Audition : quand Takashi Miike traumatisait le monde entier

Mathieu Jaborska | 6 janvier 2022
Mathieu Jaborska | 6 janvier 2022

Takashi Miike a attendu des années et des dizaines de films avant de percer (sans jeu de mots) définitivement à l'international. Mais il ne l'a pas fait à moitié, grâce au redoutable Audition, adapté de Ryû Murakami.

Nous avions survolé les très longs débuts du cinéaste à l'aune de l'une de ses dernières productions vidéo des années 1990, le très référencé Full Metal Yakuza. Le cycle continue avec le film qui l'a non seulement révélé aux cinéphilies occidentales, mais qui a aussi définitivement assis sa réputation de provocateur vicieux, réputation qui lui a collé à la peau pendant toute sa carrière, quand bien même il s'est souvent essayé à un cinéma plus sage. À peine un an avant Audition, il signait le très beau Birds People of China. Mais c'est bien sur l'ultra-violence du récit de Murakami adapté par Daisuke Tengan qui a gagné les faveurs d'un public assoiffé de sang et de scandale.

Pourtant, quiconque contemple Audition pour la première fois afin d'attester de son sadisme va être décontenancé, puisque le long-métrage évolue perpétuellement et dans toutes les directions avant la fameuse scène de torture finale. Déjà commenté et analysé en long, en large et en travers, toujours d'une pertinence inégalée, il en dit surtout beaucoup sur la singularité de l'oeuvre de Takashi Miike et sa perception en occident.

 

Audition : photoTout va bien se passer

 

De la tête de gondole à la tête d'affiche

"Je ne suis pas une personnalité de l'industrie du film. Je suis dans l'industrie du film vidéo." Des propos rapportés par Little White Lies qui concluaient notre article sur Full Metal Yakuza et qui inaugurent parfaitement celui-ci. Légitimement considéré aujourd'hui comme un chef-d'oeuvre du cinéma d'horreur, genre auquel le cinéaste s'est défendu de vouloir se conformer, Audition n'a pourtant pas été pensé avec cette ambition. En fait, il a presque toujours été un objet commercial modeste.

Le commentaire audio produit pour les 10 ans du film, ainsi que celui de Tom Mes, tous deux présents sur la très complète édition Arrow, nous en apprennent un peu plus sur sa genèse. Avant tout, il y a Toyoyuki Yokohama, producteur fondateur de Omega Project, en partie responsable du cultissime Ring et désireux de réadapter le livre de Kōji Suzuki pour le circuit coréen. Finalement, il se rabat sur les écrits de Ryû Murakami, et plus particulièrement sur son roman Audition, qu'il apprécie.

 

Audition : photoD'une douleur à l'autre

 

Il engage donc Daisuke Tengan à l'écriture et Takashi Miike à la mise en scène, de leurs aveux mêmes, assez novices dans le genre et donc peu attachés à ses conventions, alors en train d'être établies par le mouvement de la J-Horror, sur le point de s'exporter partout dans le monde. D'ailleurs, lorsque le scénariste évoque le projet avec le réalisateur, qu'il n'a rencontré qu'une seule fois, celui-ci lui rétorque que l'industrie croule déjà sous ce genre de productions. Mais sa lecture finit par le convaincre.

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commentaires
John Spartan
07/01/2022 à 09:01

J'ai jamais compris l'engouement pour ce film, j'ai tenté à plusieurs reprises de le re regarder mais sans succès.

Mera
06/01/2022 à 17:18

J'adore le film, une histoire d'amour qui se termine mal (dans tous les sens du terme) mais jamais compris le délire autour de la scène de torture, ni très gore ni très choquante en dehors des "Kililili", je trouve bien plus perturbant la scène précédente avec le "bad trip".

Mr Patator
06/01/2022 à 16:34

@JR: c'était kili kili kiliiiiii
Et moi aussi ça m'a fait flipper grave, surtout la scène du fil à cisailler....

JR
06/01/2022 à 15:46

J'ai le "ti tiiii ti tiiiii ti" qui résonne encore dans ma tête... Brrrrr