Sans mobile apparent : quand Trintignant flinguait Tom Cruise et L'Inspecteur Harry

Simon Riaux | 18 septembre 2022
Simon Riaux | 18 septembre 2022

Un acteur qui sprinte ? Tom Cruise bien sûr ! Un flic qui flingue ? C'est Harry Callahan ! Mais avant eux, Jean-Louis Trintignant a brillé Sans mobile apparent.

Certaines images de cinéma se sont, instantanément ou au fil des années, inscrites dans l’ADN de la culture populaire. Personnages, scènes, répliques, l’histoire du médium est traversée d’effets de style, d’archétypes qui ont sédimenté jusqu’à ce que des œuvres venues des quatre coins du globe puissent les citer ou les digérer.  

Parmi cette myriade de signes devenus au gré des décennies un langage à part entière, l’Inspecteur Harry est un totem du cinéma policier énervé. Au cours des quinze dernières années, l’image de Tom Cruise traversant l’écran alors qu’il court à perdre haleine s’est imposée comme un corps capable de synthétiser à lui seul la notion de spectacle . Deux monstres de divertissement, deux personnages débordant de l’écran... mais dont l’inspiration est peut-être à chercher très loin du cinéma américain. 

 

Sans mobile apparent : photo, Jean-Louis Trintignant, Carla GravinaC'est l'amour à la plage

 

SILENT RUNNER 

Un ferry approche du port de Nice. À son bord, un homme et une femme se fixent, chacun condamné à occuper un espace différent au sein du cadre, parfaitement opposés, quoiqu’envoyant au spectateur des signaux différents. Elle semble attendre de lui quelque chose, un contact à tout le moins, et à défaut de paraître enamourée, celui qui lui fait face l’intéresse, l’attire. Lui, c’est une autre paire de manches

Glacial, comme étranger au monde, ou vexé comme un pouls, il va jusqu’à lui refuser une caresse quand il se lève, la frôle, puis dégaine un revolver puissant pour viser au hasard l’horizon. L’homme se défait alors de sa parfaite composition pour dévoiler un immense sourire, à la limite du rictus, comme si le simple fait de tenir en jeu le réel, les autres passagers, ou de potentiellement terrifier la femme qui l’accompagne, constituait un plaisir de fin gourmet. 

 

Sans mobile apparent : photo, Jean-Louis Trintignant"Vous avez perdu quelque chose..."

 

S’agit-il de l’antagoniste, l’assassin que la police et les spectateurs vont traquer pendant deux heures, ce tueur Sans mobile apparent ? Non. Il s’agit de Carella, policier et héros de son état, interprété par Jean-Louis Trintignant, que nous quittons alors qu’Ennio Morricone entame un morceau qu’on croirait un instant sous perfusion jazzy, avant que chaque instrument ne dessine une partition autrement plus inquiétante. 

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commentaires
Mathilde T
20/09/2022 à 14:48

Je savais qu'on pouvait être "vexé comme un pou" mais "vexé comme un pouls" ... Au paragraphe 2 de la partie silent runner (sans vouloir vous vexer). Merci quand même pour l'article, je ne connaissais pas l'existence film

Pat Rick
19/09/2022 à 11:01

Sans mobile apparent je l'ai revu récemment, c'est un bon polar il manque juste peut-être davantage de nervosité.

Ded
19/09/2022 à 00:58

La posture de l'inspecteur Carella/Trintignant qui au moment de viser sa cible glisse sa main gauche dans sa ceinture (dos de la main contre son dos) reste pour moi un moment de cinéma aussi marquant que Bogart passant son pousse sur ses lèvres...

Bubble Ghost
18/09/2022 à 18:02

Ah c'est malin. Mouais@, j'aurais jamais dû lire ton commentaire. Maintenant, je ne vois plus que ça ^^

Mouais
18/09/2022 à 17:18

C'est du conditionnement où sur les 2 premières photos on dirait vraiment trop Manu ?! :-/
(oui je sais ce commentaire fait totalement avancer ce long article :))