Vaincre ou mourir : mode d'emploi pour comprendre cette hallucination made in France

La Rédaction | 28 janvier 2023 - MAJ : 30/01/2023 13:55
La Rédaction | 28 janvier 2023 - MAJ : 30/01/2023 13:55

Le film du Puy du Fou Vaincre ou mourir est en salles depuis mercredi 25 janvier. Et c'est indéniablement un projet atypique, en termes de production et de valeur symbolique.

Notre critique de Vaincre ou mourir et les réactions pour le moins véhémentes qu'elle a suscitées en attestent : sa sortie n'est pas anodine. Et pour cause : plus ou moins adapté d'un spectacle du Puy du Fou par une structure de production dérivée du parc lui-même, co-produit par StudioCanal et distribué par une entreprise peu connue du grand public, c'est un peu une anomalie dans un paysage cinématographique français pourtant bien bigarré.

Certains reprochent à la presse de lui accorder une telle couverture. C'est néanmoins l'évidence : le film est parvenu à s'imposer dans ce paysage, fort d'une vraie exposition publicitaire et d'une distribution assez importante. Reste donc à retracer sa conception, à expliciter le contexte très particulier dans lequel il s'inscrit volontiers, à rapporter les débats qu'il engendre et à modérer des espaces commentaires pris d'assaut.

 

 

Le Puy du fou et les guerres de Vendée

Impossible d'évoquer Vaincre ou Mourir sans revenir sur la structure dont il est issu, le célèbre Puy du Fou, et les débats qui l'entourent. Fondé en 1989 par Phillipe de Villiers à partir du spectacle La Cinéscénie, lequel est resté l'attraction principale, il est aujourd'hui une destination touristique bien connue. Les diverses représentations qui ont fait son succès sont pour la plupart très spectaculaires et lui ont même permis d'exporter le savoir-faire indéniable de ses techniciens à l'étranger. Mais bien avant le passe-droit dont il a bénéficié pendant la crise sanitaire, il fédérait déjà contre lui.

En cause : la manière dont le parc s'empare de l'histoire. Selon ses nombreux détracteurs, le Puy du Fou se servirait du prétexte historique pour remettre au goût du jour le roman national ("Un roman d'amour" pour de Villiers), véhiculer une idéologie et chercher à influencer le débat politique. La défense de son créateur, par ailleurs auteur de tous les spectacles, ayant désormais à son actif une carrière politique à droite et à l'extrême droite de l'échiquier, consiste à évoquer un "divertissement", rien de plus. Une posture fragilisée par ses déclarations dans le Webzine France : le Vendéen aurait fait passer "plus d'idées par [ses] livres ou [son] Puy du Fou qu'en restant la énième écrevisse de la bassine".

 

Vaincre ou mourir : photoL'Histoire DANS TA TRONCHE

 

Encore récemment, le Puy du Fou a fait couler de l'encre. L'enseignant historien Guillaume Lancereau, accompagné de ses collègues Florian Besson, Pauline Ducret et Mathilde Larrère, a pris l'invitation de ce cher Philippe, qui incitait les sceptiques à visiter son parc par eux-mêmes, au pied de la lettre, dans son livre Le Puy du Faux.

Selon lui, la création même du Puy du Fou est liée à une relecture politique des guerres de Vendée et à la fameuse thèse du "génocide vendéen", censée qualifier la répression des locaux qui combattaient les armées républicaines dans le sillage de la Révolution française : « C'est l'intention d'origine. La première étape c'est la Cinéscénie, créer tout un truc autour du "génocide", faire valoir cette idée-là, ce fantasme-là. Et après, le parc s'est un peu développé dans tous les sens, en prenant toutes les périodes historiques. »

 

Vaincre ou mourir : photoLe Puy du Fou immigre

 

Défendue notamment par Reynald Secher dans l'ouvrage Le Génocide franco-français, cette théorie a très largement été réfutée par les historiens. Anne Rolland-Boulestreau, historienne interrogée dans l'ouverture du film, comme lui, explique :

« Il a montré que l'université française n'avait jamais voulu de lui à cause de cette thèse. Le seul problème, c'est qu'il peut dire : "Je vais vous démontrer que c'est un génocide", mais il faut partir des définitions de génocide et il faut avancer des archives. Pour vous donner une anecdote, il n'est jamais allé au service historique de la défense à Vincennes. Or ce sont des archives militaires. Donc s'il voulait habiller le terme de génocide, c'est par là qu'il fallait commencer. »

Pour Yannick Bosc, spécialiste de la Révolution française, « la chose est réglée depuis le départ. Dès que quelqu'un a commencé à énoncer cette idée de génocide, tous les historiens un peu sérieux ont dit que ça ne reposait sur strictement rien. Ce qu'on appelle les guerres de Vendée, c'est une construction de la mémoire vendéenne. Déjà initialement du côté républicain il y a une fabrication, un usage de la guerre de Vendée, puisqu'il y a différentes factions, il y a des luttes internes. Donc on met en avant un dispositif militaire et la répression pour montrer comment on agit en tant que républicain et donc stigmatiser ces usages. »

