Le Grand Silence : le meilleur western pour se flinguer

Ange Beuque | 31 décembre 2022
Ange Beuque | 31 décembre 2022

Après avoir façonné son Django à grand renfort de sang et de boue agglomérés, Sergio Corbucci s'attelle de nouveau à élargir la fenêtre d'Overton du macabre avec Le Grand Silence. Alors que le western spaghetti est au faîte de sa popularité, il plonge le spectateur dans un cauchemar glacial et ouvre sur son héros mutique les portes de l'enfer.

Dans les années 1960, le genre du western spaghetti est en ébullition. Cette déclinaison européenne du célèbre motif américain de la conquête de l'Ouest doit beaucoup aux trois Sergio : Leone lui a donné ses lettres de noblesse grâce à sa trilogie des dollars et Il était une fois dans l’Ouest tandis que Sollima a frappé les esprits avec son Colorado. Quant au prolifique Corbucci, qui en signera sept en tout, il participe de ce foisonnement dès son Justicier du Minnesota.

Mais avant de faire tourner Johnny Hallyday dans Le Spécialiste, le réalisateur décide d'approfondir le sillon noir esquissé avec son culte Django. Et si la présence d’Ennio Morricone à la composition sonne comme un marqueur rassurant, son Grand Silence va complètement renverser la formule classique. C'est en pataugeant dans la neige et le désespoir que son héros mutique interprété par Jean-Louis Trintignant devra se défaire d'un Klaus Kinski terrifiant.

 

Le Grand Silence : Jean-Louis Trintignant, Vonetta McGeeUn homme et une femme et des emmerdes

 

Wonderful Winter Western

Ah, le western : sa main street écrasée de soleil, son sable éblouissant, ses tempes perlées de sueur à l'heure du duel... Autant dire que le spectateur peu attentif a dû vivre un sacré choc (thermique) devant l'ouverture du Grand Silence et son cavalier en perdition dans les congères.

Pendant toute la durée du générique, on le voit lutter pour ne pas se faire engloutir, jusqu'à ce que son cheval fourbu par l'effort s'écroule. Avant qu'un plan plus large ne trahisse son insignifiance au cœur de ces montagnes imposantes, rendant l'imminence du guet-apens plus implacable encore.

 

Le Grand Silence : photo, Klaus KinskiSanta Klaus

 

C'est la manière pour Sergio Corbucci, le type de voyagiste à répondre à votre besoin de bronzette en vous envoyant contempler les aurores boréales, de nous introduire aux rigueurs de l'Utah, qui serviront de cadre à son western. Un tel décor est évidemment atypique pour le genre, bien que quelques autres s'y soient risqués avant, notamment La chevauchée des bannis dès 1959. Le fameux La prisonnière du désert de John Ford possède également quelques belles scènes enneigées.

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commentaires
Perturbator
31/12/2022 à 18:54

Santa Klaus!vous m'avez flingué !mdr

Mouais bof...
31/12/2022 à 18:43

Sans doute le film le plus sombre de Corbucci.
Le duel Trintignant/Kinski cultissime comme jamais. partition mémorable de Morricone ,une foi n'est pas coutume. Grand western .

@Mx. Merci pour l'info sur Durango. je ne conaissais pas.

Mx
31/12/2022 à 14:41

plus que cela, avec django, un western culte, et en plus, ce film a servit de base à l'excellente bd durango, notamment son premier album, les chiens meurent en hiver!!

Pat Rick
31/12/2022 à 13:14

Un excellent western spaghetti.