Romy Schneider : la tragédie totale de son dernier rôle, La Passante du Sans-Souci

Pauline Knaff | 31 mars 2022
Pauline Knaff | 31 mars 2022

Dernier film de l'inclassable Romy Schneider, La Passante du Sans-Souci aura été l'ultime soupir de l'actrice, qui a porté ce roman de Kessel à l'écran.

3 octobre 1980. Une attaque antisémite en plein Paris, visant la synagogue de la rue Copernic, fait quatre morts, un soir de Shabbat. Depuis la Libération, c’est la première attaque du genre. La communauté juive sombre à nouveau dans l’effroi, quarante ans après l’une des périodes les plus noires de l’histoire.

Une actrice, française d’adoption, suit de près, avec stupeur et rage, les évènements qui marquent la capitale. Son nom : Romy Schneider. L’actrice s’apprête à se révolter, à sa manière, avec un film qu’elle propose à Jacques Rouffio : l’adaptation du roman de Joseph Kessel, La passante du Sans-Souci. Elle souhaite produire le film qui retracera l’histoire d'Elsa, une artiste qui prend sous son aile un enfant juif en pleine occupation nazie.

 

La passante du Sans-Souci : photo, Romy SchneiderRomy Schneider 

 

Une histoire qui réveille des fissures personnelles

Pour pleinement saisir le chemin de pensée qui a traversé Romy Schneider au début des années 1980, à la suite des attaques dans la capitale, il faut revenir une quarantaine d’années plus tôt. Au beau milieu de son enfance. Née à Vienne en Autriche un an avant que la Seconde Guerre mondiale n’éclate, Romy Schneider a en partie grandi à Berchtesgaden, en Bavière, dans le sud de l’Allemagne. À cette époque, ce petit village aux apparences utopiques et paisibles logeait une grande partie des artistes du pays.

Beaucoup ont choisi d’adhérer au IIIe Reich, afin que leur travail ne soit pas boycotté par le régime nazi, qui avait alors la main mise sur l’Allemagne. Ce que certains omettent parfois de préciser, c’est à quel point la culture avait une importance pour Adolf Hitler et son régime autoritaire. Et lorsqu’il est entré au pouvoir en 1933, il a offert deux options à ceux qui vivaient de leur art : l’oubli, s’ils choisissaient de ne pas adhérer, ou le privilège, s’ils prenaient son parti.

 

Sissi Impératrice : photo, Romy Schneider, Magda SchneiderRomy Schneider et Magda Schneider, dans la trilogie Sissi

 

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commentaires
Anderton
02/04/2022 à 13:31

Mon préféré avec Romy : Mort en direct, un film d'anticipation qui n'a jamais été autant d'actualité...
Un autre qui m'avait marqué également enfant : Le Train
Et bien évidemment : Le Vieux Fusil, très marquant pour plein de raisons en plus de l'interprétation de Romy Schneidet

Ray Peterson
31/03/2022 à 19:56

La Passante du Sans-Souci, chef d'oeuvre absolue. Dur, exigeant et d'une beauté esthétique et thématique remarquable. Romy était, hélas, déjà plus Schneider.
Cependant ma préférence va vers "L'Important c'est d'aimer" de Zulawski où là, elle explose tous les compteurs en terme de palette de jeu. Un film certes parfois extrêmement hystérique mais hallucinant (comme souvent chez le Zulawski). Elle ne s'en relèvera malheureusement pas.

@ Kyle Reese, La Mort en Direct a pris (pour ma part) un sacré coup de vieux bien que son sujet à l'époque fut assez en avance sur son temps. Quant à la Romy, plutôt pas mal mais elle n'éclipse pas Harvey Keitel halluciné et hallucinant tout le long du film.

Kyle Reese
31/03/2022 à 17:49

Romy Schneider ou l'art se confond avec la vie. Je ne crois pas avoir vu ce film (rattrapage en vu). Je l'ai découvert tout petit en regardant Sissy, sans grande conviction, trop cucu. Puis parfois dans des films de grands, enfant, ou je ne comprenais pas encore les enjeux des histoires d'adultes. D'une beauté féline incroyable dans la piscine. J'ai vu bien plus tard L'important c'est d'aimer et me suis pris une claque monumentale de sa part.
Je re-découvre sa filmo au grès des rediff, Garde à vue, Le vieux fusil, Max et les Ferrailleurs.
Toujours pas vu la Mort en direct. Bref, une très très grande actrice, une belle âme.
Il y a un truc dans son regard qui ne nous lâche pas, et peut transpercer le cœur du spectateur. Et son bel accent aussi.

La fin de sa vie fut une véritable tragédie.