American Beauty : comment le film de Sam Mendes a manipulé les Oscars

Mathieu Jaborska | 20 septembre 2022 - MAJ : 20/09/2022 18:18
Mathieu Jaborska | 20 septembre 2022 - MAJ : 20/09/2022 18:18

Comment remporter un Oscar ? Démonstration par Sam Mendes, Alan Ball et leur American Beauty.

Au moment de la publication de ce dossier, la commission organisée par le CNC vient de sélectionner les cinq longs-métrages présélectionnés par la France pour les Oscars 2023. L'année dernière, le choix final, Titane, préféré à L'Evenement, avait fait grand bruit, justement parce que le second avait logiquement plus de chances de faire partie de la cérémonie. Et ça n'a pas loupé. Ducournau et son équipe n'ont même pas eu l'occasion de mettre les pieds sur le tapis rouge. Une micro-compétition futile qui en dit néanmoins long sur les standards très académiques de la soirée et des oeuvres bien calibrées auxquelles elle doit s'adapter.

Chaque année, c'est la même rengaine. Les mois avant l'évènement sortent des productions qu'on sait taillées à la bobine près pour remporter le maximum de statuettes. Cette année, c'est The Woman King, Emancipation, She Will, ou Women Talking. Les années précédentes, c'était Coda, Cherry (rires), Belfast, Green Book, Les Figures de l'Ombre... Des films codifiés à l'extrême, souvent assez critiques envers un système ou une histoire américains, se gardant bien toutefois de donner un véritable coup de pied dans la fourmilière.

Et Sam Mendes, encore en lice avec son Empire of Light, en sait quelque chose. En 2000, il devenait le cinquième cinéaste à remporter le prix du meilleur réalisateur pour son premier long-métrage et le sixième à le voir décrocher la récompense suprême. Le succès critique et populaire d'American Beauty, bien plus réussi que nombre de ses successeurs, en fait le film à Oscars parfait, exemple à suivre pour les anglophones en quête de renommée et par conséquent fascinant exemple du masochisme modéré de la culture cinématographique grand public américaine.

 

American Beauty : photo, Mena SuvariPétale douce

 

Les bons hospices

Contrairement à d'autres bêtes de cérémonies, American Beauty n'est pas écrit pour garnir la section "récompenses" de sa fiche IMdB. Il est toutefois à l'initiative d'un petit prodige de la télévision américaine, Alan Ball. Huit années durant, il travaille sur cette idée, qu'il a eue en feuilletant un comics inspiré de l'affaire Amy Fisher Joey Buttafuocco, en parallèle de son travail sur les séries Grace Under Fire et Cybill.

C'est en changeant d'agence qu'il a l'occasion de pitcher son traitement, pourtant pas le plus facile à vendre, puisqu'il ne propose aucun concept fort. Son enthousiasme l'emporte néanmoins, ou tout du moins c'est ce que son nouvel agent lui assure et ce qu'il répétera dans un entretien à Emmy TV Legends.

 

American Beauty : Photo Annette BeningL'agent quand il a mesuré le potentiel du scénario

 

Andrew Cannava, l'agent en question, sait pourtant qu'il a une carte à jouer. Il se charge donc d'entretenir le mystère autour du texte à Hollywood. "Il était si malin, il a commencé à parler du scénario aux gens et leur dire : « J'ai ce scénario incroyable » et ils disaient : « Est-ce que je peux le lire ? » et il répondait : « Non, vous n'êtes pas sur la liste » ! Il a créé ce niveau d'attente à son propos et quand il est sorti, il s'est vendu très vite." Si Ball est à l'origine du projet, c'est son agent qui en a fait une coqueluche hollywoodienne et donc un potentiel oscarisable. Bienvenue à Hollywood.

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commentaires
Matrix R
21/09/2022 à 21:55

Les Oscars ont tous su snober les véritables méritants
Shakespeare in love en lieu et place de il faut sauver le soldat Ryan.
Green Book à la place Blakkklansman
Chicago, démineurs, king speech, collision tous des films qui ne méritaient pas la statuette

sylvinception
21/09/2022 à 12:54

"Michael", pardon... honte à moi !! :-)

sylvinception
21/09/2022 à 12:53

Cette année-là c'est le chef-d'oeuvre de Michal Mann, The Insider, qui aurait dû rafler les principales statuettes.
Enfin bon, si fallait faire une liste de tous les grands qui se sont fait enfler par l'Académie, on y passerait la journée... (une pensée pour David Fincher aussi.)

rientintinchti2
20/09/2022 à 21:53

Trop prétentieux. La scène du sachet qui vole gâche une grande partie du film.
Le propos est intéressant cela dit