Severance : quand le team building tourne au jeu de massacre

Mathieu Jaborska | 18 décembre 2022
Mathieu Jaborska | 18 décembre 2022

Révélé grâce à l'excellent CreepChristopher Smith a démontré son sens de la satire dans Severance, critique gore de la culture d'entreprise qui gagne en perspicacité d'année en année.

Le succès critique, économique et populaire surprise du Shaun of the Dead d'Edgar Wright en 2004 a inspiré un bref enthousiasme pour la comédie d'horreur anglophone, dont les derniers représentants encombrent encore les bacs de DVD et les services de VOD. Nombreux furent les scénaristes et metteurs en scène à se placer dans son sillage, à tenter de reproduire son délicieux mélange des genres. Rares sont ceux qui ont tiré leur épingle du jeu. Aucun ne l'a aussi bien fait que Christopher Smith.

Contrairement à la majorité de ses concurrents, Severance a suffisamment marqué les esprits pour confirmer le talent de son réalisateur et lui garantir une suite de carrière quasi irréprochable. Et c'est surtout parce qu'il ne se contente pas de mêler slasher et humour, et qu'il s'essaie à la satire bien méchante.

 

Severance : photo, Danny Dyer, Laura HarrisDeux réactions possibles

 

La vengeance d'un employé modèle

"J'ai passé le plus clair de ma vie dans des bureaux, en costard, à remplir des formulaires. Si j'étais dans une situation où des cinglés veulent me tuer, où des gens sont amputés, je péterais complètement les plombs. Un jour, ça a été l'enfer en rentrant du boulot. Plein de yuppies en costard me bousculaient pour passer. Je suis arrivé avec des envies de meurtres, comme souvent, et j'ai décidé de tuer des yuppies. En faire un scénario serait ma vengeance."

Avec seul un court-métrage au compteur, le scénariste James Moran (dont l'interview provient des bonus du DVD, récupérés par l'édition Blu-ray BQHL) a écrit la première version de Severance enragé par sa propre vie de bureau, heureux de caricaturer ses crétins de collaborateurs avant de les décimer sur pellicule. Qui n'a jamais rêvé de prendre sa revanche sur son rédacteur en chef [il a vu et il n'oubliera pas, ndlr] sur son collègue irritant ou son superviseur bêta ?

Bien que Moran aime faire passer le projet pour une vengeance personnelle, sa première version du scénario, intitulée P45, s'attaquait autant aux cols blancs qu'au marché du travail en lui-même, impitoyable arène qui se donne des airs de cafétéria. Soit une vision qui dézingue à vue les mythes de la start-up nation avant son heure. Le titre était une référence à l'un des formulaires qui officialise un renvoi. Sept employés s'y battaient pour leur survie et... pour garder leurs jobs, pourchassés par d'authentiques cannibales !

 

Severance : photoBonne ambiance

 

Jason Newmark, producteur également présent dans les featurettes du DVD, résume l'argument initial avec un langage propre à sa profession : "C'était assez différent, mais déjà avec de l'horreur et de la comédie. Moitié The Office, moitié Delivrance". En effet, on a vraiment l'impression de voir les employés de Dunder Mufflin se perdre dans le survival légendaire de John Boorman, auquel Christopher Smith assumait faire référence dans un entretien qu'il nous avait accordé en 2006. Le titre définitif est même un clin d'oeil malin, qui décline le sens du titre original :

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commentaires
Cidjay
19/12/2022 à 12:05

super film ! faut vraiment que je le remate. on m'avait volé mon DVD !

Mx
18/12/2022 à 12:44

Je trouve severance un poil surestimé, de smith, je préfère largement creep, et surtout black death.

Il est vrai que visiblement, banishing semble avoir déçu, jspr que son prochain avec jena malone en nonne redressera la barre.

Sanchooz
11/03/2022 à 12:32

On aime! Je note Détour à regarder du coup...

John Spartan
11/03/2022 à 07:04

Vu a sa sortie, que de bons souvenirs.

Steven Cigale
10/03/2022 à 21:04

"pourchassés par d'authentiques cannibales" pas du tout . Par contre c'était dans le script original mais le réalisateur a retiré l'idée (https://www.sfmag.net/spip.php?article5107)

Sinon le film est génial , plein d'humour noir et de scènes délirantes (le lance missile ou la jambe dans le frigo du bus).

alulu
10/03/2022 à 20:04

Une petite pépite.

LeConcombreMoisi
10/03/2022 à 18:26

Je l’ai vu. C’est bof.

Franken
10/03/2022 à 15:25

Détour m’avait laissé plus mitigé que les 4 premiers cités, même si je lui avais trouvé des tas de qualités.

Mais je crois que je suis toujours – et surtout - sur la déception Banishing…
Déjà qu’il n’arrête pas de participer à des mini-séries qui ne me tentent pas, un type talentueux comme ça ne devrait avoir d’autres choix que de faire de très bons films ! Je l’attends de pied ferme sur son prochain.

Mathieu Jaborska - Rédaction
10/03/2022 à 14:50

@Francken

Bonjour,
Ici, on aime beaucoup Detour, par exemple.

Franken
10/03/2022 à 14:26

………. "Severance a suffisamment marqué les esprits pour confirmer le talent de son réalisateur et lui garantir une suite de carrière quasi irréprochable."


Après un départ en fanfare pour un jeune cinéaste (Creep, Severance, Triangle et Black Death, quand même !), je trouve la suite nettement moins irréprochable.

Mais le pitch de son prochain film me lève un sourcil curieux !

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