Après Glass Onion sur Netflix, les cinq films et séries à voir absolument

Glass Onion : une histoire à couteaux tirés cartonne sur Netflix, l'occasion de recommander cinq autres films ou séries du même genre à voir absolument.

Après le succès du film À couteaux tirés de Rian Johnson et le rachat de la licence par Netflix, l'inspecteur Benoit Blanc de Daniel Craig a fait son retour en streaming pour une nouvelle enquête à tiroirs dans Glass Onion : une histoire à couteaux tirés. Le public a répondu présent pour cette nouvelle énigme, puisque le film est actuellement dans le Top 10 de la plateforme en France et aux États-Unis. On sait déjà qu'un troisième film est prévu, mais comme il n'arrivera pas avant un bon moment, la rédaction vous recommande cinq autres films ou séries du même genre pour prendre votre mal en patience et vous retourner le cerveau.

PS : On vous a épargné quelques évidences telles que les adaptations de Mort sur le Nil ou Le Crime de l'Orient-Express. 

8 femmes 

Sortie : 2002 - Durée : 1h51 

Elles sont bien huit, on a compté 

Bien que le whodunit soit un genre d'essence anglo-saxonne, le genre s'est aussi rapproché des frontières hexagonales et des écrans français, avec des enquêtes maitrisées et conformes à l'exercice (quand bien même la révélation le prend brillamment à contre-pied). Une des meilleures expressions du genre en France est le film 8 femmes de François Ozon. Il reprend le schéma du whodunit old school avec une unité de lieu hérité du théâtre qui garantit un huis clos menaçant ou le coupable se cache au milieu d'une poignée de suspects (en l'occurrence une coupable au milieu de suspectes). 

Le personnage de Suzon se substitue au traditionnel enquêteur, toujours avec la complicité du spectateur, et passe en revue les mobiles, les alibis, jusqu'à ce que le vernis craquelle et que les mensonges et vérités inavouées se révèlent au grand jour. Le film d'enquête se mue alors en drame familial, doublé d'une comédie musicale aux symboles forts, à commencer par les couleurs et fleurs attribuées à chacune des femmes. Et n'oublions pas le casting qui regroupe de grandes actrices de différentes générations : Danielle Darrieux, Firmine Richard, Catherine Deneuve, Fanny Ardant, Isabelle Huppert, Emmanuelle Béart, Virginie Ledoyen et Ludivine Sagnier, excusez du peu.

Les 8 salopards

Sortie : 2016 - Durée : 2h48

Motherfuckin' whodunnit

À première vue, les univers de Rian Johnson et Quentin Tarantino n'ont rien en commun, même si les deux aiment les cascades de références et les héros archétypaux. Pourtant, le réjouissant Les 8 Salopards a tout du whodunit classique, les geysers de sang en plus. Un chasseur de prime qui fait escale pour pendre sa proie du jour. Une auberge perdue dans le blizzard, cernée par les montagnes. Et six autres personnages hauts en couleur : un autre chasseur de primes, un shérif fraichement nommé, un confédéré, un mexicain, un cow-boy et un "court sur pattes".

Et le scénario de partir dans une sorte d'enquête interne qui égaierait les vacances de Benoit Blanc bien plus qu'une partie d'Among Us de salle de bain. Si on excepte la dimension sociale, pas exactement la première préoccupation du réalisateur de Kill Bill, tout est là : les regards de travers, les twists, un huis clos parcouru en long, en large, en travers, un intérieur, en extérieur et le plaisir d'un jeu de dupe bien méchant.

À ceci près que Tarantino préfère les tunnels de dialogues et un fétichisme quasi obsessionnel du western neigeux (pour peu que The Thing entre dans cette catégorie) aux observations d'un détective pince-sans-rire. Et ce afin de mieux prendre par surprise quand il se livre à de superbes scènes de tensions ou à des explosions de violence complètement jouissives. Parfois, le mystère doit être éclaboussé.

Théâtre de sang

Sortie : 1973 - Durée : 1h44

Vincent Priceless

Encore plus que sur A couteaux tirés, Glass Onion s'est amusé à utiliser le genre du whodunit pour exploser certaines conventions sociales, et mettre à mal la bourgeoisie avec une approche joyeusement hargneuse. Dans le domaine, difficile de penser que Rian Johnson n'ait pas été nourri par Théâtre de Sang, l'une des plus fameuses "black comedies" britanniques des années 70. Tout en reprenant l'idée de la série de meurtres à la Agatha Christie, le film de Douglas Hickbox en retourne le paradigme en nous mettant du point de vue du tueur : le truculent Edward Lionheart, incarné par l'excellent Vincent Price.

