Mensonges d'État : le plus Tony Scott des films de Ridley Scott ?

Gaël Delachapelle | 31 octobre 2021
Gaël Delachapelle | 31 octobre 2021

Après American Gangster, Ridley Scott continue de marcher dans les pas de son frère Tony Scott, avec Mensonges d'État.

Le cinéma a toujours été une histoire de famille, et de nombreuses fratries ont pu le démontrer depuis les Lumières jusqu'aux Coen, en passant par les Dardenne ou encore les Farrelly. Pourtant, les frères Scott n'ont jamais co-réalisé de films, Ridley et feu Tony Scott ayant toujours mené leurs carrières en parallèle, à travers des oeuvres intrinsèquement différentes. L'un s'est illustré dans tous les genres à Hollywood (Alien, Gladiator, Le Dernier Duel), tandis que l'autre est devenu un réalisateur emblématique du cinéma d'action américain (Top GunEnnemi d'État, Spy Game).

Dix-huitième long-métrage de Ridley Scott, Mensonges d’État s’inscrit dans une époque où le thriller post-11 septembre est devenu un genre à part entière dans un Hollywood traumatisé par les attentats du World Trade Center. Mais aussi dans la continuité de deux précédents films de sa filmographie, La Chute du faucon noir, son pamphlet antimilitariste, et American Gangster, son portrait politique et historique de la mafia afro-américaine. Deux films qui forment, avec Mensonges d’État, une trilogie où Sir Ridley pose un regard très critique sur l’Amérique et ses fondements, tout en marchant dans les pas de son frère, dont il embrasse ici pleinement l’œuvre, autant dans le fond que dans la forme.

 

photo, Leonardo DiCaprio"Vous avez encore grillé ma couverture chez Ecran Large ?"

 

Spy(s) Game

Adapté du roman éponyme de David Ignatius, ancien journaliste au Washington Post, par le scénariste William Monahan (Kingdom of Heaven), Mensonges d’État (Body of Lies en VO) a une structure narrative assez similaire à celle du film d’espionnage de Tony, Spy Game, les deux films reposant sur la dynamique d’un duo d’agents de la CIA. Après Robert Redford et Brad Pitt, c’est au tour de Leonardo DiCaprio et Russell Crowe de faire équipe à distance pour traquer du terroriste dans une Amérique post-11 septembre.

L’un, Roger Ferris, est un agent opérant sur le terrain, tandis que l’autre, Ed Hoffman, chef de la division Moyen-Orient, supervise le tout depuis les bureaux de la CIA, voire depuis sa maison, auprès de sa famille. Dans le but de traquer l’un des leaders de l’organisation Al-Qaïda, un terroriste nommé Al-Saleem, Ferris va devoir s’associer avec Hani Salaam (Mark Strong), chef des services secrets jordaniens, tout en composant avec les directives de sa hiérarchie, représentée par Hoffman, qui suit ses faits et gestes par le biais de la télésurveillance.

À partir de ce point de départ, Ridley Scott dresse un portrait semblable à celui de La Chute du faucon noir, à savoir celui d’une administration défaillante, aveuglée ici par sa soif de vengeance liée aux attentats du World Trade Center. Une administration prête à sacrifier ses agents qui se retrouvent seuls sur le terrain, au milieu d’une guerre bien plus réelle que celle menée par les bureaucrates derrière leurs écrans. Un constat amer dont l’agent Ferris va payer les conséquences, au prix de sa propre naïveté d’ancien journaliste de guerre.

 

photo, Leonardo DiCaprioLe quotidien d'un agent de terrain 

 

Dans Mensonges d’État, Leonardo DiCaprio incarne l’archétype de la jeune recrue idéaliste, à l’image du jeune Brad Pitt de Spy Game, formé et propulsé dans un Berlin en pleine Guerre froide. Deux guerres aux contextes intrinsèquement différents, mais dont le but commun est de former des pions livrés à eux-mêmes dans une guerre qui n’est pas la leur, mais celle de leur pays, et pour pouvoir les déplacer sur un échiquier géant.

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commentaires
Dans les rues de Mogadiscio
02/11/2021 à 11:22

La chute du Faucon noir n’est pas un pamphlet anti militariste ; l’armée américaine intervenait dans une situation de famine sous l’égide de l’ONU
C’est juste l’histoire d’un fiasco militaire relatif (c’est pas un Pont trop loin hein !) lie a une condescendance toute occidentale (sovietiques en Afghanistan y compris)

Matrix R
31/10/2021 à 18:27

La question est toute trouvée.
C'est oui.
Haletant et efficace

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