Session 9 : l'anti-Blair Witch oublié qui a inspiré Silent Hill

Simon Riaux | 19 juin 2022
Simon Riaux | 19 juin 2022

Alors que le found footage renaissait de ses cendres grâce à Blair WitchSession 9 proposait un cauchemar malheureusement passé inaperçu. Une immersion intime et cruelle dans un labyrinthe de terreurs intimes, qui devait inspirer le troisième chapitre de la saga vidéoludique Silent Hill et qu'il est urgent de redécouvrir.

Il aura fallu presque vingt ans au film de Brad Anderson pour atteindre (aux États-Unis) un petit statut culte, son cercle de spectateurs s'élargissant un peu plus d'années en années, au gré des frissons éprouvés par les chanceux qui posaient les yeux sur un long-métrage passé sous les radars lors de sa sortie, et - pas encore - réhabilité par la vidéo ou la diligence des plateformes de SVOD.

Pour autant, les adorateurs qui lui vouent un culte en hommage à sa sainte terreur sont encore trop peu nombreux. Il faut dire qu'en plus d'être parfaitement absent de la mémoire collective, et donc des recommandations de vos proches, amis, compagnons, compagnes, descendants ou ennemis jurés, le métrage est en apparence d'une banalité confondante. Parce que son titre, Session 9, n'évoquera strictement rien avant le visionnage du film. Parce que son synopsis renvoie à des kilotonnes de récits balisés, pour ne pas dire rebattus.

On y suivra un groupe d'ouvriers chargés du désamiantage d'un ancien asile, au passé trouble. Comme de par hasard, situations étranges, manifestations menaçantes puis fâcheuse tendance de nos protagonistes à voir leurs existences interrompues se multiplient, tandis que chacun s'interroge sur la nature maléfique de ce lieu oublié de tous. Vous l'aurez compris, on tient là la recette de la série B horrifique type des années 80/90, produite dans les sillages de Shining, Amityville ou encore Poltergeist. Et si le résultat est bien supérieur à cette note d'intention fatiguée, pour comprendre comment et pourquoi tout le monde est passé à côté, il faut d'abord revenir sur l'époque de sa sortie.

 

Session 9 : photo, I David Caruso, Peter MullanLa version dépressive et meurtrière de The Full Monty

 

PROJET DEATH WISH

C'est en août 2001 que sort Session 9 sur les terres de l'oncle Sam. Sur le papier et quelque soit la réussite de l'entreprise, le projet a tout pour faire la fortune de ses créateurs. Un pitch basique, mais prometteur d'une recette appréciée et maîtrisée. Un casting de comédiens solides. Un budget tenu. Un jeune metteur en scène prometteur. Tout, mais pas la ponctualité, qui deviendra la double malédiction de l'entreprise. Tout d'abord, si les années 2000 ne sont pas de prime abord un terreau idéal pour le cinéma de genre, il faut bien voir que toutes les équations classiques viennent d'être éparpillées façon puzzle par une microscopique production parvenue en l'espace de quelques mois à rebattre toutes les cartes du secteur.

Le Projet Blair Witch, phénomène du festival de Sundance, devient coup sur coup le film indépendant acheté au tarif le plus élevé de son temps, puis le film le plus rentable de l'Histoire du cinéma. Hollywood a regardé, les pupilles écarquillées, durant les dernières semaines de 1999 puis tout le long de l'année 2000, le tour de force de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez électriser les foules, engranger des hordes de fans, jusqu'à devenir un authentique phénomène culturel.

Tout cela, sans compter que la sorcière de Blair vient de faire (re)découvrir au grand public le found footage, auquel il n'avait plus été exposé depuis Cannibal Holocaust et ses massacres gorissimes capturés à la sauvette. Une révolution stylistique doublée d'un puissant effet de mode est en marche.

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commentaires
Docteur Benway
22/06/2022 à 23:27

Effectivement, Session 9 est devenu au fil du temps un truc méconnu et réhabilité. Je n'en comprends pas les raisons tant c'est chiant de bout en bout.

Brad Anderson a toujours été un réalisateur médiocre. J'ai longtemps cru que The Machinist était son seul bon film mais en fait, même celui ci est tout naze. Si on enlève un grand Christian Bale et une belle photographie, c'est vraiment de la psychologie de comptoir qui s'effondre dans un final lourdingue. Il a ensuite fait Vanishing On 7th Street, qui en plus d'un scénario merdique se sera coltiné Hayden Christensen, le thriller pour ménagère The Call, le cheap et prévisible Stonheart Asylum avec Kate Backinsale (qui ne sera devenu actrice que grâce à son mari) et enfin Fractured, qui a tout à fait sa place parmi la pléthore de prods moyennes sur Netflix.

Anderson est une arnaque.

Mx
20/06/2022 à 13:12

pas aussi fan que la plupart des gens, bien mis en scène, bon cast, mais il manquait un supplément d'âme à mes yeux, pour donner vie à l'ensemble.

transsibérien
20/06/2022 à 11:03

Machinist, Session 9, et ne pas oublier l'excellent angoissant Transsibérien.

The Moon
20/06/2022 à 01:21

J'ai connu Brad Anderson via son excellent The Machinist, j'ai regardé session 9 par la suite à l'époque et je garde peu de souvenir juste une impression que le real n'es pas allez au bout de son concept...

Poirot528
19/06/2022 à 22:10

Cela me donne envie de le découvrir même si l'article semble spoiler. Je viens de voir qu'il n'est sorti en France en DVD qu'en 2006... soit cinq ans après sa sortie Us. Et probablement pour surfer sur le succès des Experts : Miami qui en était à sa quatrième saison.
J'avais déjà repéré ce titre dans la filmo de Caruso qui est solide (Rambo, King of New York, Kiss of Death, Jade, L'échange), avant d'aller à Miami.

LeConcombreMoisi
19/06/2022 à 21:03

Très bon petit film angoissant

Ozymandias
19/06/2022 à 20:15

Cool je vais tester merci !