Sweeney Todd : quand Tim Burton saignait son arrêt de mort

Chloé Chahnamian | 3 décembre 2022
Chloé Chahnamian | 3 décembre 2022

Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street est-il le dernier vrai film de Tim Burton avant la descente aux enfers ou annonçait-il déjà le début de la fin ?

À la fin des années 1980 et pendant les années 1990, après avoir quitté les studios Disney, Tim Burton signe de grands succès critiques et populaires comme Batman et sa suite, mais aussi le fameux Edward aux mains d'argent ou encore Sleepy Hollow, des films qui le propulsent sur le devant de la scène. Mais au fil des ans, la carrière du cinéaste connait quelques difficultés et nombreuses de ses dernières œuvres sont critiquées pour leur manque de singularité, leur laideur visuelle ou bien les deux.

Depuis les années 2000, on se demande quel a été le point de non-retour pour le cinéaste au style si marqué et à la carrière si prometteuse. Quand Tim Burton a-t-il arrêté d'être bon ? Quand est-il devenu une caricature de lui-même ? La sortie de Mercredi, série qu'il produit et réalise en partie, va sûrement venir mettre son grain de sel à ce vaste débat.

En 2007, juste avant de signer à nouveau avec le diable (Disney) pour Alice au Pays des merveilles, Tim Burton réalise Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street, un film grâce auquel il renoue avec ses premiers amours gothiques, mais qui marque déjà une scission avec son public. Sweeney Todd est-il le dernier grand film burtonien avant les œuvres génériques et calibrées que sont Alice au Pays des merveilles, Dark ShadowsMiss Peregrine et les enfants particuliers et Dumbo ou est-il au contraire le premier de cette longue liste ?

 

Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street : Photo Johnny DeppTim Burton face à ses fans en colère

 

Un film musical, pour le meilleur et pour le pire

Tim Burton manifeste son envie d'adapter la comédie musicale de Stephen Sondheim Sweeney Todd, the Demon Barber of Fleet Street, elle-même adaptée de la pièce de Christopher Bond, après la sortie de Batman en 1989, mais le projet ne se concrétise pas, du moins pas avant que Dreamworks en acquière les droits. Si Sam Mendes est le premier à être pressenti pour réaliser l'adaptation, il préfère finalement tourner Jarhead et quitte donc la production. Tim Burton est nommé réalisateur en 2006 et ramène avec lui son acteur fétiche Johnny Depp pour leur sixième collaboration.

Le cinéaste arrive donc sur le projet en cours de route alors que plusieurs scénarios ont déjà été écrits, mais pour lui, ces versions comportent trop de dialogues et pas assez de musique. Certaines chansons de la pièce musicale originale avaient été raccourcies, voire coupées de ces premiers jets. Lui et le scénariste John Logan prennent donc une tout autre direction et décident de réintégrer pleinement la musique au film. Tim Burton décide aussi de couper beaucoup de dialogues, pensant sûrement que la musique composée par Sondheim se suffit à elle-même.

 

Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street : Photo Sacha Baron CohenSignor Adolfo Pirelli

 

Il semble donc évident que si le film est aussi musical, c'est grâce à Tim Burton, mais aussi à cause de lui. C'est justement ce lyrisme exacerbé qui a été critiqué par de nombreux spectateurs. Même si la critique du film "trop" musical est étrangement assez courante pour les comédies musicales (le comble oui), Tim Burton a peut-être saboté son propre film à vouloir en faire une parfaite adaptation de la comédie musicale de Sondheim.

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commentaires
Grey Gargoyle
30/08/2023 à 18:06

Hello,

"Arrêt de mort ?" (°_°)
C'est vraiment très excessif... Il ne faut pas exagérer... Il tourne et ses projets actuels continuent de lui ressembler.

Bien cordialement

C.Kalanda
15/12/2022 à 05:15

@Sanchooz

Ahah mais tellement ^^

Un des bons points rappelé par la rédactrice dans ce très bon article c’est qu’ils s’étaient pas mal troués sur la com a l’époque. Moi même, bien que lisant la presse ciné et même EL il me semble, j’avais été pris de court lors de la projection et je ne m’attendais pas du tout à voir une comédie aussi musicale (et avec des thèmes musicaux aussi « clichés » du genre).

Ibaloo
08/12/2022 à 18:33

Je serais bien en peine de distinguer ce film de ses autres réalisations. En vérité le problème fondamental de Burton c'est que le visuel et l'univers l'emporte sur la narration. J'ai le même problème avec Zack Snyder et toute une génération de réalisateurs qui sont issus ou marqués par la publicité.

Pour moi sa seule oeuvre majeure c'est Big Fish. Le reste est assez anecdotique. Attention je ne dis pas mauvais, loin de là, j'ai toujours plaisir à revoir un film de Burton à la TV et je passe un bon moment, mais concrètement est-ce que j'ai envie de le posséder en Bluray ? Non.

Fabien
04/12/2022 à 17:54

Il s'agit de mon film préféré de Tim Burton

Pog
04/12/2022 à 12:48

Hey "Mercredi" est une grande réussite et une oeuvre 100% Burtonienne (du moins le premier épisode). Faut pas l'enterrer trop vite, hein.

Sanchooz
04/12/2022 à 08:09

"I miss you Johanna..." mon Dieu quelle horreur! 15 ans après j'ai encore cette affreuse chanson et cet affreux film qui me hantent, dans le mauvais sens du terme. Pour moi un des pires films de Tim Burton, un des pires films tout court en fait.

Tim Burton is gone snif
03/12/2022 à 13:39

rien que l'etalonnage grisatre, desaturé, me fait fuir
j'ai vu recemment une partie du film avec la marion cottilard the immigrant, et J phoenix de N Gray, il fait de tres bons films ce type, donc la aussi, l'etalonnage sepia orangé m'a fait jete l'affaire,
tim Burton, dans les alice, là aussi, les images flashy et certains cgi qui piquent les yeuxme sortent par les billes, c'est une hisoire de preference visuelles et çà peut suffire a faire decrocher..

Prisonnier
03/12/2022 à 11:38

Thiiis is myyyyy friiiiend... Ouaip je kiffe ce film, et effectivement, ce fut le dernier que j'ai kiffé de Burton

yannick
03/12/2022 à 11:02

Même n'ayant jamais été particulièrement fan de Burton, même pendant sa période faste, j'ai toujours adoré ce film. Même si certains choix numériques sont un peu dommageables, les morceaux musicaux (surtout les scènes où Todd retrouve ses rasoirs et où il commence à raser calmement le juge, comme un requin qui tourne autour de sa future proie) sont magnifiquement mis en scène. Le dernier plan aussi est magnifiquement tragique!