Jeux d'enfants : cap ou pas cap d'aimer ce Roméo et Juliette tragi-cynique ?

Geoffrey Fouillet | 30 décembre 2023
Geoffrey Fouillet | 30 décembre 2023

Guillaume Canet et Marion Cotillard s'aiment jusqu'à la haine dans Jeux d'enfants, ce mélo totalement dingo qui rebat les cartes et tue le game.

"La maturité de l'homme, c'est de retrouver le sérieux que l'enfant met dans ses jeux". Cette phrase, on la doit à Friedrich Nietzsche. Alors oui, c'est un peu solennel comme entrée en matière, mais le réalisateur Yann Samuell, qui signait son premier long-métrage avec Jeux d'enfants, se plaisait à la citer durant la promotion du film. Avant d'en arriver là, le cinéaste a travaillé sur plus de vingt-cinq versions du scénario, et a trouvé un allié de poids en la personne de Christophe Rossignon, producteur de La Haine et Les Rivières Pourpres.

Lorsque le film sort à l'époque, beaucoup le comparent au succès le plus récent de Jean-Pierre Jeunet, Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain. Difficile de leur donner tort, mais plutôt que de revendiquer cette inspiration, le réalisateur avoue avoir été influencé par un cinéma plus impertinent et frénétique, dans le style de Trainspotting et Fight Club, ainsi que par les univers de Charlie Chaplin et Frank Capra, entre autres. Un cocktail détonant auquel il va apporter une touche finale glamour en distribuant les rôles principaux à Guillaume Canet et Marion Cotillard, jeunes stars montantes au début des années 2000.

Dépassant la barre symbolique du million d'entrées à la fin de son exploitation dans les salles françaises, Jeux d'enfants est alors considéré comme un véritable succès, mais peut-on pour autant l'accuser de brosser le spectateur dans le sens du poil ?

 

Jeux d'enfants : photoLa boîte de tous les défis

 

JEUX (SANS) INTERDITS

Tout part d'une simple provocation : "cap ou pas cap ?". Nos deux héros ont alors huit ans et ne demandent déjà qu'à vibrer, s'enflammer. Et on les comprend sans mal. Julien vit avec une mère gravement malade et un père très autoritaire. Sophie, elle, est élevée par sa grande sœur et connaît les brimades de ses camarades qui la traitent de "sale Polack". En se défiant à tour de rôle, chacun trouve une échappatoire dans le jeu et une occasion de réaliser leur amour sans jamais se l'avouer, mais à quel prix ?

Les années passent et les gentilles taquineries prennent un tour bien plus cruel. Pour rendre compte de cette progression, le cinéaste a la bonne idée de chapitrer son film suivant les étapes d'une compétition sportive : la manche, la revanche, la belle et la der des ders. Chaque partie étant associée à une période de vie spécifique, les enjeux s'intensifient en même temps que les responsabilités augmentent avec l'âge. On suit ainsi Julien et Sophie depuis l'école primaire, puis à travers leurs études supérieures et leurs expériences professionnelles, pour les retrouver enfin au sein de leur foyer respectif, avec un mariage à honorer voire des enfants à charge.

 

Jeux d'enfants : photo, Thibault Verhaeghe, Joséphine Lebas JolyJulien et Sophie, bourreaux des coeurs depuis le berceau

 

La métaphore sportive est aussi filée là où l'attend le moins. Au-delà de la boîte carrousel que les héros s'échangent comme deux adversaires se renvoient la balle, ils vont développer l'un comme l'autre une logique de la gagne allant du simple comptage de points - il faut voir comment Julien attribue un score à chacune de ses activités une fois marié et père de famille - au chronométrage - quand Sophie minute le temps qu'il reste à Julien avant d'être arrêté par la police. Que ce soit inconscient ou non, tout est bon pour se porter mutuellement vers le haut alors que tous les coups bas sont permis.

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commentaires
@tlantis
30/12/2023 à 11:56

J’adore les commentaires inutiles et non argumenter .

J’avais aimer le film à l’époque et pas vu depuis et ne sais pas comme il a vieilli .

Ce pendant le réal a rien fait de foufou depuis

Faut que je le revoie

ZakmacK
30/12/2023 à 11:50

Dans mon souvenir, ce film c'était quand même le summum de la géance. Le point de vue de l'article est intéressant, mais je n'irais pas le revoir pour autant !

Sanchez
30/12/2023 à 08:48

La grosse daube, les mecs se prennent pour des intellos avec leurs philo premachée. Cotillard et Cannet, avec un c'est déjà trop alors les deux.

Loozap
05/08/2022 à 16:22

Trop nul ce film

Ozymandias
05/08/2022 à 07:44

J'en garde un excellent souvenir, c'est un film qui m'avait beaucoup ému. À revoir !