Le Nom de la rose : quand James Bond rencontre Sherlock Holmes pour un barbecue médiéval

Simon Riaux | 10 avril 2022
Simon Riaux | 10 avril 2022

L'inquisition, une guerre théologique et un détective étonnant sont les principaux ingrédients du Nom de la Rose, géniale relecture du Moyen-Âge.

S’il est bien une époque qui aura souffert de sa représentation, c’est le Moyen-Âge. Montrée du doigt après la révolution française comme une ère de ténèbres où se développèrent tous les maux, elle cristallisa longtemps quantité de fantasmes quant à la rudesse de ses rapports sociaux, la pauvreté du savoir ou de son évolution, l’emprise du religieux ou encore le primat de la violence. Et ce ne sont ni les désirs de spectacle bourrin du cinéma ou la quête de refuge identitaire propre à certaines familles politiques qui aidèrent à nuancer cette vision. 

Et c’est à ce titre que Le Nom de la rose fait figure d’exception. Parce qu’il a toujours porté sur les époques ou conflits qu’il a filmés une acuité particulière, Jean-Jacques Annaud nous propose ici une investigation qui va nuancer grandement la représentation de l’époque. De même, il adapte ici un texte fondamental d’Umberto Eco, sémiologue de génie, médiéviste émérite et fin connaisseur de l’histoire du dogme catholique. 

Il n'en fallait pas moins pour raconter comment un théologien franciscain va devoir résoudre une sanglante énigme policière, survenue au beau milieu d'une simili-guerre mondiale déguisée en dispute théologique.

 

Le Nom de la rose : Photo Le Nom de la RoseChassée aux moines

 

CHEVALIERS DU FIEL 

Pourtant, la découverte du long-métrage a de prime abord de quoi filer d’interminables sueurs froides à quiconque bénéficie d’un tant soit peu de raison. Et ce, dès son ouverture. Deux minuscules silhouettes se risquent dans un paysage enneigé et battu par un vent qu’on devine glacial. Entre la Provence et la Ligurie, à une époque où les températures ne permettent pas de se faire cuire un œuf à même la voûte plantaire dès les premières lueurs de l’aube, c’est à une traversée d’une improbable rudesse que nous assistons. 

Nos deux voyageurs se découpent étrangement au cœur de ce paysage lunaire, aux arêtes trop prononcées pour ne pas être terriennes, et aux intempéries trop marquées pour ne pas évoquer quelque Golgotha lunaire. Une poignée de plans suintants la désolation plus tard, et les voici aux pieds d’une immense abbaye, improbable place forte au pied de laquelle s’entassent quelques miséreux aux mains tordes, déformées à force de chercher leur subsistance en raclant une terre gelée. 

Et ce n’est pas leur arrivée au sein de l’institution religieuse qui va réenchanter le rêve, du moins dans un premier temps. Au sein de l’ordre spirituel, on découvre quantité de dos brisés, de bras tordus, de rictus figés, comme autant de gueules cassées par on ne sait quel conflit homérique. Et que dire du vénérable doyen de la communauté, à l’hospitalité rugueuse, mais dont on ne manque pas de remarquer l’aridité dogmatique, ainsi que les prunelles aveugles ? À de rares exceptions près, du figurant au personnage secondaire, tout le monde semble issu d’une danse macabre sortie d’une imagination particulièrement retorse. 

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commentaires
Kimfist
12/04/2022 à 11:49

Un des rares films ou je peux dire que tout est maîtrisé de A à Z :

- Acteurs
- Bande Original
- Colorimétrie
- Direction Artistique
- Eclairage
- Final
- Génerique d'ouverture
- Histoire
- Intention de Réalisation
- Jeunet
- Keuf (pour l’inquisition)
- Longueur du film
- Maîtrise technique
- Noir
- Original
- Précurseur
- Qualité
- Rare
- Sexe
- Tempérance religieuse
- Ultra cool
- Valeurs morale
- Waouh
- Xenomorphe (scene coupée)
- Yogourt
- Zumba

Oui je n'ai que ça à faire...

dams50
10/04/2022 à 20:53

Y a avait une sacrée ribambelle d'acteurs de talent quand même dans ce film.
Et la musique aussi de James Horner m'avait marquée (même si lui disait qu'il ne savait pas s'il avait répondu aux attentes de J.J. Annaud en la matière). La pochette de mon édition vinyle arbore le visage d'un Guillaume de Baskerville inquiet(ant). Mais en en fait, ce qui est surprenant, c'est que Umberto Eco avait (d'après ses propres dires) mis beaucoup d'humour dans son roman.
Quoi qu'il en soit, le film m'avait donné envie de lire le roman.
Effectivement, pas forcément facile d'accès (les citations latines n'ont pas non plus aidé malgré mes 2 années de classe latiniste), mais on s'accrochant, on persévère et on prend quand même du plaisir. J'en garde un bon souvenir. Faudra que je le relise (dans sa VF audio).
Par contre, désolé pour les fans d'Umberto, mais Le pendule de Foucault, j'ai craqué complet ... Y a des bouquins comme ça, tu as envie que ça matche, mais juste t'as pas le niveau. Le dernier dans ce cas là, c'était Le "C'est ainsi que les hommes vivent" de Pierre Pelot. Ca avait l'air super intéressant sur le papier mais ... trop exigeant pour moi.

Flash
10/04/2022 à 18:42

le genre de film qu'on ne verrait plus aujourd'hui en salle.
je ne l'ai pas revu depuis sa sortie cinéma, mais j'en garde encore un très grand souvenir.

Kyle Reese
10/04/2022 à 18:13

Très grand souvenir. Coproduction européenne, casting international, réalisateur français, film mixant plusieurs genres mêlant une multitude de thème dans une enquête sombre, mystérieuse et passionnante. Film qui traverse les ages, devenu un classique. Une certaine idée du cinéma qui fait appelle à notre curiosité, à notre intelligence , du grand cinéma quoi ! Ça manque un peu je trouve aujourd'hui. Dans le genre film historique moyenâgeux ambitieux ont a eu l'excellent Last Duel l'année dernière, avec le résultat navrant au box office qui a suivit.
A croire que les histoire adultes ne font plus déplacer les foules.

Qui reprend la relève d'un Annaud et d'un Bertolucci par ex en Europe ?

Sanchez
10/04/2022 à 12:48

Film culte entouré d’actualité . Incompréhensible de le trouver nulle part en blu ray

Eddie Felson
10/04/2022 à 12:41

Chef d’oeuvre. L’un des 2/3 plus grands rôles de Connery.

Grift
10/04/2022 à 12:19

Sean Connery est tellement parfait dans ce film

Pat Rick
10/04/2022 à 11:36

Très beau film, par contre le roman m'a ennuyé.
Pas vu la série.