Jamie Lee Curtis : 5 rôles oubliés qui prouvent que c'est une super actrice

La Rédaction | 15 octobre 2022
La Rédaction | 15 octobre 2022

Jamie Lee Curtis est une superbe actrice, mais sa carrière est trop souvent résumée à HalloweenUn Poisson nommé Wanda ou True Lies. On a donc voulu revenir sur cinq rôles moins souvent cités, mais tout aussi intéressants et importants.

Si elle a d'abord été présentée comme la fille de Tony Curtis et Janet Leigh, Jamie Lee Curtis s'est vite fait son propre nom, jusqu'à devenir une icône du cinéma d'horreur et même une figure incontournable de la culture populaire, autant que la Laurie Strode qui a lancé et accompagné sa carrière. De Halloween, la nuit des masques au dernier Halloween Ends, celle qui a décroché la couronne de Screm Queen ultime a gagné en notoriété en jouant la mère de Lindsay Lohan pour Disney et la femme d'Arnold Schwarzenegger pour James Cameron. 

Elle a aussi fait rire en donnant la réplique à un Eddie Murphy encore anonyme, séduit en incarnant une drôle de cambrioleuse, fait pleurer en interprétant une thanotractrice romantique et gagné un peu en assurance en tenant tête à un Pierce Brosnan en simili James Bond. Mais, s'il s'agit de ses plus grands faits d'armes, les meilleurs rôles de Jamies Lee Curtis ne s'arrêtent pas à Halloween, Un fauteuil pour deux ou True Lies, la preuve avec cinq films plus méconnus ou mal aimés où elle est pourtant géniale. 

 

 

le FILM D'HORREUR QUI N'EST PAS LA NUIT DES MASQUES : fog

Sortie : 1980

 

Fog : photoJ'en connais un qui a eu un gros budget machine à fumée

 

Le rôle de Jamie Lee Curtis : Alors qu'une mystérieuse brume s'abat sur la ville d'Antonio Bay, Elizabeth Solley fait de l'auto-stop. Cette jeune femme rebelle, d'origine bourgeoise, cherche à fuir un quotidien qui l'ennuie. Autant dire que dans le cas où des pirates zombies sortent de la mer, elle aurait mieux fait de rester chez elle.

Pourquoi c'est un bijou nébuleux (et pas fumeux) : Après le succès du premier Halloween, John Carpenter s'est décidé à creuser le filon de l'horreur, jusqu'à envisager au début des années 80 des récits qui pourraient s'inscrire dans des anthologies, comme il a tenté de le faire avec Halloween III. Fog s'inscrit non seulement dans cette dynamique, mais prouve pour la première fois à quel point le réalisateur a mieux compris que personne l'héritage de H.P. Lovecraft, en accaparant une horreur indéterminée et irreprésentable.

 

Fog : Photo, Jamie Lee Curtis, Janet LeighEntre Norman Bates et Michael Myers, ça en fait des coups de couteau

 

Son film est ainsi une oeuvre passionnante sur l'immanence de la monstruosité humaine, et sur l'histoire d'une Amérique façonnée dans le sang. Au coeur d'un concept aussi fort, Carpenter a su s'entourer d'acteurs capables d'incarner des personnages immédiatement attachants. C'est le cas d'Elizabeth, que Jamie Lee Curtis interprète avec ce même mélange de fragilité et de courage qui a fait le sel de Laurie Strode. Le cinéaste s'amuse une nouvelle fois à la plonger dans des situations hautement angoissantes, comme lorsque l'un des cadavres de la morgue se lève dans le dos de l'héroïne.

Mais surtout, l'actrice porte par sa seule présence le fil conducteur du long-métrage : la question de la transmission et du poids des ancêtres. Pour cela, Carpenter a décidé de caster auprès de Jamie Lee Curtis sa mère, la grande Janet Leigh, immortalisée par Psychose d'Alfred Hitchcock. Leur alchimie à l'écran est aussi douce que touchante, et rassemble deux générations de cinéma au sein d'un classique de l'épouvante.

