Qui veut la peau de Roger Rabbit ? quand Zemeckis faisait picoti-picota plutôt que Pinocchio

Simon Riaux | 11 septembre 2022
Simon Riaux | 11 septembre 2022

Quand Robert Zemeckis mélange film noir et délire de toons, on obtient Qui veut la peau de Roger Rabbit ? Un chef d'oeuvre qui va vous faire la trempette.

On aura beau égrainer les scènes cultes, déclamer les répliques légendaires ou se remémorer le tempo d’un gag irrésistible, rien de tout cela ne suffit à expliquer comment et pourquoi le film qui marie avec génie personnages réels et animés est devenu, presque instantanément, un classique du cinéma. Pour bien comprendre la force de ce récit, il faut lui enlever son petit pyjama. 

Derrière le génie du divertissement, au-delà de la partition incroyablement bien huilée, par-delà les effets spéciaux d’une précision et d’une minutie inégalée encore aujourd’hui, se cache une expérience sensible, philosophique presque, du pouvoir salvateur de la fiction. Mais aussi une esquisse des démons qui peuvent en assaillir les auteurs, et peut-être un portrait de l’artiste en homme maudit, ravagé par la dépendance, l'alcool et une idée du paradis tout à fait artificielle.

 

Qui veut la peau de Roger Rabbit ? : photo, Bob HoskinsQui veut boire de l'eau avec Roger Rabbit

 

TOUT SUR ROBERT 

Mais qu’allait-il donc faire dans cette galère ? C’est ce que se sont demandés beaucoup de cinéphiles en découvrant la bande-annnonce de Pinnochio, nouvelle adaptation live d’un classique Disney, réalisée par Robert Zemeckis. Avec son déluge d’effets numériques industriels, son canevas manifestement contraint par le classique du studio d’animation, difficile de reconnaître un des créateurs les plus respectés pour son effarante inventivité durant les années 80/90. 

La situation est paradoxale, pour ne pas dire cruelle. En effet, le scénariste, metteur en scène et producteur est connu pour avoir été de tout temps un défricheur résolu de nouvelles techniques. Un artilleur du langage filmique fourbissant ses propres armes, qui aura plus qu’aucun autre contribué aux révolutions numériques qui ont bouleversé Hollywood ces deux dernières décennies.  

Le voici qui se retrouve, bien injustement, à diriger des projets parmi les plus indigents en la matière, tel un Sacrées Sorcières de triste mémoire, quand il ne se heurte pas à un mur d’incompréhension mêlé d’indifférence. Ses récents efforts tels Bienvenue à Marwen, The Walk ou encore Alliés, des propositions témoignant d’un riche savoir-faire et d’un art consommé de la narration par l’image, ont été accueillis tantôt dans un silence glacial, tantôt avec un mépris absurde. 

 

 

Welcome to Marwen : photo, Steve CarellSad Toy Story

 

Le grand Robert paie peut-être aujourd’hui les pots cassés pour avoir été un visionnaire, tentant de maîtriser puis donner ses lettres de noblesse à la performance capture. Mais de soubresauts technologiques en modélisations vieillissantes, il n’est plus désormais que les enfants myopes pour regarder Le Pôle Express, les fanzouzes de Jim Carrey pour s’imposer Le Drôle de Noël de Scrooge, et les fétichistes des légendes vikings désenchantées pour se gorger le corps caverneux devant Beowulf. 

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commentaires
Prometheus
12/09/2022 à 08:50

Une grand claque ce Roger Rabbit.

Et ne parlons pas de Retour vers le futur... voire de Forrest Gump, un vrai phénomène à sa sortie.

Perso, j'adore aussi Contact.

Et j'ai bien aimé Alliés, Le Pôle Express, Seul au monde.

Bon, il a 70 ans. Il peut profiter de sa retraite avec le sentiment accompli.

Kyle Reese
11/09/2022 à 23:56

"quand Zemeckis faisait picoti-picota plutôt que Pinocchio"

Ah vous m'avait tué avec ce titre ! ^^

Picoti-picota, Picoti-picota, Picoti-picota ... complètement fou ce lapin !

Ray Peterson
11/09/2022 à 13:50

Le combat final est dingue.
Pratiquement du film de super-héros avant l’heure.
Et entendre Kathleen Turner en V.O. Pour Jessica Rabbit m’émoustille toujours encore.
Bob, tu nous refais un film bien ?