Next of Kin : ce Psychose australien qui fait du carpaccio de Shining

Simon Riaux | 4 septembre 2022 - MAJ : 05/09/2022 10:00
Simon Riaux | 4 septembre 2022 - MAJ : 05/09/2022 10:00

Quand le pays de Mad Max propose un trip en maison de retraite, autant prendre ses précautions. Et à juste titre, tant Next of Kin est un grand cauchemar.

Les années 60 s’achèvent et sur les écrans australiens, c’est la bérézina. Les salles de cinéma sont quasi-exclusivement trustées par les productions anglo-saxonnes et américaines en têtes sont quasiment les seules à avoir droit de citer à travers le vaste territoire. Le public, acquis à leur cause, ne s’en plaint pas, mais les pouvoirs publics apparaissent désireux de soutenir une production locale, qui pourrait bien s’éveiller à la faveur du retour au pays d’une génération d’aspirants cinéastes, pour l’essentiel formés à l’étranger. 

Cette combinaison aboutira à la naissance de la Ozploitation, un label chantant, mais plus difficile à définir qu’il n’y paraît. Pour certains, il évoque seulement la filmographie, de George Miller, père de Mad Max, et une poignée de série B furibardes, telles Razorback. Mais le mouvement fut plus vaste, mutant et inclassable. Aux antipodes du cinéma toujours plus balisé proposé par les studios Hollywoodiens émergèrent des créations démentes, au sein desquelles Next of Kin fait lui-même figure de terrifiant paria. 

 

 

Next of Kin : photo, Jacki KerinLinda, avant le chaos

UN KIWI À LA VIANDE  

Quand Tony Williams commence le tournage de son film, l’excitation autour de la Ozploitation bat son plein. Mad Max est sorti trois ans plus tôt, révélant au grand-public du monde entier ce qui se trame du côté du bush australien. Quant aux cinéphiles et autres amateurs de curiosité, cela fait déjà presque une décade qu’ils regardent en boucle Wake in fright et Les Voitures qui ont dévoré Paris, deux joyaux de terreur existentielle poussiéreuse. C’est bien plus avec ces deux pépites qu’avec l’Interceptor de Max, que Williams a à voir. 

Il suit Linda, jeune femme à priori sans histoires, qui vient d’hériter d’une maison de retraite, fondée des décennies plus tôt par sa mère et sa tante. La vaste bâtisse, pour isolée et passablement inquiétante qu’elle soit, est une affaire qui tourne, riche de ses patients comme de la réputation de ses soignants. Mais quand la nouvelle maîtresse des lieux prend ses quartiers, c’est pour découvrir une réalité nettement moins reluisante. 

Non seulement plusieurs patients semblent vivre dans une angoisse pas franchement compatible avec l’idée que tout un chacun se fait d’une fin de vie heureuse, mais Linda met bientôt la fin sur le journal intime de sa mère. Y sont relatés des évènements inquiétants, pour ne pas dire bizarres... qui semblent se répéter au présent. 

 

 

Next of Kin : photo, Gerda NicolsonDe chouettes pensionnaires

 

De cet écho narratif entre un mystère au passé et une horreur au présent naît un des premiers vertiges de Next of Kin : sa capacité à saper progressivement toutes nos certitudes. Qu’est-ce qui, dans cette inquiétante fable, relève effectivement du réel ? Est-ce le regard de la protagoniste sur le passé de sa famille et la nature des exactions perpétrées dans son EHPAD artisanal ? Quelqu’un manipule-t-il sa perception du réel pour mieux la manipuler ? 

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commentaires
The insider38
05/09/2022 à 21:49

Très belle édition chez le chat qui fume

Ray Peterson
04/09/2022 à 18:51

Un excellent film d’ambiance avec un non moins excellent John Jarratt!
La photographie du film est superbe et la scène de la salle de bain bien flippante.
Dans un autre style j’aime beaucoup aussi Harlequin de Simon Wincer.
Sont forts ces australiens

Tonton
04/09/2022 à 12:13

Un excellent film dérangeant comme le cinéma australien nous sort parfois