 

Un peuple et son roi : photo, Louis GarrelRobespierre version Louis Garrel dans Un peuple et son roi

 

La Vendée et la contre-révolution

Personne ne conteste la violence de la répression républicaine, qui a par ailleurs profondément marqué la région, comme le rappelle Anne Rolland-Boulestreau : « De ce côté-là c'est une guerre civile, une guerre à mort, une guerre à outrance et donc dans la guerre civile, le premier principe c'est qu'on prend les civils. Comment en est-on arrivé là ? Tout simplement parce que la Révolution pensait mater une révolte et puis finalement, rapidement, il y a cette organisation militaire, l'armée catholique et royale de l'Anjou. Vous avez Charette et puis on bute constamment sur des revers. Et puis à la Convention, eux-mêmes sont en train de se déchirer, il ne faut pas l'oublier. »

Ce qui ne tient pas, c'est le terme, renvoyant aux crimes du XXe siècle, dans une mécanique à l'oeuvre depuis une quarantaine d'années chez François Furet et Hannah Arendt, qui verrait en la Révolution "la matrice des totalitarismes" : « Ce n'est pas historique, c'est idéologique. [...] Les historiens n'utilisent pas le terme de génocide, mais les érudits, ceux qui se disent spécialistes de la guerre de Vendée utilisent le terme de génocide souvent dans un esprit de reconnaissance du massacre. On est encore dans du manichéisme. » La Terreur en elle-même étant une construction postérieure à la mort de Robespierre, selon les mots de Yannick Bosc.

« C'est un désignant politique qui est fabriqué par ce qu'on appelle les Thermidoriens, qui sont hostiles à Robespierre et à ceux qui sont proches de lui, pour disqualifier ce qui a été fait auparavant et renvoyer à Robespierre et à ses complices la faute et toutes les exactions qui ont eu lieu pendant la période précédente. On va fabriquer Robespierre et ceux qui sont proches de lui comme de grands coupables, qui vont absorber l'opprobre et l'incarner par la suite et au-delà, dans la lecture qui va être faite pendant le XIXe et XXe siècle. Donc ce désignant politique, qui est un désignant qui a une fonction stratégique extrêmement forte au moment où il est construit, va devenir un chrononyme. »

 

Vaincre ou mourir : photo, Hugo BeckerAux chandelles

 

Les intéressés pourront se rabattre sur les ouvrages des historiens cités ici, ainsi que sur ceux du grand spécialiste de la période, Jean-Clément Martin. Les défenseurs de la méthode Villiers se rabattront sur son mépris pour l'histoire universitaire. « Il y a une vieille critique qui date à peu près du début de la IIIe République, de l'extrême droite royaliste, catholique, de l'Action française », commente Guillaume Lancereau.

« Une critique anti-intellectualiste, anti-universitaire, qui s'est développée surtout dans le contexte de l'affaire Dreyfus dans les années 1890 et 1900, qui consiste à dire que les historiens universitaires sont des historiens officiels. C'est-à-dire qu'ils propagent la vision officielle de l'État, une espèce de doxa d'État. Ce seraient des fonctionnaires d'une vérité officielle, au service de la République, contre les malheureux Vendéens, et qui serait une pensée unique. [...]

 

Vaincre ou mourir : photo, Hugo BeckerIl y avait d'ailleurs plusieurs chefs vendéens

 

Ce qui est complètement absurde en l'espèce, parce que dans l'enseignement secondaire, les enseignants ont une liberté pédagogique. [...] Pour le côté universitaire, les historiens ont tellement de dissensions entre eux, que c'est vraiment compliqué de les accuser de proposer une vérité unique. »

Le Puy du Fou, qui revendique son ancrage dans la région, a quant à lui créé un spectacle en 2016, Le Dernier Panache, relatant la résistance de François Athanase Charette de La Contrie, dit Charette. Selon Guillaume Lancereau, il dresse un parallèle explicite avec le massacre d'Oradour-sur-Glane.

 

Vaincre ou mourir : photoLe message est passé

 

Une production Sans panache ?

Face au succès grandissant du parc vendéen, Nicolas de Villiers et ses équipes ont décidé de sauter le pas, et de lancer en 2021 une société de production, Puy du Fou Films, dans l’optique de “prolonger l’ambition [du parc] en portant ses héros sur grand écran” (citation du dossier de presse). En l’état, l’idée est loin d’être bête : avec ses infrastructures, ses décors, ses costumes et ses bénévoles, le Puy du Fou est indéniablement un vivier pour réaliser des projets audiovisuels autour de l’Histoire, le tout en s’assurant un maximum d’économies.

Difficile de savoir précisément quand le producteur et distributeur StudioCanal s’est ajouté dans l’équation, mais lors de l’avant-première parisienne de Vaincre ou mourir, Nicolas de Villiers n’a pas manqué de préciser l’importance de Vincent Bolloré (propriétaire du groupe Canal+, et donc de StudioCanal) et son investissement personnel dans le développement du long-métrage.