 

La comédie qui n'est pas UN POISSON NOMMÉ WANDA Créatures Féroces

Sortie : 1997

 

Créatures féroces : photo, Jamie Lee CurtisComment résister ?

Le rôle de Jamie Lee Curtis : La vice-présidente d'un zoo en redressement économique après avoir été racheté par un magnat multimillionnaire détestable. Alors qu'elle doit se coltiner le fils insupportable de son patron, elle se prend progressivement d'affection pour les animaux et – qui l'eut cru – pour le directeur du zoo, pourtant plus risible que séduisant. 

Pourquoi c'est une comédie irrésistible : Après le carton d'Un poisson nommé Wanda (nommé pour trois Oscars, dont un décroché par Kevin Kline), l'équipe s'est réunie neuf ans plus tard pour Créatures féroces, qui n'a cependant pas connu le même succès, et n'est pas vraiment resté dans les mémoires. Le scénario qui ne cherche pas à être subtil étale à nouveau un humour british potache, voire bien gras (les quiproquos sexuels ou les allusions à la zoophilie), mais propose surtout une satire féroce et très pertinente sous couvert d'absurdité.

 

Créatures féroces : photoOn ne change pas une équipe qui gagne (encore moins quand Jamie Lee Curtis en fait partie)

 

Ainsi, le film regorge de détails truculents et burlesques : le cynisme des investissements, le public intéressé par les grosses dents et grosses griffes (coucou Jurassic World), le faux panda qui va à l'encontre même du prince d'un zoo, l'hypersexualisation des femmes à des fins commerciales et le sponsoring aveugle et démesuré (le panneau Lego à côté du portrait de Saddam Hussein ou tigre avec une chasuble Absolut Vodka). 

Au milieu du vacarme rocambolesque, Jamie Lee Curtis s'amuse une fois de plus avec l'image de la femme fatale dont elle reprend tous les clichés pour mieux les déjouer. D'abord présentée comme l'archétype de la femme dédaigneuse et sexy en tailleur moulant, elle gagne rapidement en épaisseur et devient de plus en plus espiègle (avec des regards, des sourires et une gestuelle à double sens parfaitement maîtrisés) pour enfin devenir une femme libre et affirmée – notamment sur le plan sexuel – et par extension un autre personnage attachant dans la filmographie de l'actrice.

 

LE film policier qui n'est pas À COUTEAUX TIRÉS : BLUE STEEL

Sortie : 1989

 

Blue steel : Jamie Lee CurtisArrête-moi si tu peux

 

Le rôle de Jamie Lee Curtis : Megan Turner, une policière new-yorkaise novice et idéaliste abat dès son premier jour de service un homme en flagrant délit de braquage à main armée qui la menaçait. Un trader présent sur les lieux récupère alors l'arme du criminel qu'il subtilise et tombe dans une folie meurtrière, tout en commençant à entretenir une relation sentimentale avec Megan, dont il grave le nom sur les balles qui servent à tuer ses victimes. 

Pourquoi c'est un rôle important dans sa carrière : Après avoir enchaîné les slashers et comédies plus ou moins cultes et les drames relativement anonymes, le film Blue steel réalisé par Kathryn Bigelow a marqué un tournant dans la carrière de Jamie Lee Curtis. Il lui a en effet permis d'approcher un autre genre, le thriller policier, qui était alors en grande partie représenté par des hommes. Si le film n'est pas exempt de sensualité et d'érotisme (on parle d'un film de Kathryn Bigelow après tout), le physique avantageux de l'actrice érigée au rang de sex-symbol a été laissé en retrait au profit d'une figure plus androgyne, mais tout aussi puissante si ce n'est plus.

 

Blue steel : photo, Jamie Lee CurtisDon't fuck with Jamie Lee

 

Évidemment, l'actrice peut compter sur son jeu solide et sa physicalité assurée pour incarner la protagoniste et ses différentes facettes : fragile et courageuse, naïve et acharnée. Le film peut aussi être mis en parallèle d'Halloween, la nuit des masques. Comme Laurie Strode, Megan Turner est prise pour cible par un tueur en série dont elle est devenue l'obsession.

