Après The Northman, 5 films de Vikings pour entrer au Valhalla

La Rédaction | 21 mai 2022
La Rédaction | 21 mai 2022

Déçu ou enthousiasmé par The Northman ? On vous propose 5 autres films de Vikings qui dépotent.

Le 11 mai 2022, The Northman sortait dans nos salles et divisait la rédaction. Quoi qu'on pense de la fresque de Robert Eggers, force est de constater qu'elle trahit l'amour du cinéaste pour la mythologie viking. Mythologie qui ne lui a pas garanti le succès, loin de là, mais qui reste indissociable de la culture populaire. Et si beaucoup d'arts se sont approprié les codes de cette civilisation fantasmée, en particulier la musique, le cinéma a très largement contribué à sa légende.

Prise d'une envie de ressortir les drakkars, la rédaction d'Ecran Large a donc décidé de lister 5 représentants parmi les plus célèbres et respectés de ce sous-genre féroce. Forcément, étant donné la taille de l'échantillon, certains immenses classiques ont été omis, comme la très rigoureuse trilogie de Hrafn Gunnlaugsson. Toutefois, il en reste pour tous les gouts, toutes les sensibilités et toutes les professions, à l'exception peut-être des historiens.

 

The Northman : photo, Alexander SkarsgårdÇa donne envie d'arrêter de se laver les cheveux

 

Die Nibelungen

Sortie : 1924 - Durée : 4h48

 

Les Nibelungen : photoPlongeon et dragon

 

Ça raconte quoi ? La fresque, en deux parties, qui relate le mythe de Siegfried, de ses premiers exploits, en passant par l'avènement de sa légende, jusqu'à sa mort. Puis viendra le récit impitoyable et tragique d'une vengeance, celle de sa veuve, Kriemhild.

Pourquoi ça envoie du bois ? Parce que, quel que soit l'angle par lequel on aborde cette gigantesque épopée, elle constitue un élément fondateur de l'histoire du cinéma, de notre culture collective, ainsi que la source inépuisable d'inspiration de centaines, sinon de milliers d'oeuvres populaires ayant forgé l'imagination de millions de spectateurs. Le mythe de Siegfried est tout sauf neuf quand se penche dessus un Fritz Lang déjà remarqué, quoique pas encore légendaire. Mais à tout niveau, il va proposer au public une aventure digne de tous les superlatifs.

 

Les Nibelungen : photoExcalibrute

 

Avec ses 4h48 tumultueuses, le récit se singularise déjà par son ampleur. Certes, Naissance d'une Nation et Intolérance de D.W. Griffith sont déjà passés par là, mais une telle durée demeure résolument hors-norme (aujourd'hui encore), plaçant instantanément Les Nibelungen du côté des propositions uniques en leur genre. Mais c'est aussi en matière de direction artistique que le métrage décroche la mâchoire de ceux qui le découvrent. Le moindre de ses donjons, la première forêt venue, les palais et les caveaux sidèrent par la perfection de leurs proportions, mais aussi leur puissance évocatrice.

On navigue ainsi en permanence entre les éclats d'un Gustave Doré, les souvenirs picturaux du romantisme noir et le rayonnement ténébreux de l'impressionnisme allemand. Il est d'autant plus impossible de rester de marbre devant la saga qu'elle propose, quasiment un siècle avant Game of Thrones, une des plus somptueuses scènes de dragon jamais vues. Il ne s'agit ici pourtant que d'un ancêtre relativement "simple" des animatroniques qui se développeront des décennies plus tard, mais la perfection des cadres et la splendeur de la photographie en ont fait une scène aussi inoubliable qu'abondamment citée depuis.

 

Les Nibelungen : photoNoir et blanc, noir et beau

 

Et c'est peut-être cela, plus encore que le génie esthétique du film, qui marquera celui qui découvrira en ce début de XXIe siècle cette saga matricielle. Impossible de ne pas repérer tout ce que des dizaines de chefs d'oeuvres ont emprunté, réimaginé cité, au long des décennies suivantes. Aucun film d'aventure ne peut échapper à un lourd tribut, tant le métrage a (re)défini le découpage de l'action, et la notion d'intensité. Quant au Seigneur des anneaux, il y a fort à parier qu'il eût été bien différent, sur le papier et à l'écran, sans ce premier geste de Fritz Lang. C'est littéralement notre rapport à la mythologie européenne et scandinave qui a été presque inventée par Les Nibelungen. Le redécouvrir aujourd'hui est une vertigineuse révélation.

