Willow la série : un retour inutile et moche, merci Disney+

Mathieu Jaborska | 1 décembre 2022 - MAJ : 01/12/2022 11:53
Mathieu Jaborska | 1 décembre 2022 - MAJ : 01/12/2022 11:53

Plus de 30 ans après Willow, Ron Howard et Lucasfilm reviennent saccager leur propre univers, avec la complicité de Warwick Davis.

Mickey continue d'exploiter chaque parcelle de son catalogue acquis à force de rachats sauvages. Les franchises Fox (Predator, Alien, Maman, j'ai raté l'avion, La Planète des singes) y passent les unes après les autres, tout comme les grandes sagas estampillées Lucasfilm, du demi-millier de films et séries Star Wars au retour tant attendu (et redouté) d'Indiana Jones. C'est donc au tour de Willow, légendaire long-métrage de fantasy familial porté par Val KilmerWarwick Davis et Joanne Whalley, d'encaisser, sur Disney+ bien sûr.

À l'initiative du scénariste Jon Kasdan, protégé de Lucasfilm post-acquisition puisqu'il a travaillé sur Solo et Indy 5, évoquée pour la première fois par le réalisateur Ron Howard en personne et validée par la firme aux grandes oreilles dans la foulée, la série adaptée de cette madeleine de Proust archi-sucrée a débuté sur la plateforme ce 30 novembre, avec deux épisodes d'un coup. Nous avons vu les trois premiers. Petit avis.

 

 

Vieille magie

De toutes les licences célèbres désormais détenues par Disney (excepté Howard the Duck, évidemment), Willow n'est pas la plus évidente à perpétuer. En son temps, c'était un pari risqué pour la compagnie de George Lucas. Les ersatz fauchés de Conan et le bide de Legend avaient largement discrédité la fantasy au cinéma et la trilogie du Seigneur des Anneaux ne l'avait pas encore fait revenir en odeur de sainteté auprès du grand public. D'ailleurs, son approche très familiale ne l'a pas hissé au sommet du box-office, avec 57 millions de dollars récoltés sur le territoire américain pour un budget estimé à 35 millions. D'où l'absence de suite directe, déjà débattue à l'époque.

Cette série a donc la lourde tâche de faire office d'héritage à un film pas toujours connu des nouvelles générations, dans une industrie dont les références en termes de fantasy sont toujours Le Seigneur des anneaux... et Game of Thrones. Soit des oeuvres très matures... et qui viennent en plus de faire un retour fracassant sur les plateformes de SVoD rivales.

 

Willow : photoUn peu de gatekeeping

 

À première vue, Willow 2.0 tente de réconcilier les nostalgiques des années 1980 et un public adolescent, en se plaçant directement dans la lignée narrative et tonale de l'original, tout en empruntant les personnages et l'esthétique propres aux teen-séries qui pullulent sur les diverses plateformes, celles de Netflix en tête. Une manière de s'éloigner des mastodontes d'Amazon Prime et HBO, qu'elle n'essaie jamais – et encore heureux – de concurrencer.

Kasdan écarte Val Kilmer, malheureusement incapable de participer au projet en raison de son état de santé et des mesures sanitaires sur le tournage, d'un coup de voix off introductive. Il promeut Joanne Whalley en vulgaire passeuse de relai entre les générations et fait de Warwick Davis, de toute évidence très impliqué, le coeur du récit. En parallèle, il introduit moult ados aux caractérisations convenues (ça commence avec l'inévitable mariage forcé), se permet quelques audaces (le destin du personnage d'Ellie Bamber) et mélange le tout dans une soupe légère, mais franchement fade.

L'emboitement approximatif des restes de la fantasy enchanteresse de Lucas et des codes très redondants des productions algorithmiques suscite bien quelques fous rires, notamment lors des fins d'épisode, où les mélodies de feu James Horner, réarrangées par James Newton Howard (qui sera remplacé par Xander Rodzinski), sont mixées à de quelconques tubes pop ou nu-metal. Il représente à terme un poison très actuel.

 

Willow : photoAdo rebelle 1 VS ado rebelle 2

 

Zone grise

Bien qu'elle revendique de s'inscrire dans la continuité du film, Willow 2022 n'en préserve pas pour l'instant l'ambition visuelle, loin de là. Le pilote, qui avait pourtant comme mission de convoquer à nouveau sa foisonnante direction artistique, prend soin de nous faire miroiter ses décors naturels gallois... avant de nous enfermer dans un château lugubre et d'enchainer les dialogues en champ contrechamp et en longue focale. Tout ça histoire de cacher un peu la tristesse des décors, dans la plus pure tradition des séries interchangeables qui squattent le top hebdomadaire des plateformes.