Étant donné que le milliardaire a assumé mener avec ses médias un “combat civilisationnel” (au même titre que Philippe de Villiers), il est clair que Puy du Fou Films est né avec un agenda politique en tête bien précis, en accord avec les polémiques qui entourent déjà la vision de l’Histoire du parc.

 

Vaincre ou mourir : photoTout va bien se passer

 

Par ailleurs, les décisionnaires de la société de production ont très vite porté leur choix de premier projet sur les guerres de Vendée. Cette décision, si elle peut paraître déjà risquée au vu de la sensibilité du sujet, est néanmoins un prolongement logique de la structure d’origine. Au-delà de cette histoire très localisée sur le plan régional, Le Dernier Panache, justement centré sur le personnage de Charrette et qui a rassemblé plus de 12 millions de spectateurs, reste l’un des spectacles les plus populaires du Puy du Fou.

Néanmoins, Vaincre ou mourir n’a pas été pensé dans un premier temps comme un film de cinéma, mais comme un docu-fiction à destination de la télévision. C’est pour cette raison que la production a proposé la réalisation à Vincent Mottez, essayiste, écrivain et responsable de plusieurs épisodes de l’émission Secrets d’histoire : « Quand on m'a présenté le projet, l'ambition de Puy du Fou Films était de partir sur un format accessible (le docu-fiction) et une histoire qu'ils connaissaient bien pour se faire les dents », confie-t-il.

 

Vaincre ou mourir : photoVincent Mottez

 

Pour le cinéaste – également scénariste –, la priorité a été de concilier la rigueur historique d'un documentaire avec un sens de la narration nécessaire en fiction. « Pour l'anecdote, pendant la conversation avec les responsables du Puy du Fou, ils croyaient que le sujet m'était inconnu, alors que je connaissais bien les guerres de Vendée. J’ai tout de suite su qu’il fallait être rigoureux, parce que c'est un sujet épineux et subtil. J'ai lu beaucoup d'historiens de référence sur le sujet, dont Jean-Clément Martin. »

En tout cas, lorsque Vincent Mottez a proposé à ce même Jean-Clément Martin et à d’autres historiens de participer pour charpenter le film, ceux-ci ont été plutôt convaincus par le travail préliminaire du réalisateur. C’est ce que précise Anne Rolland-Boulestreau : « Quand j'ai vu les questions je me suis rendu compte qu'il y avait un fond historique très important C'était des questions précises sur la guerre de Vendée. Donc, j'y suis allée. »

 

Vaincre ou mourir : photoL'amour du risque

 

Branle-bas de combat

À ce moment-là, Vaincre ou mourir s'est lancé dans une production limitée à 18 jours de tournage. Un temps restreint, mais cohérent pour un docu-fiction. Or, c’est là que les choses ont changé, comme l’explique Vincent Mottez :

« À la base, on avait un scénario de docu-fiction avec une forte teneur en fiction. Les historiens étaient là pour structurer le récit et le propos, mais on avait pas mal de scènes dialoguées, et on voyait que ça racontait quelque chose. Puis on a eu un casting intéressant, notamment avec l'arrivée d'Hugo Becker.

L'envergure que ça donnait au film nous a poussés dans cette direction, et quand StudioCanal a vu les premiers rushs, des scènes de bataille et de masse avec les Puyfolais, ils ont apprécié la qualité esthétique de l'image et ils nous ont encouragés à sauter le pas. C’est là que la production a décidé, sur mon conseil, de faire venir Paul Mignot pour m'épauler, parce qu'il a plus d'expérience que moi dans la réalisation [il a entre autres réalisé le court-métrage historique remarqué All Blood Runs Red, qui raconte l'histoire du premier pilote de chasse afro-américain, ndlr]. »

 

Vaincre ou mourir : photoLe coréalisateur Paul Mignot

 

Scénaristiquement, Vincent Mottez a donc dû recalibrer le film en cours de route, et a dû limiter l’intervention des historiens à un préambule pour donner du contexte au long-métrage, quitte à les laisser à l’écran moins d’une minute. Face à ce changement et ces conditions, Jean-Clément Martin a demandé à être retiré du projet, là où les autres intervenants ont accepté de devenir une forme de caution maladroite à la réalité historique dépeinte par cette reconstitution.

Problème, il a bien fallu trouver un moyen de compenser l’absence de ces figures d’autorité dans le déroulé du film et de ses évènements. Or, depuis la sortie de Vaincre ou mourir, la voix off omniprésente et pachydermique de Charette est souvent pointée du doigt pour son artificialité. Vincent Mottez a dû composer avec les éléments à sa disposition, ce qui a entre autres mené à la création de la “Quatrième Dimension”, un espace dématérialisé hors du temps, où Charette marche sur un miroir d'eau et donne les clés du récit, le tout dissimulé sous une couche introspective.

