîner avec un quatrième Astérix adapté de La Tour de Gaule, mais suite à d'énièmes tensions en coulisses (entre la famille Uderzo et Anne Goscinny), les choses se sont compliquées. La rumeur parlait de Luc Besson potentiellement sur le coup, mais c'est finalement Laurent Tirard qui a changé la donne. Langmann a perdu les droits d'adaptations, et le réalisateur du Petit Nicolas a été engagé pour adapter Astérix chez les Bretons.

Après avoir réglé d'énièmes histoires de contrats, qui liaient notamment Depardieu à la société de production de Langmann, l'interprètre d'Obélix est revenu, encore. Edouard Baer a pris la relève en Astérix, après son petit role d'Otis dans Mission Cléopâtre, et Gérard Jugnot a finalement eu son moment dans la saga... mais en tant qu'acteur, dans le rôle du pirate Barbe-Rouge.

Si Astérix aux Jeux Olympiques était l'épisode de la surenchère, Astérix & Obélix : Au service de Sa Majesté était celui de la ""modestie"" – dans des proportions toujours aussi gargantuesques. Le budget est redescendu à 61 millions (contre 75 pour le précédent), dont 2 millions pour Depardieu, et le film (disponible en 3D) est sorti sur 762 écrans (contre plus de 1000 pour le précédent).

Le prix de consolation Astérix

Mais la modestie était surtout dans les chiffres du box-office. Avec 3,8 millions d'entrées, le film s'est gentiment planté. Il est resté seulement une semaine en première place du box-office, et a dégringolé rapidement face à Skyfall (cette fois, les gaulois sont vaincus par James Bond). Lors du bilan de 2012, c'était un raté sans équivoque : Astérix & Obélix : Au service de Sa Majesté était le 9ème plus gros succès de l'année, très loin derrière Skyfall (7 millions), L'Age de Glace 4 (6,5 millions), et... Sur la piste du Marsupilami, d'Alain Chabat (5,3 millions). Un joli pied-de-nez puisque le réalisateur-acteur y retrouvait Jamel Debouze, comme à l'époque de Mission Cléopâtre.

Le film a bel et bien été un échec, les producteurs visant au moins 6 millions d'entrées. Et oui, le film a aussi eu une carrière à l'étranger, mais avec seulement 1 millions d'entrées, selon Le Monde à l'époque ; loin des 8 millions censés être décevants pour Mission Cléopâtre. Un échec sur toute la ligne, donc.

Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu

• Sortie : 2023
• Budget : 65 millions d'euros
• Box-office : déjà 2,6 millions d'entrées
• Bilan du business : *en cours, a priori, ni désastre ni triomphe*

Astérix et périls

"Un film comme ça, il est beaucoup attendu par le métier. Ils sont très sympathiques avec moi, y'a pas de concurrence, ils savent que si ce film-là ne marche pas, il n’y en aura pas forcément beaucoup d’autres aujourd’hui en France. Parce qu'on a besoin que les gens retrouvent ce plaisir d'aller partager un film au cinéma, en famille. Et avec l'émergence des plateformes, c'est important que ce film marche pour que tous les autres fonctionnent et soient financés. Si un film comme ça ne marche pas, il n'y a plus un financier qui va mettre de l'argent dans les films".

Sur France Inter, quelques jours avant la sortie, Guillaume Canet annonçait la couleur : Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu existe d'abord dans une logique industrielle, et personne ne devrait l'oublier. On ne va pas simplement voir le nouveau film Astérix : on va soutenir ce cinéma à grand spectacle, à gros budget. C'est en tout cas ainsi que Guillaume Canet présente le ticket de cinéma.