Le film raconte la naissance d'un psychopathe et présente une nouvelle traque, plus urbaine, une nouvelle forme de monstruosité avec un écho plus social (un homme en costume qui cherche le contrôle et la domination), ainsi qu'une autre représentation de la final girl et du boogeyman (qui porte aussi un masque, mais métaphorique). La différence majeure, c'est que cette fois, les deux jouent à armes égales et que personne ne se relève à la fin. 

D'ailleurs, on parle aussi de Blue Steel dans notre dossier consacré à la géniale Kathryn Bigelow.

 

La romance WTF qui n'est PAS TRUE LIES : perfect

Sortie : 1985

 

Perfect : photo, Jamie Lee CurtisQuand la musique est bonne
 

Le rôle de Jamie Lee Curtis : Nous offrir, en l'espace d'un film un condensé du mélange de naïveté, d'errements stylistiques et de sexualité débridée qui ont présidé à la première partie des années 80, avant que l'épidémie du sida ne vienne phagocyter le logiciel jouisseur de la société de consommation.

Pourquoi c'est la fièvre au justaucorps : Il y a les films ratés et les mauvais films. N'oublions pas non plus les navets. Plus rares sont ceux qui peuvent prétendre au titre de nanars positroniques. Perfect est de ceux-là, tant ce cataclysme critique, public et économique coche de cases en matière de réjouissant chaos. Tout d'abord, l'épaisseur avec laquelle le récit feint d'avoir quelque chose à raconter sur le phénomène qu'il dépeint quand il n'en use que pour permettre au spectateur masculin de se rincer l'oeil est ridicule au plus haut point. Mais c'est bien la présence de John Travolta, arrivé là on ne sait trop comment, son jeu parfaitement déroutant, entre pastiche lourdingue de lui-même et esprit de sérieux poussé à l'absurde, qui achève le projet.

 

Perfect : photo, Jamie Lee CurtisLa gym en rose

 

On n'osera pas écrire que la prestation de Jamie Lee Curtis sauve les meubles, ces derniers étant d'entrée de jeu carbonisés, mais l'actrice fait ici preuve d'une énergie et d'une absence de dérision aussi sympathique, que participant à la démence de l'entreprise. Energique, frontale, voire vindicative, elle réussit ici et là à déjouer le regard masculin franchement crapoteux qui s'attarde sur son corps, pour souligner le ridicule de l'entreprise, et le goût pour la caricature grossière de l'époque. 

 

LA SÉRIE B QUI N'EST PAS HALLOWEEN : RÉSURRECTION - VIRUS

Sortie : 1999

 

Virus : PhotoLa chose d'un autre budget

 

Le rôle de Jamie Lee Curtis : Son rôle est simple, il consiste à émuler le personnage de Ripley dans Alien. Tout y est. Le milieu hostile (un navire abandonné en plein océan), l'équipage de vieux loups de mer (ou d'espace), l'héroïne aux airs de walkyrie prolétaire, et surtout, une menace extra-terrestre polymorphe qui fait rien que tuer les gens en mutant salement. Heureusement, Jamie veille au grain.

Pourquoi c'est une chouette série B craspec : En l'an de grâce 1999, le cinéma horrifique et son pendant d'exploitation se portent au plus mal. Les années 90 ont marqué un assèchement total de l'inspiration, doublé d'une désaffection du public. Le cynisme rigolard des années 80 est passé par là, tandis que les spectateurs ont préféré chanter les louanges d'un Scream, plutôt que de Relic, authentique film de monstres. Autant dire que  Virus, son récit à la Alien et ses bébêtes abominables réchappées de The Thing, Virus est tout sauf un film dans le vent.

 

Virus : Photo Jamie Lee CurtisDans la série B, tout le monde vous entend crier

 

Celui-ci assume avec un premier degré réjouissant son ADN de film de monstres méchant, gorasse et riche en frissons. Au rang des  plaisirs immédiats qu'il procure, c'est évidemment sa distribution qui permet à ce joli conte de Noël de rester dans les mémoires. On y trouve une galerie de seconds couteaux aux répliques qui fleurent bon la sueur de gonades oubliées, un Donald Sutherland qui cabotine comme un goret, un énième frangin Baldwin en descente de rillettes et surtout, Jamie Lee Curtis, capable comme à son habitude de faire de n'importe quelle partition de série B en chant de Walkyrie.