 

Vaincre ou mourir : photoQuand tu t'apprêtes à te brûler les ailes

 

En bref, la technique très perfectible de Vaincre ou mourir peut s’expliquer par cette production compliquée qui, malgré ses changements formels, a dû se contenter de ses 18 jours de tournage inauguraux (ce qui est très peu) et d’un budget s’élevant à 3,5 millions d’euros. Une enveloppe confortable pour un docu-fiction. Moins pour un film de cinéma aux ambitions épiques.

Pour autant, le réalisateur ne cache pas les difficultés qui ont émergé de ce tâtonnement : « Je ne vais pas mentir : ça n'a pas été un exercice facile. Il a fallu bosser beaucoup en préparation pour exploiter au mieux ces jours. Ce qu'il faut prendre en compte, c'est l'apport de la production value du Puy du Fou. On a bénéficié de costumes, des animaux (notamment beaucoup de chevaux), des artificiers et des cascadeurs du Puy du Fou. Ça a été un vrai plus. Hugo [Becker] a pu faire une formation équestre en amont du tournage, et toute cette préparation nous a permis de remplir des journées qui ont été honnêtement harassantes. On avait des scènes avec six caméras et deux équipes en simultané pour pouvoir enchaîner les scènes (surtout lorsqu'un acteur était déjà en costume). »

 

Vaincre ou mourir : photoAdmirez ce casting heureux

 

Mais au-delà de sa forme, il y a bien évidemment la question du discours du film. En plus de prendre le point de vue de Charette (et par extension des royalistes), Vaincre ou mourir remet au centre de son dispositif les “valeurs chrétiennes” tant défendues par le Puy du Fou, en sous-entendant que la République est responsable de leur disparition de notre société. Vincent Mottez précise bien qu’il a tout de suite considéré la dimension politique du long-métrage, mais qu’il a voulu la nuancer le plus possible. On se permettra de constater un fossé entre la théorie et le résultat final, mais le réalisateur a tenu à mettre en avant sa liberté d’action :

« Je voulais être libre sur le scénario, et j'ai été content de m'apercevoir que le Puy du Fou n'a pas corrigé une virgule. Ils n'ont pas cherché à m'influencer dans un sens ou dans l'autre. Ils me disaient même : "C'est marrant, tu connais mieux le sujet que nous", alors qu'ils plaisantaient sur mes origines bourguignonnes. Pour eux, c'est leur histoire, ils connaissent ça par cœur. »

 

Vaincre ou mourir : photoUn pacte avec le diable ?

 

SAJE comme une image

Étonnamment, StudioCanal, pourtant fort d'une expérience non négligeable dans le domaine, ne s'est pas chargé de la distribution. La société aurait laissé cette tache à une autre structure pour accompagner le film selon ses objectifs, lui accordant toutefois un vrai soutien logistique, puisqu'elle n'a pas les moyens d'assurer une telle exposition. D'aucuns pourraient émettre l'hypothèse que l'émérite filiale de Canal Plus se serait mise en retrait de l'étape la plus médiatique pour ne pas entacher une programmation qui comporte des films aussi variés que Novembre, Ernest et Celestine ou En Corps.

Et cette structure, c'est SAJE Films, bien moins connue du grand public, et pour cause : elle est spécialisée dans la distribution de films chrétiens et le revendique sans problème. Elle est notamment à l'initiative d'une plateforme de SVoD fonctionnant sur ce modèle. Elle y propose des fictions et des documentaires pour les spectateurs souhaitant concilier leur foi et leur cinéphilie, mais elle importe également en France des productions bien plus critiquées : les fameuses productions évangélistes américaines, assez spécifiques au marché yankee.

 

Unplanned : Photo, Ashley BratcherUnplanned, subtil

 

Pour un exploitant d'un cinéma de la région parisienne soucieux de rester anonyme, son implication est plutôt logique : « Ce n’était pas très grave tant que les films étaient insignifiants. Au début, SAJE sortait des films type arty qui avaient plu aux États-Unis, comme Cristeros. Mais dès qu’ils ont commencé à circuler dans pas mal de salles (y compris art et essai) avec des documentaires comme Entre ciel et terre, là on peut voir un vrai travail de sape des valeurs républicaines.

C’est suffisamment caché pour ne pas tomber sous le coup de la loi, mais on te parle de purgatoire, de pardon des âmes, de prières pour les enfants avortés, et on te sous-entend même qu’il faut pardonner à Hitler. Vaincre ou mourir, finalement, c’est la phase suivante : l’emploi du "blockbuster", de l’épopée historique avec la caution du Puy du Fou. »

Dans leur catalogue, on peut ainsi trouver Unplanned, drame anti-avortement, ou même Je N'ai Pas Honte, relecture fictionnelle ahurissante de la tuerie de Columbine sous l'angle religieux, ayant suscité autant de moqueries que d'indignation chez L'Oncle Sam. Les deux programmes sont listés dans la catégorie Biopic/Histoires vraies.

