Tout James Bond : Spectre, ou l'épisode mal-aimé après le triomphe de Skyfall

Simon Riaux | 3 octobre 2021 - MAJ : 04/10/2021 10:12
Simon Riaux | 3 octobre 2021 - MAJ : 04/10/2021 10:12

Mourir peut attendre arrive enfin et alors que la dernière aventure de James Bond dans laquelle officiera Daniel Craig attend sagement de pouvoir être exploitée en salles à l'international, Ecran Large ré-explore l'intégralité de la saga consacrée aux aventures de l'agent 007.

Skyfall a été un miracle qui a dépassé toutes les espérances de ses instigateurs. Succès planétaire, le film a fait la quasi-unanimité du côté du public, mais aussi de la presse, qui après avoir vomi Quantum of Solace, tresse de nouveau les louanges de l'agent secret. On évoque même ici et là le meilleur épisode de la saga, le plus beau, le plus émouvant. Pour les producteurs cela ne fait aucun doute, on ne change pas une équipe qui gagne, il est impératif que revienne aux commandes le metteur en scène Sam Mendes.

L'enjeu est d'autant plus grand que 007 doit renouer avec l'amour, mais aussi avec le plus grand méchant de l'histoire de sa rocambolesque saga. A plus d'un titre, c'est la pérénité de la franchise qui se joue ici. 300 millions de dollars plus tard et un raz-de-marée d'amertume déversés sur le petit coeur des fans plus tard, que s'est-il passé ?

 

Affiche"Passe pas très bien ce cassoulet"

 

DE QUOI ÇA PARLE ? 

De l'investigation menée plus ou moins clandestinement par James pour prouver l'existence de l'organisation terroriste Spectre. Il y parvient en mettant à feu et à sang Mexico, ce qui fait relativiser sa vision du bien collectif. Sa trépidante aventure lui fera découvrir que cette association de malfaiteurs est plus puissante qu'il ne s'y attendait, mais aussi plus proche de lui qu'il ne l'eut soupçonné. Après avoir interrogé une veuve avec ses célèbres gamètes de combat, il fait une découverte terrible.

Le chef de Spectre n'est autre que le fils jaloux de feu son moniteur de ski, ce qui permet d'établir une fois de plus que les sports d'hiver, c'est un truc de vicieux. Alors qu'il perd tout espoir dans l'humanité et dans les remontées mécaniques, 007 rencontre, sauve, puis tasse les vertèbres de Madeleine, fille de Mr White, dont il tombe amoureux en sirotant un jus aux algues. Mais cela ne l'empêchera pas de procéder à l'arrestation du grand méchant, tout en déjouant un complot visant à raboter les capacités de défense de l'Empire britannique.

 

Photo Léa Seydoux, Daniel CraigLa ligne 13 a bien changé

 

POURQUOI C'EST BIEN

Sam Mendes a parfois tendance à se réfugier derrière une mise en scène un peu pompier, mais elle s'avère très efficace quand il s'agit de doper la "classe" de 007. C'est ainsi que plusieurs scènes classiques sur le papier, ou pas toujours d'un intérêt dramaturgique évident, se voient relevées. On pense notamment à la réunion funèbre de Spectre, qui prend des airs de célébration mortuaire particulièrement inquiétante ; ou encore l'ouverture du film, qui ferait pâle figure si le réalisateur ne s'était pas fendu d'un plan séquence clinquant à souhait, idéal pour immerger dans le récit.

 

photo, Daniel CraigLa Mort lui va si bien

 

Plus généralement, on sent que Mendes a clairement pour projet de ramener la saga, après la gravité de Skyfall, vers une forme de décontraction et d'outrance que la série n'avait pas connu depuis près de trois décennies. Cette attitude est particulièrement évidente dans l'usage des gadgets, mais aussi l'agencement de l'humour. Peu importe le danger, ou les enjeux d'une scène, notre agent secret préféré ne perd jamais son flegme, et laisse fuser autant de bons mots que de moues affectées.

Ajoutons à cela que le film ne craint pas non plus de se confronter au grotesque ou de l'assumer. Les scènes de torture à coups de machines high tech est presque aussi ancienne que le personnage, et il faut toute la malice et la maîtrise technique du metteur en scène pour la tenir, en dépit d'une paire d'invraisemblances difficilement digérables. Mais peu importe que Bond supporte sans trop de mal de se faire visiter le cerveau à la perceuse, il la reçoit avec le charisme d'un britannique découvrant les secrets de sa propre gastronomie.