Tout savoir sur Jamie Lee Curtis

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Simon Riaux
17/10/2022 à 14:23

@Rollingcharas

On connaît.
Et on sait même s'en servir.

Mieux que vous, qui n'êtes pas parvenu à voir que vous pointez du doigt deux articles... qui n'ont aucun film en commun.

Allez, merci pour ce moment.

bof
17/10/2022 à 14:19

@Rollingcharas
Je suis allé voir sur comingsoon.com et je ne sais pas trop à quoi Google Trad aurait pu leur servir, comme il n'y a pas un seul film en commun... ;-)

L'approche d'Ecran Large, pour le coup, me paraît bien plus intéressante, puisqu'on sort des rôles évidents que tout le monde connait (Halloween, Un poisson nommé Wanda, True Lies).

Tom’s
17/10/2022 à 11:00

Lee Curtis ou le feu sous la glace, Cameron l’avais bien compris. Son physique est l’exact contraire des femmes en vogues de l’époque ( Badinter, pfeiffer) mais la rend crédible. au Ciné à l’époque Virus était vraiment sympa ( film sur le plan visuel irréprochable pr l’époque ) et ce qu’elle fait de Laurie Strode ds H20 est bien pensé( l’alcoolisme )

Flash
16/10/2022 à 14:38

J’aime bien aussi « un fauteuil pour deux ».

Rollingcharas
16/10/2022 à 07:27

Dites écran large connaissez vous le site comingsoon.net ? Et google trad vous connaissez aussi ?.....

bof
15/10/2022 à 21:29

Excellente idée d'article, très agréable à lire qui plus est (et les photos sont bien choisies, non je ne parle pas forcément de Perfect). Je ne me rappelais pas qu'elle avait tourné avec sa mère, d'ailleurs. Voilà qui me donne envie de revoir Fog, Blue Steel et Créatures féroces.

fedor
15/10/2022 à 16:42

HA, enfin on parle de créature féroce. Wanda est sympa mais créature est pour moi au dessus. Dommage qu'il soit moins connu.

Hildegarnic
15/10/2022 à 14:10

Je suis tellement fan de Créatures Féroces...

Mx
15/10/2022 à 12:36

Pour ma part, son meilleur rôle restera blue steel, qui mérite d'être réahbilité d'urgence dans la filmographie de bigelow, car c'est un titre injustement oublié, qui a plein de qualité pour lui, générique, cast, photo, mise en scène, bad guy, scènes d'action, et en plus, ia TOM SIZEMORE, dedans!!

Kyle Reese
15/10/2022 à 11:20

J'aime beaucoup Jaimie Lee Curtis, depuis Fog je crois. Au delà d'un talent indéniable, qu'est-ce que j'ai pu rire devant Wanda, elle incarnait aussi une certaine féminité sexy moderne avant l'heure. Ce mélange de femme au tempérament fort et libéré avec une dose de sensualité. C'est un peu avec elle que j'ai pas mal fantasmé sur les femmes aux cheveux courts fut un temps. Et puis ce n'est pas pour rien qu'elle a été surnommé "the body" après la sortie de Perfect qui a été pour moi un moment très chaud pour l'ado que j'étais.(Non je ne me suis pas mis la gym tonic pour autant)

D'ailleurs je suis sur que le clip d'Eric Prydz qui a fait les beau jours de M6 en 2004 est inspiré de ce film. Musique d'ailleurs plagié d'un morceau jamais sorti de Thomas Bangalter avant Daft Punk mais ça c'est une autre histoire. Et si EL m'autorise, rien de mieux que de regarder le clip pour mettre du rythme en ce début WE ! (et pas que) ^^

https://www.youtube.com/watch?v=qetW6R9Jxs4

et un montage du film Perfect au passage pour comparaison:

https://www.youtube.com/watch?v=JhqqFsht-jc