Panic sur Florida Beach : la meilleure pub pour le cinéma en salles est signée Joe Dante

Mathieu Jaborska | 19 novembre 2022
Mathieu Jaborska | 19 novembre 2022

Oubliez les campagnes de communication maladroites et les supplications dans les grands médias : le plus grand plaidoyer en faveur de l'expérience salle a presque 30 ans, est réalisée par le grand Joe Dante et s'appelle Panic sur Florida Beach.

Pour faire face à la baisse de fréquentation des salles de cinéma en France, imputée à la fois aux habitudes prises pendant la pandémie et à la mainmise des services de SVoD américains, le CNC a lancé une campagne intitulée "On a tous une bonne raison d'aller au cinéma"; tandis que les grands acteurs de l'industrie se succèdent dans les médias pour donner leur avis sur le sujet.

Et si le plus bel éloge du grand écran et par ailleurs son meilleur promoteur n'était pas plutôt un film, réalisé par l'un des plus grands défenseurs de la culture populaire, Joe Dante ? Et si le réalisateur de Gremlins, pourtant célèbre pour son amour de la petite lucarne (cf. Les banlieusards et Les Looney Tunes passent à l'action), avait déjà, presque 30 ans auparavant, fabriqué le spot ultime en faveur des salles obscures ? Et si Panic sur Florida Beach était la plus belle déclaration d'amour faite à l'expérience collective du cinéma ?

 

Panic sur Florida Beach : photo, John GoodmanLe meilleur de tous

 

Dantesques souvenirs

Bien que Panic sur Florida Beach soit probablement son film le plus explicite sur la question, Joe Dante est le grand promoteur de la télévision populaire, du cinéma grand public et de l'expérience des salles, totems nostalgiques qui le suivent dans toutes ses oeuvres et dont il n'a cessé de décortiquer les mécaniques. Monteur de formation, il s'amusait déjà de la puissance hypnotique (The Movie Orgie, à découvrir d'urgence dans une salle endormie), puis, chez Corman, du délire (Hollywood Boulevard) des projections à un large public. Son film le plus célèbre est sans appel. Le seul moyen de calmer les infernaux Gremlins, c'est de les emmener à une séance apocalyptique de Blanche-Neige.

C'est justement au sortir de Gremlins 2, qui poussait le bouchon encore plus loin en déglinguant sa propre pellicule pour inviter les sales bestioles dans la salle, qu'on fait lire au cinéaste le scénario de Matinee. Et le projet lui-même exige une passion pour le septième art. Non content d'être responsable du sabotage en règle de sa franchise, Dante s'attaque en plus à un film bien plus personnel... et par conséquent bien plus difficile à faire financer. Les détours, arrangements et coups de poker nécessaires à sa production anticipent la manière dont le margoulin Lawrence Woolsey, lui-même en galère, se dépatouille.

 

Panic sur Florida Beach : photo, John Goodman"J'aime pas trop les voleurs..."

 

"Il a fallu s'adresser à l'étranger pour réunir le budget, comme à chaque fois pour un film indépendant. Aujourd'hui encore. On a passé un accord avec une société qui était en mesure de rassembler les fonds, soit une somme de 14 millions de dollars. Les studios Universal devaient se charger de la distribution. Pendant la préproduction du film, il y a eu des problèmes liés au casting. Quand l'argent vient de l'étranger, il faut engager des vedettes de là-bas qui sont rarement des vedettes aux États-Unis. Ça a créée pas mal d'histoires, mais le projet a pu être mis sur pied" raconte le metteur en scène dans l'interview passionnante Paranoïa en Fourmivision, trouvable en bonus sur l'édition Carlotta.

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commentaires

01/12/2022 à 09:22

J'adore Joe Dante et celui là est clairement un de ses plus grands films !
Une époque de cinéma qui me manque, même si je ne l'ai pas vécu, mais avec Dante, Landis et ces amoureux du septième art, la créativité était le mot d'ordre

ZakmacK
21/11/2022 à 13:41

Bon je l'ai pas vu, alors je ne lis pas l'article, mais dès que j'ai réparé mon erreur, j'y reviens !

Ray Peterson
20/11/2022 à 08:56

L'un des plus beaux films de Joe Dante et un grand film sur le cinéma et sur la création artistique. La meilleure période Dante pour moi. Beau, drôle, émouvant et pourtant extrêmement pessimiste à la fin. John Goodman est le tonton cool que l'on aimerait avoir gamin. Tu me manques Joe Dante.

Mouais Bof...
19/11/2022 à 11:38

Grand Film de Joe Dante. Une belle lettre d'amour aux films dits série B .
Toujours des thématiques au vitriole comme Dante savait bien le faire. La Hantise d'un holocauste nucleaire avec la crise des missiles à Cuba..

Et Goodman toujours imposant à l'ecran. Un très grand souvenir de cinéma.

Ah ! souvenir
19/11/2022 à 10:02

Un incontournable du vidéo-club de mon adolescence.