Les Vikings

Sortie : 1958 - Durée : 1h56

 

Les Vikings : photo, Kirk Douglas, Janet LeighLes vikings en technicolor

 

Ça raconte quoi ? En plein pillage, le chef viking Ragnar tue le roi et viole la reine sur les terres anglaises. Alors qu'un tyran en profite pour monter sur le trône, l'héritier légitime de la couronne issu de ce crime est éloigné du royaume, puis capturé par le fils de Ragnar.

Pourquoi ça envoie du bois ? Gigantesque carton au box-office américain, Les Vikings a très largement contribué à populariser la figure du Viking à Hollywood. Certes, il n'était pas le premier à s'en emparer, en témoignent l'hybride 100 dollars pour un shérif (1954) ou même une production Roger Corman qui a confondu son titre et son synopsis, The Saga of the Viking Women and Their Voyage to the Waters of the Great Sea Serpent (1957). Mais son succès considérable (c'est le troisième plus gros carton d'United Artist entre 1951 et 1958, à en croire un vieux numéro de Variety) lui a permis d'influencer tout un pan du film d'aventure.

Outre l'ampleur de la mise en scène de Richard Fleischer, qui parvient à mettre en valeur des décors majestueux, peut-être est-ce la présence de Kirk Douglas, alors au sommet de sa gloire, qui lui a valu une telle reconnaissance. Loin, très loin du Ned Land de 20 000 lieues sous les mers, l'acteur apporte le charisme nécessaire à un personnage voué à décontenancer. Alors que le récit semble nous le présenter comme le héros, il révèle une violence qui le mue en antagoniste, tandis que l'esclave héritier campé par Tony Curtis est promu progressivement protagoniste.

 

Les Vikings : photo, Kirk Douglas, Janet LeighAvec Janet Leigh dans le rôle du trophée de chasse

 

Plus intéressants encore, les camps anglais et vikings échappent quelque peu au manichéisme américain. Si les hommes du nord se conforment à leur image de barbares sanguinaires et alcooliques (le carton introductif donne le ton), les Anglais sont régis par un tyran pas beaucoup moins cruel. L'ambiance est donc assez sombre, pour ne pas dire quasi misanthrope, jusqu'à un assaut final mémorable.

À noter que son imitateur italien le plus célèbre, La ruée des Vikings, est également un représentant très recommandable du genre, ainsi qu'un jalon non négligeable de la carrière de Mario Bava. Évidemment, le cinéaste est moins intéressé par les tractations politiques héritées de son modèle que par l'esthétique des affrontements. Sa photographie et sa principale séquence de bataille lui tiennent la dragée haute. Cerise sur le gâteau : il est encore disponible chez nous. Alors pas d'excuse.

Le 13e Guerrier

Sortie : 1999 - Durée : 1h42

 

Le 13ème guerrier : photo, Antonio BanderasAntonio Banderas au top

 

Ça raconte quoi ? En 921, le poète Ahmed Ibn Fahdlan est exilé pour avoir séduit la femme d'un haut responsable auprès du calife. Envoyé en Asie mineure comme ambassadeur, il rencontre un groupe de Vikings en quête de guerriers, afin de combattre les Wendolls, un groupe de sauvages.

Pourquoi ça envoie du bois ? À l'origine, Le 13ème Guerrier est une adaptation du roman Le Royaume de Rothgar, dans lequel Michael Crichton s'amuse à reprendre des éléments du mythe de Beowulf pour essayer d'en comprendre l'origine. Si le poète Ahmed Ibn Fahdlan a réellement existé et rencontré des Vikings, l'auteur en joue pour créer une ambiguïté sur l'authenticité de sa fiction.

D'ailleurs, on oublie bien souvent qu'avant d'être des pilleurs aux méthodes rustres, les Vikings sont de grands voyageurs et explorateurs. C'est là que la présence de John McTiernan sur Le 13ème Guerrier se montre évidente, lui dont la mise en scène est obsédée par le langage et sa perception. D'une simple transition brillante, où les propos incompréhensibles des Vikings transitent vers l'anglais, on comprend l'esprit d'analyse du personnage principal, qui décrypte leur langue à sa simple écoute autour d'un feu de camp.

