Piège pour Cendrillon : le Basic Instinct français assassiné par La Nouvelle Vague

Simon Riaux | 13 mars 2022
Simon Riaux | 13 mars 2022

Bien avant Basic InstinctPiège pour Cendrillon fut une des rares tentatives françaises de thriller érotique hitchcockien... flinguée par la Nouvelle Vague.

L’histoire du cinéma est parfois tragique, tant la réussite des uns, la mode d’une époque ou l’évolution du regard peuvent faire passer une œuvre de vie à trépas, un auteur de la gloire à l’oubli. Un phénomène qui traverse toute l’histoire de l’art, vouant certains créateurs à la consécration, et d’autres aux gémonies d’une époque en quête de victimes expiatoires. 

Mais peu de cinéastes auront connu un parcours aussi heurté qu’André Cayatte, qui passa de la célébration à la mise à l’index de son vivant. Artiste célébré, maintes fois primé, aux œuvres variées et engagées, il fut pour ainsi dire éjecté purement et simplement des mémoires par les membres de la Nouvelle Vague. Des décennies après son éviscération critique, il est temps de redécouvrir ses créations, et en partie Piège pour Cendrillon, film ambitieux et vénéneux, qui ne craignait pas de se frotter à Hitchcock, tout en annonçant avec éclat le futur avènement du thriller érotique. 

 

Piège pour Cendrillon : afficheUn brasier  sur le point de se réveiller

 

THRILLER ÉROTIQUE AVANT L’HEURE 

Michèle Isola se réveille d’un long coma. Elle est à l’hôpital, le corps et le visage recouverts de bandelettes. La jeune femme est amnésique. Tout porte à croire qu’elle est une riche héritière qui faillit mourir dans un incendie quelque temps plus tôt. Mais des doutes tant sur son identité que sur la réalité de son amnésie ne tardent à faire jour. Quels étaient les liens qui unissaient la riche héritière et une de ses amies, devenue rivale, ainsi que quasi sosie ? Est-elle la victime ou l’instigatrice du crime qui a présidé à son hospitalisation ?

Ce qui frappe en premier lieu dans ce récit, dont les terminaisons hitchcockiennes sont pour le moins évidentes (et mériteront d’être détaillée ci-dessous), c’est la place éclatante qu’il donne à la sexualité, comme enjeu scénaristique, comme dynamique de pouvoir, et à bien des égards, comme surface de sidération d’un spectateur qui n’en demandait pas tant. Si la France n’a pas eu à subir les foudres d’un système de censure aussi restrictif, coercitif et puritain que le funeste Code Hays américain, quand Cayatte réalise Piège pour Cendrillon en 1965, on est encore bien loin de l’avènement de la libération sexuelle qui déferlera après mai 68. 

 

Piège pour Cendrillon : photo, Dany CarrelLa mante religieuse était en noir

 

Et pourtant, la charge sexuelle qui traverse le long-métrage s’avère d’une puissance iconographique et symbolique ravageuse. C’est bien simple, le cinéaste travaille le motif érotique sous toutes ses formes, et avec une réussite jamais prise en défaut. Quand il veut signifier la capacité de séduction de sa presque riche héritière, il lui fait rencontrer l’amant de sa rivale, dans le superbe escalier qui mène jusqu’à ses luxueux appartements. Le dialogue faussement badin qui se déroule alors est évidemment riche de sous-entendus, mais Cayatte n’en reste pas à ses répliques, déjà incendiaires. 

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commentaires
Sanchez
15/03/2022 à 18:24

Merci pour la découverte. Si en plus là nouvelle vague n’aimait pas ça devrait le faire

captp
13/03/2022 à 19:38

Merci pour la découverte je vais essayé de le trouver.
Les vieux cinéphiles m'ont déjà causé de l'arrogance des cinéastes de la nouvelle vague qui aimaient sabrer les anciens comme clouzot que j'adore .

Ded
13/03/2022 à 16:59

"Les Amants de Véronne" signé André Cayatte, of course...

Ded
13/03/2022 à 16:57

"La nouvelle vague, plus vague que nouvelle" dixit Audiard. Celle-là même qui voulut éliminer le pire en balayant le meilleur. Où comment une poignée d'intelllos péteux et un rien démagogues conchièrent entre autres Carné sans se rendre compte qu'avant guerre le duo "Carné/Prévert" était déjà la nouvelle vague.
Considérant "Les Amants de Vérone" en 1948, adapté par Prévert et "éclairé" par Alekan, lequel de ces messieurs pouvait-il se vanter d'une telle réussite magistrale sur le pari aussi casse-gueule qu'est d'actualiser la tragédie de Shakespeare ?!...

la nouvelle vague qui fit pschit en 10 ans
13/03/2022 à 10:31

Danny Carrel est une Top, surnommé l'Annamite, ce qui est marrant c'est que les Jeu des acteurs des année 30 et 60 fait tres daté en 2022, que ce soit europeen ou US,çà fait tres theatrale, mais peut être qu'en 2100, les futurs cinephiles jugeront le jeu des acteurs de notre époque tres "daté" aussi,
sur ce genre de film le passage incontournable: la belle plante a demi a poil au soleil en mode bronzette avec creme anti uv...avec la piscine jamais trop loin