 

Je n'ai pas honte : photoPour le coup, ils n'ont pas honte

 

Pour SAJE, la distribution de Vaincre ou Mourir est un évènement. Et la campagne de communication est à la hauteur. Depuis le 18 janvier, 970 affiches sont visibles dans 222 gares. Une promotion qui fait la fierté du fondateur et président Hubert de Torcy, pour qui le cinéma est "un moyen d'évangélisation" (cf. Emmanuel.info). À noter qu'Ecran Large a tenté de le contacter, afin de lui proposer de préciser son approche et son intérêt, sans réponse de sa part.

En plus du traditionnel dossier de presse, SAJE a également mis à disposition un "dossier pédagogique à destination des professeurs d’Histoire en 4e et en 1ere (où la Révolution française est au programme)". Il précise : "Le film est très didactique et permettra d’aborder cette période de la Révolution sous un angle nouveau avec vos élèves. N’hésitez pas à organiser des séances scolaires avec vos élèves (avec le Pass Culture, ces séances peuvent être très largement subventionnées)."

Lors de l'avant-première, Nicolas de Villiers a insisté : il s'agirait d'un film familial. De son côté, dans un billet très intéressant posté sur le blog Mediapart, Jean-Clément Martin a passé en revue ledit dossier.

 

Vaincre ou mourir : photoLa première page du dossier, lisible sur le site de SAJE

 

To be royaliste or not to be royaliste ?

Beaucoup affirmeront que cet article est militant, à charge. Et ils auront raison. Comme la conclusion du Puy du Faux le rappelle et comme la rédaction le revendique presque chaque semaine, toute pensée exprimée, qu'il s'agisse d'un discours oral, d'un post sur les réseaux ou d'un article critique – surtout d'un article critique – est empreinte de la subjectivité de son auteur. Tout est politique, etc.

Bien entendu que Vaincre ou Mourir porte un discours, comme les auteurs de ce dossier et comme l'intégralité des productions historiques hollywoodiennes (encore faut-il toutefois l'assumer). De même qu'il est établi que le cinéma de fiction n'est pas l'Histoire. Il la transforme, la manipule, l'utilise à son avantage, dans tous les cas. Anne Rolland-Boulestreau, comme d'autres historiens, s'intéresse à ces dissonances : 

« Moi, ce qui m'intéressait, c'était la rencontre de ces deux métiers. L'historien, il a ses sources, sa bibliographie, ses prudences, ses analyses, il tend vers la réalité. Le réalisateur, il fait un autre métier. Heureusement, puisque s'il voulait par exemple faire un film historique totalement historique, imaginez, il nous filmerait aux archives de Vincennes, ça n'aurait aucun intérêt ! On ne fait pas du tout le même métier, on ne raconte pas du tout la même chose. »

 

Braveheart : photo, Mel GibsonBraveheart, inspiration évidente du film elle-même pleine de libertés historiques, le royalisme en moins

 

La seule question qui importe, dès lors, c'est : quel est ce discours, qu'est ce qu'il représente et qu'est ce qu'il cristallise ? Quel est le but de ces transgressions historiques ? Par exemple, dans le film, Charette fait de la survie de Louis XVII une condition à la paix et c'est sa mort qui lui fait reprendre les armes.

« J'ai prouvé que c'était faux », affirme Anne Rolland-Boulestreau. « Quand on a eu notre entretien avec Vincent Mottez, je lui ai dit. Mais ça se comprend et il a eu besoin de ça aussi dans son film pour rythmer. Cette close secrète qu'on amène tout le temps, elle date du XIXe siècle. Pourquoi ? Parce qu'elle permet d'expliquer de façon simple, presque trop simpliste, la reprise de la guerre de Charette. Mais en réalité, Charette reprend la guerre parce que ce n'est pas la paix, c'est la pacification, il n'est pas content et il a des raisons, lui aussi. »

Guillaume Lancereau n'est pas dupe : « En fait, le thème de Louis XVII est un vieux thème de la droite catholique et royaliste. C'est quelque chose qui les agite depuis la Révolution, avec une mythologie associée, des débats pas possibles. Enfin, en gros, c'est un vieux fond mythologique qui n'intéresse personne. Du coup, je me demande un peu pourquoi ils ont réinséré ça. Parce que c'est complètement dépassé. On n'est plus du tout dans ces débats-là. Tout le monde s'en fiche depuis l'entre-deux-guerres. C'est un truc complètement décalé, anachronique.

