Au gnouf ! Filmo balance une sélection carcérale qu'on matera à perpétuité

Simon Riaux | 25 mars 2022 - MAJ : 25/03/2022 16:49
Simon Riaux | 25 mars 2022 - MAJ : 25/03/2022 16:49

Genre aux codes synonymes de tension et de suspense, le film de prison met aux prises ses héros avec un environnement férocement hostile. Et la plateforme le met à l’honneur avec l’inventivité qu’on lui connaît.

Qu'ils soient innocents, coupables, complètements fous, victimes ou prédateurs, les hommes que l'on retrouve derrière les barreaux doivent survivre dans un environnement hostile, qui encapsule et démultiplie toutes les problématiques qui surgissent à l'extérieur. Micro-société concentrée où la loi du plus fort est souvent la meilleure, la jungle carcérale autorise les conteurs à rejouer nos plus vieilles angoisses, ou encore à précipiter au sein de leurs décors des mélanges inattendus, transformant certains récits en sièges infernaux, et d'autres en huis-clos psychologiques fascinants.

Autant de possibilités qu'explore fort bien la sélection du mois de mars de Filmo, service de SVOD à abonnement, qui vous coûtera 6,99 Euros par mois après sa période d'essai gratuite. Une offre sacrément alléchante, puisqu'elle vous permettra de poser les yeux aussi bien sur de formidables divertissements, des créations d'auteurs oubliées, des films de tous les genres, mais surtout, des pépites invisibles partout ailleurs.

La preuve avec un petit aperçu de la théma prison qui pointe le bout de ses menottes ces jours-ci.

 

Prison Break : photo, Wentworth Miller"Tu crois qu'on est sur Filmo ?"

 

LE SANG DU CHÂTIMENT

C'est un cas d'école, à peu près unique dans l'histoire du cinéma, et une exclu de taille, puisque le film est disponible pour la première fois dans l'Hexagone, depuis sa sortie au cinéma en 1988. On y suit le tueur en série Charles Reece, qui aime par-dessus tout assassiner brutalement des êtres humains au hasard, avant de se purifier en s'aspergeant de leur sang. Intitulé Rampage aux Etats-Unis, le long-métrage fut exploité une première fois dans un montage qui mettait en doute franchement l'intérêt de la peine de mort, établissant que la folie de son meurtrier l'amenait à l'irresponsabilité, tout en justifiant les pulsions morbides, et in fine assassines, de fonctionnaires en costume.

 

Le Sang du châtiment : photoSouriez, vous êtes flingués

 

Mais au fil du temps, l'opinion de William Friedkin a évolué, si bien qu'il décide en 1992 de le remonter, pour en faire un film radicalement différent, clairement en faveur de la peine de mort. Cette seconde version n'a jamais pu être exploitée en France, et nous tenons grâce à Filmo la première opportunité de voir cette expérience radicale. Pour simpliste que soit le message véhiculé, Le Sang du Châtiment est surtout l'opportunité de redécouvrir tout le talent de son auteur quand il est question de mettre en danger nos positionnements moraux.

La précision de sa mise en scène, sa capacité à saper progressivement toutes nos certitudes, mais surtout à détourner tous les attendus du genre, font cette chronique du mal une plongée sans retour dans le terrier du lapin. Car après une salve de violence irrépressible, notre tueur glaçant se voit appréhendé, et le récit de basculer dans le jeu de chat et de la souris entre procureur et accusé, le premier cherchant à déterminer comment et pourquoi il doit obtenir la condamnation à mort du second. Si vous êtes prêt à entrer dans la geôle mentale de Friedkin et à le laisser jeter la clef aux crocodiles, Le Sang du châtiment est fait pour vous.

 

Le Sang du châtiment : photo, Alex McArthurEt voici le Schtroumpf tueur en série

 

BRONSON 

Quand il réalise BronsonNicolas Winding Refn est au bord de la crise de nerfs. Il a bien du mal à travailler depuis Pusher et redoute que sa carrière ne fasse long feu. Entre colère et désespoir, il parvient à emballer cette adaptation fantaisiste d'une existence qui défraie la chronique. Il va se pencher sur le destin contrarié de Michael Gordon Peterson, réputé le prisonnier le plus violent d'Angleterre. L'homme a passé l'essentiel de sa vie dans une cage, usant de la brutalité comme son mode d'expression privilégié.

Le futur metteur en scène de Drive, ou encore Le Guerrier silencieux - Valhalla Rising y fait déjà étalage de ses inspirations Kubrickiennes, qu'il mélange à un amour féroce du pop art, doublé d'une bonne dose d'absurde. Mais ce qui frappe le plus, dans ce portrait d'un boulet de démolition en quête de son humanité, c'est le portrait en creux qu'il dresse de son cinéaste. En effet, on sent que derrière l'imagerie délirante du film, apparaît la silhouette d'un créateur en rupture de ban, qui annonce déjà le tournant radical que prendra sa carrière.