A ce stade, la saga est sans surprise gérée comme une usine. Le choix de Guillaume Canet s'est donc fait sur des critères arbitraites plus ou moins comiques (notamment le fait que la vision artistique vienne dans un second temps). Il expliquait chez Première : "Tout est parti d’un coup de fil de mon producteur Alain Attal, lui-même contacté par un autre producteur, Yohan Baiada, qui avait réussi à obtenir les droits de ce projet d’Astérix en Chine, accepté par Hachette. Mais ce n’était pas une proposition ferme. Juste un accès à un casting de réalisateurs qui serait validé par Hachette Il y avait d’abord une check-list dont il fallait cocher toutes les cases : avoir déjà réalisé un film en anglais, avoir gagné un César, avoir connu un gros succès en salles… À partir de là, on m’a demandé une note d’intention. Mais rien n’a été fluide. Un jour, j’étais choisi, le lendemain, non… Grâce à l’appui d’Anne Goscinny et de Sylvie Uderzo, on m’a finalement proposé le film."

 Les petits mouchoirs gaulois

D'aucuns pourraient dire que Guillaume Canet veut que son film marche car le succès gonflera son salaire, avec un pourcentage sur les recettes à partir d'un million d'entrées, puis un bonus d'un million d'euro si le cap des 7 millions est franchi (selon L'Informé). Mais Canet n'est ni le premier ni le dernier à bénéficier d'un tel salaire, et vu les sommes en jeu, ça n'a rien d'étonnant.

Du côté de Marianne, on annonce que le film doit atteindre les 6-8 millions pour ne pas être considéré comme un échec. Est-ce gagné d'avance ? C'est la grande question. Le démarrage du film a été célébré comme un triomphe par l'équipe : c'est le troisième meilleur démarrage depuis la pandémie, derrière Avatar 2 et Spider-Man : No Way Home, mais devant Black Panther 2 ! c'est le 18è meilleur premier week-end de l'histoire du cinéma français ! c'est le meilleur démarrage pour un film français depuis 15 ans ! c'est le 7e meilleur démarrage de tous les temps pour un film français !

Sauf que ce démarrage inclut les avant-premières (oui, un procédé devenu classique), qui représentent plus de la moitié du chiffre annoncé, et censé montrer l'engouement massif du public dès la première journée. De quoi un peu nuancer la situation, et flairer le petit bullshit marketing – relayé, puis très vite remis en question par les médias, dans un amusant retour de flamme.

De rouille et d'or

Dans l'absolu, les chiffres forcent le respect, avec 1,6 millions d'entrées en cinq jours. Mais là encore, attention : ce film a coûté très cher, donc l'échelle de grandeur est différente, et c'est loin d'être un si grand succès à l'échelle des gaulois. Astérix et Obélix contre César (2,2 millions sur cinq jours), Astérix aux Jeux Olympiques (2,7 millions en cinq jours) et Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (2,9 millions en cinq jours) ont tous mieux démarré. Seul le bide Astérix & Obélix : Au service de Sa Majesté (1 million en cinq jours) a fait moins bien. En d'autres termes : L'Empire du Milieu est l'un des plus mauvais démarrages de la saga.

Ce n'est pas un détail, car un tel film ne peut décoller que grâce au public et le bouche-à-oreille. Sur Allociné, qui reste un indicateur intéressant, Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu écope d'un moyenne de 1,8 côté spectateurs, avec plus de 6200 avis (contre 2,4 côté presse, comme quoi). C'est mieux qu'Astérix & Obélix : Au service de Sa Majesté (1,7 et plus de 11 000 notes) et Astérix aux Jeux Olympiques (1,4 et plus de 40 000 notes), mais moins bien qu'Astérix & Obélix contre César (2,1 et plus de 28 000 notes), et très loin de Mission Cléopâtre (4,1 et plus de 71 000 notes). Tout ça est à relativiser vu les écarts entre le nombre de notes, et le poids des années, mais tout de même.

En deuxième semaine, le film a grimpé jusqu'à 2,6 millions de spectateurs, et tourne sur 779 copies. Est-ce un signe que le film va vite s'écrouler, et aura du mal à grimper jusqu'aux 6-8 millions ? Ant-Man 3 va t-il l'achever ? Réponse très vite.