 

Dangerous Exile : AfficheDangerous Exile (1957), avec Louis XVII

 

Honnêtement, je n'ai pas compris. À part le fait de montrer à nouveau à quel point les républicains étaient méchants. Ça permet de tenir un discours royaliste, de dire : "Les républicains sont tellement méchants qu'ils tuent des enfants" et ça permet surtout de montrer que les républicains sont fourbes, ne tiennent pas leurs promesses. »

Anne Rolland-Boulestreau apporte quelques précisions sur les motivations des Vendéens :

« Il y a plusieurs choses qui vont les motiver, mais il y a une chose qui ne les motive pas, c'est le roi. Sur tous les interrogatoires que j'ai pu trouver – il y en a des milliers aux archives départementales de Maine et Loire. Tous ceux qui passent devant les juges révolutionnaires parlent de Dieu, mais quatre parlent du roi. Donc très peu. Je parle des soldats, de la population civile qui arbore ce drapeau-là. En revanche, il est certain que la question religieuse va exploser à la figure des révolutionnaires. Parce qu’eux ne pensaient pas du tout que la constitution civile du clergé allait poser autant de problèmes et allait à ce point fracturer la société.

 

Vaincre ou mourir : photoN'allez pas dans les hautes herbes

 

Et ce n'est pas seulement l'ouest de la France, le Sud est exactement dans cette même configuration. Le Sud a raté sa guerre civile, d'une certaine manière, là où l'Ouest a développé cette guerre civile. Parce qu’effectivement, Dieu, ça ne se négocie pas. La question de la constitution civile du clergé, du prêtre, du serment du prêtre, des sacrements de l'Eucharistie, tout ça n'est pas négociable. Et c'est ce qui explique que ces guerres sont quasiment religieuses, quasiment saintes pour les Vendéens.

Puis, il y a un précipitant, ce qui va déclencher l'affaire, comme dans toute révolte d'ancien régime : c'est le tirage au sort, c'est à dire la levée des 300 000 hommes pour partir aux armées. Tout ça, c'est explosif et ça va très vite en fait. Comme les révoltes d'ancien régime, la Vendée va réussir parce qu'il n'y a pas de troupes sur place, il n'y a pas de républicains sur place. Ils sont soit à La Rochelle, soit plus au nord, du côté de Nantes. »

 

Vaincre ou mourir : photo, Hugo BeckerConfrontation au sommet

 

Politique-fiction

Vaincre ou Mourir est-il un film anti-républicain ? Contrairement à ce qu'on peut lire ici et là, il n'est pas complètement inoffensif. La médiatisation du terme "génocide vendéen" doit selon certains beaucoup au succès du Puy du Fou. Et l'audiovisuel a des répercussions concrètes. Yannick Bosc cite un exemple précis :

« En 2012, France 3 a fait un documentaire sur "Robespierre, bourreau de la Vendée ?", qui est un tissu d'âneries. Les "historiens" qui sont là sont tous plus ou moins liés aux logiques vendéennes, à part Jean-Clément Martin, qui est le passage obligé puisque c'est le spécialiste. Les autres sont tous plus ou moins associés à des mouvements royalistes ou vendéens et le lendemain, le jour après la sortie sur France 3, on va avoir un groupe de députés à l'Assemblée nationale qui va tenter de faire passer une loi pour reconnaitre le génocide vendéen.

 

Vaincre ou mourir : photoL'ombre d'un doute, effectivement

 

Ces dispositifs cinématographiques, historiques ou culturels – le Puy du Fou est derrière tout ça – sont toujours associés à des tentatives politiques. Là, on peut penser de la même manière qu'il y a quelque chose qui touche d'abord au politique. Les deux sont toujours intimement liés. » Un objectif assez évident à vrai dire. Il suffit d'entendre Charette supplier qu'on poursuive son oeuvre vers la fin du long-métrage pour balayer le moindre doute.

C'est clairement un mouvement politique, qui s'inscrirait dans le panorama d'opinions du paysage politique français... s'il ne visait pas la fin du régime qui autorise cette pluralité. Un paradoxe qui interloque Gullaume Lancereau, quand on lui parle de l'émission Secrets d'Histoire, elle aussi accusée de véhiculer des idées royalistes :

« C'est quand même un peu gênant. Dès que vous dites un truc de gauche dans l'espace public, on vous dit : "Ah vous êtes anti-républicain". Le voile est anti-républicain, limite, être musulman, c'est être anti-républicain et si vous êtes de droite, tout ce qui n'est pas la droite est anti-républicain. Mais à côté, on nous dit : "Regardez ces émissions... Délectez-vous des charmes de l'aristocratie de l'ancien régime et de la royauté". Et il n'y a rien de plus anti-républicain par définition que la royauté. La République n'est rien d'autre que... pas la monarchie. »

 

Vaincre ou mourir : photoContre la République

 

Et Yannick Bosc de conclure : « Il y avait déjà il y a quelques années un spectacle dans lequel Charette était mis en avant comme quelqu'un qui agit pour la liberté. Et là encore, j'ai vu le pitch qui est proposé. Le retournement : la liberté devient une valeur de la contre-révolution alors qu'il s'est toujours battu contre la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. L'ennemi, c'est ça depuis deux siècles. Donc c'est assez pétillant comme retournement, assez savoureux.

