Cry-Baby : Johnny Depp en pleurs et Iggy Pop en plouc pour John Waters

Chloé Chahnamian | 9 octobre 2022
Chloé Chahnamian | 9 octobre 2022

Avec Cry-Baby, l'expérimentateur John Waters signe une œuvre musicale carrément barrée dans laquelle il réinvente Roméo et Juliette et crée Johnny Depp.

Seulement quelques mois avant de devenir la muse de Tim Burton grâce à Edward aux mains d'argent, Johnny Depp a joué dans le film qui a fait de lui l'idole des jeunes et qui a assis son image de bad boy : Cry-Baby, de John Waters.

Avec ses films expérimentaux trash et jugés obscènes, comme Pink Flamingos (1972) et Female trouble (1974), dans lesquels la drag-queen Divine joue les premiers rôles, Waters a vite obtenu le statut de provocateur. Il reste à ce jour une figure marquante de la représentation queer au cinéma, au même titre que le maitre de l'underground Kenneth Anger, dont il s'inspire librement.

Après ces films complètement barjos, l'expérimentateur perce en 1988 avec le teenage movie musical Hairspray, son premier film grand public. Mais c'est avec Cry-Baby qu'il signe son œuvre la plus connue et accessible, et donc la meilleure porte d'entrée pour (re)découvrir ce cinéaste fou. Dans Cry-Baby, John Waters s'intéresse à la sous-culture du rockabilly et réinvente encore le teen movie, toujours grâce au musical, mais en parodiant Roméo et Juliette, en y ajoutant un soupçon de Grease et une bonne grosse cuillère de kitsch.

 

Cry-Baby : Photo Johnny Depp, Ricki Lake, Traci LordsBienvenue chez les frocs moulants

 

Les Capulet et Montaigu des années 50

Dès la séquence d'exposition, le ton de Cry-Baby est donné. Dans cette espèce de réfectoire réhabilité en infirmerie, les lycéens font la queue pour recevoir le vaccin contre la polio et déjà deux bandes s'opposent, les "coincés" et les "frocs moulants", tous très fiers d'appartenir à l'une de ces deux cases. Quand les regards de Wade Walker alias Cry-Baby (Johnny Depp) et d'Allison Vernon-Williams (Amy Locane) se croisent, le spectateur comprend de suite où John Waters veut nous emmener.

Avec ses boucles anglaises blondes parfaitement attachées dans une queue de cheval haute et sa robe bien fermée jusqu'en haut, Allison est la parfaite coincée, soit le parfait contraire de Cry-Baby, le jeune insolant à la veste en cuir et la mèche rebelle. Cette opposition rappelle évidemment celle de West Side Story, elle-même héritée de la tragédie de William Shakespeare, Roméo et Juliette.

 

Cry-Baby : Photo Amy LocaneJuliette avant Roméo

 

Ce thème classique, revisité à maintes reprises depuis, est la base du scénario de Cry-Baby. On y retrouve toutes les étapes, du coup de foudre à la complication, en passant par la séparation avant la réconciliation des deux camps. Si ici les deux opposants ne sont pas des familles rivales, le problème reste le même. Depuis l'arrivée des frocs moulants et de la sous-culture du rockabilly, les conservateurs de Baltimore ont vu leur paix ébranlée. Désintéressée des concours d'éloquence et de la bienséance, cette nouvelle génération jure, se dandine et conduit des motos.

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commentaires
Truc Biule
10/10/2022 à 11:20

Jamais vu le film malheureusement il ne passait pas dans ma petite ville.
Mais ai le souvenir que la promotion était aussi tourné sur l'actrice porno Traci Lords