Après avoir voulu se suicider, cet acteur et metteur de scène de théâtre, spécialisé dans les tragédies shakespeariennes, décide de se venger des critiques qui ont régulièrement "assassiné" ses pièces. L'ironie en est assez mordante, d'autant que l'esbroufe du personnage l'amène à organiser ses tueries en lien avec les textes du grand William. À grands coups de costumes ridicules, Lionheart se met en scène, et exploite les vices de ses ennemis contre eux, pour mieux frapper là où ça fait mal.

Le résultat n'en est que plus drôle, grinçant et vachard, d'autant que Hickbox est épaulé par l'efficacité de sa mise en scène, toujours au service de ses acteurs d'exception. Aux côtés d'un Price parfaitement cabotin, Diana Rigg prend un malin plaisir à incarner son assistante criminelle.

Gosford park

Sortie : 2002 - Durée : 2h17

Partie de chasse

Parce qu'il ne faut jamais manquer une occasion de parler du grand Robert Altman, place à Gosford Park, qu'on résumera comme un mix entre Cluedo et Downton Abbey pour vous donner envie. L'histoire se déroule au début des années 30, dans la belle propriété bourgeoise de Sir William et Lady Sylvia McCordle, qui organisent une partie de chasse avec leurs amis et proches, après laquelle le monsieur est tué. Mais même avant ça, c'est la valse des secrets et messes basses.

Parti d'une idée de Robert Atlman, qui voulait s'amuser avec le genre du whodunit à la Agatha Christie, Gosford Park est un incontournable du genre. Au-delà de l'enquête, le film s'intéresse à l'écosystème de cette demeure, où les domestiques jouent un rôle capital malgré (ou plutôt, grâce à) leur discrétion et le doux mépris des puissants. Le petit plaisir du Cluedo laisse ainsi la place à une peinture sociale malicieuse, et d'autant plus intéressante que ce monde de 1932 est sur le point de disparaître.

Gosford Park, c'est une distribution qui donne le tournis : Maggie Smith, Michael Gambon, Kristin Scott Thomas, Charles Dance, Clive Owen, Helen Mirren, Emily Watson, Ryan Philippe, Kelly Macdonald ou encore Stephen Fry. Et c'est aussi l'un des derniers films de Robert Atlman, célébré jusqu'aux Oscars (Oscar du meilleur scénario, parmi d'autres nominations pour meilleur film, meilleur réalisateur, ou encore meilleure actrice dans un second rôle pour Maggie Smith et Helen Mirren).

THE WHITE LOTUS

Sortie : 2021-2022 - Durée : 2 saisons et 13 épisodes

*géniale musique du générique*

C'est tellement une évidence que Benoît Blanc pourrait directement débarquer dans la saison 3 de The White Lotus pour enquêter sur un cadavre retrouvé près d'une piscine de luxe, et révéler les sombres secrets de la petite bourgeoisie au bord de la crise de nerfs. Créée par Mike White, la série HBO utilise ainsi les mêmes ingrédients que À couteaux tirés et Glass Onion : une histoire à couteaux tirés, à savoir un mélange entre le polar, la comédie et la satire, dans un décor de rêve.

The White Lotus, c'est le nom d'une chaîne d'hôtels de luxe situés dans des endroits paradisiaques (Hawaï pour la saison 1, la Sicile pour la saison 2), et qui accueillent des gens parfaitement riches et névrosés. À chaque saison, un nouveau lieu, un nouveau groupe (même si le personnage de Jennifer Coolidge crée un lien)... et un nouveau cadavre, découvert en début de saison dans un flashforward. Toute l'histoire s'amusera ensuite à passer à l'acide le vernis de ces gens a priori très fréquentables, mais évidemment insupportables et/ou désaxés.

La seule et unique Tanya

Une différence néanmoins avec les aventures Benoît Blanc : le whodunit est plus que secondaire dans The White Lotus, et l'enquête en elle-même n'est jamais centrale. À tel point que les 3/4 des gens ont probablement oublié qu'il y avait un cadavre en jeu au fil des épisodes, jusqu'à ce que la conclusion le remette au premier plan. À conseiller aux gens pour qui l'intérêt de Glass Onion réside avant tout dans sa galerie de personnages, et dans l'énergie des acteurs et actrices. Parce que rien que pour Jennifer Coolidge, Aubrey Plaza, Michael Imperioli, Theo James, Murray Bartlett, Steve Zahn, Alexandra Daddario ou encore Connie Britton, The White Lotus mérite le coup d'oeil.

Notre critique de The White Lotus saison 2