On est devant un discours qui met en avant le roman national, l'idée qu'on ferait unité autour du roman national et des gloires passées, qui stigmatise le wokisme et l'islamo-gauchisme parce que cet islamo-gauchisme met en avant les conflits coloniaux, la Seconde Guerre mondiale, la collaboration, qui fragilisent l'unité de la nation. Mais eux, que font-ils ? Ils détruisent la République, l'unité républicaine, en mettant en avant un autre élément qui, au lieu de faire consensus, fait dissensus. On est dans un paradoxe : comment créer un roman national, une unité, à partir d'un discours qui porte sur la Vendée ? ». Voilà pour l'article apolitique.

 

Vaincre ou mourir : photoPrendre des figures historiques importantes et en faire des héros

 

Merdias et journalopes

« Est-ce que récupération politique il y aura ? Je ne le souhaite pas. Les avant-premières laissent penser que le public accueille le film pour ce qu’il est, c’est-à-dire un film d’Histoire. On le voit avec les questions qu’on nous pose à la fin, surtout dans les villes hors de la Vendée, où cette guerre est peut-être moins connue. Il y a des gens qui ne sont pas au parfum sur SAJE, Bolloré et le Puy du Fou, mais ils y perçoivent un film équilibré, ou du moins qui n’amène pas à la polémique », assure Vincent Mottez.

On pourrait bien évidemment questionner la naïveté du réalisateur (voire son inconscience) face à ce véhicule finalement plus prosélyte et propagandiste qu’il le prétend, mais le reste de la presse ne s’est pas privée de le relever. C’est bien simple : la réception critique de Vaincre ou mourir a été logiquement négative. À l’exception des médias partenaires du film (à commencer par CNews), la plupart des sites et journaux ont au moins souligné la faiblesse de sa fabrication, y compris du côté de médias plutôt orientés à droite comme Le Figaro.

 

Vaincre ou mourir : photoSors les kalashs comme en Vendée

 

Libération lui a même dédié une couverture, en accompagnant sa critique assassine d’un article sur sa mécanique réactionnaire héritée du Puy du Fou. On notera toutefois que certaines structures hautement conservatrices, à l'image de Valeurs actuelles, usent de superlatifs pour décrire le long-métrage et son aspect atypique. Sans grande surprise, l'analyse cinématographique y est globalement absente (en même temps, on comprend pourquoi...). Il est évident que SAJE s'attendait à de tels retours, et a instrumentalisé la presse afin de toujours mieux se positionner en victime persécutée du système médiatique.

Ecran Large a ainsi eu l'honneur d'être cité dans la newsletter officielle du film chrétien (avec un lien d'ailleurs, un grand merci à lui), directement signée d'Hubert de Torcy : « Je ne vous cache pas que ce film a soulevé une hostilité violente de la part de certains médias mainstream [...]. Il est indispensable, pour rassurer les salles qui ont choisi de nous faire confiance, de leur montrer qu’elles ont eu raison de le faire. Pour nous, votre présence massive en salles est la meilleure réponse qu’on puisse apporter. On compte sur vous ! »

 

Vaincre ou mourir : photoIls nous ont devancé pour un bon jeu de mots

 

Sur ce point, et c'est presque le plus inquiétant, Vaincre ou mourir a réussi son coup, en attirant un public autant sur sa promesse de spectacle historique (sic), que pour sa dimension ouvertement identitaire et réactionnaire. La première étape a ainsi été une tournée d'avant-premières à travers la France (et en particulier en Vendée) qui a récolté pas moins de 25 891 entrées. Ce score satisfaisant a permis au long-métrage de s'assurer un parc de salles relativement important (188), et Nicolas de Villiers a prévu d'augmenter ce nombre dès la deuxième semaine d'exploitation.

En l'état, il est encore tôt pour savoir si Vaincre ou mourir sera un succès, mais au-delà de ses chiffres d'avant-premières qui gonflent le résultat final, le film n'a attiré que 6 380 spectateurs lors de son premier jour enFrance. À titre de comparaison, Tàr de Todd Field, exploité sur un nombre équivalent de copies, a totalisé environ 10 000 entrées sur la même période (sans compter ses avant-premières).

Beaucoup de bruit pour rien ? Difficile à dire, tant le film semble réveiller une minorité bruyante et véhémente, choisissant de défendre cet objet improbable par le prisme idéologique, parfois sans même l'avoir vu. Un review bombing positif a été constaté sur SensCritique et Allociné, où de nombreux bots et comptes nouveau-nés se sont empressés de mettre une note maximale à Vaincre ou mourir. Cette technique n'est pas nouvelle, mais a pris une dimension particulière sur ce projet.

 

Vaincre ou mourir : photo

Vaincre ou mourir : photoAh oui quand même !

 

On est particulièrement bien placés pour en parler, puisque la charge politique de notre critique a engendré une cascade hallucinante de commentaires haineux, de menaces et d'insultes, sur le site et les réseaux sociaux.