Mais tout cela ne serait rien sans cette première performance hallucinée d'un certain Tom Hardy, qui obtenait là son premier rôle conséquent au cinéma. Dans ce film, lui aussi fait la démonstration éclatante des fourneaux de démence qu'il saura mieux que quiconque embraser dans les années qui suivront. Du fond de la cellule humide où rugit le fauve, c'est toute la furie créatrice d'un cinéma rugissant qui nous livre son acte de naissance.

 

Bronson : photo, Tom Hardy"Et si je taillais ce crayon avec mes dents ?"

 

HUNGER 

On pourrait croire que comme les hommes qui y sont détenus, une prison est un décor contraignant pour un réalisateur. A l'occasion de ce premier sidérant long-métrage, Steve McQueen prouve qu'il n'en est rien, tant il fait preuve d'une créativité filmique synonyme d'effarante puissance symbolique. En trois actes et à peine plus de plans, il évoque le parcours d'un des plus célèbres prisonniers politiques irlandais, dont la lutte et le sacrifice demeurent aujourd'hui encore emblématiques des luttes afférantes aux prisonniers politiques.

Comment demeurer un individu libre, au sein d'une institution qui bafoue jusqu'aux plus élémentaires libertés ? Comment faire valoir son droit à la dignité, embastillé par un état qui nie jusqu'à l'identité des individus. Avec un filmage qui épouse tous les soubresauts sensoriels d'une lutte politique fondamentaleHunger captive instantanément. D'une dureté parfois insupportable, toujours sauvée par la dignité de l'écriture et du filmage, McQueen prend notre pouls et questionne sans relâche ce qui fonde notre rapport à l'oppression, notre nécessaire soif de révolte.

 

Hunger : photo, Michael FassbenderEt Michael Fassbender fut

 

C'est dans ce tumulte de colère, de droiture et de confrontation qu'apparaît Michael Fassbender, d'une justesse implacable. Jusque dans les derniers instants du film, alors qu'il incarne un Bobby Sands agonisant, il nous rappelle la capacité du cinéma à faire sortir son spectateur de ses limites et de sa zone de confort. Plus qu'une édifiante "histoire vraie", ou qu'une épreuve pour les sens, Hunger fonctionne à la manière d'un sérum de vérité majestueux.

Non seulement les films de prison recèlent d'innombrables formes et interprétations de ce lieu hautement symbolique, comme de ceux qui le peuplent, mais Filmo réserve aux curieux encore beaucoup d'autres suprises, perles ou rareté en la matière, pour peu qu'ils aient la curiosité de s'abonner à la plateforme, ou de découvrir l'essai gratuit qu'elle propose.

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ? 

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commentaires
Geoffrey Crété - Rédaction
02/04/2022 à 17:34

@Brasch-Eazy-E

On avait trouvé ça excellent :

https://www.ecranlarge.com/series/dossier/1049834-escape-at-dannemora-patricia-arquette-extraordinaire-dans-la-mini-serie-la-plus-glauque-de-ce-debut-d-annee

Brasch-Eazy-E
02/04/2022 à 17:33

Dans les séries, je recommande l'excellente "Escape at Dannemora" de Ben Stiller avec casting trois étoiles (Del Toro, Dano, Patricia Arquette)...

Alixismoi
27/03/2022 à 04:11

Au nom du père ???
Ne mériterait il pas d'y être?

Rorov94m
26/03/2022 à 21:26

L'ADDITION avec Borhinger dans le rôle du maton Lorca! Sublime.

Manufonti
26/03/2022 à 13:35

Aucune possibilité de trouver la version anti peine capitale du Friedkin sur filmo ou ailleurs?

Dirty Harry
26/03/2022 à 13:31

Brawl in Cell Block 99, Un Prophète, Midnight Express sont de très bons films de prison.

The Moon
25/03/2022 à 18:25

Cell 211 bon film carceral espagnol de 2009, un futur maton se pointe un jour avant pour visiter son futur lieu de travail...une mutinerie des prisonniers éclate...il se retrouve au milieu des détenus dont personne ne connais l'identité....

Shutter Call...aussi
Starred Up

Simon Riaux
25/03/2022 à 17:27

@Brasch-Eazy-E

Il n'est pas du tout hors partenariat, puisqu'il est disponible sur Filmo, dans ses deux versions différentes.

Mais comme on a déjà eu l'occasion d'en parler, que sa récente réédition fait qu'il a été pas mal remis en lumière et commenté, ce n'est pas dessus que s'est porté notre choix. Mais vous avez raison, ça n'en demeure pas moins un excellent film, peut-être un des plus passionnants de l'histoire du cinéma français.

Brasch-Eazy-E
25/03/2022 à 17:15

"Le Trou" de Jacques Becker, c'est hors partenariat et surtout hors-normes.