Non pas que la mise en scène de Ron Howard, célèbre représentant du classicisme hollywoodien, était particulièrement fantasque. Non pas non plus que ces premières heures oublient de présenter quelques bestioles intéressantes. Le premier épisode prend soin de dévoiler des créatures qui pourraient rivaliser avec l'inventivité du bestiaire de 1988... si toutefois on pouvait les discerner

 

Willow : photo, Amar Chadha-PatelArt abstrait

 

La saison 8 de Game of Thrones avait relancé très vivement les débats sur la sous-exposition d'une bonne partie de la production cinématographique et surtout télévisuelle, qu'on doit à une pléthore de facteurs. Certains accusent un peu hâtivement les chefs opérateurs stakhanovistes d'abandonner l'art ancestral de l'éclairage, d'autres blâment les possibilités offertes par l'étalonnage (grâce au format log). Tous s'accordent pour faire remonter la tendance à l'émergence du numérique qui, en offrant aux artistes des cadres de visionnage en temps réel bien supérieurs aux écrans de l'immense majorité du public et en nuançant les contrastes et en misant énormément sur la HDR, commence à assombrir nos séries... parfois par conformisme.

Car comme toute technologie, comme les CGI ou la 3D, le numérique, le color-grading et les atmosphères sombres sont de simples outils, que certains cinéastes et techniciens ont largement utilisés à leur avantage. Mais ce qui sied bien à des séries comme Ozark ou à des films comme Bad Dreams corrompt complètement une oeuvre censée faire voyager son spectateur. En l'occurrence, le passage au numérique a gommé toute la chaleur de l'univers de Willow, faisant du gouffre qui sépare le film de la série un symbole évident de l'affadissement déprimant qui touche le divertissement grand public, jusqu'aux récits d'aventures les plus exaltés.

 

Willow : photoL'aventure, la vraie

 

Pour faire simple, Willow n'est pas seulement aussi plan-plan, grisâtre et morne que beaucoup de ses concurrentes (la comparaison avec la saison 1 de The Witcher est inévitable). Parfois, on ne voit juste rien, surtout lors des rares affrontements. Le départ pour une quête épique et l'abandon de ce château donnent cependant envie d'y croire (malgré la deuxième séquence d'action... de nuit), d'autant que la série emploie différents directeurs de la photographie et que les premiers avis assurent qu'elle gagne en intérêt passés les premiers épisodes. Espérons-le. En l'état, les trois premiers sont les témoins d'un appauvrissement visuel de l'imaginaire dont Mickey n'est assurément pas le seul responsable.

Un nouvel épisode de Willow chaque mercredi depuis le 30 novembre 2022 sur Disney+ en France

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commentaires
elder
01/01/2023 à 16:16

Merci pour cette vrai analyse juste !!!
A ceux qui font semblant de trouver cela correct lol je dis...
Regarder le dernier episode de 2022...
Les 5 derniers secondes...
Et franchement Stop, clap de din pour moi.

Julianna692
26/12/2022 à 11:00

Déçue...pas à la hauteur...mauvaise photographie, aucune esthétique.
Ça ne sent pas du tout l'aventure comme dans le film de 1988. J'ai regardé les 2 à la suite et le gouffre est plutôt profond entre les 2.
Le casting des nouveaux personnages est mauvais.

Solo seul
22/12/2022 à 09:32

Fuyez pauvres fous! Pour ceux qui ont aimé le film ne regardez pas la série. J'en suis au 5ème épisode et c'est de pire en pire. Pourquoi d'ailleurs je continue à regarder ? Parce que je me dis que ça ne peut pas être aussi nul à l'épisode final ? Disney a tout gâché. 30 ans d'attente pour ça ? Tout est mauvais et c'est pire qu'un épisode de Xena la guerrière c'est pour dire alors qu'on esten 2022! Franchement je ne comprend pas pourquoi Disney s'est auto sabordé ?.

Lastal
04/12/2022 à 14:26

Honnêtement la.serie n.est pas si mauvaise que ça, on ça donner sa chance au produit et attendre la suite...il y a bien pire. Ça se regarde gentiment en famille.

Sébastien
04/12/2022 à 11:32

A l'ère du 4K, l'image n'est jamais devenue aussi laide. Qui l'eu cru?

Klougomaron
04/12/2022 à 11:12

Ouep,
Le premier choc c'est la photo, qui est vraiment très laide... Il suffit de voir la scène d'introduction d'Elora et du prince, avec ses flous numériques, ses lumières flat et ses couleurs à gerber. Si tu rajoutes à ça le très mauvais filmage des scènes d'actions (imbitables)... voilà un bien bel exemple de nostalgia-killer !

Vop
04/12/2022 à 07:57

J'ai toujours eu un avis net et tranché sur ce genre d'article.
Tu n'aimes pas ? Ben regarde pas.

The Call of Ktulu
03/12/2022 à 22:14

P*** d’algorithme humain, cahier des charge copier-coller, encore et encore.
Coquille complétement creuse. Mais toujours quelques pigeons pour mordre.

Ce qui me dégoute le plus ? Le fait qu'ils viennent de tuer la licence : que cela marche ou que ça soit un flop, plus personne ne pourra passer après ça.

Coucou les soumis
03/12/2022 à 15:23

Une belle merde mais je n'argumenterais pas sachant que je serais censurbiiip par les apprentis bobo rédacteurs.

Bruce
03/12/2022 à 14:14

Encore une belle merde made in Mickey

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