Certains se contentent de reprocher notre vision politique du film (comme si la critique de cinéma se devait d'être apolitique...), et d'autres viennent déverser leur fiel en nous attaquant directement sur notre physique de dispensés de sport, la qualité de notre écriture (souvent en faisant plein de fautes) ou nos convictions de bobo gauchistes, nous obligeant à une modération permanente. En conséquence, les partages massifs font de notre article, à l'heure où nous écrivons ces lignes, la quatrième critique la plus lue sur le site (et ça devrait encore grimper, donc... merci...).

 

Vaincre ou mourir : photo

Vaincre ou mourir : photoPetit florilège

 

Les fleurs de lys et les symboles catholiques sont de sortie en vignette, ce qui prouve bien à quel point le danger que nous craignons en évoquant Vaincre ou mourir est palpable. Il offre une tribune nauséabonde et décomplexée à une pensée réactionnaire qui sort du bois, et qui voudrait faire croire que toutes les idéologies se valent. C'est pourquoi il est d'autant plus essentiel de donner aux spectateurs non avertis les outils nécessaires pour comprendre sa genèse et l'ambition derrière sa fabrication. À bon entendeur.

PS : Pendant la rédaction de cet article, un grand défenseur de la liberté d'expression a attaqué et piraté ce site afin de supprimer notre critique, changer son titre et la remplacer par un texte promotionnel, suivi d'un peu inspiré "Super film !". Preuve supplémentaire, s'il en fallait, que ces personnes ont beaucoup de temps à perdre, que leur plume n'est pas des plus aiguisées et que certaines idées méritent d'être combattues.

Un grand merci à Vincent Mottez, aux historiens sollicités pour leurs éclaircissements et leur sympathie, ainsi qu'à Jordy Sailler et Lucie Sacré.

Dossier réalisé par Antoine Desrues et Mathieu Jaborska.

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commentaires

09/03/2024 à 16:54

C'est dingue qu'un critique purement objectif entraine des réactions aussi violente de la part des fachistes. Ces commentaires sembles avoir étés écrits par des lobotomisés...

sojiji
02/12/2023 à 00:05

En vrai quelqu'un a vu ce film au delà que ce film soit politique tout ça, Il est juste a chier en tant que film c'est mou y a des ellipse toute les 5 min. J'en reviens toujours pas du trope au début du héro qui ne veux pas mais qui par le devoir finit par accepter ... au bout de 30 secondes après avoir était traité de lâche donc un héro qui s'engage par égo et non par conviction.
Du coup là où sur bac nord la forme pouvait relever le niveau sur vaincre ou mourir la forme et le fond sont à chier

Rose75
01/04/2023 à 10:31

trop bien ce film, franchement ça change des navets français déprimants

Alak
02/03/2023 à 19:52

Un film excellent, burné, solide, courageux et vrai.
Une critique piètre, orienté ( c'est marrant de dénoncer l'orientation politique du film quand même), malhonnête ( oui oui j'ai bien dis ça) et fausse dans beaucoup de point à commencer par le fait que le film ai fait plus de 300000 entrées ( boum dans les dents).

JJL
14/02/2023 à 12:40

Un bon gros film réactionnaire.

Sylba
14/02/2023 à 09:23

Tellement mauvais qu'ils ont payé de faux avis positifs sur les différentes plateformes.
Aucune étique

Pak
06/02/2023 à 18:31

Tient donc vous n'assumez plus votre appel au meurtre "d'aller bruler (les auteurs de ce film) en enfer" ??

On peut critiquer le Puy du Fou, mais c'est quoi l'alternative ? Disneyland ?

defcd
06/02/2023 à 17:20

Marrant l'équipe de lache qui suprime le résumé ou il invitait les auteurs du film à bruler en enfer, ça assume rien

yo
05/02/2023 à 00:32

vaincre ou mourir est un slogan de 1968, sur une affiche d époque contre le gouvernement et pour le peuple, autrement dit de gauche, museé de l affiche à toulouse,

Sucre
05/02/2023 à 00:29

La critique, qui se voulait négative, a été si grossière, si caricaturale, si visiblement idéologique, qu’elle a été totalement contre-productive – et l’effet Streisand a marché à plein. « Vaincre ou mourir », pour lequel les producteurs visaient les 100 000 entrées sans vraiment y croire, va vraisemblablement au moins doubler la mise. Je me réjouis (toujours mon mauvais fond) d’imaginer les journalistes en train d’écumer de rage devant le succès de ce film auquel ils ont très largement contribué, sans le vouloir, naturellement. Je les félicite pour leur mauvaise foi et leur bêtise. Je leur sais gré d’avoir mis à profit ces dernières pour révéler aux yeux du monde leur ignorance crasse de l’histoire de leur pays et leur intolérance devant des œuvres qui ne vont pas dans le sens qu’ils souhaitent. Enfin, je les remercie d’avoir été si hargneux, si calomnieux, si lourds, si totalement dépourvus de cette intelligence et de cette finesse qui font les critiques ravageuses – tandis que les leurs, épaisses et bêtes, ont produit l’effet complètement inverse à celui recherché. Et que cela marque le retour de l'Histoire de France au cinéma car il y a un public pour ça.

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