 

Photo Daniel CraigThe Queen Gambit

 

POURQUOI C'EST PAS SI BIEN

Spectre partait très mal. Le piratage de Sony en novembre 2014, quelques semaines avant le début du tournage, a révélé les tensions qui régnaient en coulisses entre les producteurs et l'équipe, à cause du budget et du scénario. Scénario qui a d'ailleurs été lâché sur le web durant cette tempête de hacking, obligeant la production à officiellement reconnaître la situation et déclarer que c'était une ancienne version.

Officiellement, ce désastre n'a eu aucune conséquence sur le film, lequel est entré en tournage comme prévu juste après. En réalité, fort possible que ça ait mis de l'huile sur le feu, vu à quoi ressemble Spectre. Car cet épisode sera vivement critiqué à tous les niveaux, à commencer par le retour de Blofeld.

Non pas que Christoph Waltz fasse mal le job, mais choisir, pour interpréter le Némésis ultime de Bond, un comédien prisonnier de ses rôles de méchants aux petits pieds depuis une décennie, est une décision qui témoigne d'un manque de vision, d'audace et d'inventivité frappant. Nous voici donc face à un écho paresseux du Blofeld de jadis, qui n'a jamais la moindre chance de s'imposer, et se trimballe une origin story plus éclatée au sol que Pierre Brossolette.

 

Photo Daniel CraigVraiment nulle cette luge

 

Enfin, exception faite d'une formidable joute opposant Craig à Bautista, les scènes d'action du film font très pâle figure. Le metteur en scène avait su trouver la distance et l'implication parfaite sur le précédent épisode, aider par la décision d'appréhender la plupart d'entre elles à rebours de la tradition Bondienne. Mais il n'est plus question ici de raconter les empoignades par le biais de la mise en scène. Et quand Mendes doit orchestrer des passages complexes, son filmage se révèle d'une pesanteur totalement incompatible avec la notion de grand spectacle. 

Même quand il peut démastiquer un véritable avion à même le plateau, quand il casse des voitures en plein Rome, ou quand il filme une explosion massive largement médiatisée comme un coup de pyrotechnie inédit, le film ne se détend jamais, et ne sait comment conférer à ces joutes un quelconque impact.

 

photoConduite approximative

 

BOX-OFFICE

Avec quelques 880 millions de dollars au box-office, Spectre est une réussite, qui, après correction de l'inflation prend la quatrième place du classement des Bonderies au box-office. Un succès qui semble logique, le film ayant dû bénéficier de la formidable réputation de Skyfall, qui aura fédéré les spectateurs, ainsi que de la promesse de retrouver à l'écran un méchant mythique.

Attention toutefois : avec un budget de 250 millions de dollars, le film visait clairement la compétition pour le milliard de recettes, soit un score comparable à celui de son prédécesseur, moins coûteux de 50 millions de dollars. Une réussite donc, mais pas totale, et loin du triomphe espéré.

En France, le public ne fait pas la fine bouche pour découvrir la nouvelle aventure du héros, puisque ce sont un peu moins de 5 millions de spectateurs qui s'amasseront dans les salles obscures. Un score qui ferait baver la plupart des productions, mais bien loin des 7 millions de curieux qui ont découvert Skyfall. Même constat aux USA, qui ont accueilli chaleureusement ce chapitre qui y a rapporté 200 millions de dollars... soit 104 de moins que le film précédent.

 

photo, Monica BellucciEnterrement post-Skyfall

 

UNE SCENE CULTE

Unique scène d'action valable du film, la confrontation entre James et Hinx est plutôt réjouissante. Non seulement l'investissement physique de ses protagonistes fait plaisir à voir, mais elle enchaîne les clins d'oeils aussi assumés que réussis à l'âge d'or de la saga. La décoration luxueuse confère à l'ensemble un charme suranné assez plaisant, l'arène évoque une grande scène de Bons baisers de Russie, le méchant a un nom pas possible, les coups font mal, on y meurt avec grand-guignol. 

 

photo, Daniel CraigQuand tu n'as pas été assez rentable

 

Et pour parfaire ce festin, juste apès avoir pulvérisé à peu près tout ce que deux corps peuvent réduire en purée, non sans transfromer un être humain en pâté à la viande, Bond et Madeleine découvrent soudain que répandre la mort, c'est un peu super excitant. Tout cela est grandiloquent, divertissant, haut en couleur, foncièrement débile et donc incroyablement réjouissant.

 

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commentaires
Bigboss
06/10/2021 à 17:24

J'ai bien aimé ce Spectre, je n'ai pas compris l'acharnement sur ce bond.
Autant Quantum était réellement décevant à cause de sa mise en scène brouillonne.
Autant là c'est solide, prenant, et propre visuellement.