 

Le 13ème Guerrier : photoCaptain Scandinavia

 

Il y a donc quelque chose de l'ordre du conflit de civilisations dans le long-métrage, tandis qu'il prend à rebours l'un des récits fantastiques fondateurs du Moyen-âge. Avec sa mise en scène qui réinvestit la caméra à l'épaule d'Une journée en enfer, John McTiernan déploie un naturalisme saisissant, épaulé par une photographie en lumières naturelles de toute beauté.

On se sent au coeur de ce passé bouillonnant, en pleine mutation, surtout lorsque le récit plonge littéralement dans les méandres de la barbarie pour la confronter à une humanité civilisée. Malheureusement, McTiernan a grandement été dépossédé du film par Crichton. Les coutures grossières du 13ème Guerrier (dues à son remontage et ses reshoots) en font un film à la fois brillant et frustrant, une oeuvre malade dont on perçoit en creux le génie inassouvi.

La Légende de Beowulf

Sortie : 2007 - Durée : 1h55

 

La Légende de Beowulf : photoQuand un témoin de Jéhovah arrive devant ta porte

 

Ça raconte quoi ? Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark... En l'occurrence, ce quelque chose, c'est Grendel, monstre terrifiant qui pend les Danois au plafond par leurs propres tripes dès qu'ils ont l'audace de faire la bringue. Seul un héros de la trempe de Beowulf pourra les débarrasser du trouble-fête.

Pourquoi ça envoie du bois ? Difficile de faire l'impasse sur Beowulf, poème épique largement étudié et digéré par Tolkien notamment. Au cinéma, ses adaptations très libres ont souvent servi de véhicule à l'imagerie viking. Puisqu'on a à coeur de ne pas insulter nos lecteurs (enfin, pas aujourd'hui), on passera volontiers sur le turbo-navet sorti en 1999, avec Christophe Lambert en guerrier "techno-féodal" (sic). Dans les années 2010, Neil Gaiman et Roger Avary ont écrit une variation autrement plus intéressante, qui s'est transformée en anomalie hollywoodienne unique une fois Robert Zemeckis à la barre.

À l'époque, le metteur en scène expérimentait avec la motion capture. La Légende de Beowulf fut ainsi "filmé" avec une caméra virtuelle dans un studio. Le principe ? Les infrarouges captent les performances en trois dimensions. Il ne reste plus qu'à déplacer l'objectif dans la scène déjà tournée. Le procédé permet des mouvements d'appareil impossibles et des angles improbables sans pour autant abandonner les avantages du cinéma en prises de vue réelles.

 

La Légende de Beowulf : photoEt un sacré casting

 

Il n'en fallait pas plus à Zemeckis pour restituer un sens de l'épique littéraire au cinéma grâce à des travellings de plusieurs dizaines de kilomètres et des perspectives déformées à outrance, accompagnés par la musique guerrière d'Alan Silvestri. Sur le plan thématique, il en profite pour pasticher les mythes nordiques grâce à son héros - héros aussi balèze que mégalo, sûr de ses forces, mais ignorant de ses faiblesses - jusqu'à retrouver finalement la dimension cosmogonique du poème et même un souffle tragique.

Forcément, aujourd'hui, le look de l'ensemble a quelque peu souffert des évolutions de la technologie qu'il a contribué à démocratiser. Mais si l'uncanny valley ne vous fait pas peur, La Légende de Beowulf saura réveiller le guerrier (nu) qui sommeille en vous.

Dragons

Sortie : 2010 - Durée : 1h38

 

Dragons : photoDragons sans donjons

 

Ça raconte quoi ? L'histoire d'Harold, fils du chef Viking de l'île de Berk, spécialisée dans la chasse au dragon. Alors qu'il apprivoise Krokmou, un dragon très rare et réputé dangereux, le garçon comprend que les ennemis de toujours de son peuple sont juste incompris.

Pourquoi ça envoie du bois ? Tout simplement parce que Dragons symbolise le meilleur des films d'animation Dreamworks. Portée par un vrai souffle épique et une soif de merveilleux, la trilogie de Dean DeBlois est un concentré de couleurs et de textures enivrantes, qui s'accapare avec vigueur une certaine idée de l'imaginaire nordique.

 

Dragons : photoC'est plus sympa qu'un drakkar

 

Mais à l'instar du roman de Cressida Cowell dont il s'inspire, Dragons est surtout un magnifique récit initiatique, reprenant à son compte le monomythe campbellien et le parcours du héros pour dépeindre les épreuves de l'adolescence. Bien sûr, il est impossible de résister au visage adorable de Krokmou et sa gestuelle de chat, mais l'émotion du film provient surtout de son attention aux petits gestes d'affection des deux personnages, et la communion qui se crée entre eux.

