Sukiyaki Western Django : quand Takashi Miike fait du Tarantino... avec Tarantino

Mathieu Jaborska | 24 mars 2022
Mathieu Jaborska | 24 mars 2022

Avant Les 8 Salopards et Django Unchained, Quentin Tarantino touchait au western en apparaissant dans celui de son collègue Takashi Miike. Déjà pensé comme un hommage à Corbucci et sa clique, Sukiyaki Western Django est un retour aux sources du western spaghetti.

Django, né dans le film éponyme de Sergio Corbucci en 1966, est désormais un véritable symbole, en Italie, en France et dans le monde. Son succès fut tel qu'il engendra des nuées d'imitateurs, plus ou moins respectueux, et convainquit nos distributeurs locaux de retitrer la moitié des westerns italiens en son honneur. Django tire le premier, Django, prépare ton cercueil, Avec Django, la mort est là... Son nom est devenu un tel argument marketing, progressivement détaché du personnage des frères Corbucci, qu'il a fini par incarner à lui seul la figure du cow-boy mutique et mystérieux, qui hantait le cinéma d'exploitation transalpin dans les années 1960 et 1970.

Pour une génération plus jeune, il est surtout affilié à Quentin Tarantino, qui l'a complètement transformé sans oublier de garantir un caméo à son interprète original, Franco Nero. Pourtant, Django Unchained n'est pas le seul descendant contemporain de l'oeuvre de Corbucci. Plusieurs années plus tôt, Takashi Miike mettait en scène Sukiyaki Western Django, étrange prequel imparfait, quoique passionnant. Le réalisateur d'Audition était en effet tout trouvé pour explorer la face populaire du western spaghetti et par la même sa généalogie. La preuve.

 

Sukiyaki Western Django : photoMe and the boys

 

What is this ? A crossover episode ?

Le public occidental peu familier de la filmographie de Miike, ou du moins de ses oeuvres moins médiatisées dans nos contrées a tendance à appréhender Sukiyaki Western Django par le prisme de Tarantino. Dans quelle mesure l'Américain a-t-il participé au projet ? Certains sites le créditent comme producteur exécutif, contrairement à la fiche IMdB. Il est en réalité plus probable qu'il n'ait pas fait grand-chose en plus de son petit rôle. Il apparait en effet dans la superbe ouverture, au milieu du film, affublé d'un maquillage qui vaut son pesant de pop-corn, et enfin vers la fin. Il fait presque office de fil rouge sang.

Le réalisateur de Pulp Fiction n'a eu de cesse de clamer son amour pour la carrière de Takashi Miike, dont il apprécie évidemment les dérapages stylistiques. Particulièrement fan d’Audition, qu'il considère comme l'un de ses films d'horreur préférés, il lui doit carrément un petit morceau de sa carrière de producteur. Alors qu'il assurait les arrières d'Eli Roth lors de la promotion d'Hostel, il a carrément lâché au micro de New York Mag : "Mec, tout a commencé avec Takashi Miike. C'est comme le parrain". D'ailleurs, il a accordé un amusant caméo à son idole dans le film.

 

Hostel : photo, Takashi MiikeTakashi Miike dans Hostel

 

Roth et Tarantino l'ont invité dans leur hommage satirique au cinéma extrême japonais (les deux compères étaient bien conscients de prolonger une culture souterraine très présente au pays des Guinea Pig). Miike leur a donc renvoyé l'ascenseur en gardant un rôle pour son admirateur dans un de ses longs-métrages les plus influencés par le 7e art occidental. Il y a dans cet échange de bons procédés une sorte d'hommage au cinéma d'exploitation, qui traversait régulièrement les frontières quand il s'agissait d'appâter de nouveaux chalands avec une dose de violence du terroir.

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commentaires
Mkm
25/03/2022 à 10:00

Niveau d'excitation pour tout ceci : négatif.