Hank Hulé
04/10/2021 à 10:39

Mouduc, trop long, la poursuite en caisses est naze (zéro trafic donc y font que se suivre mollement), action rare et fadasse. Scénario inepte.
Reste le prologue, pas mal...

M
04/10/2021 à 10:17

Les français jamais contents, franchement spectre il est génial, la scène du début elle déboîte et la course puirsuite également, la bagare dans le train, l'humour british, gadget, c'est le film de craig qui se rapproche le plus des premiers james bond, pour moi il est aussi bon que casino royale ou skyfall,

xav
04/10/2021 à 09:12

"Quelques mois nous séparent encore de Mourir peut attendre"
euh....... ah bon?

Xbad
04/10/2021 à 06:36

Il me semble que ce film avait fait les frais du piratage des majors et qu'il avait dû être remanié au dernier moment. Et ça se sent sur la fin, c'est dommage parceque la première heure est vraiment sublime, reste un très bon bond quand même

Ethan
03/10/2021 à 21:39

Bon film
La scène de voitures est pas mal

LeRoiBoo
03/10/2021 à 20:54

Le seul truc de vraiment bien dans le film, c'est la fin. Qui limite laisser penser au dernier James Bond (ère Craig ). Avec Waltz qui se fait arrêter comme un "terroriste lambda"

Le reste est quand même une parodie un cliché des autres bond.

Mandela usul
03/10/2021 à 20:03

Un peu dur le film n’est pas mauvais arrêtez et les scènes d’action sont bonnes notamment l’intro le problème de cet opus c’est Léa Seydoux et Bloefeld pas assez inventif sinon c’est un bon film arrêtez!

Kyle Reese
03/10/2021 à 20:02

@X-or

On se tutoie c'est plus simple ;) Pour moi l'histoire de Spectre c'est juste l'aboutissement final de l’enquête commencé dans Casino Royal. Les pièces du puzzle s'ajustent progressivement jusqu'à Blofeld par une voie surprenante à savoir Mr White et son secret. C'est sans doute effectivement l'épisode le moins innovant dans le sens ou sa fonction est principalement de démêler les fils pour conclure cette histoire de manière cohérente et de découvrir enfin qui est derrière tout ça. La mort plane sur tout le film, son thème conjugué au présent et passé est omniprésent dans la trame, d’où cette aspect bien lugubre. La fête de la mort, celle du mafieux avec sa veuve qui l'attend à son tour, celle qui arrive pour Mr White, celle prévue pour Bond et surtout la révélation de celle de ses parents causé par son demi frère psychopathe.
Et la mort que refuse Bond de lui donner in extrémiste est un symbole solaire positif montrant que Bond en a fini avec ses démons. Sauf que ...

Ca tourne en rond, quelque part oui mais c'était prévisible pour refermer l'arc.
Au niveau des citations régulières ça ne me dérange pas outre mesure, maintenant pour les nouveau il faudra justement se détacher de tout ça une bonne fois pour toute.
Pour ce qui est de la comparaison avec les MI, tu parle des films de références niveaux cascades avec un acteur unique en son genre qui se challenge à chaque fois. Ok les Bond ne peuvent pas suivre cela ne me gène pas, ils restent un peu plus terre à terre ce qui va bien avec cet agent.

@Arnaud(le vrai)

A la fin Blofeld considère Bond comme mort, il n'aurait pas pu s'en sortir. Donc pourquoi devrait-il changer de route avec son hélico. Une fois qu'il a compris il est déjà trop tard pour lui le moteur est atteint.

Arnaud (Le vrai)
03/10/2021 à 17:57

Ah ouais vous avez ete au minumum pour cette fiche, vosu aviez plus le temps ou l'envie la

En tout cas ce film a au moins reussi quelque chose
Il n'y avait aucun carnaval a Mexico pour la Dios de la Muerte avant ce film ...

Sinon petit ratage que ce film, avec un Christophe Waltz qu'en temps normal j'adore mais qui la est plutot mauvais
Et le scenario est un peu aux fraises. On essaye de te faire croire que Blofeld est a l'origine de toutes les merde qui arrivent a Bond depuis Casino Royal, qu'il est derriere tous les mauvais coups et les bad guys mis sur la route de Bond sans que jamais celui ci ne se doute de quoique ce soit, et a partir du fameux "coucou" qu'il lance a Bond alors la il ratera absolument tout ce qu'il tentera contre James. Plus rien ne fonctionnera

Doit-on mentionner la course poursuite finale ou, alors qu'il est dans un helico, il reste au dessus de la Tamise a portée de Bond alors qu'il pourrait se barrer a perpete la galette et ne plus jamais le revoir ...

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