D'ailleurs, Dragons se distingue par le sens du détail de sa mise en scène. Au-delà de l'efficacité de sa scène de bataille inaugurale, qui nous fait immédiatement comprendre ses enjeux narratifs et spatiaux, le film déploie avec un naturel désarmant la richesse de son univers et de son bestiaire, si bien qu'on accepte totalement la logique de sa progression, qui nous balance un monstre géant dans son dernier acte. Drôle, mature, et pleinement consciente de l'héritage culturel qu'elle investit, la saga de Dreamworks reste un modèle de spectacle grand public, sublimé par la bande-originale culte de John Powell.

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commentaires
Le valhalla peut attendre
24/05/2022 à 14:59

* est

Le valhalla peut attendre
24/05/2022 à 14:59

J’aime beaucoup les films qui prennent leur temps , mais beaucoup moins les poseurs du style NWR, même s’il a quelques pépites à son actif . Mais bon , pour certains il suffit de filmer un mec avec une gueule cabossée et des décors vides pour en faire un néo chef d’œuvre contemplatif. Le réalisateur ne sait pas où il va avec son histoire, mais c’est pas grave , tu auras toujours des pigeons pour trouver des significations toutes moisies à une intrigue éco +. L’histoire de la découverte de l’Amérique et bien plus intéressante que ce navet.

Kyle Reese
23/05/2022 à 23:41

@Le valhalla peut attendre

Dés que c'est soit disant différent du tout venant avec un style bien particulier, ça dérange certains parce qu'il n'y voit pas d'intérêt pour eux n'ayant pas la sensibilité qu'il faut pour apprécier (mais c'est pas grave)... et du coup ils dégainent le mot péjoratif "arty" ...
c'est pas très malin.

Phil the game
23/05/2022 à 17:16

Le 13 ème guerrier hmhmmmhm moi l'histoire du mec qui apprend le norsk en écoutant une discussion au feu de bois ça m a sorti du film.

Cinégood
23/05/2022 à 10:54

Et Erik le viking de Terry jones ? Un sacré bon film de vikings, aussi.

Le valhalla peut attendre
22/05/2022 à 15:38

Faut arrêter avec valhalla rising, un film qui n'a rien à dire fait par un réalisateur qui se regarde filmer. Mais bon dès que c'est un peu " arty" , certains aiment bien se tirer la nouille même si c'est sur du vent...

Captain memo
22/05/2022 à 13:19

Pas le beawulf de Christophe Lambert je suis surpris la!!!

Geoffrey Crété - Rédaction
22/05/2022 à 00:06

Comme d'hab, c'est toujours une question de choix. Valhalla Rising y aurait eu sa place, mais on avait envie de mettre ces 5 autres films en avant. Et évidemment, peu importe la liste, on nous dira qu'on aurait pu mettre ceci ou cela ;)
(Et le film n'a pas eu un 10/10 mais un 8/10 :)

Zapan
21/05/2022 à 23:27

En effet, l'absence de Valhalla rising surprend beaucoup. Encore plus quand vous (EL) lui aviez mis un 10/10 en critique à sa sortie (justifié pour moi^^).

A voir et revoir.

Mx
21/05/2022 à 19:52

Kelso, à un connaisseur à ce que je vois!!

Perso, j'ai beaucoup aimé le film, habile mélange comme tu l'as dit, la musique est sublime, à mon sens (surtout le thème principal!), le monstre, créer par le grand patrick tatopoulos, affiche un design assez original, surtout la nuit, avec ses jeux de lumière, la mise en scène tient bien la route, jim caviezel tient là son plus beau rôle avec la ligne rouge, et le rest du cast ne dépareille pas, sophia miles, ron perlman, john hurt, jack huston, ia pire comme seconds rôles, et pour finir, dans ce film, on peut voir une arme ultra-badass, en l'occurrence une épée vraiment ciné génique, au look d'enfer, bref, pour un film de série b (dans ma bouche, cela n'a rien de péjoratif!!), pour ma part, le contrat est remplit haut la main, malgré des sfx pas toujours tip-top, mais c'est une faiblesse qu'on pardonne largement, vu le reste.

Laissez-lui une chance!!

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